4.7 : Griffures
— Venez voir ça.
Bob avançait vers une petite cabane qui leur servait de débarras. Lorsqu'ils la contournèrent, la jeune femme écarquilla les yeux devant les ravages. D'énormes marques de griffures labouraient le bois. Elle passa les doigts dessus, et caressa les traces de haut en bas, suivant le mouvement qu'avait fait la bête pour marquer le mur. Elle arrivait presque à l'imaginer. Et elle était à présent presque sûre qu'il s'agissait du loup qu'elle avait sauvé. Les éraflures commençaient bien plus haut qu'un homme bras levé, à presque trois mètres de hauteur. Un loup normal n'aurait pas pu faire des marques aussi hautes, à moins d'avoir sauté. Ce qu'ils ne faisaient pas, en règle générale. Les animaux, qui marquaient ainsi leur territoire, se dressaient sur les pattes arrières, et griffaient pour laisser leurs empreintes et leur odeur. Les marques étaient également bien plus profondes et plus larges.
— Vers où, dites-vous qu'il s'est enfui ? questionna-t-elle.
— Enfui... marmonna Bob... c'est un bien grand mot...
— Vers la cabane du vieil Henry, répondit Melissa, ignorant son mari.
Eleanor réfléchit un instant.
— Heureusement que l'endroit est abandonné... murmura-t-elle.
— Plus maintenant.
La jeune femme se figea et fit face au couple.
— Comment ça ?
Melissa parut gênée.
— Un homme est venu s'installer, il y a plusieurs mois... On l'a croisé une seule fois. Un solitaire.
Bob émit un bruit, comme s'il répugnait à en parler.
— L'était pas clair, ce type... À moitié à poil, dans la forêt...
Eleanor n'était pas étonnée d'apprendre que quelqu'un squattait la vieille cabane branlante de feu Henry Johnson, un vieux trappeur mort depuis plusieurs années. Par contre, elle l'était plus de ne pas être au courant. Le bouche-à-oreille allait très vite dans ce petit coin paumé, et chaque nouvelle tête faisait l'objet d'une revue de détail en bonne et due forme.
Bien sûr, s'il n'y avait eu que Melissa et Bob pour le voir...
— Vous pensez qu'il est encore là ?
Le couple haussa les épaules et ses tripes de garde forestier reprirent le dessus.
— Le problème, c'est que je ne vais pas pouvoir me rendre là-bas, aujourd'hui...
L'endroit qu'avait indiqué Melissa était encore plus sauvage que leur cabane. Il n'y avait même pas de chemin, à peine une piste qu'empruntait les animaux. Elle ne pourrait jamais passer avec son véhicule.
— Prenez le quad, proposa Bob.
Eleanor se retourna brusquement vers lui, tentée.
— Vraiment ?
Il hocha la tête.
— Oui, bien sûr. Vous en faites pas, il est increvable.
Ce ne serait pas la première fois qu'elle se déplaçait ainsi. Certaines parties de la forêt n'étaient praticables qu'avec ce genre d'engin.
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