Vendredi 26 Février 2010
C'est fou comme il s'en est passé des choses en une semaine, et aussi aujourd'hui.
Déjà, j'ai passé le mercredi après-midi en compagnie de Blandine. On devait se voir pour réviser la prochaine interro, et finalement on s'est teint les cheveux.
J'ai fait du brun, j'avais besoin de changement. Bland a décoloré pour obtenir du blond. C'est marrant, on est l'opposé capillaire l'une de l'autre maintenant. Enfin, on est l'opposé l'une de l'autre tout court j'ai envie de dire, elle a les yeux clairs j'ai les yeux sombres, elle est grande je suis petite, elle est mince je suis grosse... Bref.
Quand je suis revenue au lycée le lendemain, tout le monde a dit que ça m'allait bien, que les cheveux foncés ça me mettait plus en valeur parce que j'avais les yeux bruns, etc., il y a même Romain qui m'a dit, alors qu'on était tous les deux en perm :
- Tu sais Jordanne, depuis que t'es célibataire y a un tas de garçons qui ont envie de te mettre le grappin dessus.
J'ai explosé de rire, c'était nerveux.
IM-PO-SSIBLE.
- Si, si, je te jure !, qu'il a affirmé. Regarde, lui là-bas par exemple.
Il m'a désigné d'un geste un garçon qui discutait dans un groupe un peu plus loin. Plutôt grand, brun, joli visage. En soit plutôt mon genre, oui. J'ai aucune idée de son nom ni de son prénom, mais je sais qu'il est en Première L, parce que Romain me l'a dit.
- Alors, il te plaît ?, m'a demandé Romain juste après.
- Euh, je sais pas, ouais..., j'ai répondu sans réfléchir.
- Et bah parfait, viens je vais te le présenter !
Romain a alors tenté de se lever de sa chaise pour quitter la permanence et rejoindre le groupe en question, je lui ai fermement attrapé le bras pour qu'il reste à sa place, un réflexe presque violent, je m'en suis surprise moi-même.
- Hors de question Romain tu restes ici et tu ne fais rien OK ?, j'ai ordonné d'un ton plus agressif que ce que j'aurais voulu.
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui te dérange exactement ?
Je sais pas... J'ai fait mine de réfléchir un instant, mais je n'ai pas su quoi répondre. Heureusement, j'ai été sauvée par le gong de cette affreuse sonnerie.
- Je dois aller en cours., j'ai dit. Surtout tu ne fais rien, d'accord ?
Romain a souri légèrement, un petit sourire en coin un peu taquin, comme s'il me disait « ouais, ouais compte là-dessus ». Il a répondu :
- C'est un pote à moi tu sais, je le connais bien je peux te dire qu'il est vraiment gentil, c'est un gars en or ce mec...
- Faut que j'aille en cours., j'ai coupé avant de m'éclipser vers ma salle. J'ai failli être en retard en plus.
Romain a peut-être raison en fait, pour le coup des « y a un tas de mecs qui veulent te mettre le grappin dessus », à croire que l'adage « un de perdu dix de retrouvés » est vrai.
Je me dis ça parce que j'ai pas mal discuté avec un pote de ma classe ces derniers jours, Saïd, et en y repensant, je trouve que l'une des conversations qu'on a eues ensemble était plutôt étrange.
Déjà pour la présentation, Saïd c'est le mec le plus intelligent que je connaisse. On s'est rencontrés en cinquième, ça fait deux ans qu'on est dans la même classe, et clairement je te jure Aiden que j'ai jamais vu un mec aussi talentueux que lui. Il est doué dans tout en plus, je te jure il est multitâche le gars !
Il est fort en maths, en français, en allemand et anglais, en histoire, même en dessin il a un sacré coup de crayon comme on dit, et il fait de la musique aussi, je crois... Je t'avoue que ça m'énerve un peu, j'ai envie de lui dire « laisse un peu de talent aux autres, choisis une discipline dans laquelle t'as envie de te concentrer et vas-y à fond, mais essaye d'être moins bon ailleurs comme le commun des mortels, c'est pas possible d'être autant douée dans un panel de choses si différent ! »
Physiquement, il a la peau brune (très jolie nuance d'ailleurs), les yeux bruns, des lunettes, les cheveux noirs bouclés coupés très courts ; en matière de taille, il est un peu plus grand que moi. Je dirais qu'il passe un peu partout et que c'est pas le genre de mec vers lequel on a forcément envie d'aller pour taper la discute, mais franchement quand on le connaît bien il est vraiment génial.
Mais bref, revenons-en à cette conversation bizarre que nous avons eue tous les deux. C'était hier, en cours de français. Je suis arrivée très légèrement à la bourre en classe, juste avant que la deuxième sonnerie ne résonne et que tous les élèves s'assoient. J'ai choisi la première place que je trouvais, j'avais envie d'être tranquille. C'était à côté de lui, sur la grande table du milieu de la salle, à l'avant-dernier rang.
Comme d'habitude, j'écoutais à peine le cours, j'étais perdue dans mes pensées et je tentais de faire des petits dessins dans la marge de mon cahier, histoire de passer le temps. Saïd l'a remarqué. Il m'a donné un léger coup de coude et il m'a demandé :
- Eh, ça va ?
- Hum., j'ai juste fait pour toute réponse.
- C'est à cause de Loyd, hein ?
Mon cœur a fait un bond de deux cent quarante kilomètres quand j'ai entendu le nom de Loyd. Je me suis braqué instantanément, par réflexe, comme si mon corps était conditionné pour se raidir à l'entente de ce prénom. Avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit, Saïd a poursuivi :
- C'est vraiment difficile de te voir comme ça, tu sais. T'en as peut-être pas conscience, mais je tiens beaucoup à toi, et c'est le cas de beaucoup de tes amis aussi.
Il y a eu un silence, encore une fois j'aurais voulu répondre quelque chose, mais il m'a devancé avant que je ne puisse ouvrir la bouche.
- Je sais que tu vas sûrement me détester pour ce que je vais dire, là, mais si tu veux mon avis, Loyd est un pur crétin. Il n'a clairement pas conscience de la personne qu'il a perdue, et s'il l'a fait délibérément, alors c'est qu'il est encore plus stupide que ce que je pensais. T'es une fille adorable Jordanne, t'as beaucoup de valeur, t'es intelligente, gentille, et vraiment mignonne... On est nombreux à avoir envié Loyd, tu sais, et lui il a gâché sa chance, et en plus il t'a fait du mal...
Je n'ai pas su quoi répondre tellement j'étais choquée, sur le coup.
Après réflexion, je me dis que Saïd n'a pas tort, mais malheureusement je n'en crois pas un mot, et ça ne change rien.
Je ne crois pas qu'ils aient pu être « nombreux à envier Loyd », qui je sois quelqu'un « d'intelligent, gentil, etc. », et je ne crois pas non plus que Loyd avait de la chance de m'avoir. C'était plutôt l'inverse à mon avis.
Saïd a juste fini par un « si t'as besoin de quoi que ce soit, n'hésites pas, t'as mon numéro tu peux m'appeler ou me texter quand tu veux », et on s'est à nouveau concentré dans le cours. Enfin, lui surtout.
Pour en revenir à mes cheveux, et pour en revenir à Loyd, même lui m'a dit que ça m'allait bien.
Enfin, il n'a pas dit exactement mot pour mot « ça te va bien », il a plutôt dit :
- C'est vraiment pas mal comme couleur le brun, ça te change, j'aime bien.
« J'aime bien », c'est déjà un compliment, non ?
Sinon, un truc étrange s'est passé aujourd'hui. (Enfin deux quand j'y réfléchis bien, mais bref).
Il a neigé. Ça en soi, ça n'a rien d'exceptionnel, mais c'est important de le préciser pour la suite.
On s'est tous rués dehors à la pause de dix heures pour aller faire une bataille de boules de neige, de vrais gamins je te jure. Je suis rentrée au bout de quelques minutes pour aller me boire un café, après quoi je suis allée dans le hall qui donne sur la cour pour le boire tranquillement. Fabio et Eliah sont venus me rejoindre pour me taper la causette. On discute de tout et de rien, tout va bien, je termine mon café, je vais le jeter dans la poubelle située à quelques mètres de moi, je reviens parler aux garçons, et quelques secondes plus tard qui c'est qui arrive pour se mettre dans la conversation ?
Loyd.
J'ai failli partir en prétextant que je voulais me prendre un deuxième café, avant de me souvenir que je n'avais pas d'argent et qu'il était hors de question que je me démonte simplement parce que Loyd était là, j'allais prendre sur moi, c'est tout. Je vais pas m'empêcher de vivre parce que j'ai du mal à respirer à chaque fois que je le vois où qu'il est dans les parages quand même.
Bref, je reprends la conversation normalement, comme si de rien n'était, jusqu'au moment où Fabio et Eliah décident de s'éclipser pour aller faire je ne sais quoi. Eliah a lancé un « on vous laisser discuter », et Fabio m'a adressé un sourire moqueur pendant que je le fusillais du regard, puis ils sont partis. C'est à ce moment-là que Loyd m'a dit qu'il aimait bien ma couleur, blablabla...
Je me suis dit que j'allais laisser Loyd en plan moi aussi au moment où François est arrivé derrière lui, un grand sourire aux lèvres.
Je ne sais pas si tu te souviens de François, c'est le nouveau (enfin nouveau... Il est là depuis le début de l'année, mais il n'était pas avec nous au collège quoi) qui est dans la classe de Loyd, et qui fait partie de la bande Eliah Fabio, etc., je lui ai parlé quelques fois, mais sans plus. Bref.
François est donc arrivé derrière Loyd, grand sourire aux lèvres, je me suis méfiée à ce moment-là, je me suis dit : « qu'est-ce qu'il va faire ? » Il nous a contournés, il est venu se placer derrière moi, très légèrement sur le côté, et là, bam ! il a glissé ses mains sous mon pull, à même la peau, juste au niveau de ma taille. Elles étaient gelées à cause de la neige, la différence de température entre mon corps et celle de ses mains aurait dû me faire sursauter, mais je n'ai pas bougé d'un pouce.
- Mais t'es insensible, ma parole !, a fait remarquer François en essayant de me faire réagir de plus belle en passant ses doigts dans mon dos, sur mon ventre, etc. À sa grande déception, rien n'a fonctionné.
- Je t'ai vu venir en même temps., j'ai précisé d'un air blasé avant d'ajouter : Ça va tu t'amuses bien ?
C'était la vérité, je l'avais senti gros comme une maison que moi ou Loyd allions se prendre un coup de surprise effet froid, vu le sourire révélateur de François et le fait qu'il venait de dehors, et qu'il y fait un froid de canard. Pour la deuxième question, il s'est contenté de répondre :
- Je suis impressionné...
Puis il a continué à essayer de me faire réagir, en vain.
C'est Loyd qui a réagi.
Jusque là, il avait assisté à la scène sans rien dire, normal, remarque, et c'est alors qu'il a lancé :
- Ça va François, je te dérange pas trop ?
J'ai perçu son ton comme étant presque agressif ; il a gratifié sa phrase d'un sourire qui semblait plus agacé que sincère, et j'ai eu l'impression de le voir lancer un regard noir à François. Pour toute réponse, ce dernier a resserré son étreinte, m'a collée à lui, est s'est adressé à Loyd pour dire d'un ton aux nuances provocatrices :
- Et alors ? Ce n'est plus ta copine maintenant à ce que je sache.
À ce moment, j'ai très légèrement perçu que Loyd se mordait l'intérieur de la joue gauche, car elle s'est pincée pendant un bref instant. Je l'ai senti agacé, aussi, son visage était complètement renfrogné, et derrière moi j'avais l'impression que François jubilait.
Bon, alors déjà les gars, je ne suis pas un trophée pour lequel on se bat hein.
- C'est bon, ça suffit., j'ai dit dans un souffle avant de me dégager de l'étreinte de François et de dégager tout court.
Je suis sortie prendre l'air de l'autre côté du lycée. Deux minutes après, la cloche retentissait.
Je peux savoir pourquoi tu réagis comme ça Loyd, bon sang, pourquoi j'ai eu l'impression que tu étais jaloux ? C'est impossible, on n'est pas jaloux quand la nana qu'on vient de larguer se fait draguer, c'est complètement illogique. Et moi je me prends la tête à cause de ça maintenant.
Mais passons, la dernière chose dont je dois te parler, et pas des moindres, est celle que je vais sans doute avoir le plus de mal à retranscrire. C'est pour ça que j'ai choisi de la garder pour la fin.
Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir « des prétendants ».
Depuis la rentrée, j'ai remarqué que Loyd fréquente de plus en plus une amie de Clémence prénommée Apollina Braniadolvia. Si c'est pas un nom à la con ça déjà...
Je sais que Clémence et Loyd sont très proches, ils ont dû se voir pendant les vacances et c'est à ce moment-là qu'il a dû rencontrer (et se rapprocher) de Mademoiselle Apollina.
Je n'ai rien à craindre de Clémence parce que clairement je sais que Loyd ne l'intéresse pas du tout, mais Apollina... Tu ne peux pas savoir à quel point ça m'énerve de les voir ensemble, parfois je tombe sur eux au détour du couloir ou de l'escalier, je les vois se taquiner, sourire, je l'entends rigoler avec son rire de crécelle là...
Ça me fout dans le mal, je sais que c'est uniquement la jalousie qui parle, mais j'ai envie de la claquer, j'ai peur parce que de jour en jour je les vois qui se rapprochent, et je peux pas m'empêcher de me dire que d'une certaine manière, lui et moi ça avait commencé comme ça aussi.
En plus comme je suis un peu maso sur les bords j'ai espionné le profil Facebook de Loyd, et je peux te dire qu'ils passent le plus clair de leur temps à se parler, à s'envoyer des liens sur des choses diverses, à se taquiner gentiment.
Ça me fait mal, merde, ça me fait tellement mal...
Et puis, il y a eu ce soir.
On a quitté tard, on a traînaillé devant le lycée avant de se décider à rentrer chez nous affronter notre week-end de révisions. Moi, c'est plutôt affronter le week-end avec ma sœur, mais bref.
Blandine m'a demandé si je pouvais l'accompagner jusqu'au magasin où elle devait aller acheter des chaussures, histoire qu'on fasse un peu la route ensemble. Je lui ai répondu qu'il n'y avait pas de soucis.
Au moment d'arriver devant le magasin en question, j'ai dit à Blandine :
- Ça ne te dérange pas si je t'abandonne ici ? J'ai envie d'être tranquille, je vais marcher un peu, ça me fera du bien je pense.
- Pas de soucis ma belle, prends soin de toi., a répondu Blandine avant de me faire la bise et de me laisser pour aller essayer ses chaussures.
Moi, j'ai poursuivi ma route tranquillement pour rejoindre l'arrêt de tram situé un peu au-dessus.
Je m'apprêtais à démêler les écouteurs de mon iPod pour écouter de la musique quand j'ai entendu une voix appeler mon prénom derrière moi.
Malheureusement, j'ai reconnu cette voix.
J'aurais voulu continuer, mais mon corps s'est bloqué et j'ai instantanément cessé de fonctionner. De marcher, déjà.
Je suis restée figée au sol, incapable d'avancer, j'ai failli dire « qu'est-ce que tu me veux, Loyd ? » d'un ton froid et blasé, mais au lieu de ça, je me suis simplement retournée.
Je l'ai vu arriver vers moi en trottinant légèrement, un timide sourire aux lèvres. De la buée s'est échappée de sa bouche à moitié ouverte. Je crois que j'ai détourné le regard à ce moment-là.
Après être arrivé à ma hauteur, il m'a dit :
- Tu fais quoi ? T'habites à l'opposé normalement.
Il a souri en fermant un peu les yeux, j'ai senti mon cœur s'emballer et j'ai cru que j'allais pleurer à la fois. En essayant de garder un ton neutre et totalement inamical, j'ai répondu :
- J'accompagnais Blandine à Shoes&A. Et j'avais envie de marcher.
- Ça tombe bien, moi aussi !, s'est exclamé Loyd. On peut faire un bout de chemin ensemble dans ce cas.
À nouveau il a souri, à nouveau mon cœur a fait la java et mes entrailles se sont secouées à leur tour. J'ai mordu ma langue à m'en faire presque saigner. Il faisait froid, la nuit était tombée, j'avais envie de rester dehors pendant encore des heures pour éviter de rentrer chez moi. J'ai dit :
- Tu vas jusqu'où ?
- Place de la Gare, pour prendre mon bus.
- OK.
C'était à environ cinq minutes, en marchant lentement je dirais, de l'endroit où nous étions.
J'ai hoché la tête et on s'est mis en route.
Pendant une bonne partie du chemin, on ne s'est pas adressé un seul mot ni un seul regard. J'ai eu envie de lui tenir la main, je me forçais à ne pas tourner ma tête toutes les deux secondes dans sa direction pour admirer sa beauté et profiter de sa présence. Finalement, c'est lui qui a brisé le silence. Il m'a demandé des trucs bateau du genre si j'avais vu tel ou tel truc en cours, comment je m'en étais sortie à la dernière interro, si j'avais révisé, etc, etc. Des banalités bien loin des conversations qu'on avait au début de notre relation.
Et puis, on est arrivés à la Gare.
On était au milieu de la place, étrangement presque vide, nos visages éclairés par les lumières de la ville. Il s'est approché pour me faire la bise, et à ce moment-là, je n'ai pas pu m'empêcher de lui attraper très légèrement la main droite et de lui demander :
- Il se passe quoi entre Apollina et toi ?
Je n'ai relevé ma tête qu'après pour le regarder dans les yeux. Je voulais que mon ton soit le plus neutre possible, pas inquisiteur ou quoi que ce soit, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir des intonations suspicieuses malgré tout.
Loyd m'a regardée, un regard à la fois bienveillant et étonné, avant de répondre :
- Absolument rien, je la rends heureuse c'est tout.
- On se demande comment..., j'ai dit dans un souffle.
Mes mots ont été emportés par le vent.
- Jordanne..., s'est contenté de chuchoter Loyd comme s'il allait me révéler la chose la plus importante au monde.
J'ai attrapé son autre main, je n'ai pas pu m'en empêcher. J'avais besoin de son contact, j'en ai toujours besoin à vrai dire, mais c'était comme si mon corps entier recherchait celui de Loyd Cobain précisément en cet instant.
Pendant un moment il n'a pas réagi, puis il a posé son front contre le mien en fermant les yeux. J'ai clos mes paupières à mon tour quelques instants, avant de les ouvrir comme pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un rêve, et sans réfléchir, j'ai lâché ses mains et enlacé mes bras autour de son cou.
Je crois qu'on peut même dire que je me suis carrément jetée sur lui.
J'ai collé mon corps au sien, aussi fort que j'ai pu pour resserrer cette étreinte, espérant qu'elle ne s'arrête jamais. Et puis, j'ai senti Loyd qui passait une main dans mes cheveux, à l'arrière de mon crâne, et l'autre au niveau de ma taille.
En fin de compte, il a posé ses deux mains au niveau du haut de mon dos, et il a serré ses bras tellement fort que j'ai cru que j'allais décoller du sol.
Ça a dû durer trente secondes, une minute à tout casser, mais dans ma tête, le temps s'était arrêté. Le triste retour à la réalité s'est fait quand Loyd m'a lâchée. Moi, j'ai attendu quelques secondes de plus avant de me résigner à faire de même.
- Je dois y aller, mon bus arrive., a simplement dit Loyd doucement, comme s'il avait peur de briser le silence qui s'était installé entre nous durant cette étreinte.
J'ai eu envie de lui dire « non, ne t'en vas pas, ne me laisse pas... », mais au lieu de ça, je me suis contentée de répondre d'une voix à peine audible, en gardant mes yeux rivés sur le sol :
- OK...
Et puis, je l'ai senti s'éloigner. Je crois qu'il m'a lancé quelque chose comme « passe un bon week-end », mais je l'ai à peine entendu tant sa voix a été noyée par les bruits de circulation.
Alors je me suis contentée d'aller prendre mon tram, en écoutant Nobody said it was easy à fond pendant tout le trajet.
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