13.12.09

Dimanche 13 Décembre 2009.

Je vis sur un petit nuage. Ou plutôt un gros, en fait.
J'ai l'impression de nager dans une piscine de guimauve, c'est doux, c'est gluant, ça colle, mais tellement plaisant.

Bon faut que je revienne sur Terre deux minutes, juste le temps d'écrire ma journée.

Ce week-end, les parents de Loyd étaient, comme souvent, absents. Étant donné qu'il avait la maison pour lui tout seul, Loyd a décidé de m'inviter, sauf que, comme on avait tous les deux un truc à faire le samedi et qu'il était hors de question, j'imagine, que mes parents me laissent dormir chez un garçon (d'autant plus qu'ils ne savent pas que c'est mon copain), j'y suis allée aujourd'hui.

J'ai débarqué vers 13h30, le temps de traverser toute la ville en bus et en tram.
On s'est d'abord fait un câlin comme si ça faisait des semaines qu'on ne s'était pas vus, et ensuite, on s'est confortablement installés dans son lit avec un paquet de chips et un film.

Sa couette, c'est le summum du moelleux ! J'étais tellement bien, emmitouflée dedans, j'aurais pu m'endormir sans problème, surtout qu'on était collés l'un contre et que j'avais ma tête qui reposait contre son torse, plutôt pas mal comme oreiller.

Bon dans le fond la vie d'un couple, le dimanche, n'est pas très trépidante. Discussions, câlins, discussions, câlins, câlins, discussions... Voilà ce à quoi s'est résumée notre après-midi.
Évidement au fur et à mesure que la journée ternissait et qu'on se retrouvait plongés dans le noir, on était de plus en plus proches, et ça devenait de plus en plus chaud, si je puis dire.
Enfin, pas non plus au point de se retrouver complètement nus l'un sur l'autre ou même l'un dans l'autre, et franchement, je suis vraiment contente et satisfaite que Loyd respecte ma décision d'attendre, ou même le fait que je ne sois pas encore prête à franchir le cap.

Pourtant, ce n'est pas que j'en avais pas envie ou quoi, loin de là. Sur le coup, j'aurais peut-être même pu me laisser emporter par l'élan. Peut-être.
Après que la nuit soit complètement tombée, que sa chambre se soit retrouvée plongée dans le noir, éclairée simplement par la lumière de la lune, et qu'il m'ait allongée sur le dos pour m'embrasser dans le cou en glissant ses mains sous mon t-shirt, j'aurais pu, à ce moment là, accepter d'aller plus loin, même si j'étais terrifiée.
Le feu de l'action, comme on dit.
Ce même feu qui a pris fin lorsqu'on a entendu un bruit provenir de l'étage d'en dessous.
Loyd s'est écarté de moi d'un coup, et il a soupiré :
- Mes parents...
J'ai hésité entre exploser de rire et tirer une mine déconfite, j'ai choisi de flipper.
- Ils savent que je suis là ?, j'ai chuchoté.
Évidemment que non, ils ne savaient pas.
J'ai entendu une voix féminine appeler Loyd, et lui de me dire :
- On va descendre...
D'un autre côté, on n'avait pas vraiment le choix.

J'ai donc descendu les escaliers, derrière Loyd, le cœur battant à la chamade et toute tremblante de découvrir comment ses parents allaient prendre le fait de voir qu'il n'était pas tout seul.
On avait à peine atteint la dernière marche que sa mère a lancé :
- Ah ! Bah je me doutais bien qu'il y avait quelqu'un !
Un large sourire a déformé ses lèvres, et elle a ajouté :
- Quand j'ai vu cette paire de chaussures rangées là, j'en ai déduis que ça ne pouvait pas être les tiennes, Loyd.
Elle a désigné ma paire de Converses d'un coup de tête. Je savais plus où me mettre, mais elle s'est avancée vers moi et a dit :
- Tu dois être Jordanne.
Puis, elle m'a fait la bise.

Merde, j'étais soulagée ! Déjà de savoir que visiblement, elle est plutôt cool, en qu'en plus Loyd lui avait déjà parlé de moi.
Son père s'est avancé lui aussi pour me faire la bise, et après qu'ils aient également salué leur fils, sa mère a ajouté :
- On avait un peu deviné que Loyd inviterai sa copine en notre absence, mais bon entre nous, je préfère que ce soit toi plutôt qu'une ribambelle d'adolescents alcoolisés.
J'ai souri timidement. J'étais tellement contente que sa mère soit au courant que j'étais sa copine, ça voulait dire qu'il leur avait parlé de moi en tant que telle, alors qu'il aurait très bien pu ne jamais mentionner mon existence, ou même me présenter comme une simple amie.
J'ai fini par dire, après un silence :
- J'allais partir, justement.
Je voulais pas m'imposer, puis c'était quand même un peu gênant de rencontrer les parents de mon mec de manière non officielle, j'étais pas très à l'aise. Même pas du tout, en fait.
Pendant que j'enfilais mes chaussures, son père m'a demandé :
- T'es venue comment dis-moi ?
- En bus et tram., j'ai répondu.
- Je peux te ramener si tu veux, ça ira plus vite.
J'ai approuvé d'un hochement de tête, tout en ajoutant les « mais vous êtes sûr ? ça ne vous embête pas ? » pour la forme, parce que dans le fond, j'étais trop contente de ne pas rentrer en bus.

Loyd nous a accompagnés, bien entendu. On s'est installés sur les places arrières, et il a tenu ma main tout le temps du trajet. Je voulais plus la lâcher.
Une fois arrivée chez moi, juste avant que je sorte de la voiture, il m'a dit : « à tout à l'heure » sous-entendu « à tout à l'heure par SMS » et c'est débile mais à ce moment là, je me suis dit que ça ne serait pas moi qui enverrait le premier message.
Je suis rentrée à la maison, j'ai mangé vite fait, je suis montée dans ma chambre, et à peine j'avais balancé mon téléphone portable sur mon lit que je l'entendais déjà vibrer.
Avec un petit sourire j'ai déverrouillé l'écran pour lire le message de Loyd. Il disait :
« J'ai adoré passer ma journée avec toi, c'était génial »
Sourire de niaise grand jusqu'aux oreilles, j'ai envoyé :
« Moi aussi, je ferais ça tous les jours si je pouvais ! »
« Ahah, pareil ! Et tu sais quoi ? » qu'il a répondu. Intriguée, j'ai dit :
« Non, quoi ? »
Sa réponse ? :

« Je t'aime »

Oh. Wahoo.
Mon cœur a cessé de battre. Il n'est toujours pas reparti.
À ce moment précis je savais pas quoi dire, je tombais plutôt des nues, je me sentais comme si ma poitrine allait exploser et que mon cœur allait déborder d'amour, j'ai jamais ressenti ça.

J'avais l'impression de décoller, de planer, c'est... Wow, je sais pas, j'ai pas les mots, c'est tellement intense. J'arrive pas à décrire ce que je ressens. Mais ça ne peut pas être de l'amour, c'est pas possible. C'est beaucoup plus fort, c'est beaucoup plus grand ; s'il y a un mot qui peut décrire un sentiment plus fort que l'amour, c'est le moment de le sortir, c'est le moment de l'inventer. Je pourrais créer un nouveau terme simplement pour décrire ce que je ressens pour Loyd, avec une définition spécifique et des schémas complexes, si tant est que je puisse l'expliquer.

L'amour, c'est fade à côté. Ce qu'on en voit dans les films, dans les séries, dans les romans... C'est pas ce que je ressens, c'est pas ça, c'est tellement plus vivant, plus prenant.
C'est quoi alors, si c'est pas de l'amour ?
De la passion ? De l'adoration ? De l'acharnement ?
Putain mais je l'aime, mais à un point mais t'as même pas idée, je sais pas comment je fais pour survivre tellement mon corps est rempli de sensations fortes, j'ai l'impression que c'est les montages russes dans ma tête chaque jour, que je fais des grands huit et des ascenseurs émotionnels, toujours vers le haut, toujours plus haut, c'est à la fois nourrissant et destructeur.

Merde, j'ai oublié de respirer pendant trente secondes. Ça m'arrive souvent en ce moment. Je suis tellement prise par mes émotions, j'ai l'impression d'en être victime, limite.

Bon évidemment, j'ai répondu « Je t'aime aussi », mais si j'avais pu répondre un autre mot, une phrase spécifique inventée spécialement pour nous, pour décrire ce que je ressens vraiment, je l'aurais fait.

Je crois bien qu'il existe des sentiments qu'il est impossible de décrire, d'expliquer : c'est peut-être ça, le véritable amour. C'est peut-être quand on est incapable de mettre des mots sur ce qu'on ressent, qu'on aime vraiment.

Punaise j'ai envie de pleurer de joie, c'est bien la première fois que ça m'arrive.

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