chapitre 9

C'est la nuit et je suis dans la forêt. Comme d'habitude, la pleine lune éclaire l' étalon noir que je chevauche. Les battements de mon cœur contre le corset de ma robe me sont familiers. Comme un reflex, je regarde derrière moi. Une nuée de corbeau me poursuit, comme tous les soirs dans se foutue rêve. Mon rythme cardiaque s'accélère, comme je m'y attendais. Le son des battements d'ailes et des martèlements des sabots de mon cheval m'empêche de réfléchir et l'augmente l'allure. Je me retourne pour suivre la progression des corbeaux, comme je le fais à chaque fois. Je tombe à terre. J'observe le sang sortir de ma paume gauche, au début cette vision me degoûtai mais avec le temps je m'y suis habitué. Étrangement, au moment où je lève les yeux de ma blessure, je ne vois pas les corbeaux se ruer sur moi. Une lumière blanche, sortie de nul part, m'aveugle et je n'ai pas d'autres choix que de fermer les yeux pour éviter de brûler mes rétines. Surprise, je pousse un cri.

Je n'avais juste pas prévu de pousser ce crie en dehors de mon cauchemars.
Au moment où je me réveille, j'entends mon crie sortir de ma bouche. C'est la première fois que cela m'arrive. D'habitude, les actions que je fais dans ce rêve ne dépassent pas la barrière du réel.
Je me redresse comme tous les soirs contre ma tête de lit. Je regarde ma main gauche qui n'a rien. J'espère que mon crie n'a réveillé personne.
J'entends le bruit d'une porte qui se ferme et des pas dans le couloir. Apparament, ça a raté.
Ma porte s'ouvre sans que je ne m'y attende. Je sursaute, par réflexe. Shelter entre dans la pièce, ferme la porte et vient s'assoir au bout de mon lit, comme je m'étais assise quand il était alité.

- Que se passe-t-il ? Me demande-t-il, inquiet.

- Je...

Les larmes me viennent aux yeux. Je commence à craquer.

- Je ne sais pas ! J'avoue, en craquant totalement.

Un torrent de larmes coule sur chacune de mes joues.

Shelter s'approche de moi, les bras ouverts.

- Je peux ? me questionne-t-il.

Je le regarde. Tous ce que je vois c'est un inconnu qui essaie de me rassurer.

- Oui, dis-je en ravalant un sanglot.

Ses deux bras m'enlacent autour de mes épaules. C'est bizarre comme cette étrainte, que j'aurai trouver terrifiante venant d'un autre, me rassure.
Shelter commence à chantonner un air, que je ne connais pas, pour me calmer.
Au bout de quelques minutes, mes larmes arrêtent de couler. C'est la première fois que j'entends cet air et pourtant, j'ai l'impression qu'il m'apaise.

- Un mauvais rêve ? me demande Shelter, en essayant ma dernière larme du revers de la main.

Je n'ai pas la force de parler, du moins pas tout de suite. Je hoche la tête.

Il me regarde avec des yeux écarquillés. J'ai l'impression d'être une espèce animale dont il vient de découvrir l'existence. Mais derrière ses grands yeux, son regard et doux, rassurant et compatissant.

- J'ai eu une vision tout à l'heure, me confit-il. C'était un peu avant que tu pousses ce crie. D'ailleurs je dois dire que j'ai rapidement hésiter avant d'ouvrir ta porte. Mais je pense que si il t'arrivai quelques choses je m'en voudrais terriblement. Charly, prononce-t-il en me regardant droit dans les yeux, tu es la personne qui a été la plus gentille avec moi. Je m'en veux tellement de suite à ce que m'a révélé ma dernière vision.

- Pourquoi dis-tu cela ? Je le questionne, intrigué. Qu'a tu vue ?

Je vois la crainte dans ses yeux violet. Je vois la terreur sur son visage.

- Mais qu'a tu vue à la fin ? Je lui demande presque sèchement.

- Je...J'ai vue...Enfin ce que j'ai vue...

Il se tait. Je le vois chercher ses mots, impuissante. Ces quelques secondes me paraissent durer des siècles.

- Tu ne pourras plus aimer, lâche-t-il sans autre explication.

- Hein?

Je n'y comprends rien. Il me manque beaucoup trop de files pour apercevoir le motif de la tapisserie.

Voyant mon air perdue, Shelter se racle la gorge et reprends sur un ton posé.

- Il est dit que la première personne à embrasser un ange, même déchu, à le cœur transformer en pierre. Ce changement se fait par le contact des lèvres. Je suis désolée, m'annonce-t-il presque au bord des larmes à son tour. Je...Je suis tellement désolée.

Je n'ai rien senti. Il est vrai que j'ai étais plus distante avec Meganne au déjeuner, que j'ai méprisé mon frère et que j'ai presque défié Leyth, mais je n'ai pas été désagréable avec Shelter !

- Alors pourquoi suis-je gentille avec toi ?

- Ne plus aimer ne signifie pas ne plus avoir de sympathie, me répond-t-il.

Son pouce droit me caresse la main gauche. Ce geste bien que presque imperceptible est pourtant rassurant et réconfortant.

- Tu n'aimeras plus dans le sens Amour avec un grand A mais tu éprouveras de la sympathie et de la courtoisie envers les autres. Tu ne tombera pas amoureuse et si tu l'étais, désormais se n'ai plus le cas. Tel est la malédiction de l'ange.

Il se lève.

- Je vais te laisser digérer la nouvelle, dit-il gêné, en se dirigeant vers la porte. On se revoit demain.

- Non !

Ce mot jaillie de ma bouche sans que je ne m'en rende compte.

- Restes s'il te plaît, je demande calmement. Je ne voudrais pas que les mauvais rêves reviennent. Je me sens si seule quand je n'arrive pas à dormir.

Sa main lâche la poignée de porte. Il se retourne et m'observe. Je crois qu'il se demande si je suis sérieuse ou je me moque de lui. Mais non, je suis bien sérieuse.
Puis, sans un mot, il vient se rassoire à côté de moi. Je blotti ma tête sur son épaule et il met sa main dans mes cheveux.
Ce contact suffit à me calmer. Je ne mets pas très longtemps avant de me rendormir.

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