3.11.09
Mardi 3 Novembre 2009
Cher journal,
J'en ai des choses à te raconter.
La première que tu dois savoir, c'est que Loyd et moi, on se parle h24 depuis quelques jours.
Mais faisons les choses bien et commençons par le commencement, veux-tu ?
J'adore l'automne, c'est vraiment une saison merveilleuse.
Les feuilles qui tombent, le vent, les journées qui raccourcissent... Les nuages, le ciel gris et la pluie... Beaucoup de personnes font la tronche quand le ciel est pluvieux, moi, ça me remonte le moral. Va savoir pourquoi, j'ai jamais vraiment aimé le soleil.
Donc non seulement, cette saison me met en joie, mais en plus, quand il se passe ce qu'il se passe dans ma vie en ce moment, j'ai double raison d'être joyeuse.
Après notre "rendez-vous" au cinéma, Loyd et moi, on s'est mis à se parler très souvent, très régulièrement, quasiment tout le temps en fait, si bien qu'un jour il me dit :
« Hey, mes parents partent en vacances demain, tu voudras venir à la maison regarder un film ? »
Ça m'a tellement semblé évident de dire oui...
Résultat, le lendemain, mardi 27, je me retrouvais chez lui.
J'ai dit à mes parents que j'allais réviser chez un pote et je suis partie.
Sa maison (enfin celle de ses parents je devrais dire), est sublime. Elle est située dans un petit quartier résidentiel excentré du centre ville, comme la mienne quoi, et est assez grande en terme de superficie. L'entrée donne tout de suite à droite sur un escalier qui mène à l'étage. Il y a un couloir qui donne sur les toilettes et sur la cuisine, et quand on tourne à gauche, on arrive directement dans le salon et la cuisine, qui donne également sur le salon aussi, salon qui lui-même est ouvert sur une petite véranda qui elle est ouverte sur une terrasse et un petit jardin (et c'est pareil pour la cuisine).
À l'étage, l'escalier donne sur un long couloir, un petit peu étroit, qui dessert tout de suite à droite la chambre de Loyd, un petit peu plus loin à gauche, la salle de bain, à côté la chambre de ses parents et en face, une pièce qui fait office de bureau et de chambre d'amis.
C'est dans cette pièce qu'on s'est installés après qu'il m'ait fait visiter.
C'est beau, c'est propre, c'est bien rangé. Je me suis sentie limite comme chez moi, bien que ça ne soit pas le même style d'environnement.
Loyd s'est installé à son bureau, sur une chaise à roulettes, et moi je suis assise un petit peu à l'écart, sur le bord de la banquette lit, pour voir l'écran et être assise quand même, puisqu'il n'y avait pas de deuxième chaise.
Il voulait me montrer des photos de ses vacances.
Comme j'étais penchée vers l'écran pour tenter de bien voir, et pas dans une position des plus confortables, il m'a dit :
- Bah viens, rapproche-toi, je te laisse une place tu verras mieux.
Et il s'est décalé de quelques centimètres pour que je puisse poser une fesse sur la chaise.
On était collés l'un à l'autre, je voyais mieux, certes, mais c'était toujours pas le summum du confort.
Une chaise, c'est pas fait pour s'asseoir à deux dessus de toute façon.
Les photos défilaient au fur et à mesure de ses descriptions, et au bout d'un moment, il s'arrête sur celle d'un garçon, en caleçon de bain, tout sourire, le torse couvert de traces de mains faites avec de la peinture et brandissant deux espèces de fusils colorés au-dessus de sa tête.
Loyd m'a expliqué :
- Ça, c'est quand on a fait une partie de paintfight, le but c'est de se tirer dessus, mais avec des pistolets remplis de peinture.
- Ça a l'air cool !, j'ai répondu. Puis j'ai ajouté, par curiosité : C'est qui sur la photo ?
Il s'est légèrement tourné vers moi et m'a regardée, un peu perplexe.
- Ben, c'est moi., qu'il a dit.
Une minute.
Quoi ?
Je me suis approchée pour mieux voir. Je le reconnaissais pas du tout.
- Attends, c'est toi sur la photo, là ? j'ai fait.
- Oui..., a répondu Loyd, toujours perplexe.
- Mais, elle a été prise quand cette photo ? j'ai demandé.
- Cet été, en vacances, il y a... Trois quatre mois à peu près.
J'ai regardé Loyd, j'ai regardé la photo, puis j'ai fait la même chose dans le sens inverse... J'avais vraiment du mal à voir les même personnes. Déjà parce que, sur le cliché, Loyd avait l'air beaucoup plus vieux. Il faisait quelque chose comme... Vingt-trois ans je dirais. Ensuite, mais où est-ce qu'il cache cette musculature de rêve ?? Et enfin, même sa coiffure n'était pas la même.
Je me suis tournée vers lui, j'ai regardé sa mèche de cheveux toute lisse et toute brillante qui tombait devant ses yeux verts, et j'ai dit :
- Tes cheveux, ils bouclent en fait ?
- À cause de l'eau, oui., il a approuvé.
- Tu te les lisses... ?
C'était une question rhétorique. Loyd a rigolé et a répliqué :
- T'as cru que j'avais des cheveux comme ça naturellement ?
- Tu viens de briser tous mes rêves..., j'ai répondu en faisant mine d'afficher une mine déçue.
Il a rigolé, j'ai rigolé, et on a discuté de tout et de rien avant d'aller regarder un film.
On s'est posés dans son salon, sur la banquette, et on a regardé ce film qu'il voulait tant que je voie : Fight Club.
Quand il m'a proposé qu'on regarde ça, enfin plutôt quand il m'a dit que c'était son film préféré et que j'ai haussé les sourcils en répondant que je ne connaissais pas du tout, il s'était doucement indigné.
- Comment ça tu connais pas Fight Club ?, qu'il avait dit.
- Ben... J'peux pas tout connaître non plus..., j'avais répondu timidement.
- Mais il faut absolument que tu le voies !
Et voilà comment on s'est retrouvés à regarder ce film, assis tous les deux dans son canapé à une distance plutôt raisonnable l'un de l'autre.
Franchement, j'ai pas été déçue, il était absolument génial.
Surtout la fin.
Je suis rentrée chez moi assez tôt, il m'a raccompagnée à l'arrêt de bus mais j'avais franchement pas envie de partir.
À peine j'étais assise dans le bus que je recevais déjà un SMS de sa part :
« C'était sympa comme journée, on devrait remettre ça. Tu viens demain ? »
J'ai souri comme une abrutie pendant deux minutes avant de répondre :
« D'accord, mais c'est moi qui choisis le film alors. »
On a passé le reste de la soirée à se parler par écrans interposés.
Le lendemain donc, Mercredi 28, je me retrouvais à nouveau chez lui, et toujours seule avec lui puisque ses parents n'étaient pas rentrés de vacances.
- Ça te dérange pas qu'ils partent et qu'ils te laissent livré à toi-même ?, j'ai demandé.
Loyd a nié de la tête :
- Ils me font confiance, ils savent que je peux me débrouiller tout seul. Et puis, moi je suis tranquille et eux ils sont tranquilles aussi, donc tout le monde est content.
Ça avait pas l'air de le perturber plus que ça, mais moi dans le fond, j'ai trouvé ça un peu triste.
J'avais apporté le DVD du film Le Village, un des films qui m'a le plus marquée au monde je crois. Loyd a bien aimé mais je suis déçue, il a compris l'intrigue avant la fin.
Juste avant que je prenne mon bus pour rentrer, on s'est dit qu'on se reverrait le lendemain, comme si c'était quelque chose de normal. Loyd m'a demandé si j'avais un ordi portable et m'a suggéré de l'apporter la prochaine fois.
- On pourra se mettre dans ma chambre comme ça, on sera installés plus confortablement.
C'est vrai que sa vieille banquette est pas très confortable...
Du coup, le lendemain, je me suis retrouvée à faire le trajet jusque chez Loyd avec mon ordi neuf de à peine un an et hypra cher dans mon sac.
Je le serrai contre moi, je te jure, j'avais trop peur.
Parce que pour aller chez Loyd, il faut traverser touuuute la ville, donc ça veut dire bus, puis tram, puis de nouveau bus, et comme j'ai horreur des transports en communs et que je me méfie de tout le monde...
Mais je suis arrivée en un seul morceau, et cette fois, on s'est donc installés dans sa chambre.
Je l'avais vue vite fait la première fois que j'étais venue, mais on ne s'était pas attardés dessus pendant ma visite, et j'ai pu constater qu'elle était beaucoup plus petite que ce que j'avais cru.
Son lit prenait toute la place, y avait un petit bureau mal rangé à côté et un meuble avec une télé des années cinquante posée dessus, juste en face.
On s'est posés sur son lit, le dos confortablement callé dans les oreillers, et on a regardé RockNRolla. Encore un de ses films préférés que je devais absolument voir.
J'ai bien aimé, c'est exactement mon genre de film en fait.
Après, on est sortis se balader un petit peu dans son quartier.
Il m'a emmenée dans un endroit assez sympa, en hauteur, du quel on pouvait voir toute la ville.
Comme il faisait nuit, elle était éclairée par les lumières artificielles et par la clarté de la lune. Il m'a expliqué à quel immeuble correspondait quelle lumière et on a passé une bonne heure, comme ça, à juste contempler le paysage et parler comme si on se connaissait depuis toujours.
Je me sentais tellement bien, c'est dingue.
J'avais jamais été aussi bien de ma vie je crois.
J'avais envie de sauter partout et de me mettre à danser sous le ciel étoilé.
Le vendredi, même schéma, encore ce trajet interminable, encore mon ordi portable, et encore sa chambre.
Sauf que cette fois, on a été plus proches que d'habitude.
Il s'est allongé sur le côté, je me suis allongée devant lui et on a posé l'ordinateur au niveau de nos visages.
Au début, il devait y avoir quelques centimètres qui nous séparaient, et puis au fur et à mesure de l'avancée du film, on a fini par se coller et il a même placé un bras autour de ma taille.
J'osais plus bouger, j'avais peur qu'il sente mon cœur battre à 250 mille à l'heure dans ma poitrine.
Le lendemain, c'était le jour d'Halloween, et c'était sans doute l'une des meilleures journées que j'ai passé avec lui.
La veille, en discutant avec lui sur MSN, comme toujours, il m'avait proposé que je vienne chez lui assez tôt, soit dès le matin, puisque ses parents rentraient le soir et qu'on avait tous les deux des choses de prévues de toute façon.
« Comme ça on pourra passer plus de temps ensemble. Et t'inquiète pas, je te ferais un plat à manger à midi et tout » qu'il m'avait dit.
« Je te ferais un plat », tu parles, il a décongelé un repas tout prêt oui !
Sa mère travaille dans un magasin de surgelés, du coup ils ont plein de produits gratuits ou a des prix avantageux. Forcément ça remplit le congélo.
C'était des pâtes au saumon et à la crème ; pas vraiment le plat le plus diététique du monde mais c'était super bon. Après avoir mangé, on est allés dans sa chambre pour regardé un navet intitulé : Des Serpents dans l'avion.
J'adore tous les films de catastrophe qui se passent dans des avions, ça me fait tellement rire.
Loyd s'est collé à moi et je me suis juste sentie méga bien.
Une fois le film fini, on a passé un petit moment à discuter tous les deux.
On était allongés sur le dos, collés l'un à l'autre, à fixer le plafond, et on se tenait même par la main.
J'aurais voulu arrêter le temps et revivre cette scène pendant des années entières, mais malheureusement, il a fallu qu'on bouge.
On a pris le bus, lui parce qu'il devait aller acheter de l'alcool, et moi parce que je devais rentrer chez moi.
Je me suis préparée vite fait en attendant que les filles soient là.
Elles sont toutes arrivées en même temps. Blandine, Mélanie, sa cousine, qui est la guitariste principale de notre groupe ; Angela, la meilleure amie de Mél, qui est la deuxième guitariste, et enfin Abigaïl, la batteuse.
Tout le groupe réuni au grand complet, mais pas pour répéter cette fois.
On a mangé une pizza avec mes parents dans le séjour, fort heureusement ma sœur n'était pas là, et on est allées se balader un peu à la tombée de la nuit. Elles voulaient aller dans un cimetière mais j'ai refusé.
J'adore traîner dans les cimetières, vraiment, mais pas le soir d'Halloween, et pas si c'est pour foutre le bordel.
Un peu de respect pour les morts voyons.
Pendant ce temps, je parlais toujours à Loyd par SMS.
On est rentrées chez moi après et on s'est installées devant la télé pour regarder Alien.
J'étais toujours collée à mon téléphone. Loyd me racontait sa soirée en direct et je lui racontais la mienne. Je me suis même pris une réflexion de la part de Blandine, à un moment donné.
- C'est bon Jordanne, lâche un peu ton téléphone, t'es avec nous là, pas avec lui., qu'elle a dit d'un air un peu blasé et à la fois amusé.
J'ai failli lui rentrer dans le lard.
Pour une fois que je discute bien avec quelqu'un et que ce même quelqu'un me plaît beaucoup, laisse moi un peu apprécier ça, ok ? J'ai pas l'habitude d'avoir du succès et de fréquenter plein de personnes moi tu vois.
- On se parle c'est tout, je lui réponds c'est normal, question de politesse., j'ai dit.
- À tous les coups vous allez finir ensemble tous les deux, je pourrais en mettre ma main à couper !, a lancé Blandine.
- On est juste amis...
J'avais l'air naïve à ce point pour que tout le monde se mette à rire et me réponde « tu verras » ?
Mais dans le fond, même si j'ai dit ça pour ma défense, j'me dis aussi un peu que Loyd ne doit pas franchement être intéressé par moi. Je veux dire, s'il avait voulu tenter quoi que ce soit, il l'aurait déjà fait, non ? Il a eu 245 fois l'occasion je crois... Soit il est très gentleman, soit il me considère tout simplement comme une amie et rien de plus.
Pourtant, à ce moment là, ça faisait déjà quelques jours qu'on s'appelait de temps en temps par des petits surnoms mielleux, et quand je lui ai envoyé un SMS pour lui dire que je trouvais que les bébés aliens c'était trop mignon, il a répondu qu'il était d'accord et a ajouté :
« On est allés se promener tout à l'heure, au même endroit que je t'ai montré jeudi, tu te souviens ? Il y avait un coucher de soleil magnifique, j'aurais trop aimé que tu sois là... »
Mon cœur s'est emballé, j'ai tenté de ne pas sourire afin que les filles ne remarquent rien, et je lui ai répondu que moi aussi j'aurais adoré être là, avec lui.
Après, j'ai posé mon téléphone pour donner l'impression que j'en avais rien à faire de lui parler ou non, puis on a attendu que mes parents montent se coucher pour récupérer de l'alcool dans le buffet où ils rangent toutes leur bouteilles, mais au final, on a pas bu grand chose...
Au bout d'environ deux heures de film, on est parties se coucher, et on a tenu à cinq dans mon lit sans trop de difficultés, j'étais impressionnée !
En fait, je viens de me rendre compte que j'ai passé ma première semaine de vacances chez Loyd au final.
Bon sang, c'est passé tellement vite...
Le Dimanche, juste après que les filles soient rentrées chez elles, mon cousin m'a proposé de passer la nuit chez lui parce que ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas vus.
Autant te dire que j'ai accepté sans hésiter.
On a regardé Nip Tuck et Pathology toute la soirée. Oui, on fait très dans le chirurgical, et d'ailleurs j'ai adoré Pathology.
Mon cousin a fini par s'endormir devant un énième épisode de Nip Tuck, et moi, j'étais fatiguée mais je discutais par SMS avec Loyd depuis le début de la soirée, alors je voulais pas aller dormir tout de suite.
Je lui ai écrit :
« Tu m'empêches de dormir là. » avec un petit smiley qui tire la langue.
Il a répondu :
« Mais toi aussi tu m'empêches de dormir. Je lutte contre le sommeil pour te parler figure-toi. »
Résultat, une heure plus tard, on ne dormait toujours pas tous les deux.
J'ai l'impression que ma vie tourne constamment autour de lui, parce que aujourd'hui, qu'est-ce que fait ? Ben j'ai parlé à Loyd.
Comme hier, comme avant-hier, comme avant avant-hier... Comme tout le temps en fait.
Bon j'ai fait d'autres trucs aussi, du genre lire un peu, me réfugier dans la musique et tenter de faire mes devoirs sans grande conviction, mais l'une des seules choses qui me motivent à me lever le matin, c'est de savoir que je vais parler à Loyd. Juste me dire que je vais regarder mon téléphone et avoir un message de sa part, ou allumer mon ordi et savoir qu'il va venir me parler à partir du moment où je me serais connectée sur MSN, ça me rend tellement heureuse.
J'ai la sensation de goûter enfin au bonheur, depuis que je le connais, et ça me fait tout bizarre parce que je n'ai jamais été quelqu'un de très heureux, je dirais même que je ne l'étais pas du tout.
Donc je lui en ai fait part, je lui ai expliqué que j'étais vraiment contente de l'avoir rencontré et que je me sentais vraiment bien quand il était là ou que je parlais avec lui.
Il m'a répondu :
« Alors à partir de maintenant, je te le promets, et j'y veillerais : tu ne seras que de plus en plus heureuse. »
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