— Qui êtes-vous exactement ? Et pourquoi êtes-vous là ?

Il s'arrêta pour la fixer.

— Et accessoirement : comment avez-vous fait pour débarquer de nulle part ?!

Clover ouvrait la bouche, quand Ash rentra brusquement dans la pièce.

— Eh mec, lui parle pas comme ça ! Elle est dans notre camp !

— Ah oui, et c'est lequel notre camp ?!

Michael paraissait excédé.

— Celui des gentils... répondit Ash en haussant les épaules et en prenant une cacahuète.

Clover estima qu'il était temps qu'elle intervienne.

— Désolée pour les dégâts... commença-t-elle. Je prévois jamais où j'atterris...

Michael se tourna vers elle et la fixa durement.

— Justement, tu viens d'où, chérie ?!

La jeune femme ne releva pas le tutoiement, elle s'en foutait.

— Heu... (Elle se gratta la tête et pivota vers Ash). Il est au courant ?

— Au courant de quoi ? s'écria Michael, pendant que Ash haussait une nouvelle fois les épaules.

— Un peu...

Clover fit face au militaire, droite comme un I, et croisa les bras sur sa poitrine, attirant le regard des deux hommes dessus.

Elle haussa un sourcil ironique et se racla la gorge. Aussitôt, le démon et le militaire revinrent à ses yeux, le premier avec un sourire amusé, le second avec une moue gênée.

— Je suis là pour... (elle avait du mal à trouver ses mots)... hum...

Ash prit les devants, avec tout le tact qui le caractérisait.

— Elle revient à chaque fois qu'il y a une fin du monde. Si elle est là, c'est qu'on va avoir chaud au cul.

Il paraissait s'amuser follement.

Michael, moins.

— À chaque fois ? demanda-t-il en scrutant Clover intensément. Ça fait combien de fois, exactement ?

La jeune femme se détourna, mais il eut le temps de voir son regard troublé.

— Trop souvent, marmonna-t-elle sans s'étendre sur la question.

Les deux premières fois, elle avait trouvé ça fun. Après tout, c'était un peu comme si elle était immortelle. Même si on la tuait, elle revenait.

Les trois suivantes, elle avait commencé à se dire que la punition avait assez duré. La douleur de la mort, ne jamais pouvoir se lier à qui que ce soit, et surtout, les tortures qui suivaient son retour au paradis.

Le paradis ! Pfff, elle aimerait bien connaître le nom du connard qui avait inventé ce mot. Elle le lui aurait vite fait ravaler !

Tout le monde pensait que, lorsqu'on mourait, l'âme s'envolait dans un monde parfait, nommé Paradis. On pouvait toujours rêver ! Même pour une personne vertueuse, avant de toucher le Saint des Saints, il fallait montrer patte blanche à l'entrée. Et le Purgatoire n'était pas une partie de plaisir...

Parce qu'elle avait été une très vilaine fille dans sa vie d'avant...

Bref, elle commençait sérieusement à en avoir marre de sa situation, et à chaque retour, elle sentait qu'elle perdait un petit peu d'elle-même.