2.

~Phoebe~

La demeure familiale est silencieuse, autant que la salle à manger dans laquelle, mes parents et moi, nous sommes.
Je suis assise devant mon assiette jouant avec mes aliments. Du poulet basquaise que notre cuisinière personnelle, Madame Pevency, nous a préparées avec grand soin.

Pourtant, je n'ai pas faim, j'ai le ventre noué, j'ai du mal à avaler et j'ai une boule dans la gorge. Oui, je suis prête à pleurer.

Tout cela parce que mon père ne veut pas que je puisse rêver d'autre chose que le cabinet d'avocats. Certes, dans la famille, nous sommes des avocats de génération en génération, mais il faut bien que ça s'arrête non ?

- Comment s'est passé ta journée ma chérie ?

Ma mère me fait son plus beau sourire. Ses cheveux, couleur betterave et cours s'accordent parfaitement avec ses yeux bleus océan. Elle est magnifique même en prenant de l'âge.

Je hausse les épaules tout en prenant une bouchée du contenu de mon assiette. C'est délicieux mais bien trop parfait. Je rêve d'une bonne barquette de frites avec un Hamburger bien gras.

- Ça peut aller.

Je n'ai pas envie de parler. Il est clair que la tension dans la grande salle se fait sentir. Notre maison compte deux étage sans évoquez le rez-de-chaussé. Et il y a aussi, pour mon plus grand plaisir, un étage au sous-sol.

Un aménagement entier qui m'appartient. J'ai ma propre cuisine, ma propre chambre, ma propre salle de bains et mon propre salon.
Je remercie Dieu pour ce cadeau.

- Tu as jeté un œil sur le dossier de Madame Hernia ?

- Oh, oui il est assez complexe, répond ma mère face à mon père.

Je laisse tomber ma fourchette sur mon assiette produisant un son strident.

Je vois bien ce que fait mon père, il joue avec moi et me nargue. Il parle du cabinet avec ma mère, étant la secrétaire de ce dernier. Et il n'arrête pas de faire des petites conversations devant moi pour me rappeler que ma vie n'est autre que d'être avocate.

- Tu le fais exprès ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, Phoebe.

Mon père prend un air innocent avant de reprendre une fourchette de nourriture. Ma mère quant à elle, ne dit rien. Comme d'habitude
Il m'est insupportable, j'en ai ras le bol.

- Je crois que je vais réfléchir avant de m'inscrire pour des études supérieures de droit.

Mes deux parents me regardent, l'un sévèrement, l'autre surpris.
Je n'ai pas besoin de décrire lequel des deux est en colère. Bien évidemment c'est mon paternel.

- Ah oui et je peux savoir ce que tu vas faire ?
- J'avais prévu, avec l'argent que j'ai économisé, de partir en croisière à la fin de ma terminale pour essayer de faire mon roman.

Mon père émet un rire mauvais tout en secouant la tête, ses cheveux gris sont bien coiffés, ses yeux bleus saphir me foudroient et son costume se froisse face à son énervement.

- Ton roman ? Ce n'est rien, tu es mauvaise là-dessus et il est hors de question que tu laisses passer tes études pour l'écriture ! Cela ne rapporte rien.

Mon cœur se serre douloureusement sous ses paroles dures à supporter. Il ne croit visiblement pas à mon talent.
Sans même demander, je me lève d'un bon pour partir de la pièce sans réagir aux avertissements de mon père.

- Phoebe revient, toute suite, tu entends ?!

Je prends les escaliers pour descendre jusqu'à mon aménagement et claque la porte en me blottissant derrière celle-ci en reprenant ma respiration devenue fréquente.

Ma vie est un enfer, je ne sais pas ce qu'il peut être pire qu'un père nous forçant à faire un métier dans lequel on ne veut aucunement exercer.

Il faut que je me défoule et en vitesse. Je me lève et me dirige dans ma chambre pour enfiler mon jogging. Une brassière, un gilet et mon jeggings avec mes basket. Je prends soin de mettre mes écouteurs et mets mon iPod sur ma playlist avant de l'accrocher à mon bras.

Je remonte motivé avec la rage au ventre. Je veux vivre librement sans les assauts de mon père.

- Qu'est-ce que tu fais la, hein ? Dit mon père en dévalant le couloir vers l'entrée, ou je me trouve, près de la porte.
- Je vais courir, j'ai besoin de me détendre.

Mon père avance furieusement vers moi alors que j'empoigne la poignée de la porte pour ainsi l'ouvrir.

- Mais, on a pas fini cette discussion ! Cri mon doyens

- John, laisse là, finit par intervenir ma mère en venant vers lui.

Sans remercier qui que ce sois je pars de la demeure maintenant à l'atmosphère électrique.

Je cours dans l'air frais d'octobre, je me sens libre et normal. Je souffle sans à chaque fois suffoquée par un poids lourd sur mes épaules.
Je passe devant des maisons plus jolies les une les autres, tourne pour entrée dans un fabuleux parc que je ne connais que trop bien, étant petite, j'adorais jouer sur l'aire de jeu. Je sors ensuite de l'autre côté pour être en ville.

Il n'y a pas beaucoup de passants à vingt heures, et j'adore courir le soir, là ou il n'y a pas trop de monde.

Je tourne à droite pour accéder à un autre chemin. Il y a des supermarchés, un garage et plus loin un tabac encore ouvert à cette heure.

Alors que je passe devant, je percute une personne sortant de celui-ci. Faisant tomber au passage son paquet de cigarettes et par la même occasion mon iPod.

Putain, c'est tout moi ça, je suis inconsciemment maladroite.

- Oh, je suis vraiment désolé. J'étais obnubilé sur ma course, je ne t'es pas vue.

Je m'accroupis en m'excusant à mon interlocuteur sans le regarder, bien trop honteuse et récupère mon iPod intact à mon plus grand soulagement.

Je m'apprête à prendre le paquet de cigarettes mais, alors, nos doigts se touchent dans un mouvement simultané.

Je pose alors mes yeux bleus gris dans deux iris verts, je suis alors hypnotisé immédiatement. Comment peut-on avoir des aussi beaux yeux ?

Le garçon devant moi m'examine de la même manière sans aucun mouvement.

Ses cheveux bruns sont bien coiffés au-dessus de sa tête, sa mâchoire est carrée et je peux distinguer, même avec son manteau, qu'il entretient son corps.

- Ce n'est rien, je ne t'es pas vue arrivée, moi non plus.

Il me gratifie d'un sourire franc révélant des dents blanches et parfaitement alignées. Des milliers de frissons s'emparent de moi alors que je contemple sa bouche rose et pleine.

Il récupère son paquet avant de le foutre dans sa poche et de se lever avant de me tendre la main pour m'aider.

Je ne me fais pas prier et l'accepte.
À notre contact, je sens sa peau chaude contre la mienne me laissant comme une marque de brûlure exquise. Une chaleur prend possession de mon corps entier. J'en suis toute molle.

Je me relève sans problème face à lui qui fait une tête de plus que moi, pourtant nos mains ne se quitte plus et nos yeux se cherche encore. Son odeur est apaisante et aromatique, je ne pourrai me lasser de la sentir.

- Tu sais que ce n'est pas bien de fumer.

Revenant à la réalité, il rompt le contact et met sa main dans ses cheveux, il a l'air un peu tendu.

- C'est pas pour moi... D'ailleurs faut que j'y aille sinon je vais me faire tuer...

Je me mords la lèvre inférieure en hochant la tête un peu déçu de voir cet inconnu partir aussi vite. Je le verrai peut-être plus jamais.

- Eh bien, hum... peut être à bientôt, la coureuse de nuit. Dit-il en s'éloignant

Je ne peux que sourire face à son surnom. "La coureuse de nuit", c'est assez original, mais j'aime bien.

Je reste sur place en le voyant partir et disparaître face à plusieurs bâtiments de l'autre côtés de la rue. S'il habite ici alors peut-être que je passerai demain voir si je pourrais le revoir.

Je continue ma course en pensant à deux magnifique yeux verts.

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Voilà le chapitre 2 !
J'espère que vous avez aimé !

N'hésitez pas à commenté et liker si ça vous à plus 👍

Bisous 💋

CrazyWith_O 🐨

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