Michael observa son jumeau. Le hasard de la nature avait voulu qu'ils grandissent dans le même utérus, et pourtant, ils n'avaient rien en commun.

Michael était terriblement humain, sans pouvoir particulier, alors que Xander se transformait en loup-garou à chaque pleine lune, depuis qu'il était adolescent. Même leur apparence était à l'opposé l'une de l'autre. Ils faisaient la même taille — un mètre quatre-vingt-trois — mais Michael avait quinze kilos de plus que son frère, pour atteindre les quatre-vingt-dix-huit kilos. Autant, lui était musclé et massif, autant Xander était svelte avec une musculature sèche — ce qui ne l'empêchait pas d'avoir une force phénoménale.

À la vue de son visage blême, il se demanda si, un jour, il arriverait à faire face à ce qu'il était vraiment.

— Qu'est-ce que tu veux ? demanda Xander d'une voix rocailleuse.

Ils ne s'étaient pas vus depuis environ six mois. Xander s'était, depuis longtemps, éloigné de sa famille et avait presque coupé tout lien. Si Michael n'avait pas eu les ressources nécessaires, il ne l'aurait sans doute jamais retrouvé. Il s'était souvent demandé si c'était pour cela qu'on lui avait proposé ce boulot. Ses supérieurs étaient-ils au courant pour son frère ? Cela le prédisposait-il à accepter sans poser aucune question ?

— J'ai besoin d'un renseignement...

Xander rentra dans le chalet, suivi de Michael et jeta la couverture sur le vieux canapé en tissu vert sapin qui avait connu des jours meilleurs.

Il enfila un jean propre — il irait chercher celui qu'il avait laissé dans la forêt, plus tard — et prit de l'eau dans le réfrigérateur. Après avoir bu la moitié de la bouteille, il se tourna enfin vers son frère.

Ce dernier, appuyé contre le chambranle de la porte, gardait les bras croisés sur sa large poitrine.

— Un renseignement sur quoi ?

Le regard de Michael le transperça tandis qu'il buvait une autre gorgée.

— La fin du monde.

Xander se figea, avala doucement l'eau et redescendit son bras avec une lenteur calculée.

— Encore ? finit-il par dire d'un air presque désinvolte.

Il se détourna brusquement, posa la bouteille et passa une main dans ses cheveux sombres qui tiraient sur le roux.

Michael tilta.

— Comment ça, « encore » ?

— Il y en a eu une, il y a environ... un an, fit remarquer Xander, en haussant les épaules.

« Ça fait un bail. Ouais... Ça fait un an. »
La conversation de Clover et Ash résonnait dans sa tête. « Elle revient à chaque fois qu'il y a une fin du monde. Si elle est là, c'est qu'on va avoir chaud au cul. Elle, elle sauve tes miches, et celles de tout le monde encore une fois. »

Bordel, elle n'avait pas menti.

— Et récemment, tu as entendu parler de quelque chose ?

Xander plissa les yeux, et porta une nouvelle fois la bouteille d'eau à sa bouche — il était toujours assoiffé après une transformation — puis observa attentivement son frère.

— Pourquoi ?

— Parce qu'on a eu un express en direct du ciel pour nous prévenir que ça allait recommencer...

Xander haussa les sourcils.

— Un express ?

— Ouais. Une fille. Elle dit qu'elle a été envoyée pour empêcher l'Apocalypse.

— Un messager, observa calmement Xander.

— Putain, y'a que moi qui suis pas au courant des choses importantes, ici, marmonna Michael.

Xander haussa les épaules et se détourna.

— Le mari cocu apprend toujours la nouvelle en dernier...

Whaou, super ! Même son frère avait le sens de l'humour. Michael préféra ignorer la remarque.

— Tu as entendu parler de quelque chose ? redemanda-t-il, en s'approchant. Parmi les...

Il hésita, et Xander le transperça d'un regard froid qui ne l'aida pas à trouver les mots.

Le silence s'éternisa.

— Il y a une certaine agitation dans le clan, finit par admettre le loup-garou. Mais on ne m'a pas mis au courant.

Michael le regarda avec surprise.

— Je croyais que tu étais le mâle alpha ?

— Ouais, je le suis encore, marmonna Xander alors qu'il se remémorait les femelles et l'autre mâle qu'il avait dû soumettre.

Il ne prit pas la peine d'expliquer à son frère que, même en étant le dominant, il évitait de se mêler au clan. C'était un solitaire. Il l'avait toujours été et n'avait pas envie que cela change.

S'il n'avait pas eu tant de soucis avec l'agressivité des autres mâles, qui le considéraient comme un rival, il ne serait peut-être pas le dominant. Malheureusement, de par sa taille bien plus imposante que les autres, et sa force hors-norme, il avait dû se battre pour faire son trou.

— Je me renseignerais, déclara-t-il.

Michael hocha la tête.