Chapitre 47 - Retour au Castel

Le Castel, résidence principale d'Azazel, mardi 30 janvier 2024, 17h00.

Dans un petit salon au charme discret un homme patiente. Les murs sont ornés de moulures baroques dorées, et des fauteuils aux courbes sinueuses sont disposés autour d'une table basse en marbre. Un lustre imposant, chargé de cristaux scintillants, projette une lumière douce et chaleureuse. L'atmosphère est élégante, mais le mobilier rigide et la disposition parfaite des objets confèrent au lieu une formalité presque oppressante. Une horloge ancienne, précieusement sculptée, tique doucement dans un coin. Cet homme à l'air imposant et redoutable. Ses épaules larges occupent tout le dossier du fauteuil, et une aura intimidante émane de lui. Son visage, presque sculptural, arbore des traits durs, une mâchoire carrée, un nez finement ciselé, et des yeux sombres dans lesquels brillent une froide détermination. Une barbe taillée avec précision encadre son visage, tandis que ses cheveux noirs, rasés sur les côtés et peignés en arrière, révèlent un crâne orné de tatouages aux motifs mystérieux. Sur son torse, visible sous une chemise entrouverte, un tatouage complexe de grandes ailes sombres semble presque vibrer d'une énergie silencieuse. Autour de son cou, collier étrange en forme de serpent sinueux, à la texture scintillante, attire le regard. Une cigarette roulée entre les doigts, il fume lentement, le regard fixé sur la porte, attendant patiemment. Soudain, la porte s'ouvre, et Thimoté, l'assistant personnel d'Azazel, entre dans la pièce. Ses traits trahissent une légère répulsion qu'il tente de masquer. L'homme esquisse un sourire vicieux, devinant le malaise de Thimoté.

— T'es toujours là, morveux ? Le Maître ne t'a pas encore jeté ? Siffle-t-il. Drôlement résistant pour un cafard.

Thimoté garde le regard fixé sur le sol, sans réagir.

— C'est ça, petit, baisse les yeux. Ça vaut mieux pour toi.

— Le Maître t'attend dans la salle d'armes, murmure Thimoté d'une voix neutre.

— Ok. Ramène-moi un verre de pisco avec beaucoup de glace. Et ne traîne pas ou gare à toi.

L'homme se lève avec nonchalance, dominant Thimoté de toute sa hauteur, et quitte la pièce pour rejoindre la salle d'armes. Il entre dans un espace imposant, mi-salle de sport, mi-arsenal baignant dans une lumière tamisée. Une partie de la pièce est aménagée avec des machines de musculation modernes et des poids soigneusement alignés. L'autre partie expose une impressionnante collection d'armes blanches, épées, dagues, haches, et lances, accrochées sur des murs tapissés de velours sombre. Dans un coin, deux fauteuils clubs en cuir marron sont disposés autour d'une petite table basse en bois massif. Azazel, torse-nu, est en pleine séance de musculation. Ses muscles, tendus sous l'effort, luisent légèrement à la lumière.

— Bienvenue au castel, là où es ta place, lui lance l'homme en entrant dans la pièce.

— Paris est une ville très sympa, reprend Azazel. Mais il y a certaines choses que je ne peux gérer qu'à partir d'ici. C'est temporaire. Ne t'attends pas à me voir ici aussi souvent qu'avant.

— Je suis heureux de voir que tu t'entraînes toujours, dit l'homme en approchant.

— Nous sommes toujours en guerre. Pour qui me prends-tu ? Réplique Azazel entre ses dents serrées, visiblement agacé.

L'homme semble surpris par la réaction d'Azazel, mais ne s'en formalise pas davantage.

— Si tu cherches un adversaire digne de ce nom pour un duel, je suis là.

— Pourquoi pas ? Cela pourrait être divertissant. Nous parlerons de notre petite affaire après cela.

Après un bref échange de regards, les deux hommes se dirigèrent vers le râtelier où sont exposées les armes. Sans hésitation, leurs mains se posèrent sur deux épées identiques, leurs lames scintillant sous la lumière. Ils les empoignèrent fermement, testant leur poids et leur équilibre, avant de prendre position, chacun à l'extrémité de la pièce. La tension dans l'air est palpable, un silence lourd pesant sur l'arène improvisée. L'homme en face d'Azazel se tient immobile, son épée levée, un sourire narquois sur les lèvres. L'éclat des lames brille comme un avertissement dans l'atmosphère pesante, et chacun d'eux semble attendre que l'autre fasse le premier mouvement. Puis, brusquement, l'homme rompt le silence avec une attaque fulgurante. Il vise directement le cœur, mais Azazel, toujours maître de lui, pare le coup d'un mouvement précis. Les lames s'entrechoquent dans une gerbe d'étincelles, les vibrations résonnant jusqu'à leurs poignets. Azazel recule légèrement, gardant une posture parfaitement équilibrée, son regard planté dans celui de son adversaire.

— Tu aurais pu faire mieux ! Tu joues petit, comme toujours, lâche-t-il, une pointe de dédain dans la voix.

L'autre lui répond par une feinte habile, simulant une attaque haute avant de faire pivoter sa lame pour viser les jambes.

— Je ne joue pas. J'enseigne, répondit-il, un sourire aux lèvres.

Mais Azazel, anticipant cette ruse, pivote sur le côté et riposte d'un coup vif, forçant son adversaire à reculer d'un bond maladroit.

— Tu es prévisible, ajoute Azazel, presque amusé.

Les échanges deviennent plus rapides, plus vicieux. Son rival ne recule devant aucune perfidie. Ce dernier multiplie les feintes, cherche des ouvertures, tente des attaques sournoises destinées à déstabiliser Azazel. À un moment, il fait mine de trébucher, laissant croire qu'il est vulnérable. Mais lorsque Azazel avance pour attaquer, il bondit avec une agilité féroce, sa lame traçant un arc dangereux vers le flanc de son adversaire.

Azazel bloque l'attaque avec une force brutale.

— C'est tout ce que tu as ?

Azazel le pousse, puis avance avec une précision implacable. Ses coups sont méthodiques, impitoyables, chaque mouvement calculé pour affaiblir la garde de son adversaire. Il ne joue plus.

L'homme recule, légèrement essoufflé, et se redresse avec un sourire amusé.

— Tu ne me laisses même pas une chance, hein ?

— Je ne me bats pas pour gagner. Je me bats pour te rappeler quel est ta place, répondit Azazel tout en ricanant.

Son opposant tente une dernière ruse. Il fait semblant de lâcher son épée, son regard s'adoucissant comme s'il est prêt à se rendre. Azazel plisse les yeux, méfiant, il sait parfaitement que ce dernier est guerrier aguerri, mais avance malgré tout. Alors, dans un mouvement rapide et calculé, l'homme attrape une dague cachée dans sa manche et la lance vers la gorge d'Azazel.

D'un geste fulgurant, Azazel fait pivoter son épée, déviant la lame en plein vol. Profitant de son élan, il pivote sur lui-même, sa lame traçant un arc parfait. Elle frappe son adversaire en plein torse, l'arrêtant net.

L'homme lâche son épée, tombant à genoux, la respiration haletante. Azazel place la pointe de son épée sous son menton, obligeant son adversaire à relever la tête.

— Je m'incline, dit-il en souriant, essuyant la sueur de son front. Tu m'as eu cette fois. Une lueur d'admiration dans les yeux.

Sous sa façade glaciale se cache une admiration presque aveugle pour Azazel, qu'il considère comme un guide absolu.

— ça sera tout pour aujourd'hui, si nous allions discuter, lance Azazel.

Ils s'installent ensuite dans les fauteuils de cuir pour parler.

— Ok, Astaroth. Je t'écoute.

— C'est Ashton maintenant.

— Je sais, mais je déteste ce prénom. Ton vrai nom inspire crainte et respect. Pourquoi le changer ?

— Parce qu'il attire trop l'attention. Je préfère passer inaperçu. Et de nos jours, il m'est impossible d'être discret avec un nom pareil ! Nos noms sont trop significatifs.

Azazel éclate de rire.

— Tu te fous de moi ? Je m'appelle Azazel ! As-tu idée de ce que cela signifie dans l'esprit des gens ? Dis-toi bien qu' Azazel est bien pire à porter, et pourtant, je reste moi-même. Fais ce que tu veux avec le reste du monde. Mais avec moi, ça reste Astaroth, est-ce que c'est clair ? Fit-il de manière cinglante.

— Comme tu voudras. Dit-il en hochant la tête.

— Bon, vas-y, je t'écoute, qu'as-tu découvert ?

C'est le moment que choisi Timothé pour entrer discrètement avec les boissons, un verre de pisco pour Astaroth et une absinthe pour Azazel. Ashton lui jette un regard mauvais lorsqu'il entre. Il dépose les boissons sur la table devant eux.

En passant à côté d'Azazel, celui-ci lui glisse une main sur les fesses avant de lui donner une petite claque.

— Sors, gamin. Les grandes personnes doivent discuter.

— Pourquoi as-tu gardé cet avorton inutile ? Tu aurais pu t'en servir et t'en débarrasser, dit-il alors que Thimoté est toujours dans la pièce.

— Tu l'as mis sous ma responsabilité, dois-je te le rappeler ? À partir de ce moment, j'en fais ce que je veux. Et détrompe-toi, il m'est extrêmement utile, répondit-il avec un sourire sadique. Il est plus intelligent que tu ne le penses et c'est un excellent assistant personnel, en plus d'autres choses... Dit-il en le regardant s'éloigner.

— Il est faible, ajoute-t-il, dégoûté.

— Ce qui fait qu'il est très obéissant, surenchérit Azazel.

Timothé sort de la pièce et ferme la porte derrière lui.

Ils reprennent leur discussion.

— J'ai espionné Andréas pour ton compte pendant quelque temps. Mais bon, rien de folichon à raconter. C'est un gamin tout ce qu'il y a de plus normal, il va à l'école, suit des cours... A priori, un excellent élève, peut-être même le meilleur dans sa section. Il ne voit Naël que pendant les séances de coaching. Et à en juger par les séances, il n'y a vraiment rien à signaler, soit ils se parlent à peine, soit ils s'engueulent. Et le plus dingue, c'est que Naël ne le touche jamais. Il lui donne juste des instructions sur comment faire, pas plus. C'est chelou pour un kiné, quand même.

— Oui, je suis au courant. Apparemment, il ne supporte pas d'être touché par un homme.

— C'est peut-être pour ça, les séances de psy alors ? Pense-t-il à voix haute. Ça existe ce genre de délire ? Donc, en gros, il a un pète au casque.

— Alors pourquoi est-ce que ce gosse t'inquiète autant ? Il n'est pas net dans sa tête et sans contact entre eux, il n'y a aucun risque. Naël n'est pas du genre amour platonique, tu le sais très bien.

— Je sais. Mais j'ai l'impression que ce gamin l'attire, et pas que physiquement. Je veux qu'il me revienne corps et âme. Je veux le posséder complètement. Et sinon, quoi d'autre ?

— Il traîne toujours avec deux filles plutôt mignonnes. Rien d'anormal là-dedans. Elles sont dans la même académie que lui. La seule chose vraiment intéressante que je pourrais te dire, c'est qu'il est suivi. Et pas qu'un peu !

— Ah oui ? Comment ça ?

— Sur cette période, nous étions trois.

— trois, tu rigoles là ? Qui sont les deux autres ?

— Moi, Naël et un autre type.

— Et tu me dis de ne pas m'inquiéter ? Pourquoi est-ce que Naël le suivrait ?

— Je ne suis pas sûr, mais j'ai plutôt l'impression qui surveille surtout ce qui se passe autour de lui. Plutôt comme une mission de surveillance, ou de protection. Il ne suit Andréas que lorsqu'il sort de l'académie.

— Tu es sûr qu'il ne t'a pas repéré ?

— Naël ? Je ne pense pas non. Il n'a jamais vraiment été doué pour ça. Sans compter que je suis un expert. Je suis même sûr qu'il n'a pas repéré l'autre mec.

— ah ok, et l'autre gars, c'est quoi, un fan ? Un amoureux secret ?

— Je dirais plutôt amoureux, mais du type obsessionnel. Je l'ai vu installer quelque chose sur le téléphone d'Andréas, après l'avoir fait voler par un ado. Et quand Ariza a réussi à s'introduire chez lui, elle a pu voir des murs tapissés de photos du gamin. Il ne lui manque pas grand-chose pour vriller, à mon avis.

— Intéressant. Envoie-moi les infos sur ce stalker en herbe. Ça me donne une idée.

— Ça marche. Je transmettrai tout ça à Timothé dans la journée.

— Tiens ! D'ailleurs, pourquoi Ariza ne se montre-t-elle pas aujourd'hui ?

— Elle refuse aujourd'hui, petite crise de jalousie, je suppose. Comme à chaque fois qu'on croise l'avorton.

— Qui ça ? Thimoté ?

Astaroth hoche la tête.

— Mais elle sait que t'en as rien à foutre, quand même ?

— Oui. Mais il existe, et elle ne le supporte pas.

— une vraie vipère. Dommage, la prochaine fois peut-être. Bon, plus sérieusement, tu pourrais fouiller un peu plus dans le passé d'Andréas ? Je suis sûr qu'on loupe quelque chose. Apparemment, il vient de Barcelone. Va faire un tour sur place et vois ce que tu peux me trouver d'autres. Si Naël est en mission, c'est sûrement l'autre pétasse qui en est à l'origine. On doit comprendre ce qui se trame pour pouvoir agir en conséquence.

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