Chapitre 11: Justin.
Nous sommes maintenant au mois de novembre. Les journées sont de plus en plus fraiches, et la pluie tombe à verse. Alicia est partit depuis plus d'un mois, j'essaie de faire comme si elle n'avait jamais existé; pas la peine de préciser que c'est impossible.
Lucas et moi sommes partis chercher les provisions. Le chemin que nous prenons d'habitude est beaucoup trop boueux, nos chaussures s'enfoncent dedans et nous avons du mal à les enlever. Au bout de quelques mètres seulement, la fatigue nous submerge. Nous continuons avec difficulté jusqu'au point de rendez vous.
Lorsque nous arrivons, les provisions sont déjà cachées dans la grotte. Les personnes qui les ont amené sont repartis, nous allons donc devoir faire plusieurs allers-retours pour tout ramener.
-C'est même pas la peine d'essayer de les déplacer, il y a trop de boue. On devrait plutôt remonter au camp et demander à un sorcier des eaux de mettre de la glace, me dit Lucas.
-Tu as raison, on a qu'à demander à Juliette?
Il hoche la tête et nous repartons dans la direction inverse. Je claque des dents tellement j'ai froid. Les nuits, je n'arrive presque plus à dormir, le vent souffle fort à travers les arbres. Juliette et moi, nous apprenons à nous connaitre. Je remarque maintenant qu'elle n'est pas comme je le pensais. Elle ne me parle plus d'Alicia, plus personne ne m'en parle d'ailleurs.
En arrivant au camp, Thomas me regarde de haut. C'était un étudiant en médecine, il a vingt-deux ans. Je ne l'aime pas, et je ne suis pas le seul.
-Justin! Regarde ce que j'ai retrouvé, crit-il à mon attention.
Il brandit en l'air une feuille, tout le monde le regarde. Je reconnais tout de suite ce bout de papier; c'est la lettre qu'Alicia m'a laissé avant de partir.
-Comme c'est mignon, elle lui dit qu'elle l'aime. Notre Justin est un petit pleurnichard, la lettre est presque illisible à cause des larmes du petit, il a pleuré! C'est vraiment une folle ta copine, je pense qu'elle est déréglée psychologiquement.
-Tais toi! Rends moi ça!
Je me jette dessus sans réfléchir; alors qu'il fait deux fois ma taille. Je le martèle de coups dans le ventre et il tombe, sous le choc. Je reçois son coude en pleine figure, puis il se met à me frapper violement. Je me défend comme je peux, et je suis satisfait de voir du sang dégouliner sur son visage. Les personnes autour de nous se sont rassemblées, elles scandent nos prénoms pour nous encourager. Elles nous hurlent de ne pas utiliser nos pouvoirs, de se battre à mains nues. La rage bouillonne en moi, je suis tellement énervé que je me sens invincible. Il cogne son poing dans mon oeil et je hurle. Je balance ma jambe dans son ventre, il retient un cris malgré la douleur; elle se lit sur son visage. Il m'écrase de tout son poids, mes côtes me lancent, la douleur est affreuse.
-Stop! Je vous ordonne d'arrêter de vous battre!
Je relève la tête et vois Rose; elle me regarde avec mécontentement.
-Il est interdit de se battre au sein de la colonie. Venez tout de suite dans la tente de réunion.
Elle tourne les talons, nous la suivons. Thomas boîte légèrement, je ne peux pas m'empêcher de sourire. J'ai mal partout moi aussi, mais je reste impassible. J'ai vraiment mal aux côtes.
-Pourquoi vous êtes vous battu? C'est inadmissible.
-Rose, il m'a provoqué! Mais surtout il a insulté Alicia, répliquai-je énervé.
-Ce n'est pas une raison pour frapper quelqu'un. Thomas, qu'avez vous à dire?
-Je n'ai rien fait. Je voulais juste lui rendre une lettre que j'ai trouvé. Au lieu de me remercier, il m'a agressé, dit-il innocemment, un petit sourire gravé sur son visage.
-Tu ne vas quand même pas croire ça! Il m'a humilié devant tout le monde!
-Justin, calme toi, m'ordonne sévèrement Rose.
-Il ne faut pas l'écouter, madame. Il essai de vous manipuler car vous faites partie de sa famille.
-Je n'ai pas besoin de vous pour savoir ce que je dois faire et ce que je dois écouter, le coupe Rose avec mécontentement.
-Je suis désolé madame.
-Cessez de m'appeler "madame", je m'appelle Rose. Enfin bon, là n'est pas la question. Vous serrez sanctionnés, tout les deux. Vous ferez toutes les corvées pendant une semaine.
-Quoi?! Mais je n'est rien fait! m'exclamai-je.
-Je ne sais pas qui a fait quoi, donc la seule solution est celle ci, nous dit Rose en me lançant un regard noir.
-D'accord, je vous laisse, Rose. Je ne pourrais pas contester, même si je n'y suis pour rien dans cette affaire, lance Thomas avec un sourire charmeur.
-Évidemment, vous n'y êtes pour rien. Je vous ai juste vu frapper un membre de ma famille! s'énerve-t-elle.
Thomas fait semblant d'être choqué, puis il s'en va; toujours en boitant. Rose me regarde fixement, l'air exaspéré.
-Justin, qu'est ce qui t'a pris de te jeter sur lui de la sorte? Tu t'es regardé? Tu as un oeil au beurre noir, des bleus partout sur le visage, et je suppose que tu en as d'autres sur le reste du corps... Alicia n'est même plus là, tu n'as pas besoin de la protéger! Donc oui, tu feras les corvées, cela te servira de leçon.
-D'accord, mais je ne pouvais pas le laisser dire ça sans me défendre!
-Justin, il va falloir que tu te contrôle un peu. As tu vu ce que tu as semé dans la colonie? Ils étaient tous complètement fou, me fit-elle remarquer.
-Je suis désolé, ce n'était pas mon intention.
-Bon, et bien il va falloir que tu ailles voir Natasha, c'est l'infirmière.
-D'accord, j'y vais.
-Justin, je suis sure qu'Alicia va bien. Pense à autre chose.
-C'est bon, ça va beaucoup mieux, lui assurai-je en souriant.
Je repars ensuite pour allez dans la tente qui nous sert d'infirmerie. Thomas y est déjà, nous nous dévisageons avec air mauvais.
-Bonjour Justin, me salut Natasha.
Elle est assez petite, et ronde. Ses cheveux sont coupés très courts, et des petites rides se forment aux coins de ses yeux malgré son jeune age. Elle dit à Thomas de partir, je remarque qu'il a une attelle en bois.
-Alors, je suppose que c'est avec toi que le jeune homme d'avant s'est battu, je me trompe? me questionne-t-elle.
-Non, mais il m'a provoqué.
-Je n'en doute pas, ce Thomas est un prétentieux! Et même si je ne te connais pas beaucoup, je sais que tu ne ferais pas de mal sans aucune raison. Enfin bon, ce n'est pas important. Où as tu mal?
-Un peu partout, le pire c'est les côtes.
-Tu veux bien enlever ton t-shirt s'il te plaît?
Je lui obéit et le hôte, révélant ainsi des ecchymoses violacées sur tout le côté droit.
-Je pense que ça va guérir assez vite, se sont plus tes côtes qui m'inquiète. Je pense que tu en as plusieurs de fêlées, je suis presque sûre qu'elles ne sont pas cassées. Il va te falloir du repos, ne pas trop forcer.
-Le problème c'est que je vais devoir faire toutes les corvées pendant une semaine, l'informai-je.
-J'irais voir Rose tout à l'heure, elle reportera la sanction. Voilà une crème pour toutes tes ecchymoses, y compris ton oeil au beurre noir. Il faudra l'appliquer matin et soir pendant au moins une semaine. Tu reviendras me voir à ce moment là. Pour tes côtes, je ne peux pas faire grand chose, à part te dire de te reposer.
-D'accord, merci. Au revoir.
Je pars ensuite dans ma tente, au calme. Pendant le trajet, des personnes me félicite pour le combat. Je m'allonge et applique la crème que m'a donné Natasha. Je tressaille à cause de la douleur. Une fois ça fait, je m'endors tellement je suis épuisé.
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