Elle suivit avec précaution le minuscule chemin de terre en repoussant les branches basses qui éraflaient son visage, et grimaça lorsqu'une toile d'araignée se prit dans ses longs cheveux châtains. Elle passa la main dans ses mèches pour enlever les filaments collants, et pria pour qu'aucune araignée n'ait élu domicile dans sa queue de cheval. Elle dépassa une petite clairière, et leva les yeux vers le ciel nuageux. Il faisait de plus en plus sombre, et elle allait devoir accélérer le pas si elle voulait rentrer avant la nuit.

Au loin, elle entendit le cri d'un loup et s'arrêta pour écouter. Plusieurs autres cris lui répondirent et elle compta mentalement une meute de cinq à huit loups. Ils étaient assez loin pour qu'elle n'ait pas à s'inquiéter. De toute façon, ils auraient vraisemblablement plus peur d'elle que l'inverse.

Ses chaussures de marche écrasèrent plusieurs branches et la menèrent tout droit à travers les arbres. La forêt, dense et touffue, dégageait une forte odeur d'humus qui s'insinuait dans chaque fibre de son corps.

Elle finit par retomber sur un petit chemin de traverse. Elle posa la main sur un tronc, caressant la mousse qui le recouvrait presque entièrement, et s'arrêta quelques minutes pour souffler. La fin d'après-midi était bien avancée, et la lumière se faisait de plus en plus ténue. Un bruit, sur sa droite, la fit sursauter.

Elle se pencha, et observa à travers les arbres. La forêt était tellement dense, qu'elle ne pouvait y voir qu'à quelques dizaines de mètres de distance, mais elle aperçut une ombre se mouvoir rapidement. Elle cligna des yeux, incertaine. Plus rien. Elle hésita une fraction de seconde. Elle n'était pas armée, mais possédait un couteau de survie, pour les cas extrêmes.

Depuis le temps qu'elle sillonnait cette forêt, elle n'avait jamais eu de souci. Ni avec les animaux, ni avec les humains. Elle avait souvent croisé des campeurs, des chasseurs, et quelques familles en ballade. Mais elle n'avait jamais eu à s'inquiéter.

Bien sûr, aujourd'hui, elle s'était un peu éloignée des sentiers battus, pour s'enfoncer plus loin que prévu. Elle n'était que rarement venue de ce côté-ci de la forêt, où il n'y avait que quelques animaux sauvages.

Elle resta un moment immobile, puis décida de s'engager vers la silhouette qu'il lui semblait avoir vue. À peine avait-elle fait quelques pas, que quelque chose détala devant elle à une telle vitesse qu'elle n'eut pas le temps d'apercevoir ce que c'était. Le souffle coupé par la surprise, elle s'élança à la suite de la chose.

La course dura plusieurs minutes avant que la jeune femme ne perde sa trace. Elle stoppa net, essoufflée, et regarda tout autour d'elle, l'oreille tendue, à l'écoute des bruits de la forêt.