Chapitre 1
C'est la nuit. Je suis dans la forêt. Haut dans la pénombre, la pleine lune éclaire mon chemin. Je chevauche un étalon noir. Je sens mon cœur cogner contre le corset de ma robe blanche. Je regarde derrière moi. Une nuée de corbeau me poursuit. Mon rythme cardiaque accélère. Le son des battements d'ailes se mêle au martèlement des sabots de mon cheval. Sous la pression de mes coups de talon, ma monture, déjà au galop, augmente son allure. Je me retourne pour suivre la progression des corbeaux, quand tout à coup, paniqué, mon cheval se cabre. Je tombe à terre, m'entaillant la main sur une pierre. L'étalon s'enfuit, me laissant seule. Ma robe blanche est désormais couverte de feuilles mortes et de boue. J'observe le sang sortir de ma paume gauche. Au moment où je lève les yeux de ma blessure, les corbeaux se ruent sur moi.
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Je me réveille en sursaut, le corps couvert de sueur. Il me faut quelques minutes avant de retrouver un rythme cardiaque stable et de me calmer complètement. Je tourne mon regard vers le mur à ma gauche. L'horloge indique trois heures vingt-sept du matin. À l'exception de ma respiration saccadée, ma chambre est plongée dans un silence sans fin. La lumière de la lune traverse les fentes des volets, baignant la pièce de ses rayons dorés.
Étant bien trop réveillée pour me rendormir, je me redresse sur mon lit et, d'un geste théâtral, retire la couverture qui, jusqu'alors, recouvrait mon corps. Je frissonne lorsque mes pieds rentrent en contacte des dalles froides du sol en pierre. Je suis habituée à ce frisson. Je le ressens tous les soirs lorsque je fais ce rêve. Je sais déjà que la nuit va passer très lentement. Je me dirige vers la fenêtre, ouvre les volets, puis contemple l'horizon. L'océan est calme. Aucun bateau en approche en vue, malheureusement. La lumière de la lune danse avec les vagues calmes créant un spectacle apaisant. J'ouvre la fenêtre pour sentir les embruns fouetter mon visage. L'air iodé me traverse les narines. Ce que ça peut faire du bien !
Après avoir profité de la fraîcheur marine, je ferme la fenêtre, prend un livre et m'assois dans le fauteuil face à la lumière lunaire. Ce roman et ses personnages sont les seules compagnies dont je dispose jusqu'au lever du soleil.
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Je me réveille en sursaut lorsque j'entends Aglaé frapper à la porte.
- Entrez, dis-je encore à moitié endormie.
Au moment où elle ouvre la porte, je suis avachie sur le fauteuil. Quand je me redresse, pour avoir une position un minimum présentable, le livre glisse sur ma cuisse puis tombe par terre. Le son du choc finit de me réveiller.
Aglaé s'avance dans la pièce avec son entrain habituel, une panière contenant ma robe du jour sous le bras.
- Bonjour mademoiselle, chantonne-t-elle en déposant la panière sur la malle au pied de mon lit. Le matelas n'est plus assez confortable pour vous ? plaisante-t-elle.
Sa remarque me fait sourire.
- Mon corps est bien trop frêle pour un lit aussi dur, je lui rétorque en entrant dans son jeu. Il faudra en changer.
- Ce que mademoiselle désire, elle l'obtiendra !
Suite à sa réplique nous rions. L'instant est doux et sincère. Aglaé me présente ma robe, quelques éclats de rire encore bloqués dans sa gorge. Comme chaque matin, elle m'aide à m'habiller. La robe en satin est d'un sublime vert émeraude. Tout les jours lorsque Aglaé m'habille, elle me raconte les derniers ragots de cours, mais aujourd'hui, elle est étrangement silencieuse.
- Que s'est-il passé d'aussi terrible pour que vous vous taisiez ainsi ? je l'interroge inquiète.
- Ils sont arrivés, lâche-t-elle à la seconde où elle termine de nouer le corset de ma robe.
Sans attendre, je me rue en dehors de ma chambre sans regarder derrière. Je cours dans les couloirs en direction de la salle principale. Comme dans le cauchemar de cette nuit, mon cœur tambourine dans ma poitrine, mais heureusement pour moi aucun corbeau à l'horizon. Je descends les escaliers à vitesse éclair. Les portes de la salle principale sont ouvertes. Je fonce dans la salle puis saute dans les bras de mon frère pour l'enlacer.
- Calme toi Charly ! me prévient-il en plaçant ses bras autour de mon corps. Nous ne sommes partis que deux mois.
- Mais ces deux mois m'ont parue être une éternité. De plus, cela fait vingt-six jours que père et mère sont partis Dans le sud pour le couronnement de Arunima, je lui répond en m'écartant de lui. De plus la tempête dans laquelle vous avez été pris m'a fait redouter le pire.
- Fort heureusement, la chose la plus terrible quel a fait a été de nous retarder, annonce un homme derrière moi.
Je me retourne et vois Leyth. Nous nous prenons dans les bras.
- Tu m'avais manqué, me souffle-t-il à l'oreille.
- Toi aussi tu m'avais manqué, je lui murmure. Je suis heureuse de voir que ton nœud papillon est toujours présent, dis-je à haute voix, un sourire étalé sur ma figure.
- Le cadeau d'une princesse est le plus cher des objets qu'un homme peut posséder. On ne t'a jamais appris ça ?
Je n'ai pas le temps de lui répondre, mon frère reprend déjà la parole :
- Passons à table si vous le voulez bien. Comme cela vous vous chamaillerez mais vous aurez le ventre plein. Cela fait longtemps que nous n'avons pas manger sur la terre ferme, n'est ce pas Leyth ?
- Affirmatif, prononce-t-il avec le ton strict des officiers militaires. Un repas ne nous fera que du bien.
Nous nous asseyons autour de la table dressé pour l'occasion. Au centre de cette dernière se trouve des toasts, de la brioche, des œufs à la coque, des fruits, du fromage et plusieurs pots de différentes confitures. Je suis assise à la droite de mon frère, comme le veut la tradition, et Leyth est placé en face de moi.
Mon frère n'a pas changé en deux mois. Ses cheveux blonds ont la même longueur qu'à son départ et il est aussi bien rasé que d'habitude. Je ne peux malheureusement pas en dire autant de Leyth. Ses cheveux sont beaucoup plus long et il a une barbe de trois jours qui le vieilli un peu, lui rendant ses vingt et un ans véritable là ou rasé il paraît plus jeune.
Le bruit des dents de Leyth croquant dans une pomme me sort de mes pensées. À l'aide d'un couteau, je prends de la confiture que je tartine sur une tranche de brioche fraîche.
- Sœurette je vois que tu n'as pas changé, remarques mon frère. Tu mets toujours autant de confiture sur tes tartines.
- Et en quoi cela te gêne-t-il ? je demande au tac au tac.
- Enguerran a raison, intervient Leyth. Tu déverse trois litres de confiture sur une seule tranche de brioche. C'est insensé d'en mettre autant.
- Est ce que vous prenez de la confiture de myrtilles ? Je ne crois pas. Donc laissez moi vider le pot sur ma tartine sans me le reprocher ! Je le coupe en haussant la voix avant de reprendre plus calmement. Je vous en serais reconnaissante. Votre absence commence presque à me manquer, dis-je avant d'engloutir ma tranche de brioche enseveli sous de la confiture.
Après un long silence, Enguerran me raconte leur périple jusqu'en Ugrën, le climat froid voir glaciale et leur retour. Leyth n'arrête pas de l'interrompre pour rajouter des détails : la teinte de la neige, la senteur du feu de bois le soir et même le goût du saumon. Je pense que je pourrais rester là et les écouter pendant des siècles mais malheureusement je suis prise ce matin.
- Il faut que j'y aille, je les coupe. Vous me raconterez la suite plus tard si ça ne vous dérange pas.
Ils secouent la tête de manière négative. Je me lève et au moment où je sors de la salle, mon frère me lance :
- Bon rendez-vous galant.
Je traverse le couloir, un énorme sourire étalé sur le visage. Un rendez-vous galant, n'importe quoi !
Note de l'auteure :
J'avais déjà publié les 15 premiers chapitres de cette fiction l'an dernier. Mais une longue période de doutes et empêchements personnels ont fait que je n'ai presque pas écrit pendant 6 mois. J'avais donc retiré cette fiction de wattpad ne sachant pas si un jour j'écrirais la suite. Comme vous pouvez vous en douter en lisant ses lignes, si je reposte les chapitres c'est parce que je fais mon come-back sur wattpad. Je reposte donc tous les chapitres déjà sorties par le passé et un inédit aujourd'hui. Je dois avoir 3 chapitres d'avance dans les tiroirs donc c'est partie pour un objectif d'un chapitre par semaine ou toutes les 2 semaines.
N'hésitez surtout pas à me faire des retours sur ce que j'écris, ça me fait toujours super plaisir de lire vos avis.
Si vous voyez des fautes d'orthographes ne vous gênez pas pour me les signaler, car avec ma dyslexie je vois pas tout en relisant et parfois je laisse passer des bourdes horribles.
Je finirais de vous embêter avec mon monologue en vous disant que je cherche un autre titre à cette fiction et donc que si vous avez des idées pareil n'hésitez pas.
(Si ça se trouve personne ne va lire tout ce que je vais écrire et je vais faire un énorme bide mais advienne que pourra)
Bonne lecture
mes amitiés,
roxane
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