Chapitre 17

Mes yeux s'ouvrent. La première pensée qui me vient à l'esprit est « Que suis-je entrain de faire ? ». Je me suis disputé avec Leyth mais ce qui me turlupine le plus est la proposition d'Hugo. Quelque chose n'est pas nette dans sa demande. Maintenant que j'y réfléchie, il doit y avoir anguille sous roche pour qu'il me fasse une telle déclaration. Je dois tirer cette affaire au claire.

Je n'ai eu aucun cauchemars cette nuit et je savoure ce fait. Aglaé n'est pas encore venue m'habiller. De grands rayons de soleil passent au travers des volets. Je me lève et les ouvre pour faire baigner ma pièce dans une lumière matinale. Je m'assois dans mon fauteuil et reprend la lecture du carnet.

Jour 21

Les hommes se sont remis de la tempête. Nous approchons des côtes. J'aimerais tellement que tu puisse voir ça, mon amour. Rien que du bleu à l'horizon, mais pleins de nuances se fondant toutes les une dans les autres. Quand je m'arrête de réfléchir et que je sens le vent me fouetter le visage, c'est comme si j'étais seul sur terre. Je me sens vivant. Comme tous les jours, je voudrais poser ma tête sur ton épaule et sentir ton doux parfum florale sur ta nuque. C'est ce qu'il me manque le plus en mer, mais ça tu le sais très bien car j'ai déjà du te le dire plus d'une centaine de fois.

Le grincement de la porte me fait sursauter. Je pose le volume.

-Je vois que mademoiselle est bien matinal c'est jours si, clame Aglaé en guise de salutation.

-C'est que l'organisation de la célébration de Bod ne va pas se faire toute seule, ma chère, je m'exclame en me levant. Il ne nous reste 2 semaines avant avant le jour fatidique et je compte bien faire en sorte que tout sois parfait. T'avais-je parlé de mon idée de masque ?

-Non, il ne me semble pas. Je suis tout ouïe si tu veux en discuter maintenant.

Je ne suis pas encore arrivée dans la salle à manger que j'entends déjà le brouhaha qui règne dans la pièce. Lorsque j'entre dans la salle les voix se taisent et les visages se tournent vers moi. Je remarque que Shelter et Hugo sont assis l'un en face de l'autre de manière à pouvoir communiquer plus simplement. Leyth, assis à coté de l'ange, prend des notes dans un cahier. Aucune trace de mon frère.

- Mais je vous en pries, continuez votre si passionnant débat, dis-je en m'installant à gauche du prince cadet de Cuartean. De quoi parliez-vous ?

Sans lever les yeux de son carnet, Leyth me tend le pot de confitures. Je le prend volontiers et entame une brioche.

-Nous parlions de mode, déclare Hugo. Le prince d'Etrijän me demandais ce que signifiait les signes sur mon pourpoint. Je lui expliquai donc que le trait doré donné l'indication de mon rend social. Le rectangle marron montre que je suis général et le carré couleur vermeil que j'ai déjà tué une personne, me raconte-t-il calmement.

Mes yeux s'écarquillent. Je ne pensai même pas qu'un homme comme Hugo soit capable de tuer. Il est tellement calme, je ne l'ai vue s'énerver qu'une fois en quinze ans ! Comment cela est-il possible ?

-Nous débattions de la pertinence d'un tel signe, enchaîne Shelter. Je ne comprend pas à quoi sert d'arborer le fait que l'on est un assassin !

Les paroles d'Hugo lorsque j'avais vue ces coutures pour la première fois sur l'un de ses frères me reviennent en mémoires : « Ces points couleur sang ne sont pas là pour dissuader de nous attaquer, comme on pourrait certainement le pensé, mais pour rappeler à la personne qui les porte ses erreurs. Il doit donc les porter comme un fardeau. »

Je me rend vite compte qu'il n'a pas raconté la même version des fait à mon nouvel ami. Bien trop orgueilleux pour avouer porter un tel fardeau.

-Pourrai-je te voir quelques minutes en priver ? Me demande le général. C'est au sujet de ce que je t'ai demandé hier.

-Et que lui a tu demandé ? l'interroge Leyth sans prendre la peine de lever la tête, bien trop imprégné dans les notes qu'il est entrain de rédiger.

Le visage d'Hugo devient blême.

-Rien qui ne te concerne, répond-t-il après de longues secondes de silences. Alors ? Dit-il en tournant la tête vers moi.

Je hoche la tête. À tous les coups il va me présenter ses excuses. Je les accepterai et toute cette histoire sera oublié.

Il se lève de son siège et je le suis après avoir engloutie une tartine. Nous sortons de la salle à manger et nous arrêtons dans le couloir, un peu plus loin pour que personnes ne puissent nous entendre.

-Je tiens à m'excuser pour hier, commence mon vieil ami. Je n'aurais jamais du te faire cette proposition de cette façon et maintenant je trouve ça regrettable et idiot de ma part.

Je l'écoute parler sans prononcer un mot.

-Et ce que je t'ai raconté après sur le prince d'Etrijän était tout aussi stupide. Je ne voulais en aucun cas te faire du mal ou abîmer notre amitié. Je...Je veux juste que tu saches que ma demande était un geste désespéré. Mon père m'a soumit un ultimatum et je ne sais comment m'en défaire. Il pense que je devrait me marier. J'ai 21 ans et il a peur que si je ne me marie pas dans l'année, plus aucune dame ne voudra que je la courtise. Ce que je trouve grotesque à bien des égards mais tu connais mon père dès qu'il a une idée en tête, impossible de l'en détourner. J'ai donc jusqu'au jour de la célébration de Bod pour trouver une épouse, sans quoi il s'en chargera et je n'aurais pas mon mot à dire. C'est pour cela que j'ai décider d'aider à organiser la célébration cette année. J'ai pensé à notre amitié et je me suis dit que même si il y avait une infime chance que tu réponde oui, je devais la tenter. Car je dois avouer que je n'ai pas envie de finir mes jours au coté d'une princesse superficielle comme celle de Vocto.

À ces mots les manières de la princesse Catherina me reviennent en mémoire. La façons dont elle parle à ses domestiques, la façon qu'elle à de les regarder comme si ils n'étaient que des mouches qu'elle voudrait écraser. Je comprend le problème d'Hugo mais je ne peux malheureusement pas l'aider.

-Écoute, lui dis-je dans un souffle. Je voudrais réellement d'aider mais comprends bien que je ne peux pas me marier avec toi sous prétexte que si tu te maries avec une autre fille ça sera pire. Je...Je ne sais clairement pas quoi faire pour t'aider.

Je m'assois sur le petit banc posé contre le mur en pierres et prend ma tête entre mes mains.

-Je comprends ton problème mais pourquoi moi ? Pourquoi vient tu m'en parler à moi alors que je suis certaine qu'une tonne de gentilles filles veulent que tu les courtise ?

Il s'assoit à coté de moi et pose une main sur mon dos.

-Je n'en sais rien, lâche-t-il comme si toutes ces certitudes venaient de s'envoler.

Ces yeux amande ont l'air fatigué. Il a l'air à bout, usé par les années qu'il n'a pas encore vécu.

-Suite à notre dispute d'hier, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je suis las de toutes ces responsabilités. Mon père pense que je ne suis bon qu'a marier et ma mère ne le contredit pas. Alors pourquoi fais-je tant d'efforts pour eux si ils ne le remarque même pas ? Dès que les préparatifs seront terminé, je monterai dans le premier bateau à quitter cette île en direction de l'inconnue.

-Mais comment vais-je faire sans mon cavalier habituel durant la célébration de Bod ? je lui demande ironiquement. Avec qui vais-je danser ?

Il me regarde et sourit à l'écoute de mes paroles.

-Je suis certain que le prince d'Etrijän en serait ravit.

-Shelter ? Je suis sûre qu'il ne sait pas danser la valse. En tout cas pas aussi bien que toi.

La réputation de danseur d'Hugo n'est plus à faire. Il ne danse pas, on n'a l'impression qu'il lévite tellement ses mouvement sont fluides et naturelles.

-Tout cela n'est point très gentil pour lui, mademoiselle. Tu lui devras une danse lors des célébrations, comme ça tu pourra réellement juger de son niveau.

-Cela me semble une excellente idée, j'annonce, un sourire au lèvres. Et si on retournais déjeuner ? Je n'ai pas encore fini m 'a brioche.

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