4.3 : Loup

Avec lenteur et précaution, Eleanor s'approcha du loup. Ce dernier la suivait du regard, silencieux et imposant. Lorsqu'elle toucha sa patte, il tressaillit, mais ne bougea pas, l'observant toujours d'une façon à faire froid dans le dos. La jeune femme se dit qu'il avait un regard beaucoup trop humain pour un animal.

Sortant de sa fascination hypnotique, elle examina son membre postérieur qui était pris dans un piège à loup. Elle soupira, et oublia toute prudence lorsqu'elle s'agenouilla bien trop proche de l'animal pour essayer de le dégager.

À peine avait-elle posé les mains sur le piège pour le rouvrir qu'une tête énorme apparut au-dessus de son épaule. La jeune femme se figea, le cœur battant la chamade, la respiration saccadée. Les secondes passèrent, mais rien ne se passait. Ses mains tremblèrent sur le piège, faisait cliqueter la chaîne sur laquelle il était accroché.

Elle sentait le souffle de l'animal sur sa joue qui souleva une mèche de ses cheveux clairs. Un bourdonnement étonnant retentit dans le fond de sa gorge, comme un ronronnement félin. Eleanor ressentit cet écho jusque dans ses entrailles. La vibration fit couler son sang plus vite dans ses veines, et son cœur s'emballa à nouveau. Son ventre se crispa.

Elle tourna légèrement la tête vers l'animal, et se retrouva le nez plongé dans un épais pelage brun-roux. Ce loup avait quelque chose de particulier. Son odeur était particulière. Il n'avait pas la senteur d'un animal sauvage. Lentement, il recula sa tête, et elle croisa son regard.

Ses yeux étaient d'un noir complet, ils transperçaient tout ce qu'ils regardaient. Elle ne faisait pas exception à la règle. Envoûtée, elle le laissa la renifler, poser sa truffe humide contre sa joue et même la goûter. Un frisson la parcourut des pieds à la tête quand elle sentit sa langue râpeuse lécher le renflement de sa mâchoire.

Bordel, cet animal était plus... qu'un animal ! Il fallait qu'elle se sorte de ce merdier !

Elle décida de l'ignorer. Elle espérait juste qu'il ne décide pas, d'un seul coup, qu'elle était bonne à manger.

Prudemment, elle se pencha à nouveau vers sa patte, et réussit à ouvrir le piège pour le dégager. Elle laissa se refermer l'engin dans un bruit métallique, puis le balança plus loin.

Les mains sur le sol, elle s'apprêtait à se redresser quand deux pattes énormes entrèrent dans son champ de vision. Elle releva lentement la tête. La bête était là, devant elle, bien plus impressionnante que lorsqu'elle était allongée. Immense, robuste. Sauvage.

Eleanor repensa à la petite robe blanche qu'elle adorait porter quand elle avait six ou sept ans. Ce fut le seul souvenir qui traversa sa tête, et elle n'aurait su dire pourquoi.

Elle était là, à genoux, devant un monstre qui allait certainement la déchiqueter en morceaux, et elle ne pensait qu'à cette petite robe blanche qu'elle aimait tant. Elle sentit les larmes monter, et ne fit rien pour les retenir.

Qui se soucierait de savoir qu'elle avait pleuré avant de mourir dans d'atroces souffrances ?

Elle maudit Monsieur Muscle, sa lâcheté et ce boulot qu'elle aimait tant. Puis, elle se redressa. Mais l'animal fut sur elle avant qu'elle ait pu se mettre debout.

Elle bascula sur le dos avec un cri d'horreur.

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