7
Le réveil a été dur, je ne me traîne jusqu'à la cafétéria qu'à une heure tardive. La matinée est si avancée que la plupart des Singuliers et autres membres du staff ont déjà pris leur petit-déjeuner. Les seules têtes connues restantes étant mon cher coéquipier et la rouquine, je décide de jouer une fois de plus les retranchées et m'installe en bout de table, à l'opposé de la salle. Mon ami invisible me suit comme mon ombre. Depuis nos confidences de cette nuit, je saisis mieux que jamais les expressions fugaces qui s'affichent sur son visage quand il pense que je ne l'observe pas : Maël s'inquiète pour moi.
— Bonjour, Allyn, me dit-on alors que je me perds dans la contemplation de mon chocolat chaud.
Je sursaute et lève les yeux vers celui qui se tient devant moi. Josias affiche un air réjoui. Il n'est pas difficile de deviner l'objet de sa présence, et ce, même lorsque notre ami fantomatique s'est fait une joie de nous spoiler quelques heures auparavant. Josias n'a toutefois pas l'occasion de s'exprimer davantage qu'un Singulier furieux lui vole la vedette grâce à sa voix mélodieuse.
— QUOI ? s'écrie en effet Harper à l'autre bout de la salle.
J'ose pivoter la tête de quatre-vingt-dix degrés afin d'observer la scène de mes propres yeux. Lucas s'est levé de sa chaise et fusille Fortin de ses yeux assassins qui me sont d'ordinaire réservés. Tous les individus ici présents ont reporté leur attention sur lui. En même temps, on ne peut pas affirmer que Harper maîtrise l'art de la discrétion.
— VOUS VOUS FOUTEZ VRAIMENT DE TOUT, LOÏC !
D'où je suis, je ne parviens pas à saisir la réponse de Fortin et il n'est pas difficile de comprendre qu'il baisse volontairement la voix dans l'intention d'inciter Harper à en faire de même. Mais connaissant mon équipier, je doute que cela fonctionne. Je ne peux toutefois m'empêcher de lever les yeux au ciel devant la bêtise du rouquin : si le directeur adjoint vient de lui annoncer ce que je crois, il aurait dû s'attendre à ce genre de réaction et préférer son bureau pour plus de discrétion. À moins qu'il n'ait cherché à agir devant témoins, ce qui aurait tout son sens au vu de la fureur de Lucas.
— VOUS ÊTES VRAIMENT UN FILS DE...
— Je crois que je vais essayer de raisonner votre partenaire, annonce Josias. Allyn, vous souvenez-vous de la salle dans laquelle nous nous sommes rencontrés pour la première fois ?
— Oui, bien sûr.
— Très bien. Quand vous aurez terminé votre petit-déjeuner, j'aimerais que nous nous y retrouvions. Peut-être que Lucas acceptera de se joindre à nous, s'il s'est calmé d'ici là.
Josias n'a pas le temps de rajouter quoi que ce soit. Grimaçant à l'écoute de nouvelles injures, il me salue brièvement et se précipite vers la table d'à côté. Pour ma part, j'abandonne la moitié de mon chocolat encore brûlant et me contente d'emporter ma tartine pour la déguster dans les couloirs de l'Organisation. J'ai suffisamment mal à la tête, inutile de rajouter les beuglements assourdissants d'un type trop obtus pour accepter ma participation au sein de leur organisation. Je savoure les bords croustillants de mon pain grillé lorsqu'une illumination me traverse l'esprit. Hier soir, suite à la révélation de Maël, j'ai attribué le passage à la bibliothèque d'Harper à notre mission d'aujourd'hui ; il est pourtant évident qu'il n'était pas plus au courant que moi à ce moment-là de la journée. Que pouvait-il donc bien faire dans ce cas ? Et pourquoi a-t-il réagi avec autant d'agressivité lorsque j'ai tenté de me renseigner ?
— Crois-tu que la mission aura quand même lieu s'il n'accepte pas de t'accompagner ?
Un regard par-dessus mon épaule, en direction des portes closes de la cafétéria, et je réponds dans un soupire frustré :
— Je pense qu'au final, il n'aura pas le choix. Harper sera bien obligé de m'accepter s'il veut pouvoir retourner en mission.
— Pas s'il pense que ta présence lui coûtera la vie.
J'en ai les jambes sciées, je m'arrête net pour le dévisager.
— Bon sang, Maël ! Tu es sérieux ? De quel côté es-tu ?
— Du côté de ceux qui n'ont pas envie de te voir risquer ta vie avec un type qui n'en a clairement rien à faire de toi, réplique-t-il d'un air soucieux. Tu peux le comprendre quand même.
J'ouvre la bouche pour argumenter, puis la referme aussitôt. À quoi bon ? Il a raison. Qui serait assez stupide pour se lancer dans une aventure périlleuse avec un type à qui on n'oserait même pas emprunter un stylo ?
— Si ça peut te rassurer, je ne pense pas que Lucas soit un crétin au point de m'abandonner dans les Affres, murmuré-je, autant pour adoucir son anxiété que la mienne.
Maël émet un grognement sourd démontrant qu'il n'en est pas tout à fait convaincu, mais que, tout comme moi, il préfère en rester là pour le moment.
Nous patientons une bonne demi-heure dans la salle blanche aseptisée. Assis autour de la longue table ovale, nous tournons la tête comme un seul homme lorsque la porte s'ouvre sur Josias et Harper. Ce dernier adopte un air résigné, tel un condamné s'apprêtant à réaliser une chose qu'il regrettera toute sa vie, et ne m'accorde pas un regard lorsqu'il prend place à son tour. Josias, quant à lui, m'adresse un sourire bienveillant et joint ses mains sur la table pour nous observer tour à tour.
— Ma chère Allyn, je tiens à vous présenter des excuses pour la manière dont les choses se sont déroulées ce matin. Nous aurions préféré que vous appreniez la bonne nouvelle d'une façon moins agitée.
Son coup d'œil indigné en direction de Lucas est si fugace que j'ai l'impression de l'avoir imaginé. Le concerné n'affiche aucun signe de regret et agite ses pouces avec impatience. Manifestement, faire acte de présence à mes côtés relève de la torture.
— Quoi qu'il en soit, Allyn, j'ai le plaisir de vous annoncer que les rapports sur vos aptitudes se sont révélés plus que satisfaisants et que, de ce fait, il a été accordé par le directeur adjoint de l'Organisation que votre première excursion dans les Affres aurait lieu aujourd'hui même.
Ainsi, c'est Fortin qui a personnellement validé l'expérience. Pas étonnant que Lucas lui ait sauté à la gorge. J'ai le pressentiment que mes coachs sportifs risquent également de passer un sale quart d'heure quand ils auront le malheur de croiser le chemin d'Harper.
— C'est génial, affirmé-je en simulant la surprise.
— Vraiment ? me coupe Lucas.
Le sourire de Josias se fane alors qu'il adresse un nouveau regard de reproche à mon binôme. Ses intonations sont beaucoup plus sévères lorsqu'il reprend la parole.
— On en a déjà parlé, Lucas. Allyn mérite sa chance, et ce, quoi que tu en penses. Je connais parfaitement ton point de vue et ce qui te pousse à agir de la sorte, poursuit-il alors que Lucas ouvre la bouche pour protester, mais tu devrais comprendre une bonne fois pour toutes que l'affaire est close et que tu devras faire avec. L'ordre vient du Haut-Juge, cette fois-ci, il veut que toutes les équipes soient opérationnelles.
— Le Haut-Juge ? relevé-je, interloquée.
Mon intervention est doublement motivée par le fait que Maël a tressailli à sa mention. Je lui adresse un coup d'œil interrogateur qu'il fait mine d'ignorer au profit du dialogue qui oppose les deux autres hommes.
— Le président de l'Organisation. Et Lucas sait très bien ce que chaque heure de retard signifie dans les Affres.
— Je croyais que tu étais mon ami, implore Harper.
Je ne sais plus quoi penser de ce qui se joue sous mes yeux. Si je n'étais pas habituée au Lucas Harper que je connais – c'est à dire froid, moqueur et prétentieux – je dirais que ce dernier est sur le point de pleurer. C'est à cet instant précis que la raison de ma présence en ces lieux surgit avec force de ma mémoire. Si je suis la nouvelle équipière de Lucas, c'est uniquement à cause du décès de mon frère. Se pourrait-il que, tout comme moi, Harper ne se soit pas entièrement remis de la mort d'Axel ?
Évidemment qu'il en souffre toujours. Qui pourrait se remettre aussi vite de la disparition brutale d'un ami ? Même Harper n'est pas assez indifférent à ce qui l'entoure pour ne rien ressentir face à la mort.
— Tout va bien Allyn ? s'inquiète Maël en plaçant sa main translucide sur la mienne.
J'acquiesce discrètement, mais ne dis mot. Lucas et Josias, quant à eux, semblent partager une conversation silencieuse qui m'échappe complètement. Après une minute qui paraît durer une éternité, Josias rompt le contact visuel et s'affaisse contre le dossier de sa chaise tandis que Lucas se racle la gorge et regarde enfin dans ma direction.
— Ce qu'on t'a raconté sur les Affres, ce que Loïc Fortin ou Josias ont essayé de t'expliquer au sujet des dangers de cette dimension, n'est rien comparé à la réalité. Le Haut-Juge de cette Organisation, tout comme le directeur adjoint à deux balles que nous nous coltinons, n'ont jamais mis les pieds dans cette atmosphère oppressante et traumatisante. Alors dis-moi, Allyn, pourquoi devrais-je t'emmener ?
— Parce que tu n'as que moi, dis-je sans réfléchir.
— Je reformule : pourquoi veux-tu venir avec moi ?
— Dis-lui qu'à choisir, tu l'aurais bien échangé contre un autre Singulier plus sympathique, persifle Maël.
Ce dernier se penche en avant sur la table et cale son menton entre ses mains en coupe afin d'étudier mon équipier avec un intérêt feint.
— Mmmmh, nan, rien à faire, je n'arrive pas à accrocher à ce type. Joker ? Faut s'adresser à qui ici pour le service après-vente ? Tu crois qu'ils accepteraient de te l'échanger ?
Je me racle la gorge, consciente que la situation est trop critique pour me laisser distraire par le clown qui me sert de colocataire. Les yeux gris de Lucas sont figés sur moi, imperturbables ; ce qui n'aide pas non plus. J'ignore quoi lui répondre qui ne paraît ni ridicule, ni irréfléchi. Et pourtant la question est bien là : pourquoi ai-je l'idée fixe de vouloir reprendre le flambeau d'Axel ? Est-ce pour me rapprocher de la vie qu'avait mon défunt frère ? Est-ce parce que malgré toutes les souffrances physiques que j'éprouve depuis un mois, j'aime l'ambiance mystique de cette institution ? Ou encore, parce que je ne pourrais plus vivre sans avoir essayé au moins une fois de chercher cette vieille femme pour laquelle je me suis liée d'une étrange affection ?
— Avant de venir ici, j'étais infirmière. Non pas parce que j'avais raté médecine ou que je ne savais pas quoi faire de ma vie, mais parce que je n'avais qu'une chose en tête : œuvrer pour améliorer le quotidien d'individus dont la vie n'a pas tourné à leur avantage. Je n'ai ni peur du sang, ni des plaies qui en révulseraient plus d'un ici et ma compassion envers les gens fait de moi une bonne personne. Du moins, c'est l'opinion que je me suis dressée et ce ne sera pas près de changer à condition qu'on ne m'enlève pas cette nouvelle opportunité de faire le bien autour de moi. Vous débarquez dans ma vie, m'expliquez qu'il existe des milliers d'âmes en détresse que seule une poignée d'individus comme nous est capable de sauver et vous espérez que je fasse machine arrière ? Je dis que c'est hors de question : voilà un mois que je me décarcasse pour avoir le niveau, que je subis raillerie sur raillerie au sujet de mes faibles compétences sportives, ce n'est pas pour me voir refuser mon droit d'entrée une fois que je l'ai mérité. Quant aux dangers de ce monde, tu avais tout le temps de me les décrire durant ces dernières semaines. Au lieu de cela, tu as préféré bouder dans ton coin ; alors tant pis pour toi, ma décision est prise et si tu n'es pas d'accord avec ça, sache que pour moi ça revient strictement au même.
Ma gorge est si sèche que ma voix déraille sur la fin, mais l'essentiel est formulé. Soulagée d'avoir enfin pu vider mon sac, je m'adosse à mon tour au fond de ma chaise et attends le verdict de mon coéquipier. Celui-ci ne dit mot. Sans doute essaye-t-il de trouver une réplique cinglante ? Peu importe. Josias jubile dans son coin. À en croire les mouvements rapides de ses yeux, il pourrait tout aussi bien contempler un match de tennis particulièrement coriace.
— C'est tout ce que tu as à dire ? marmonne Harper entre ses dents. Pas d'autre laïus à ajouter pendant qu'il en est encore temps ?
— Je pense que je vais m'en tenir là.
— Très bien.
Harper se lève si brusquement qu'il fait sursauter Maël. J'ai dans l'idée qu'il compte m'abandonner là, il m'invite pourtant à le suivre hors de la pièce sans plus attendre. Je jette un coup d'œil à Josias, qui ne fait mine de vouloir bouger, et me précipite hors de la salle afin de ne pas perdre de vue mon équipier.
— Fais gaffe, il va peut-être essayer de t'assommer sans témoin compromettant.
La légèreté de Maël risque de me manquer lorsque je me retrouverai avec mon équipier et mes regrets comme uniques compagnons.
La porte où Lucas m'a conduite m'est encore inconnue. Il a tout de même la décence de m'attendre devant, ce dont je lui suis reconnaissante.
— C'est ici que nous rangeons les équipements neufs, m'explique-t-il alors que nous pénétrons dans une salle aussi haute que large, dont je n'arrive pas à distinguer le mur du fond tellement elle s'étale en profondeur. Aujourd'hui nous allons te choisir une tenue ainsi qu'une arme ou deux. Si jamais tu n'es pas décidée après notre excursion à laisser tomber, tu pourras revenir autant de fois qu'il te plaira pour ajuster ton équipement.
— Une arme ?
À aucun moment de ma formation on ne m'a préparée à manier une lame et encore moins une arme à feu. J'évite cependant d'exposer plus en avant mon trouble, car Harper me dévisage de ses grands yeux ronds.
— Tu ne crois tout de même pas qu'on va se promener tranquillement sur une plage de sable blanc, Allyn ? me sort-il, condescendant au possible. C'est dans les Affres que l'on va se rendre.
— On m'a toujours dit que quand on ne sait pas se servir d'une arme, il vaut mieux ne pas en avoir sur soi dans le risque qu'un adversaire plus agile la retourne contre nous.
J'ignore ce que j'ai dit de si troublant, mais Harper en fait tomber les deux combinaisons qu'il retirait des portemanteaux pour me les faire essayer. Il me revient alors que ce conseil vient d'Axel. Ma réflexion anodine aurait-elle réveillé des souvenirs douloureux ?
— Tes meilleures armes seront ta vitesse et tes talents d'esquive. Les lames ne sont là que pour te soutenir en cas de gros pépin. Tiens, essaye ça là-bas, m'ordonne-t-il pour enrayer toute tentative d'interrogatoire de ma part. Je continue de chercher le reste.
Chef, oui, chef !
Je m'abstiens de tout commentaire et m'isole derrière un paravent afin de passer aux essayages. Les deux tenues ne varient que par la taille. Je choisis celle qui me paraît la plus appropriée à ma nouvelle morphologie et entame le processus de déshabillage afin d'enfiler la combinaison de Singulier. J'ai beau avoir consacré beaucoup de temps à observer cette tenue fascinante sur mes collègues, j'étais loin de me douter qu'elle était aussi confortable. Le tissu noir opaque est fin comme de la soie, aussi élastique que les tenues cyclistes des coureurs de fond et s'adapte parfaitement à la forme du corps pour ne laisser aucun sentiment d'inconfort. De surcroît, des coques d'un métal léger s'insèrent à de nombreux niveaux stratégiques afin de ne pas incommoder la mobilité des articulations. En résumé, je me sens autant en sécurité que si je portais une armure de G.I. Joe et tout aussi à l'aise qu'en pyjama.
J'ose enfin me regarder dans la glace et suis soulagée de constater que la combinaison rend aussi bien sur moi que sur les autres Singuliers de ma connaissance : en réalité, j'ai la classe totale !
Et le prix du meilleur cosplay de science-fiction est attribué à...
— Tu ressembles à une héroïne de bande dessinée, fait remarquer Maël, dont seule la tête passe au travers du paravent. Très sexy, j'ai mon âme d'adolescent qui ressurgit sans que je puisse faire quoi que ce soit pour l'en empêcher.
— Tu n'arrêteras donc jamais de faire le voyeur ?
L'interruption opportune de Lucas sauve Maël in extremis, mais cela ne m'empêche pas de le foudroyer discrètement du regard. Insensible à ce qui se déroule à côté de lui, Harper dépose sur une caisse de rangement un couteau de lame moyenne et un manche étrange aux reliefs sculptés dans l'intention de tout me présenter en parfait petit maître d'armes.
— Ce type de couteaux fait partie des plus pratiques. Tu peux les accrocher sur tes cuisses ou au niveau de tes mollets, ta combinaison est faite pour les maintenir en place. On les utilise surtout en cas de combats rapprochés ou lorsqu'il est nécessaire de trancher quelque chose dans l'urgence. Fais gaffe, ça coupe aussi bien qu'un bistouri.
— Et ça, qu'est-ce que c'est ?
De l'index, je pointe le manche atypique. Contrairement aux armes noires qui décorent les murs de la salle, l'objet en question semble être fabriqué dans un bois ambré et résistant. Les gravures, quant à elles, représentent des formes étranges telles des spirales et des runes qui me sont inconnues.
— C'est un cran d'arrêt, développe Harper en le saisissant à la manière d'une épée. L'avantage avec ce truc c'est que...
Il n'en dit pas plus qu'une lame de trente centimètres jaillit du manche comme un serpent. Je sursaute, puis contemple l'objet dans toute sa splendeur, cette arme n'a décidément rien à faire dans tout cet outillage à la Rambo.
— Tu appuies sur ce bouton et la lame sort, dit-il en me désignant un minuscule rond sous son doigt. C'était l'arme préférée d'Axel, c'est lui qui l'avait sculptée.
Mes yeux s'écarquillent tandis qu'Harper me tend le cran d'arrêt sans une once d'hésitation. C'est moi où il vient d'agir d'une manière charmante en m'offrant quelque chose qu'il aurait pu garder pour lui ?
— Laisse-moi deviner, tu préfères les grosses armes à feu ?
— Pour être franc, je préfère les katanas, réplique-t-il dans un sourire. Mais j'ai vite compris que ce n'était pas forcément ce qu'il y a de plus pratique.
Tu m'étonnes.
Je ris intérieurement tandis que mon esprit visualise mon coéquipier en pleine lutte pour sa vie avec un grand sabre japonais contre un... Eh bien comme je n'ai jamais vu d'Ange Noir, je n'ai aucune idée de la chose en question.
— Il vient de battre tous les records de modestie en seulement dix secondes, pouffe Maël.
— Si tu as choisi ta tenue, viens avec moi. Pour ranger la lame, appuie sur le bouton et force-la à rentrer en pressant la pointe contre le sol ou une surface qui ne craint pas.
Nous nous dirigeons ensuite vers les appartements des Singuliers. Je m'interroge à ce sujet jusqu'à ce que je réalise qu'Harper a également besoin d'enfiler sa tenue. Lorsqu'il sort de son logement cinq minutes plus tard, j'en viens à encore plus le détester tellement la combinaison lui rend justice comparé à moi.
— Pas de katana, remarqué-je pour la forme.
— Je te l'ai dit, soupire-t-il avec une moue frustrée, pas pratique.
D'un signe de tête, il m'invite à nouveau à le suivre dans les dédales de l'Organisation. Ce n'est pas que j'en ai marre de le suivre comme un petit chien, mais ça commence à m'agacer qu'il ne se sente pas obligé de préciser notre destination à chaque fois. Il n'en a cependant plus besoin quand nous empruntons les escaliers pour nous arrêter au troisième étage. Mon cœur se serre si fort que j'en oublie de respirer : ça y est, on y est, enfin.
— Je veux que tu saches que tu as encore le droit de faire machine arrière, me dit-il en se retournant sans crier gare. Tu ne dois rien à personne. Ni à Fortin, ni à Josias, ni à Axel, ni à l'âme en détresse que tu as découverte dans ce bouquin. C'est ta vie et c'est à toi et toi seule de décider quoi en faire.
Je lui souris à en découvrir toutes mes dents et réponds sans une once d'hésitation :
— Eh bien tu vois, on aura fini par se mettre d'accord sur un point : je fais ce que je veux de ma vie.
Mon regard est si déterminé qu'il en soupire et lève les mains en signe de reddition comme il aime tant le faire quand quelque chose le dépasse. Nous avançons alors de conserve vers la porte gardée et pénétrons ensemble dans la salle de la Sphère.
***
Oui, je sais... je suis désolée ! Promis l'expédition est pour bientôt, ne me tapez pas !! :D
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