Les Aléas d'E. Galium - La Phase Sombre

Elliot Galium était un petit collégien de 3ème, châtain aux yeux bleus pigmentés de rouge. C'était un élève simple, studieux, qui essayait de réussir sa vie malgré ses difficultés. Un élève qui vivait sa vie sans ne jamais rien demander à personne. Je vais laisser la parole à Elliot Galium, prêt à vous conter son histoire, une journée type de sa vie de 3ème, son année où tout à basculé.

Coucou, moi c'est Elliot Galium !
En septembre, j'étais plutôt content de revenir en cours. J'allais pouvoir retrouver mes quelques amis, - que je n'avais pas pu voir cet été car ils partaient tous à des endroits hyper géniaux à l'autre bout de la planète ! - apprendre de nouvelles choses, améliorer mes résultats, et ainsi faire de nouvelles rencontres.
Mais je ne pouvais me douter que ces nouvelles rencontres n'allaient pas être aussi magiques comme je l'avais espéré.
Tout se déroulaient pour le mieux lors des premières semaines. Jusqu'à début octobre, je vivais tranquillement bien. Je m'étais fait de nouveaux copains-copines, j'avais pris cette année du bon pied et mes notes étaient encore meilleures que je ne l'avais espérer, moi élève affreusement moyen.

L'année ne présageait que du bon pour moi. La vie me souriait.
Mais, hélas, un horrible accident vint gâcher toute ma scolarité !
Lors des premières vacances, Angelica, la bomba latina de la classe qui fait chavirer le pé... cœur de tous les garçons, décida d'organiser une fête et d'inviter toute la classe dans son immense manoir !
Évidemment, les petites natures refusèrent de s'y joindre. Mais moi, adorant les fêtes, danser et surtout m'amuser, je ne pus refuser d'y aller !
Mais finalement, peut-être que j'aurais dû suivre le conseil de Lushy, ma confidente et meilleure amie depuis la 5ième, et de renoncer à l'invitation.
Angelica avait fouillé son manoir, et avait volé les bouteilles d'alcool, évidemment interdites par ses parents, qu'elle avait offerte à ses invités en folie ! - finalement, il y avait beaucoup plus de gens pour que ce ne soit qu'uniquement notre classe.
Enzo Phomobia, le Bad Boy dans toute sa splendeur, et sa bande de potes avaient ramené leur matériel à fumer, notamment la chicha... Et du BON SHIT, SA MÈRE !
- La soirée n'en sera que plus folle ! avait affirmé Angelica, déjà à moitié défoncée, trois garçons déjà dans son lit.
Oui... cette soirée m'a fait énormément peur au final. Je n'étais pas vraiment prêt pour ça.

Alors, pour faire plaisir aux copains - ou plutôt vouloir faire comme eux pour ne pas être calqué de ringard -, on enchaîne des verres, on tire quelques joins... jusqu'à ce qu'on décide de vouloir s'arrêter.

Mais il est trop tard, la tête tourne déjà, pris par l'ambiance et la musique hypnotisante et entraînante.
Je me rappelais avoir embrasser une fille, si ce n'est plusieurs, puis... plus rien. Je ne sais plus.
Enfin, je ne veux plus m'en souvenir... C'était affreux.

Mais cet événement vint à conduire l'enfer que j'ai vécu durant le reste de ma scolarité du collège.

Le matin - comme tout le monde, occupation ordinaire -, j'allais en cours.

Déjà là, je sentais des regards se poser sur moi, me longeant sur tout le long couloir. Les gens s'écartaient de moi, me laissant un long passage.
Arrivé à ma salle de classe, je me joignis au rang.

Les commentaires sarcastiques, les piques et insultes, affluaient déjà.
- Mais ça ne serait pas ce déchet ? fit Enzo Phomobia, d'un air moqueur.
- Si, si c'est lui ! Il ose encore se montrer après ce qu'il a fait, c'est un ouf !! renchérirent Paul et Thomas, les deux sbires d'Enzo, un brun métissé et un blond blanc.
- Ça devrait pas exister des gens comme ça, c'est sale ! s'écria Clarisse, la sainte-nitouche de la classe.

Je ne les écoutais plus, je connaissais leurs dictons par cœur. Je détournais le regard, essayant de me perdre le plus loin possible dans la musique.

Mes yeux osèrent se poser sur Sarah et Aurélia , des filles vraiment bavardes et raconteuses de potins.

Aurélia tourna la tête et me fixa, Sarah ne tarda pas à faire de même. Aurélia, la jolie blonde aux cheveux bouclés, se rapprocha de moi.
- Eh, tu t'es cru pour qui là ?! D'où tu nous regarde ?! m'agressa-t-elle, en me donnant de pauvres coups de main dans l'épaule pour dissuader.
- Rien... rien ! C'est bon ! répondis-je, ma voix partant dans les aigus, abaissant le regard, ne voulant pas m'attirer d'autres problèmes.
- Quoi ?! Quoi ?! insista-t-elle, encore, oppressante.

Elle me poussa. J'atterris sur Clarisse.
- Aaaaah le déchet m'a touché !!! Je vais être contaminer !!! Aaaah !!! s'écria Clarisse, faussement peureuse, l'air dégoûté.
Elle me repoussa plus violemment et, inattentif, je trébuchais au sol, déclenchant l'amusement général de la classe toute entière.
Puis, M. Cavary, le professeur de mathématique, nous fit entrer en classe. Moi rentrant la tête basse dans les premiers, une classe morte de rire en entrant, il n'en déduisit rien.

Ou comme chaque fois, il faisait l'aveugle-sourd-muet.
Mais tout ne s'arrêtait pas là, les gens avaient beaucoup d'imagination :

Une fois que le prof avait les yeux tournés, mes « camarades » me volaient mes cahiers, faisaient tomber ma trousse. Je devais être sans cesse aux aguets, ne pouvant écouter le cours - ce qui justifiait la chute brutale de mes notes.

Ils perturbaient le cours avec ces phrases qui m'étaient destiné, en transformant leur voix. Mais le professeur ne faisait rien, ne reconnaissant pas les voix, ou du moins ne voulait pas poursuivre ces affaires qu'il qualifiait de « stupide, sans intérêt ».
Ils me balançaient des boulettes de papier sur la tête, avec des injures inscrits dessus. Des mots qui m'ordonnaient d'aller me pendre, d'en finir, que je devrais avoir honte de ce que je suis, que je ne serais plus jamais aimer.

Des mots qui voulaient me faire renoncer à la vie.

Mais bon, cela faisait déjà depuis fin octobre que j'avais cessé de vivre. Depuis, j'essayais de survivre, me détruisant à petit feu, me demandant comment je faisais pour tenir...
C'était toujours un plaisir de faire un cours seul, loin de ces gens qui ne m'apportaient que des malheurs. Des heures où je pouvais souffler, me changer les idées en écoutant le cours.

De la SVT, c'était vraiment le moment de parler de reproduction avec ces gars en chien... *ironie, évidemment.*

Driiing !
La récré, oh, non ! Vite, on décolle ! vite !
Je rangeais vite fait mes affaires et m'arrachais de la salle de cours. Je traçais dans les couloirs encore presque vide et me repliais au toilettes. Je m'enfermais dans une cabine. Mes yeux brillaient, se remplissaient de larme, mais j'avais tellement pleurer qu'elles ne voulaient plus couler.

J'essayais de maintenir ma respiration qui battait à la chamade, je me pinçais les lèvres, mes mains fermement accrochés à la cuvette des toilettes...
... lorsque j'entendis trois voix qui m'étaient familières.

Enzo, Paul et Thomas passaient de cabines en cabines, tapant dans chaque porte, en m'apostrophant par mes milles surnoms, tous plus dégradants les uns que les autres en criant. Un véritable vacarme.

Ils ne s'excusaient même pas pour les garçons qu'ils ont dérangé dans leurs besoins.

Jusqu'à ce qu'ils repérèrent ma cabine.

Ils reconnurent mon souffle, mes murmures. J'ai essayé de me faire oublier, qu'ils m'oublient, mais ça n'avait pas marché. Je leur avais dit de partir, de me laisser tranquille.

Mais ils continuèrent à taper contre les parois de la cabine, en m'insultant de tous les noms, faisant toujours écho à ce qui c'était passé lors la soirée d'Angelica - auquel je n'ai plus jamais été invité, ni à aucune autre d'ailleurs -, extériorisant leur envie de me frapper.

Parce que j'étais différent.

Enfin du moins pour eux.

Par chance, j'ai réussi à tenir assez longtemps pour ne pas craquer, la sonnerie à retentit. Et j'ai pu revenir en cours, comme si de rien était - enfin, avec toujours ce même accueil.

Encore une heure que je passais seul, renfermé sur moi-même, tâchant de me concentrer le plus possible sur le cours que sur mes idées noires.

Mes amis ne m'approchaient plus, ne voulant pas s'attirer des ennuis, peur d'attiser les rumeurs et les amalgames.
Même Lushy restait plus lointaine et froide avec moi. Mais j'ai arrêté de me confier à elle, car j'ai découvert qu'elle racontait tout.

Mes secrets, mes doutes, mes souffrances, mes confidences les plus inavouables.

J'ai découvert son vrai visage, elle n'était pas mieux que les autres, même, c'était la pire. Une « amie » qui se dit là pour toi, mais qui te descend par derrière.

Elle qui se disait amie, elle m'a fait tombé encore plus bas au lieu de me monter vers le haut.

Alors qu'Enzo et sa bande, les autres, eux, étaient déclarés comme ennemis à moi, plus francs.

Alors désormais, je préférais rester seul avec mes pensées, au moins j'étais sûr d'avoir confiance. Il ne risquait pas d'y avoir des fuites...
Le jeudi midi était calme, comme les autres midis, je mangeais seul et personne ne venaient m'embêter. Si ce n'était quelques regards et messes basses auquel j'étais communément habitué.

Hélas, le jeudi, je n'arrivais pas à me détendre avec ma musique. Une idée me hantait toujours.

Une hantise qui grossissait au fil que la journée se déroulait.

Le jeudi après-midi, j'avais sport, et comme toujours je redoutais le passage aux vestiaires.
- Eh, Galium ! T'es pas le bienvenue ici ! Dégage ! grogna Enzo Phomobia, en me bousculant pour trouver sa place.
Je ne répondais pas à ce genre d'attaques. Parler était inutile avec ce genre d'énergumènes. Répliquer par les coups vu ma carrure, c'était aussi bien du suicide.

Je n'avais donc qu'une solution: le silence, en espérant survivre.
- Le vestiaires des filles, c'est à côté, hein ! persifla Ethan Rybson à mon égard, moqueur.
- Non mais il vient pour mater, répondit Paul, mort de rire.
- Même pas il me touche, sinon je le défonce, menaça Enzo, extrêmement agressif.
Oups... la phrase de trop.

J'ai joué en le bousculant. Je n'aurais pas dû, je le savais pertinemment, mais la colère a dépassé la raison et je n'ai plus réussi à me contrôler.

Je l'ai bousculé et je l'ai attaqué avec ce genre de frappes, joueur:
- Bah vas-y, je te touche. Tu vas faire quoi ?! Hein, tu vas faire quoi ?! T'as peur que je contamine ?
Il me regarda, puis il regarda ses potes, d'un air offusqué.
- Ah ouais ? Bah on va voir alors s'il va faire encore le ouf après ça !
Enzo a commencé par une balayette. Thomas s'est, ensuite, déchaîné sur moi avec ses coups de pieds, Paul me maîtrisant les bras. Le premier me frappait au visage.

Bref, ils m'ont tabassé. J'ai bien cru ne pas survivre.
Mais ils ont tenu à me maintenir en vie. Ils m'ont menacé de me tuer si je racontais la vérité.

Alors j'ai menti à la professeure de sport, lui disant que j'étais tombé à vélo. Elle l'a « cru » et m'a envoyé à l'infirmerie.

Flora, une douce brune toute gentille, m'a accompagné, et soutenue durant tout le trajet car je peinais à marcher.
- Tu ne devrais pas vivre ça, ils n'en ont aucun droit, et tu ne devrais encore moins mentir de la sorte, me glissa Flora, fortement remontée.
Je n'ai même pas pris la peine de répondre. J'ai juste soupiré un long moment jusqu'à ce que l'on soit arrivé à l'infirmerie.

Le souffle de mes souffrances que j'avais gardé depuis bien trop longtemps enfermé au fond de mes entrailles.
Elle m'a prit en charge et je suis resté me reposer jusqu'à la fin du cours de sport.

Flora est repartie en cours.

Deux bonnes heures de répit...

Driiiing !!
Plus qu'une heure, avec M. Stroman, le professeur d'histoire- géo, ça devrait aller. Un cours qui me passionnait, enseigné par un professeur énergique qui respirait la joie de vivre !
Un homme de la trentaine, charmant, à lunettes.
Les gamineries d'Enzo et de ses copains n'ont pas cessé, même empirer lors de ce cours - ce qui est « normal » après deux heures de sport, et étant le dernier cours, l'attention est compliquée à maintenir -, mais cela ne me touchait pas.

Ou du moins, j'arriverais plus facilement à les ignorer dans ces cours-là. M. Stroman arrivait à me transporter loin de tout, sa voix si particulière, si captivante, me faisait tout oublier.
Il m'a pris en fin de cours ce jour-là, faisant monter quelques railleries du côté de mes bourreaux.
- Elliot Galium, peux-tu rester un instant ? Ne t'inquiètes pas, je sais que c'est votre dernière heure. Je ne serais pas long.
Je ravalais gravement ma salive, je n'étais pas serein. Enfin, je n'étais plus serein depuis des lustres.

Il avait remarqué mes blessures, subies et volontaires, il me fixait de son regard attentif.
- Elliot Galium, comment tu t'ai fait ça ? demanda-t-il, innocemment.
- Je suis tombé à vélo, mentis-je de nouveau, avec le plus de sincérité possible.
- Ah bon ? Soit, si tu le dis. Partons pour une mauvaise chute... Elliot, j'ai des yeux, j'observe. Mais soit, donc je suppose que je n'ai aucune
raison de m'inquiéter à ton sujet pour ça. Qu'avec tes camarades, tout va pour le mieux. Que tu te sens bien dans ta peau, que tout roule comme tu le souhaite dans ta vie, s'esclaffa M. Stroman, ironiquement joyeux.
- Mais, si, si ! Je vous le jure ! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ! démentis-je, vaillamment.
Comme si j'essayais de me persuader que c'était le cas. Car je songeais que me confier était quelque chose de faible à cette époque de ma vie.

Qu'est-ce qu'on peut être con des fois, je vous jure !
Les mains derrières le dos, il fit un tour dans la classe, une main effleurant les tables une à une.
- Tu sais Elliot, j'ai connu un garçon qui vivait le pire des enfers, tous les jours. Un garçon qui se faisait toujours frappé, insulté, humilié. Tout ça parce qu'il était différent de la majorité, simplement parce qu'il n'aimait pas de la même façon que cette dernière.
Il avait longuement voulu en finir, il n'avait plus le goût de vivre dans ce monde intolérant et auquel les mentalités restent figées, refusant toute évolution.

Il ne savait pas avec quelle force, il a réussi à tenir.

Et depuis, ce garçon si peureux a arrêté de se voiler la face, il s'est résolu, étant incapable de changer. Il s'est battu. Il s'est donc affirmé et il est devenu invincible face à ces attaques verbales et physique.

Ce qui lui a permit de grandir et vivre sa vie au gré de ses envies, raconta le professeur, le visage et les mains crispés, comme s'il revivait un souvenir douloureux, avant de se libérer sur la fin.
- Je comprends Monsieur, répondis-je, dans la lune, même si je l'avais attentivement écouter et m'empressais d'ajouter: Je peux partir ?
Il hocha la tête :
- Bien sûr, Elliot Galium, vas-y. Nous avons terminé.
Il m'invita à sortir d'un mouvement de main, un sourire sur le visage que je lui rendis par pure politesse.
Mon sac sur les épaules, je me suis mis à marcher jusqu'à la grille.

Dans un coin des escaliers, Enzo, Paul et Thomas m'attendaient.

- Alors, le merdeux, il t'a demandé quoi ce con de Stroman ?

J'ai tenu fermement les lanières de mon sac de cours... puis je me suis mis à courir aussi vite que je pouvais dans ces couloirs vides, les trois garçons à ma poursuite.
Jusqu'à la grille, sans que personne ne se doute de rien.

La poursuite continua sur quelques mètres avant que je n'arrive à les semer.
Sur la route du retour, je me percutais à cause de l'élan dans un garçon que je connaissais bien. Ce beau blond aux cheveux courts et brillants, ce grand homme aux yeux verts émeraude, ce garçon qui a fait battre mon cœur lors de la soirée d'Angelica. Léo Stoens.
Je ne le voyais plus souvent, mais à chaque apparition, il me faisait toujours le même effet.
- Léo... chuchotais-je, d'une voix hésitante.
Il s'arrêta de marcher et baissa la tête, navré, ne se retournant pas.
- Non, Elliot... tu le sais, ce n'est pas possible...
- Mais... Tu ne peux pas oublier ce qui c'est passé, ce qu'on a vécu... essayais-je faiblement, sentant mon corps se briser.
- Non... il ne s'est rien passé. Ça ne représentait rien à mes yeux. Je ne suis pas comme toi. Dégage ! Sors de ma vie ! cria Léo, colérique, pour ne pas laisser transparaître sa fragilité face à cette nostalgie qui le prenait.
Brisé au plus au point, ce réconfort tant espéré transformer en coup de poignard en plein cœur, je me suis enfuis en courant jusqu à chez moi pour m'y enfermer.
Mais, pouvais-je lui en vouloir ? Nous étions tous les mêmes. Nous cachions notre peine, retenant nos larmes, désireux de se protéger au mieux de ce monde de vautours qui nous entoure.

Vous pensez qu'en fin de journée scolaire mon enfer était terminé ? Non, désormais, il existait les téléphone portables et les nombreux réseaux sociaux. Les messages d'injures perduraient encore et encore entre les messages amicaux.

Vous vous demandez pourquoi un tel traitement ? de telles tortures aussi physiques que morales ?

Et bien, moi non plus. J'ai simplement cette faculté d'aimer, mais à l'universel.

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