Chapitre 6
Une fois ses vêtements enfilé, l'ange et moi traversons le château. Nous nous rendons vers les cuisines.
Je pense que c'est plus sécurisé de se promener dans le château avec l'ange que de faire des allers retours avec de la nourriture. De plus, laisser l'ange au même endroit trop longtemps risque d'attirer l'attention sur nous et sur la pièce dans laquelle nous nous trouvons.
Pour l'instant je n'ai encore croisé personne, heureusement. Je regarde à droite et à gauche avant de m'engager dans un couloir, l'ange sur mes talons. C'est excitant, j'ai l'impression d'être une espionne. Je suis certaine que si je n'étais pas autant sérieuse dans ma tâche, j'aurai un de ses sourires niais qui remonte jusqu'au oreilles tellement j'aime ça.
Les couloirs ne sont éclairés que par des fenêtres placés aux extrémités et par la lumière venant des pièces dont la porte n'est pas fermé. De temps en temps, un tableau vient rompre la monotonie des murs. Le long tapis, couleur cassis, étouffe le bruit de nos pas.
Nous avons déjà traversé plus de la moitié du chemin quand une voix se fait entendre derrière nous:
- Halte là ! S'exclame mon frère.
- Mince, je lâche en m'arrêtant.
L'ange semble vraiment mal à l'aise au fur et à mesure qu'Enguerran s'approche de nous.
- Il ne me semble pas vous avoir déjà rencontré. Puis-je savoir qui vous êtes ? lui demande mon frère.
- Je... Je, dit-il tout bas sans que mon frère ne puisse entendre. Je cherche juste un abri.
À l'écoute de ces paroles un éclair de génie s'abat sur moi.
Mais oui ! C'est ça !
- C'est le prince Shelter d'Etrijän, je raconte. Il est arrivé il y a deux jours. C'est vrai que j'ai oublié de raconter ce détail quand nous mangions ce matin. Shelter, je te présente le prince Enguerran de Rabe, mon frère.
- Enchanté, dit ce dernier en échangeant une poignée de main avec l'ange.
- Moi de même, répond Shelter, essayant de jouer le rôle.
Sa réponse, bien que polie, transpire le malaise.
- Je ne savais pas que nous avions des échanges commercial avec Etrijän, avoue mon frère.
- Mais nous n'en avons pas, je m'en presse de dire en souriant, pour rétablir la vérité.
À l'écoute de mes paroles, Enguerran me regarde bizarrement, comme si j'étais un de ces jeux de logique compliqués qui font fureur dans certaines cours. Puis son regard passe sur l'ange - désormais Shelter. Il le juge de la tête aux pieds.
- Ah, d'accord, lâche mon frère avec un petit rire. J'ai compris. Bravo, félicite-t-il Shelter. Vous êtes le premier prétendant qu'elle ne chasse pas à l'aide de jet de chaussures. Je serai ravie de connaître votre secret.
Sans prévenir, l'ange met ses mains sur ses oreilles puis s'effondre. Un cri de douleur lui franchi la bouche.
Je me précipite pour l'aider à s'asseoir pendant qu'il gesticule.
- Non, répète-t-il en boucle, comme si un monstre invisible lui proférer des menaces.
- Qu'es-ce qu'il lui arrive ? Me demande mon frère, horrifié.
- Il fait une crise, je réponds d'un ton calme,en disant la première chose qui me passe par la tête. Ça lui arrive de temps en temps. Il est là pour voir si Leyth ne peut pas faire quelque chose.
La crise s'arrête aussi rapidement qu'elle a commencé. Shelter ouvre les yeux, presque effrayé de ce qu'il va trouver derrière ses paupières. Il enlève les mains de ses tempes.
- Comment te sens-tu ? je demande d'une voix qui se veut la plus calme possible.
Son regard se plonge dans le mien. Je vois toute la souffrance, toute la terreur qu'il vient d'endurer. Je n'ai pas besoin qu'il me réponde pour savoir quoi faire.
Je me tourne vers mon frère.
- Vas chercher Leyth ! dis-je en essayant de cacher mon angoisse.
Il ne se fait pas prier et remonte le couloir en petites foulées, encore sonné par la scène à laquelle il vient d'assister.
L'ange me regarde toujours. Il a l'air perdu et troublé par ce qu'il vient de vivre.
Des millions de questions se bousculent dans ma tête. À quoi venais-je d'assister ? Pourquoi ai-je inventé cette identité si facilement vérifiable ? Dans quelle situation je viens de me fourrer ?
La voix de l'ange me sort de mes pensées. Elle est douce, posé et réfléchie.
- Shelter, j'aime bien comme nom.
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