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— Vous êtes une âme perdue ?
Telle est la première question qui me vient à l'esprit tandis que je me redresse sur mes jambes afin d'étudier l'étrange personnage qui est apparu à côté de moi. Je ne suis pas folle pourtant, j'ai bel et bien fouillé cette maison de fond en comble à la recherche d'une aide sans rien trouver d'utile et voilà que Monsieur « Je vous en prie, servez-vous de mon briquet, ça me fait plaisir ! » débarque de nulle part ! Puisque son briquet s'est refermé, je n'ai plus que le faisceau de ma lampe pour l'observer dans ce noir quasi complet ; ce qui est loin d'être suffisant. Son sourire torve, qui ne m'échappe cependant pas, ne me met pas du tout à l'aise.
— Une âme perdue ? répète-t-il, secoué d'un rire inapproprié. Je ne crois pas, non.
L'homme avance de quelques centimètres dans ma direction. Ses cheveux noirs frôlent ses épaules dans un style manga qui ne fait qu'augmenter le cocasse de cet univers. Il rallume le briquet à hauteur de mes yeux et ajoute :
— Alors, toujours pas intéressée ?
— Qui êtes-vous ? Pourquoi désirez-vous m'aider ?
Puisque Lucas a choisi une destination dépourvue d'âme, ma question d'amorce était stupide. Si je suis mon raisonnement actuel, mes nouvelles interrogations sont tout aussi inutiles. Mais si mes doutes sont vérifiés, je préfère perdre mon temps en bavardage plutôt que de passer directement à l'usage de ma torche. Surtout qu'il ne m'a pas encore donné son briquet, si jamais il en a véritablement l'intention...
— J'aime servir mon prochain, me répond-il sans se départir de son étrange sourire. Tu as fait preuve d'une assez bonne ingéniosité jusque-là, je souhaiterais savoir comment tu vas te débrouiller par la suite.
— Alors pourquoi ne pas m'avoir laissée faire mon feu comme une parfaite petite scoute, afin de faire durer le plaisir ?
— Parce que je voulais papoter un peu avec toi avant que l'on vienne nous interrompre.
Sa tête pivote légèrement en direction du volet qui souffre des assauts continus de la créature, puis son attention se reporte sur moi comme s'il n'avait jamais été distrait par le tapage qui va bientôt me rendre sourde.
— Pourquoi ? Vous faites une sorte de sondage rapide afin de déterminer de quelle façon on doit tous mourir ?
— Tous ?
Je me tais de justesse, prise d'un doute. Pendant une fraction de seconde qui me paraît une éternité, je maudis tous ceux qui m'ont si peu renseignée au sujet des Singuliers et de leurs némésis. Et si les Anges Noirs étaient incapables de distinguer une âme perdue d'un de mes semblables ? Compromettrais-je mon anonymat en lui révélant des choses qu'il ignore peut-être ? Mes tergiversations cessent à l'instant même où je me remémore la combinaison que je porte sur le dos.
D'accord, c'est noté. Combi noire : fichée à trois kilomètres à la ronde.
— Moi, si vous préférez, esquivé-je de justesse en ne mentionnant pas mon équipier.
— Serais-tu nouvelle dans le service ? se renseigne-t-il en penchant la tête sur la droite pour me jauger du regard.
— Nouvelle ? répété-je, mal à l'aise.
— Non parce que j'aurais pensé que vos supérieurs auraient attribué un équipier digne de ce nom à ce cher Harper, poursuit-il, imperturbable. Et pourtant voilà que je parviens à isoler sans peine sa partenaire dans l'espoir d'y trouver un nouveau défi et que vois-je... ?
Ses mots se perdent dans une moue condescendante que même la faible lumière ne parvient pas à dissimuler dans l'ombre.
— Sauf si je me trompe et que tu caches bien ton jeu..., continue l'homme perdu dans ses pensées, mais quel intérêt aurais-tu à jouer les novices avec moi ? Ou même de faire semblant de ne pas te douter de qui je suis ? La seule explication qui me vient à l'esprit est que ce cher Harper est soit trop fier de lui pour oser dire quoi que ce soit à sa nouvelle coéquipière, soit qu'il estime préférable que tu n'en saches rien pour te protéger de moi. Mais tu serais davantage en sécurité si tu connaissais notre long passé commun, alors j'en reviens toujours à la fichue question qui me turlupine depuis que j'ai commencé à vous observer tous les deux : pourquoi es-tu là, toi ?
— Je ne vois vraiment pas de quoi vous voulez parler.
— Voilà qui clôture avec excellence mes interrogations. Mais peut-être ferions-nous mieux de poser directement la question au principal intéressé ?
Le plus que probable Ange Noir termine à peine sa phrase lorsque l'obscurité de la pièce s'évanouit et que la dernière planche clouée cède sous les insistances de la créature. Éblouie par la luminosité inattendue qui illumine à présent toute la pièce, je mets un certain temps pour réagir face à la menace que représente la fenêtre ouverte. Ce n'est qu'après avoir cligné des yeux à plusieurs reprises que mon cerveau intègre enfin l'information. À savoir que la créature qui martelait depuis plus de dix minutes contre ce pauvre volet n'était pas un de ces piafs agressifs, mais mon coéquipier. Plus tard, si on s'en sort, il faudra que je pense à lui demander pourquoi il n'a pas cherché à forcer la porte.
— Merde, Allyn ! Quand je te dis de ne pas entrer dans une maison, c'est qu'il ne faut pas entrer dans une maison ! s'exclame-t-il hors de lui et à bout de souffle.
C'est uniquement parce qu'il a l'aspect de celui qui vient de passer une journée compliquée que je m'abstiens de rétorquer qu'à aucun moment il ne m'a prévenue au sujet de ces habitations. Et si éventuellement il pensait l'avoir fait pendant qu'un vautour le trimballait dans les airs, ce n'est vraiment pas mon problème !
— Tu reviens de loin on dirait, sourit l'homme aux cheveux noirs. Aurais-tu rencontré quelques soucis avec tes petits amis à plumes ? J'ai pensé que tu apprécierais l'intention, je me souvenais parfaitement que tu les avais en horreur.
Je profite du fait que les deux hommes se foudroient du regard pour leur prêter plus ample attention.
Les cheveux décoiffés d'Harper sont constellés de grains de sable et d'une matière verte visqueuse que je refuse d'identifier. Curieusement, sa combinaison a tenu le choc, mais vu qu'il en est de même pour la mienne, j'en déduis qu'elles sont très résistantes. Car lorsque l'on s'attarde sur le visage et les mains de mon équipier, on peut clairement imaginer qu'il a passé un sale quart d'heure en compagnie de ces créatures.
L'homme qui le défie du regard semble au contraire parfaitement dans son élément. Il n'a pas un seul cheveu de travers et sa chemise noire est taillée sur mesure dans une matière si chic qu'on le croirait tout droit sorti d'une pub de marque de luxe. De surcroît, ses mains sont posées sur ses hanches dans une attitude si décontractée qu'on devine tout de suite qu'il est le seul ici présent à vraiment s'amuser. Il n'y a pas à dire, si je devais présider le concours du plus prétentieux, je ne saurais à qui décerner le prix entre ce type et Lily.
— J'ai failli retirer les traces de sang que ta coéquipière a laissées un peu partout sur son trajet pour que tu aies du mal à la pister jusqu'ici, mais je dois avouer que j'avais hâte que tu nous retrouves, poursuit l'homme antipathique sur le ton de la conversation. Diable, Lucas, ça fait combien de temps maintenant qu'on ne s'est pas vus en face à face ? Trois mois ? C'est trop, j'ai failli regretter ce pauvre Axel. Mais dis-moi, tu t'en sors avec ta jeune novice ? Parce qu'on était en train de se demander – enfin, moi surtout, puisque cette pauvre fille ne semble pas très vive – pourquoi l'Organisation t'a mis pareil boulet sur le dos. Il n'y avait donc plus rien en stock ? Ou peut-être que tu t'estimes capable de me tenir tête sans aide extérieure ? Ça te ressemblerait assez en y réfléchissant, mais je n'ose t'imaginer assez imbu de ta personne pour risquer inutilement la vie de cette pauvre fille, je me trompe ?
Seigneur, un partisan du monologue... À cet instant précis, j'aimerais que Lucas l'ouvre à son tour pour lui clouer le bec, mais il n'en fait rien. Peut-être n'a-t-il rien à ajouter parce que l'homme a visé juste ? Cela me ferait de la peine, mais à dire vrai je suis loin de me sentir vraiment concernée par toutes les insultes que cet individu débite à la seconde. Après tout, ce n'est pas comme si je n'avais pas mon lot quotidien de remarques condescendantes avec Harper dans les parages...
— Mes vautours t'ont mangé la langue ? Ou peut-être devrais-je continuer ma discussion avec la principale concernée ? Il est vrai qu'avec elle, au moins, je n'avais pas l'impression de parler dans le vide.
Toujours muet, Lucas se rapproche de moi sans quitter l'homme des yeux, puis me saisit violemment par le bras pour me pousser en direction de la porte. Ses manières sont si froides et distantes que je regrette le Harper relativement jovial de tout à l'heure.
— On se reverra bientôt, lance-t-il finalement quand nous avons tous deux atteint le seuil de la maison. Seul à seul.
— Pourquoi pas maintenant ? insiste l'homme d'une voix mièvre.
— Parce que, comme tu l'as deviné, cette fille n'a rien à faire dans nos histoires. À vrai dire, je la supporte si peu que je ne voulais pas d'elle aujourd'hui, on m'y a forcé.
Ma main se referme en un poing serré par automatisme. Le voilà qu'il vide son sac devant ce crétin ! Je sens qu'on va avoir des comptes à régler si jamais on échappe à ce délire.
— Et qui te dit qu'ils te laisseront revenir sans elle ? Ou même que j'ai envie de vous laisser quitter ce monde ?
— Tu peux me faire confiance pour avoir envie de régler mes comptes avec toi, non ? rétorque Lucas en me poussant avec tant de démence dans la rue que je trébuche et m'écrase sur le sol comme une poupée de chiffon.
Oh ça, mon vieux, ça va se payer, marmonné-je intérieurement en proie à des pensées meurtrières.
— Seulement, laisse-moi me débarrasser de ce boulet avant, je n'ai pas envie de surveiller ses conneries quand je réglerai mes comptes avec toi, conclut mon équipier.
J'ignore s'il dit vrai ou s'il improvise dans l'idée de nous tirer tous les deux d'affaire, mais je suis choquée de constater à quel point il est convaincant quand il clame son dégoût pour ma personne. Ses propos commencent même à faire leur chemin dans mon esprit, à tel point qu'elles me blessent davantage que les coupures profondes que ma chute a réveillées sur mes paumes sanguinolentes.
L'Ange Noir siffle entre ses dents comme pour exprimer son dilemme. Ses yeux perçants passent de Lucas à moi-même avec une telle rapidité qu'il m'en donne le tournis. Enfin, il esquisse un nouveau sourire semblable à celui d'un enfant sur le point de commettre une grosse bêtise et proclame en haussant les épaules avec nonchalance :
— Bien sûr. Voyons, qui suis-je pour ne pas t'accorder cette faveur ? Après tout ce n'est pas comme si je ne devais pas me faire pardonner pour ce qui est arrivé à Axel.
— Que...
Lucas ne me laisse pas l'opportunité d'en placer une. L'homme étrange nous a à peine accordé sa bénédiction que mon équipier me tire vers lui pour m'inciter à gravir la colline que j'ai dévalée un peu plus tôt. Je me retourne pour observer l'Ange nous saluer d'un geste de la main enfantin, puis disparaître dans une volute de fumée, avant de me concentrer sur la montée vertigineuse.
— Je croyais qu'il nous laissait partir, souligné-je, épuisée, tandis que Lucas me déchire le poignet en tirant dessus comme un forcené.
— Bien sûr, reste donc là à tester ta théorie, suggère-t-il d'un ton moqueur sans pour autant diminuer sa foulée. Je reviendrai chercher ton corps plus tard, ou du moins ce qu'il en restera.
Nous atteignons enfin la rue où nous attend notre Sphère de retour lorsque je sens le sol trembler dangereusement sous mes pieds. Si Lucas ne paraît pas étonné par ce phénomène soudain, cela ne l'empêche pas d'accentuer notre allure déjà rapide en dépit de mon éreintement.
— Plus vite, Allyn !
Plusieurs failles apparaissent sur le sol. Certaines sont fines et ne font que cisailler la pierre rouge, tandis que d'autres nous obligent à sauter de plus en plus loin à mesure que les rebords s'écartent. J'ai l'impression de revivre mes cours de géologie en accéléré, lorsque le professeur nous montrait une vidéo traitant de la tectonique des plaques.
— Concentre-toi un peu ! s'exclame Lucas lorsqu'il m'écarte de justesse du trajet d'un mur de pierres proéminent qui jaillit du sol pour nous couper la route.
Je n'en reviens pas : la ruelle s'est carrément fendue en deux par un mécanisme de subduction. J'ouvre la bouche et pointe de mon index la masse rocheuse qui continue de s'élever, tout en me demandant comment nous allons pouvoir la contourner pour atteindre notre porte de sortie. Harper n'attend pas pour me saisir par la taille et me jeter dessus avant de suivre le mouvement. Je suis bientôt suspendue dans le vide, les bras et la moitié de mon buste accrochés du bon côté de la ruelle, tandis que mes pieds flottent dans ce qui était autrefois le reste de la rue, gisant à présent dix mètres plus bas. Harper est toujours près de moi et force sur ses bras pour porter tout son corps sur la terre ferme. Inutile de préciser que mon roulé-boulé pour entraîner mes jambes et mes fesses du côté sauf est loin d'être aussi élégant.
— Debout, m'ordonne-t-il sans cérémonie.
Le sol continue de trembler. Bien évidemment, cette dimension ne va pas s'inquiéter de l'intensité de mon épuisement ! Notre course contre les éléments se poursuit donc sans relâche sur plusieurs centaines de mètres. À de nombreux moments, je pose le pied sur un rocher instable, mais Lucas est là pour garantir mon équilibre. Nous ne sommes plus qu'à quelques centimètres de la Sphère, quand il se permet de desserrer son emprise autour de mon poignet pour se concentrer sur son objectif premier : nous ramener à l'Organisation.
— Entre, me dit-il d'un ton pressant.
Il n'a pas à me le dire deux fois. Je me précipite dans la bulle protectrice de notre billet de retour et maintiens la porte ouverte afin de permettre à mon binôme de me suivre quand l'improbable se produit. Cela se passe si vite que je mets un certain temps à réaliser que ce n'est pas juste un abus de mon esprit stressé.
Lucas est là, à me donner des ordres et à deux doigts de pénétrer à son tour dans la bulle de verre lorsque, tout à coup, le sol s'effondre sous ses pieds comme un château de sable mouillé. Nous échangeons un bref regard durant lequel je peux distinguer la terreur dans ses yeux, cette sensation d'être arrivé à la fin du voyage alors qu'il se croyait enfin sorti d'affaire. Mes mains se plaquent sur la vitre de la Sphère, tandis que je le regarde disparaître lentement dans l'obscurité. Sa chute est un vrai ralenti catastrophe, comme si la gravité de cette dimension s'amusait avec nous pour mieux nous faire apprécier l'horreur du moment. Ma frustration et ma colère sont si grandes que j'en oublie alors toute prudence et sors de mon cocon protecteur pour me jeter à plat ventre et essayer de le saisir par la main. Mais il est trop tard : Harper s'enfonce déjà trop loin dans les profondeurs du gouffre qui s'est ouvert sous ses pieds.
Non, non, non ! Pas après tout ce qu'il a fait pour nous ramener sains et saufs !
Il est à plus de cinq mètres en dessous de moi à présent. En cet instant précis, je ferais tout pour l'aider tout comme lui s'est battu pour me ramener ici. Désespérée, j'en viens à m'imaginer faire apparaître un pan de mur susceptible de le réceptionner dans sa chute. S'il vous plaît, faites que le sol joue à nouveau les trouble-fêtes !
Je suis si concentrée sur le destin tragique de mon partenaire que je ne réalise qu'avec retard qu'une faible lueur dorée a commencé à voltiger autour de moi comme une aura bienfaitrice. Elle ne me paraît pas malveillante et pourtant je ne peux m'empêcher de m'en méfier étant donné l'endroit où me je trouve. Je n'ai toutefois pas l'occasion d'y réfléchir plus longtemps, car la lueur dorée cesse de tournoyer autour de moi pour fondre sur mon pauvre équipier. Mon premier réflexe est de lui crier gare et c'est ce que je fais, avant de comprendre à quel point je suis ridicule : est-ce que cette chose pourrait vraiment empirer la situation d'Harper ? Je ne crois pas, non.
Par contre, elle peut l'améliorer. Et c'est ce qui se produit lorsque la lueur plonge sous mon binôme intrigué, pour se matérialiser sous la forme d'une plaque de pierre rougeoyante qui amortit sa chute sans cérémonie. J'en reste béate tandis qu'Harper, immobile sur la plaque qui remonte vers moi, fixe son aide de fortune d'une expression assez cocasse.
— Il s'est passé quoi, là ? demande-t-il, la gorge sèche.
Je hausse les épaules, tout aussi confuse que lui, et ne m'étonne pas de le voir reprendre rapidement ses esprits pour me saisir par la taille et nous entraîner tous deux dans la Sphère dont le cliquetis indique déjà qu'elle s'est remise en activité. Les derniers événements se sont si vite enchaînés que je distingue à peine le type aux cheveux noirs nous fixer du haut d'un toit d'un immeuble, avant que tout devienne confus autour de moi et que je m'évanouisse pour de bon.
— Allyn ! Allyn ! Réveillez-vous ! Bon sang, Lucas, que s'est-il donc passé ?
On me secoue avec précaution pour me faire reprendre mes esprits. Où suis-je ? De brèves images me reviennent en mémoire. Harper... le sol qui s'effondre sous nos pieds... Sous ses pieds ! Non, j'ai dû rêver, tout ceci est impossible...
— Seigneur dans quel état elle est ! Doc, s'il vous plaît, venez par ici !
— Ne t'inquiète surtout pas pour moi, Josias, je vais très bien, lance mon équipier d'un ton qui frise l'ironie.
La voix de mon binôme agit comme un baume réconfortant dans ma poitrine. Harper est sain et sauf ! Tous ces flashs n'étaient que le fruit de mon imagination.
— Ses constantes sont stables, annonce l'homme qui s'amuse à prendre mon pouls. Elle ouvre les yeux. Mademoiselle ? Comment vous sentez-vous ?
Quand je regarde autour de moi pour évaluer la situation, j'ai le bonheur de constater que je suis devenue le point de mire de tous les individus présents dans la pièce. Loïc Fortin et Josias me fixent d'un air préoccupé, quant à Maël, il me scrute de ses yeux ronds comme deux billes figées. Mon ami est si pâle qu'il donne l'impression d'être sur le point de s'évanouir. Et pour finir, j'admire mon équipier.
Son expression est indéchiffrable, mais j'ai le sentiment qu'il a du mal à soutenir mon regard, car il se détourne au bout de quelques secondes afin de s'adresser à Fortin sur un ton courroucé :
— Elle n'était pas prête, voilà ce qu'il s'est passé. Les Affres ne sont pas à prendre à la légère : j'ai tenté de nous conduire vers une destination dépourvue de risques et pourtant il n'a pas fallu plus de cinq minutes pour qu'il nous tombe dessus.
— Aldrik ? Il était là ? lance Josias, apparemment catastrophé.
— Oui, confirme Lucas d'un ton cassant. Il est parvenu à nous séparer et a bien failli réussir à nous tuer tous les deux à cause du manque de pratique d'Allyn. Nous n'y avons réchappé que de justesse, je n'ai... je n'ai jamais vu ça en dix ans d'expérience ! C'était irresponsable d'envoyer Allyn si tôt sur le terrain ! J'ai cru que jamais je n'arriverais à la ramener à bon port et pourtant...
Lucas s'arrête brusquement, comme perdu dans ses pensées. Je ne l'ai jamais vu débiter autant de paroles à la seconde et les trémolos de sa voix m'indiquent clairement qu'il n'est pas encore tout à fait remis de ses émotions. Tout comme moi. Je m'attends cependant à ce qu'il m'achève pour de bon et proclame que je n'ai pas ma place dans ce programme – ce que je suis limite prête à accepter après nos mésaventures d'aujourd'hui – mais il n'en est rien puisqu'il préfère garder le silence.
— Et pourtant quoi ? s'impatiente Fortin avec autorité.
— Et pourtant, Allyn m'a sauvé la vie.
***
Aaaah... quatre années se sont écoulées depuis la rédaction de ce chapitre et pourtant je le relis toujours avec la même émotion *-*
J'espère que vous aurez apprécié cette mission mouvementée !! (depuis le temps qu'on l'attendait!)
Quel personnage vous intrigue le plus suite à ces neuf chapitres ?? Je sais que la personnalité d'Aldrik a à peine été effleurée pour le moment, mais je crois bien qu'il s'agit d'un de mes préférés ^^
***
Ce chapitre est le dernier que je posterai sur Wattpad, la publication des Arcanes ayant lieu dans 2 jours !! O-O Merci beaucoup pour votre présence et vos retours, j'espère que vous apprécierez tout autant la suite de cette aventure ! Bonne journée !! ;)
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