chapitre 7
- Durant cette crise j'ai tout vu, nous explique Shelter, ou du moins une partie. Je sais maintenant pourquoi j'ai été rejeté d'en haut. À ce que j'ai compris, je ne voulais plus suivre leurs ordres et pour me punir ils m'ont châtié.
Leyth et moi écoutons l'ange avec intérêt. Nous sommes dans une chambre d'invité que j'ai fais passer pour la chambre dans laquelle séjourne notre nouvel ami.
Enguerran et Leyth sont arrivés assez rapidement. Mon frère a dû s'éclipser car il avait une réunion avec les conseillers. Ils a néanmoins promis qu'il repasserai pour s'assurer que l'état de Shelter s'est amélioré. Suite aux ordres d'Enguerran, Aglaé nous a apporté un plateau sur lequel se trouve le repas de notre hôte. Ledit plateau est posé sur la commode, nous n'y avons pas touché. Elle nous a aussi annoncé, à Leyth et moi, que le déjeuner était prêt à être servi et que Mégane nous attendait dans la salle à manger.
- Je sais que ce que je vais dire peut paraître bête, prononce Leyth, mais il faut que tu te reposes. Charly et moi devons descendre mais quand nous aurons fini de manger, nous reviendrons te voir. Il faut que tu dorme.
Il se lève prend le plateau sur la commode, d'un geste du coude il fait tomber les livres empilés sur la table de chevet pour y déposer le plateau.
- Si tu as faim, manges. Tu dois reprendre des forces. Si a notre retour tu n'as pas réussi à dormir, je te prescrirai un somnifère, dit-il en ramassant les livres sur le sol.
Son ton est doux. J'ai l'impression qu'il s'adresse à un petit enfant chétif . Shelter n'a pas l'air très convaincue mais si c'est le cas, il ne le fait pas savoir. J'ai l'impression d'être de trop dans cette conversation. Je ne sais vraiment pas quoi dire. Je n'ai jamais été doué pour trouver les bons mots pour rassurer, pour consoler. Je me suis toujours senti démunis quand je devais remonter le moral de Meganne après la mort de sa mère. J'essayais du mieux que je pouvais de lui redonner le sourire, elle le savait et souriait pour me faire plaisir mais j'ai toujours su que ce sourire n'était pas sincère, elle souriait pour ne pas que je m'en fasse. Ça a pris du temps avant que je ne revois un vrai sourire illuminer son visage. Heureusement pour elle, elle a réussi à faire son deuil ; même si je n'ai jamais trouvé les bons mots.
- Tu viens ? Me lance Leyth, sur le pas de la porte, me sortant ainsi de mes pensées.
- Je repose toi bien. Nous revenons très vite, dis-je à Shelter avant de quitter la pièce.
•
Avec ma fourchette, je faisais rouler mes petits pois sur le bord de mon assiette. Je n'ai vraiment pas faim ce midi. Les événements de cette matinée m'ont enlever le peut d'appétit que j'avais après m'être empiffrer de tartines de confiture au petit déjeuner.
- Donc vous l'avez installé dans quelle chambre ? Nous demande Meganne avant de porter son verre de vin à sa bouche.
- Dans la chambre à côté de celle de Charly, répond Leyth en coupant sa viande. Vraiment exquis cet agneau !
- Je veux garder un œil sur lui, j'interviens. Shelter dégage une espèce d'aura, un je-ne-sais-quoi qui me cri de le protéger. Comme si il était une pièce importante sur l'échiquier de la vie.
- "Une pièce importante sur l'échiquier de la vie", reprends Meganne d'un air moqueur. Mais t'as manger un dramaturge ou quoi ? En même temps cela expliquerait que tu aies à peine toucher à ton assiette.
- Je n'ai manger personne, je te rassure, je lui lance.
Mon regard se tourne vers Leyth. Il a l'air de s'être renfermé sur lui même. Depuis ses dernières paroles, le sourire qu'il arborait a disparue. Comme si nous avions parlé d'un sujet sensible qui le mettrai mal à l'aise.
Pourquoi évite-t-il mon regard ?
Un valet récupère nos assiettes avant d'apporter le dessert. J'en profite et me lève avant d'annoncer :
- Je vais voir comment se porte notre invité. Ne m'attendez pas pour le dessert.
Je tourne les talons et sort de la salle avant qu'ils aient pu prononcer le moindre mot.
Je monte les marches du grand escalier principal et aperçois Enguerran et ses conseillers en haut.
- Excusez moi une minute, leurs dit-il avant de venir à ma rencontre. Comment va ton prétendant ? Me demande-t-il une fois assez proche de moi pour ne pas que les autres l'entende.
- C'est ce que j'allais justement voir, je réponds calmement. Par contre ce n'est pas "mon prétendant" !
- Pourquoi pas ? me propose mon frère. Il m'a paru polie et courtois. Une fois que Leyth l'aura remis sur pied, ce sera, j'en suis sûr, l'un des meilleurs partis qu'y n'ai jamais marché sur nos terres. Le roi de Ugrën ne m'a dit que du bien des richesses de la famille royale d'Etrijän, même si ils sont plutôt replié sur eux même à ce qu'il paraît. Puis tu as l'âge de te marier. Ce serait dommage que ma petite sœur, si jolie soit-elle, termine vieille fille.
Je n'ai jamais apprécié que quelqu'un s'occupe de mes affaires et c'est justement ce qui est en train de se passer.
- Tiens comme tu en parles, tu ne devrais pas courtisé de jeunes héritières au lieu de parler de se qu'il ne te regarde pas, je m'emporte en haussant le ton.
Les regards de sa dizaine de conseillers se tournent vers nous. J'ai peut-être parler un poil trop fort. En même temps il l'a un peut cherché.
Enguerran me regarde comme si il venait de découvrir une nouvelle partie de ma personnalité. Pourtant ce n'est pas la première fois que nous avons ce genre de prise de bec.
- Très bien, j'en prends note, annonce-t-il. Je retourne à mes occupations.
Il fait signe à ses conseillers de le suivre, tandis que je reprends mon chemin vers la chambre de Shelter.
Il ne me faut pas très longtemps pour traverser l'aile Est et me retrouver devant la chambre. Je toque avant d'ouvrir la porte. À ma vue, Shelter, alors avachi contre la tête de lit en bois, se redresse.
- Je vous attendais, m'explique-t-il. Leyth n'est pas avec toi ?
Je jette un coup d'œil sur le plateau, il n'a pas été touché, ni lui, ni son contenu. Je devine à l'expression son visage que Shelter n'a pas dormi ne serait-ce qu'une seconde. Il tient un livre dans la main.
- Non. Il est encore en bas, dis-je en m'asseyant au bout du lit. Il prend le dessert avec Meganne mais je n'avais plus faim donc j'ai préféré venir voir comment tu allais. Que lis-tu ? Je lui demande pour changer de sujet.
- Hamlet, me répond-t-il en lisant le titre sur la couverture.
- C'est pas vraiment la lecture la plus heureuse du monde !
- Ça je l'avais remarqué ! Je l'ai pris en haut de la pile, m'indique-t-il en pointant du doigt le tas de livre que Leyth à fait tomber de la table de chevet. J'espère que ça ne gêne personne !
- Ne t'inquiètes pas. J'avais totalement oublié l'existence de ce volume dans cette chambre.
Je me lève et m'accroupie devant la pile de livres.
Roméo et Juliette, non. Le roi Lear, non plus. Le songe d'une nuit d'été, bingo !
Je prends le livre et retourne m'asseoir au bout du lit.
- Ça, c'est un Shakespeare un peu joyeux, j'explique en lui tendant l'ouvrage. Enfin je l'ai lue il y a quelques années, mais il me semble qu'il était plutôt comique.
Shelter prends le livre et le pose à côté de lui.
- Tu n'as pas dormi ? je le questionne.
- Non. Je n'en sens pas le besoin. Et puis je n'ai vraiment pas envie de devoir prendre un somnifère. J'ai plutôt envie de faire de l'exercice physique.
Ses paroles sont calmes et sincères.
- Si tu veux on peut dire que je t'ai vu dormir. Comme ça tu ne passera pas l'après midi cloué au lit. Et puis je pense que Leyth aussi a envie de faire du sport. On fait comme ça ?
Il réfléchit à mon offre. Puis rompt le silence :
- Oui. On fait comme ça.
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