Chapitre 6

Earwen sourit en regardant Lindir.

-Oui... Je vous écoute.

-En fait... j'essaie en vain de composer un morceau pour l'équinoxe... je n'arrive pas à trouver une fin correcte... cela vous dérangerait-il de m'aider?

L'elfine sourit et murmura :

-Je vous aiderai avec plaisir, Lindir.

-Merci.

///

Elrond regardait avec tendresse Eressëa puis proposa soudain :

-Je n'ai pas de réunion ce matin... J'aimerai bien me promener à cheval avec vous... si vous le voulez bien.

L'elfine blonde rosit légèrement et accepta avec joie.

Ils se dirigèrent vers les écuries et sellèrent leurs montures.

-Le haut de la falaise est particulièrement beau à voir en cette période de l'année.

Il aida Eressëa à grimper sur sa jument et monta sur la sienne.

-Bien... Allons-y!

L'elfe blonde sourit et Elrond lui sourit en retour. Ils étaient heureux. Ils lancèrent leur chevaux au galop et elle laissa son fiancé prendre un peu d'avance. Une fois dans ses pensées, elle soupira. Elle se demandait pourquoi avait-il recommencer à la vouvoyer. Même si elle savait bien que dans les familles royales, les époux se vouvoyaient, elle avait juste eu l'espoir que ça ne soit pas leur cas. Elle talonna sa jument pour la mettre à la hauteur de l'étalon d'Elrond et lui sourit. Ils continuèrent à galoper un bon moment avant de s'arrêter proche d'un ruisseau pour abreuver leur chevaux. Alors qu'elle descendait de sa jument, Eressëa sentit une main sur sa taille, l'aidant à descendre. Cependant, une fois qu'elle eut mis les pieds au sol, une autre main se glissa sur sa taille. Elle se retourna et sentit son cœur battre lorsqu'elle vit Elrond, à moins de vingt centimètres d'elle. Il se pencha doucement et vint poser ses lèvres sur les siennes. Il serra doucement la taille de l'elleth contre lui et inspira paisiblement.

-Meleth... Tu me rends fou...

Eressëa sentait son cœur s'affoler et ses joues chauffer ,mais Elrond caressa doucement son dos pour l'apaiser. Il passa une de ses mains dans ses cheveux et murmura :

-J'ai hâte que nous soyons mariés...

L'ancienne princesse eut un sourire franc.

-Oui... Moi aussi j'ai hâte.

///

Lindir était parti chercher sa lyre et Earwen l'attendait, assise dans l'herbe. Quand il revint, elle sourit et murmura :

-Alors... Quel est donc ce morceau ?

Il s'assit à côté d'elle, commença à jouer et les notes légères s'envolèrent vers le dôme céleste. Earwen écoutait, subjuguée. Il avait beaucoup de talent. Quand la musique s'arrêta brusquement, elle regarda l'elfe brun et lui demanda la permission de lui emprunter son instrument. Alors, elle poursuivit la musique, parvenant à trouver la suite et la fin parfaite pour ce morceau. Lindir lui sourit avant de l'embrasser. Il s'appuya ensuite contre l'arbre puis Earwen se coucha et posa sa tête sur les cuisses de l'elfe brun qui sourit doucement. L'elleth regarda doucement les cheveux de Lindir et ferma les yeux un instant, se sentant bien.

Lindir s'assoupit aussi et soudain, dans son sommeil, Earwen entendit à nouveau la voix de l'avertissement et se crispa, se réveillant en sursaut. Pourquoi était-elle la seule à l'entendre? Qu'est-ce que ça signifiait? Lindir se réveilla également et baissa les yeux sur l'elfine.

-Que se-passe-t-il, Meleth? Pourquoi avez-vous l'air si paniquée?

"Peut-être que je devrais lui dire", pensa-t-elle.

-Je.. J'ai fait un cauchemar.. J'ai de drôles de visions.. c'est un peu.. perturbant.

Earwen se redressa et se leva, murmurant :

-Un elfe.. que je ne connais pas me supplie de me méfier et que le temps arrive.

-Le temps de quoi ? Demanda l'elfe brun.

-Je ne sais pas, Lindir..

Lindir tendit ses bras vers elle et l'elleth s'installa entre ses jambes, le dos appuyé contre son torse.

-Je voudrais bien savoir ce que cela veut bien dire..

Lindir enroula ses bras autour de sa taille et Earwen posa sa tête sur son épaule.

///

Elrond et Eressëa revenaient de leur promenade et l'elfe brun aida l'elleth à descendre.

- Meleth... Je dois aller travailler un moment... Nous nous retrouverons pour le déjeuner?

Eressëa eu un sourire un peu triste.

-Bon... à tout à l'heure alors...

Le maître des lieux se pencha, saisissant la taille de l'elleth et l'embrassa passionnément.

-Sois sage Meleth. Je t'aime.

Elle l'accompagna jusqu'à son bureau et le chemin lui parut très court.

Il caressa sa joue avant de la laisser le quitter pour le moment.

Eressëa, un peu triste mais tout de même heureuse, se dirigea vers la bibliothèque pour occuper son temps. Par une fenêtre, elle vit Earwen et Lindir endormi en-dessous d'un arbre. Elle sourit, se disant que son amie avait enfin trouvé celui qui la protègerait et l'aimerait jusqu'à la fin des temps. Réalisant qu'elle était debout au milieu du corridor, elle se remit en route pour la bibliothèque. Elle entra, prit un livre sur une étagère et s'installa sur un fauteuil.

///

Trois heures étaient passées et Eressëa s'était endormie. Elrond entra dans la bibliothèque, espérant la trouver là. Il la vit sur un fauteuil, endormie, le livre encore sur ses cuisses. Comprenant qu'elle avait besoin de sommeil, il la prit dans ses bras, de la façon d'une mariée et se dirigea vers les appartements de l'elfine. Il la posa sur son lit et la recouvrit d'une couverture. N'ayant aucune envie de la quitter, il s'installa au bureau de sa fiancée et regarda les dessins qu'elle avait faits. La plupart des dessins du dessus représentaient des fleurs, des arbres ou des animaux. Au fur et à mesure qu'il avançait dans les dessins, il voyait apparaître son visage de plus en plus souvent. De tous les angles, de tous les décors, il était toujours là. Il tourna la tête, troublé, vers l'elfine qui dormait paisiblement. Un sourire étira les lèvres du seigneur, puis il reporta son attention sur les feuilles de papier. Il en trouva une qui n'était pas un dessin. C'était une lettre qui lui était destinée, mais qui ne lui avait jamais été envoyée. Il commença à lire la lettre, bien qu'il savait qu'il ne devrait pas.

Mirkwood

Elrond,

Je sais que vous êtes occupé, mais j'espère que vous allez accorder un peu de temps à cette lettre. Cela fait quinze ans que nous ne nous sommes pas vus, mais je pense toujours à vous. En fait, plus je pense à vous, plus j'ai mal. J'espère que, malgré toutes les magnifiques princesses qui vous entourent, vous pensez à moi quelquefois. Je sais que ma famille ne me laissera jamais vous côtoyer plus que nécessaire. Je sais aussi que je vous aime. Je vous aime depuis le premier regard, la première rencontre alors que nous n'étions encore que des elfons. Pourquoi n'ai-je jamais rien dit, vous demandez-vous peut-être? Je ne vous en ai jamais parlé pour plusieurs raisons. L'une d'entre elles est par peur de briser notre amitié si vous ne ressentez envers moi ce que je ressens pour vous. Ensuite, je n'ai rien à vous offrir. Je suis la deuxième héritière du trône de Mirkwood. Je n'ai aucune autorité quelconque. De plus, si mes sentiments ne sont réciproques, j'ai peur de ce que je vais devenir. Les aînés disent que pour les elfes, il est possible de mourir d'un rejet et étant lâche, j'ai peur de mourir. Finalement, c'est par peur de jugement que je ne vous l'ai dit. S'il arrivait que vous m'aimiez en retour, je suis de la famille royale de Mirkwood. Vos personnes préféraient probablement que vous vous mariez à quelqu'un d'Imladris. Peut être qu'un jour vous allez me parler de nouveau mais je voulais vous le dire avant qu'il ne soit trop tard. Sachez que si vous mariez une jolie elfine, je viendrais à votre mariage et serais heureuse pour vous. Ne répondez pas à cette lettre, s'il-vous-plait... Une réponse serait beaucoup trop douloureuse pour moi. En espérant vous revoir très bientôt,

Eressëa,

Princesse de Mirkwood.

Elrond releva la tête et se tourna vers l'elfine qui dormait paisiblement, ignorante de la tempête de sentiments qui attaquait l'elfe. Ils avaient été séparés à plusieurs reprises mais la plus douloureuse était celle d'il y a cinquante ans et qui a, au final, duré dix-sept ans. Il se sentait stupide de ne pas avoir fait le premier pas avant. Il réalisa à quel point il aurait aimé qu'elle lui envoie la lettre il y a cinquante ans. Il réalisa aussi qu'il avait été vraiment idiot lorsqu'il n'osait lui parler pendant quelques jours lors de chacune de ses visites, essayant de se convaincre qu'elle ne l'aimait pas en retour et qu'il ne fallait pas qu'il la trouble avec ses sentiments. Il reposa la lettre sur le bureau et se leva, simplement pour approcher l'elfine et poser un baiser sur ses lèvres. Ce fut bref, mais il avait besoin de lui montrer qu'il l'aimait. Il s'éloigna du lit et alla sur le balcon. Il s'était assuré qu'Eressëa avait la plus belle chambre de tout Imladris, incluant une vue spectaculaire de la vallée. Dans sa lettre, elle disait que la famille royale de Mirkwood ne la laisserait jamais le côtoyer plus que nécessaire. "Nécessaire" voulait probablement dire les réunions diplomatiques. "Plus que nécessaire", songea-t-il. Peut-être voulait-elle dire s'il lui faisait la cour? Alors qu'il regardait la vallée, une tête se posa sur son dos et deux petits bras autour de sa taille. Il sourit et se retourna, pour que la tête de l'elfine repose sur son torse et  les bras du seigneur, autour de la taille de sa fiancée. Il lui donna un baiser sur le front et joua avec ses cheveux. Elle décolla sa tête de son torse et leva la tête vers lui. Étant beaucoup plus petite que lui, elle se mit sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur celles d'Elrond. Il répondit immédiatement au baiser et sentit un sourire s'étirer sur les lèvres de sa fiancée.

///

Quand Earwen rouvrit les yeux, elle sourit en sentant la poitrine de Lindir se soulever sous un rythme régulier. Elle bougea légèrement, se redressant et se levant finalement avant de s'étirer.

-Ah... murmura- t-elle en regardant Lindir endormi. Si seulement je savais ce que tout cela signifie...

Le soleil commençait à décliner sérieusement dans le ciel et d'ici quelques instants, la nuit tomberait tout à fait sur la vallée.

Avec douceur, elle se pencha vers celui qu'elle aimait, embrassant doucement son front pour le réveiller. Alors qu'elle se redressait, elle sentit deux bras s'enrouler autour de sa taille et se retrouva brusquement projetée en avant, installée sur les jambes de Lindir qui s'empressa de s'emparer de ses lèvres. En un soupir, elle se détendit et rendit à l'elfe brun son baiser tandis que ce dernier caressait tendrement ses cheveux. Au bout d'un moment pourtant, Earwen recula légèrement pour reprendre son souffle tandis que le bras droit d'Elrond lui sourit.

- Meleth... Commença-t-elle. Nous devrions rejoindre les autres...

Ce dernier acquiesça avec un sourire et se leva, relevant l'elfine par la même occasion. Quand ils arrivèrent tous deux dans la salle à manger de la demeure, tous les autres s'y trouvaient déjà et ils ne restaient guère plus que deux places séparées. Après un sourire, Earwen s'éloigna et s'assit entre Glorfindel et Erestor.

Lindir, à droite d'Elrond, parlait d'affaires avec le seigneur d'Imladris quand Earwen sentit une migraine latente arriver au grand galop. Pâle, elle se leva et s'excusa en sortant de table.

Seule Eressëa la vit s'éloigner et cette dernière se leva également, la suivant.

Au bord d'un balcon, Earwen respirait tranquillement, les yeux fermés.

-Mellon nin? Tout va bien? Interrompit la voix de l'elfe de Mirkwood.

L'elfe brune se força à sourire et se retourna.

-Oui tout va bien... Je suis un peu fatiguée, je vais aller me coucher à présent... Rejoignez les autres, je vous prie.

Sur ce, Eressëa, rassurée, rejoignit la salle tandis que la fille de Rumil rejoignait sa chambre. Une fois dans le calme de sa chambre, elle se changea et s'allongea sur le lit, avant de s'endormir.

Au cour de la nuit, des songes étranges vinrent encore troubler son sommeil.

Au sol, une grande étendue d'eau très peu profonde se tenait. Un elfe, grand, aux yeux ambrés et à la peau pâle, était là. Ses habits étaient brodés de fils d'argent et son maintien avait quelque chose de royal.

-Je suis Finwäis... Murmura la voix dans son songe. Ton oncle. Earwen... Digne fille de ta mère. Ma reine. Tes jours te sont comptés. La malédiction aura raison de ta santé. Tu dépériras avant de mourir...

Le ciel était sombre et sans étoiles.

- Une malédiction?  interrogea Earwen. Mais de quelle malédiction parlez-vous?

Finwäis soupira et répondit.

-Ton royaume est celui d'Eryn Vorn... Dirigé par une lignée de reines aux pouvoirs impressionnants... Ta grand-mère.. Ma mère et celle de ta mère, fut la dernière d'entre elles... Sauron, envoya il y a un peu plus de neuf siècles un des sorciers qui le servaient... le roi sorcier d'Angmar... Il tenta de corrompre la reine mais sans succès... Dans sa colère, le sorcier maudit le royaume, le rendant invisible et le condamnant à l'oubli... Il maudit la lignée des reines puis les envoya en exil...

Earwen était stupéfaite.

-J'appartient à cette lignée ?

-Oui... Affirma l'elfe. Et est bientôt arrivé pour toi le temps où la malédiction agira. Tu vas mourir.

-Ne puis-je pas l'éviter ? Que dois-je faire ?


Frinwäis eut un pauvre sourire.

-Il y a un moyen... Va en Eryn Vorn, trouve le livre de la malédiction et détruit le. Alors, tu seras sauvée et tu libéreras le peuple d'Eryn Vorn de la malédiction.

Earwen s'éveilla en sursaut, haletante et couverte de sueur. Tremblante, elle se dirigea vers la salle de bain et prit une douche froide. Se faisant, elle réfléchissait. Que faire ? Finalement, elle trouva la solution. Elle devait partir pour l'Eryn Vorn. Dans l'heure. Elle fit un sac rapidement, enfila une tenue confortable et glissa son épée à sa ceinture avant de se couvrir d'une chaude cape noire.

Sortant dans la nuit, elle songea à Lindir, à Eressëa et à Elrond. Elle s'en voulait de les laisser ainsi... Comprendraient-ils ? Mais elle n'avait pas un instant à perdre.

Elle sella sa jument, grimpa et la mit galop, s'éloignant rapidement de la vallée qui avait été tout ce temps un havre de paix pour elle.

En sentant les lieues défiler, elle murmura doucement :

- Oh... Lindir... pardonnez-moi.

///

Le jour se levait sur la vallée cachée de Fondcombe. Les timides rayons du soleil se frayaient un chemin à travers les arbres avant d'échouer dans les pièces de la dernière maison simple.

Quand Elrond ouvrit les yeux, il eut une drôle d'intuition. Il lui semblait que quelque chose de grave s'était produit ici, dans le courant de la nuit. Comme pour répondre à ce pressentiment, son fidèle bras droit entra en furie dans ses appartements.

- Seigneur Elrond ! Hir nin !

Il était essoufflé et extrêmement pâle. Tentant de garder son calme, le maître des lieux demanda :

- Que se passe-t-il Lindir ?

Ce dernier se tordit les mains de désespoir avant de dire :

- C'est Earwen.. Elle a disparu.

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2497 mots

Crapule11

Mitsunea

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