Chapitre 24

Après le stoïcisme vient la rage. Elle se déclenche à l'instant où Hugo met sa main dans la mienne. Mes muscles retrouvent leurs consistances. Je jette un furtif coup d'œil au porte de la salle puis m'enfuis en courant sous les regard surpris de la foule. Arrivé au milieu du couloir, je jette mon masque pour me permettre une meilleur visibilité. Mes mains soulèvent les lourds pends de ma robe blanche afin que je puisse courir plus vite.

Une fois dans la cour, j'enfourche le premier cheval à ma porté, sûrement le cheval d'un riche marchant. Je ne sais pas si c'est grâce à la détermination de quitter le château ou à l'adrénaline qui coule dans mes veines mais je n'ai même pas à me reprendre pour monter sur l'étalon. Ma robe est relevé de façon à ce que chacune de mes jambes pendent de chaque coté de l'équidé. Une fois les rênes en mains, je claque des talons et ma monture part au galop.

- Charly !

J'entends quelqu'un crier lorsque je quitte la cour pour me diriger dans les grandes rues de la capital. Des groupes d'une dizaine de personnes sont présent de par et d'autre de la chaussée. Ils dansent et chantent pour célébrer Bod. Les têtes se tournent à mon passage. Je passe tellement vite que mes chevilles découvertes n'ont pas le temps de choquer qui conque me regarde.

Les étriers étant réglé trop long, je me cramponne au rênes et à la crinière. Arrivé au bout de la grande rue, je fais une embardé vers la droite. Je sais précisément où je veux aller. J'ai besoin de me calmer les nerfs. J'ai besoin d'entendre le bruit des vagues claquer contre les falaise. J'ai besoin de sentir la brise marine me caresser le visage afin de m'apaiser.

Comment a-t-il pu me faire ça alors que je lui avais purement et simplement refusé ? Plus je m'enfonce dans l'épaisse forêt, plus le désespoir s'empare de mon cœur. Mes larmes coulent bercés par le bruit des sabots de ma monture qui claquent sur le sol terreux.

Haut dans la pénombre, la pleine lune éclaire mon chemin. Je sens mon cœur cogner contre le corset de ma robe blanche. D'un coup, mes larmes s'arrêtent. Chevauchant l'étalon noir, une impression de déjà vue me prend à la gorge. J'ai vécu cet instant des centaines de fois dans mon rêve. Par curiosité, je me retourne et découvre une nuée de corbeaux qui me poursuit. Prise de panique, j'ordonne à ma monture d'accélérer. Je regrette instantanément mon action, sachant ce qui va suivre. Je me retourne une seconde fois pour suivre la progression des volatiles. Sans surprise le cheval se cabre et je m'entaille la paume de ma main gauche sur une pierre en tombant. Cette fois la douleur est bien réelle. Je reste comme hypnotisé à regarder mon sang couler de ma main. Je veux découvrir ce que les corbeaux feront une fois qu'il m'auront rattraper. À l'instant où je lève mon regard pour voir les oiseaux foncer vers moi, une forte lumière blanche m'aveugle. Je ferme les yeux pour ne pas perdre la vue.

Après quelques secondes qui me semblent interminable, la vive lumière disparaît. Je prend une grande inspiration afin de ralentir mon rythme cardiaque puis je relève mes paupières. Les lieux sont calmes, vides, silencieux. Les corbeaux ont totalement disparues et la source de lumière ne donne aucun signe de vie. C'est comme si ils n'avaient jamais été présent. Je me redresse afin d'évaluer la gravité de ma blessure. Le sang coule toujours mais avec un débit plus faible. La robe blanche est maintenant couverte de bout. En me servant de ma main valide, j'arrache une de mes manches ( seule partie encore propre de ma robe ) afin de m'en servir de bandage de fortune. Le tissue qui ne fait qu'un tour sur ma paume s'imbibe instantanément de sang au contacte avec ma peau. C'est tout ce que je peux faire pour l'instant il faudra m'en contenter. Je lève la tête afin d'inspecter l'endroit. L'étalon doit être bien loin à l'heure qu'il est. Je vois quelque chose briller à quelques mètres de moi. C'est certainement une pierre. Je me redresse ( mon bassin endolorie me fais affreusement mal ) et me lève pour aller voir. Après trois pas douloureux, je me fige sur plage. Ce que j'avais prit pour un vulgaire cailloux se trouve en fait êtres une plume. Une plume doré. Je me penche, la prend dans ma main. Cette plume est aussi douce que du coton. Je regarde sa couleur aux même reflets que l'or. N'ayant pas de poche, je décide donc de mettre la plume dans mon corset. J'observe les environs. En plissant les yeux, je me rend rends compte qu'une grande partie du sol est tapissé de ces plumes. Une silhouette inerte se détache au milieu des plumes. Je n'arrive pas à me retenir de crier lorsque j'aperçois la chevelure blanche.

- Shelter !

Je me rue sur lui. Il est là, immobile, étendue sur le sol. Je plaque mon oreille contre le buste de mon ami. Il respire et son cœur semble tambouriner normalement. Les larmes me montent de nouveau aux yeux mais celles là sont des larmes de joie. Rien que le fait de m'être imaginé Shelter mort a détruit quelque chose en moi. Je n'ose même pas m'imaginer ce qu'il se serait passer si ma conjecture s'était avéré vraie. Sa veste est en lambeau et même si tous les boutons de sa chemise sont correctement fermés sur sa poitrine j'ai l'impression que tout le tissus au dos est déchiré. Une plume est collé à sa joue. Mais contrairement au autre celle ci est argentée. Étrange, je me demande bien ce que tout cela veux dire. Je la prend et la coince dans mon corset avec l'autre.

Sans prévenir, l'ange ouvre les yeux, prend une grande inspiration et se redresse, comme si allongé il était en train de se noyer. Je sursaute, ne m'attendant pas à son mouvement.

- Shelter ! Est-ce que tu vas bien ?

Il prend quelques secondes pour se figurer où il se trouve et se remémorer les événements passés.

- Je crois que oui, dit-il doucement en portant une main à sa lèvre fendu en train de se cicatriser.

Je me concentre sur ma respiration afin de paraître aussi calme que lui et lui demande :

- As-tu une idée de se qu'il vient de se produire ?

Il plante son regard droit dans le mien comme pour y chercher des réponses. Je sais qu'il connaît la vérité mais j'ai l'impression qu'il n'est pas prêt à me la partager. Mais avant qu'il n'ai pu ouvrir la bouche, une voix nous parvient au loin :

- Charly !

Des tintements de sabots parviennent jusqu'à nos oreilles.

- Par ici, cri Shelter.

Les bruits se rapprochent de nous.

- Charly ! Ta mains ! s'exclame mon ami. Elle... saigne.

- Je sais, dis-je doucement comme si la blessure n'avait pas d'importance.

Je me redresse pour voir les personnes qui arrivent mais à l'instant où je me lève, le sol se dérobe sous mes pieds.

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