Chapitre 3
Lindir était détruit. À peine commençaient-ils à devenir proches, elle et lui, qu'ils devaient déjà se séparer. À ce moment, Lindir maudit Oropher et la famille royale de Mirkwood pour briser tant de vies. Alors qu'il allait défaire son étreinte, la porte s'ouvrit d'un grand coup.
-Le roi Oropher demande à vous voir, seigneur Elrond! Je le laisse entrer? Dit un soldat paniqué.
-NON!
Toutes les personnes de la pièce se tournèrent, surprises, vers Elrond qui avait poussé ce cri.
Earwen se dégagea rapidement de Lindir, sécha d'un revers de la main ses larmes et regarda l'elfe. Elle osa se rapprocher rapidement de lui avant d'embrasser timidement sa joue. Lindir, surpris, porta la main à sa joue en souriant doucement.
- Je vais chercher Eressëa et nous partons dans l'instant. Retenez-le je vous en prie...
Lindir acquiesça silencieusement, fixant ses yeux bruns sur ceux, ambres d'Earwen.
Quant à elle, elle tourna les talons et s'éloigna. Au moment de sortir de la pièce, elle le regarda et murmura :
- Je.. reviendrai au plus vite... je vous le promets...
Elle jeta un dernier regard sur lui avant de quitter la pièce.
Elle devait refouler ses larmes, se montrer forte pour Eressëa pour qui cela devait être encore plus difficile..
Au fil des couloirs, l'elleth finit par atteindre la chambre de son amie.
Eressëa somnolait encore et Earwen prépara en quelques instants un sac avec les affaires de la princesse reniée par sa famille. Puis elle lui secoua l'épaule, murmurant :
- Mellon nin... Levez-vous, nous devons partir dans l'instant.
Eressëa, encore endormie, se laissa guider par Earwen jusqu'aux écuries.
Earwen la fit monter sur sa jument et grimpa derrière elle.
Elle ordonna à la monture de partir au galop afin d'éloigner le plus vite possible la fille du père.
- Que se passe-t-il? Finit par demander Eressëa.
- Nous fuyons en Lothloríen où votre père ne viendra pas vous importuner. Vous êtes la bienvenue chez moi...
Earwen avait le cœur en sang. Plus elle s'éloignait d'Imladris, plus elle avait du mal à empêcher ses larmes de couler. Voulant respecter la tristesse de son amie, puisqu'elle ressentait la même, Eressëa baissa la tête, songeuse. Elle pensait que son absence suffirait à son père pour qu'il lui fiche la paix. Visiblement, ce n'était pas le cas. À présent, elle devait quitter Elrond et forçait Earwen à quitter Lindir. *Je suis un monstre*, pensa-t-elle. Elle sortit de ses pensées et s'agrippa à la taille de son amie.
///
Oropher était en rage. Sa prisonnière était partie rejoindre son désormais ennemi. Oropher comptait sur Elrond pour lui renvoyer Eressëa mais il avait oublié l'affection qui régnait entre les deux elfes. Une affection très forte et qui régnait dans l'étrange groupe. Ces trois-là étaient capables de tout, surtout s'il fallait protéger Eressëa de son géniteur.
Effectivement, plus le temps avançait, plus l'intendant, la messagère et le seigneur détestaient Oropher. Ils le détestaient pour avoir brisé le cœur de sa fille, pour l'avoir abandonnée et déshéritée, pour les forcer à faire des sacrifices et plus important encore, pour être constamment dans leur tête.
Earwen soupira en murmurant :
- Nous arrivons bientôt. Mon père vous accueillera les bras ouverts. Ne vous en voulez pas trop, j'aurai dû rentrer en Lothloríen de toute manière.
Eressëa baissa le regard, laissant échapper de ses yeux quelques larmes. Earwen la consola lui promettant que tout se passerait bien.
Enfin, à l'horizon, apparurent les arbres de la forêt d'or.
Earwen fit se presser sa jument et entra bientôt dans le royaume d'où elle était originaire. Elle descendit de sa monture et se dirigea vers sa maison, faisant signe à Eressëa de la suivre.
Elle entra dans l'entrée, et appela :
- Ada? Où es-tu?
Rúmil finit par arriver, fut un instant surpris puis se précipita vers sa fille pour la prendre tendrement dans ses bras.
- Tu es enfin revenue.. tu es partie si longtemps, je ne pensais plus te revoir.. Qu'est-ce que c'est que ça?
Il désignait de la main une fine cicatrice qui parcourait le cou de l'elleth.
Il était tellement attentif et attentionné! Il s'inquiétait toujours pour sa fille unique.
Earwen se blottit plus contre son père et murmura :
- Je me suis faite attaquer lors de ma mission.. Heureusement, les elfes d'Imladris m'ont très bien soignée.
-Comment te sens-tu? Demanda alors Rumíl.
- Bien. Mentit Earwen qui ne voulait pas l'alarmer avec ses états d'âme.
Rúmil posa alors les yeux sur Eressëa qui se tenait là.
Earwen sourit en disant :
- Oh Ada, tu te rappelles de mon amie, Eressëa?
- Vous êtes la princesse de Mirkwood? Demanda l'elfe de la garde.
Earwen regarda avec appréhension son père puis son amie.
Eressëa murmura :
-C'est ce que j'étais... je ne suis plus rien maintenant.. je n'ai même plus de famille.
La voix brisée, elle se tut et Earwen expliqua la situation.
- Ada... termina t-elle, Eressëa peut-elle rester ici chez nous?
Rúmil sourit à l'elfine blonde.
- Oui bien sûr. Tu es la bienvenue ici.
Earwen embrassa la joue de son père et se dirigea vers l'étage, montrant à Eressëa où elle s'installerait.
Aussitôt seule, la fille de Rumíl alla dans sa chambre, saisit un parchemin et une plume. Se penchant sur le papier, elle écrivit :
*Cher Lindir, Lorién, 28 juin
Pourriez-vous prévenir le Seigneur Elrond que nous sommes bien arrivées sans difficulté en Lorién? Notre route s'est déroulée sans incident. Mon père est enchanté de me revoir et d'accueillir Eressëa chez nous. Je.. Je suis heureuse aussi mais je dois vous avouer que votre présence me manque déjà. J'espère que nous nous reverrons un jour.. En attendant ce jour béni des Valars, soyez assuré de mon affection sincère.
Affectueusement,
Earwen*
Avec tristesse, Earwen signa la lettre et alla s'allonger sur le lit après avoir envoyé sa colombe avec sa lettre vers Imladris. Elle était si triste qu'elle se trouvait sans énergie et déprimée. Des larmes silencieuses coulèrent sur ses joues et elle se trouva égoïste de pleurer alors que la situation d'Eressëa était bien pire.
Quand les larmes cessèrent, elle sombra dans un sommeil lourd.
Eressëa n'arrivait pas à fermer les yeux. Ses pensées étaient divisées en trois parties. La première partie d'entre elles étaient concentré sur son géniteur et l'inquiétude qui la rongeait sur ce qu'il pourrait lui faire. La deuxième partie était concentrée sur Elrond. Elle l'avait quitté si rapidement et elle avait peur de son père. Peur qu'il fasse du mal à Imladris, à ses habitants et plus particulièrement à son seigneur. Finalement, la dernière partie était rongée par des remords. Elle se sentait mal d'avoir forcé Earwen à quitter Lindir, elle se sentait mal d'avoir arraché Earwen à Lindir, d'être accueillie chez son amie, de profiter de la gentillesse de Rumíl. Comprenant qu'elle n'arriverait pas à trouver le sommeil, Eressëa se leva de son lit et enleva sa chemise de nuit avant d'enfiler sa tenue d'éclaireuse. Elle compléta sa tenue avec son arc et son carquois. Sa décision était prise, elle ne pouvait rester ici alors que son père serait près à tout pour la retrouver. Même des atrocités qu'elle n'osait imaginer. Elle sortit de sa chambre et se dirigea vers les escaliers lorsqu'elle se fit arrêter par une lame sur la gorge.
- Où comptez-vous aller comme ça Eressëa, lui demanda Earwen.
L'elfe aux yeux ambrés regardait intensément son amie.
- Je... je vous ai ramenée ici où vous êtes en sécurité. Vous ne pouvez pas partir en faisant fi de mes efforts et en méprisant l'hospitalité de mon père..
Le seigneur Elrond serait désespéré d'apprendre que je n'ai pu vous retenir.. Ne faîtes rien d'inconsidéré.. Retournez dans votre chambre.. et restez-y.
Eressëa tourna les talons mais Earwen ne savait pas si elle n'allait pas tenter de s'enfuir une fois encore.
Pour le moment, l'elfe de Lorién était chargée de la garde ce soir-là et alla prendre son poste en espérant qu'Eressëa ne parte pas.
Heureusement pour elle, Earwen en revenant de son tour de garde eut le plaisir de voir Eressëa qui était restée. Elle se changea et lui proposa d'aller faire un tour dans la forêt de Lorién.
En route, elles discutaient tranquillement et Earwen rassura la sœur de Thranduil, lui disant que rien n'était de sa faute.
En rentrant dans la maison d'Earwen, elles se séparèrent, se disant :
- A tout à l'heure, au dîner!
///
Elrond se morfondait. Non seulement Eressëa avait dû fuir, mais en plus, Thranduil, présent à Imladris, lui pourrissait l'existence. Encore ce matin, le prince Sylvestre avait insisté et crié auprès de Lindir pour savoir où sa sœur était allée. Mais lui aimait profondément Eressëa. Jamais il ne pourrait la trahir. Le prince capricieux avait aussi demandé aux dames de chambre, aux invités et était même allé demander aux elfes d'Imladris. Comme le prince n'était pas encore parti, Elrond se disait qu'aucun d'entre eux avait trahi l'ancienne princesse.
Malheureusement, Earwen avait commis une gaffe. Bien sûr, elle ne pouvait savoir que le prince et ses hommes vérifiaient toutes les lettres qui parvenaient de l'extérieur d'Imladris. Sans le savoir, elle avait révélé leur emplacement à Lindir et donc au prince de Mirkwood.
Thranduil, frère d'Eressëa, décida de partir pour la Lorién. A quelques jours de là, une importante mission avait été confiée à Earwen qui devait, avec d'autres elfes, faire un inspection des frontières du royaume de Galadriel. Elle partit, ce matin-là, vêtue d'une armure légère et accompagnée d'une vingtaine d'elfes.
- Je dois partir pendant plusieurs jours, Eressëa.. Je vous en prie soyez prudente. Ne sortez pas de la cité et faîtes confiance à mon père en cas de problème.
Inquiète, la fille de Rumil s'éloigna dans le matin frais.
Hélas.. Thranduil arriva peu après, et entra facilement en Lorién, prétextant une raison diplomatique pour rejoindre la cité. Rumil entendit parler de cette arrivée peu rassurante et s'empressa de prévenir Eressëa pour qu'elle se cache.
///
A plusieurs kilomètres de là, Earwen se retrouvait aux prises avec plusieurs patrouilles d'orcs et leur détachement était en difficulté. Quelques elfes étaient blessés et elle-même faiblissait. Elle tranchait avec toute la force qui lui restait, les ennemis qui affluaient toujours plus nombreux. Le deuxième soir tombait et les elfes étaient sur le point de tomber de fatigue. Un dernier assaut des orcs, plus violents que les autres, faillit causer leur perte. Au matin du troisième jour, Earwen se demanda si elle parviendrait à survivre. Dans la nuit, quatre d'entre eux avaient succombé à leur blessures. Elle aurait tant voulu parvenir à les sauver alors qu'il en était encore temps. Une nouvelle patrouille attaqua et elle soupira, regardant son second, Orophièn.
- Je crois que notre temps touche à notre fin.. Je n'ai plus beaucoup de force et vous êtes tous épuisés. Si ces patrouilles passent nos frontières, ils attaqueront la Lorién. Nous devons à tout prix éviter cela. Combattons vaillamment jusqu'au bout.. Quelle qu'en soit l'issue. Orophièn..
Earwen tendit sa main vers la sienne et la serra.
- Me suivrez vous au combat ?
Orophièn hocha la tête et ses longs cheveux couleur de feu voltigèrent autour de son visage pâle et sévère.
- Oui, Capitaine.
Earwen sentit les larmes monter à ses yeux.
- J'aurai tant aimé revoir Lindir une dernière fois..
Orophièn acquiesça en silence.
- J'ai moins à perdre que vous certes mais je donnerais ma vie si je le puis pour vous protéger.
Earwen le regarda de ses yeux ambres et ces derniers brillèrent avec force.
- Non, Orophièn. Je veux que vous fassiez tout pour survivre et les prévenir du danger qui les guette. Promettez-moi.
Orophièn promit, à contre-cœur.
Les elfes s'élancèrent pour ce qu'ils pensaient être leur dernière bataille.
Mais alors que le soleil s'élevait plus haut dans le ciel, Ils aperçurent au loin un groupe de cavaliers. Des elfes. L'un d'entre eux, brun, menait la charge.
Orophièn cria d'allégresse.
- Les elfes d'Imladris!!
Earwen tourna la tête vers l'est et vit Lindir, un peu en avant par rapport à ses hommes. Elle eut un rire cristallin en reprenant courage. Ils étaient sauvés!!
///
- Où est ma sœur ? Demanda un Thranduil furieux. Voilà quatre jours que nous sommes ici et que vous refusez de répondre à cette question.
Le Seigneur Celeborn soupira en s'asseyant dans son siège.
- Nous n'en savons rien, fils d'Oropher.
- Je ne peux me satisfaire d'une telle réponse! Mon père exige le retour de la princesse de Mirkwood.
- La considérez-vous seulement encore comme votre princesse? Demanda soudainement Galadriel, agacée. Ou même, seulement comme votre sœur ? Comment osez-vous souiller ma forêt de votre haine gratuite ?
Au dehors, le soleil brillait et Rumil, aux aguets, entendait la conversation des dirigeants. Il s'éloigna, rejoignant sa demeure où Eressëa se cachait.
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2084 mots
Hey! Désolé de cette longue absence! Nous avons eu un gros soucis de communication. J'espère que ce chapitre vous aura plus!
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