45 - Une découverte dérangeante


Paris, mardi 23 janvier 2024, 18h30.

POV Naël

Je quitte la salle de training, encore marqué par l'intensité de notre séance. Je suis épuisé, mais satisfait. Les progrès d'Andréas sont spectaculaires, sa forme physique est vraiment au top désormais et je ne peux m'empêcher d'être fier du chemin parcouru.

Je me dirige vers les vestiaires pour une douche bien méritée et un changement de tenue avant de rentrer.

J'aperçois Andréas, assis en tailleur dans un coin de la salle, les yeux clos, l'air concentré.

— Tu ne te douches pas ? Je demande en passant.

— Plus tard, répondit-il, prétendant une fois de plus une séance de méditation.

Je hausse les épaules et continue mon chemin, un sourire accroché aux lèvres. Je sais bien que c'est une excuse. Andréas préfère attendre d'être seul pour se doucher. Au début, cette manie m'intriguait. Avec le temps, j'ai fini par ne plus y prêter attention. Après tout, il a parfaitement le droit de ne pas être à l'aise avec sa nudité. Peut-être est-il tout simplement pudique ?

Une fois ma douche terminée, je rassemble mes affaires et je repasse près de lui en sortant des vestiaires.


— À plus tard, Andréas, dis-je en lui adressant un signe de tête.


Il répond brièvement sans ouvrir les yeux, toujours plongé dans son yoga.

POV Andréas

Une fois que Naël quitte les vestiaires, je me lève et direction les douches communes. L'endroit est calme, baigné d'une chaleur humide qui m'enveloppe comme un cocon. Sous le jet brûlant, je ferme les yeux, laissant l'eau étouffer mes pensées et emporter avec elle les tensions accumulées. C'est mon moment à moi, le seul où je me sens véritablement en paix. La chaleur de l'eau et la vapeur qui imprègne l'air m'étourdissent presque, mais cette sensation me fait du bien. Ici, tout semble s'effacer, les regards, les attentes, le poids du monde. Juste l'eau, la chaleur, et moi.

POV Naël

Me revoilà dans les vestiaires, pestant à voix basse, car je sais qu'Andréas s'y trouve. J'ai oublié mon téléphone dans mon casier.

En relevant la tête, j'aperçois Andréas de dos, enveloppé dans les vapeurs d'eau chaude. Pendant une fraction de seconde, je reste figé. Sa silhouette se dessine avec une précision presque surnaturelle, des épaules larges, une musculature impeccable, des lignes parfaites qui semblent avoir été sculptées. Et ce... cul ! C'est moi ou je fais une fixette sur son postérieur ? Je me sens comme submergé par une vague de chaleur, mêlée de confusion.

Arrête, Naël. T'es en train de te comporter comme un vrai pervers ! Je me sermonne mentalement, essayant de détourner le regard. Pourtant, mes yeux refusent de se détacher de la scène. Ils semblent avoir leur propre volonté. Une part de moi sait que je suis en train de violer son intimité, mais c'est plus fort que moi.

Au bout d'un moment, la vapeur se dissipe légèrement, révélant un détail qui me fait l'effet d'un coup de poing. Le dos d'Andréas est constellé de cicatrices. Certaines sont longues et profondes, d'autres plus petites, mais tout aussi choquantes. Ces marques n'ont rien d'accidentelles. Non, ce sont des blessures infligées. Des coups de couteau.

Mon estomac se serre. Je connais trop bien ce genre de marques pour me tromper. Un souvenir me revint brutalement. Une discussion avec le médecin de l'académie, qui avait mentionné un accident de voiture ayant laissé Andréas dans le coma un certain temps et pas mal de marques. Mais cette version sonne faux, terriblement faux, face à ce que j'ai sous les yeux. La vérité est bien plus sombre que ce qu'on m'a raconté.

Absorbé par le moment, il ne remarque pas immédiatement ma présence. Ce n'est que lorsqu'il se retourne pour fermer l'eau qu'il m'aperçoit, là figé près des casiers. Ses yeux s'élargirent de panique. En un clin d'œil, il attrape son jean et l'enfile sans prendre la peine de se sécher, tout cela en tentant à tout prix d'éviter de croiser mon regard.

— Andréas, attend ! L'interpella Naël.

Mais il est déjà en train de filer complètement affoler.

Je le rattrape et passe devant lui pour tenter de lui barrer le passage sans le toucher. Andréas surpris s'arrête brusquement.

— Qu'est-ce qui t'es arrivé ? Demanda Naël, la voix empreinte d'inquiétude. Ces cicatrices... Ce n'est pas un accident de voiture, n'est-ce pas ?

Il baisse les yeux, serrant les poings.

— Laisse tomber, Naël. Ce n'est pas important.

Je vois alors une larme couler le long de sa joue.

— Pas important ?! Ces marques, Andréas ! C'est dingue ! Pourquoi tu refuses d'en parler ?

— Parce que ce ne sont pas tes affaires ! Répliqua Andréas, presque en criant.

Je recule d'un pas, surpris par l'intensité de sa réaction. Il profite de ce moment pour s'éclipser, disparaissant dans les couloirs.

Resté seul, je me laisse tomber sur un banc, l'esprit en ébullition. Tout commence à prendre sens, l'haptophobie d'Andréas, ses réactions excessives, son besoin de solitude et sa paranoïa. Il ne peut s'agir que d'une agression et, vu que sa réaction de panique est sélective, probablement par un homme. Mais qui ? Qui peut être assez taré pour faire une chose pareille ?

Le puzzle commence à prendre forme. Si je mets bout à bout ce que j'ai vu aujourd'hui et ma dernière conversation avec Carmen, tout semble pointer vers une agression survenue à Barcelone, probablement l'année dernière, ou tout au plus l'année d'avant. Ce soir, je passerai jeter un coup d'œil à son dossier médical. Je déciderai de la prochaine étape en fonction de ce que j'y trouverai.

Au même moment, dans les toilettes du premier étage...

POV Andréas.

Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'il revienne à ce moment-là ? Des mois d'efforts pour cacher ces horreurs, pour que personne ne voie ces marques gravées sur mon corps, réduits à néant en un instant. Et parmi tous les gens qu'il y a à l'académie, il fallait que ce soit lui. Naël.

Andréas s'appuie contre le lavabo, le souffle court, ses mains tremblant légèrement. La honte monte, brûlante, mêlée à une colère sourde et une impuissance étouffante. Ses poings se serrent, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes comme pour contenir un cri. Mais rien n'y fait, les images tournent en boucle dans sa tête, le regard de Naël, surpris, troublé, puis inquiet. Il se déteste pour cette faiblesse, pour avoir laissé cette partie de lui être exposée. Une larme roule malgré lui sur sa joue, et il l'essuie rageusement. Hors de question de se laisser submerger. Pas ici. Pas maintenant.

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