35 - Prise de tête sur la banquette
Conflans-Sainte-Honorine, vendredi 29 décembre 2023, 05h00.
POAV Azazel.
J'attends patiemment dans la voiture en écoutant un classique que j'adore, créant une atmosphère intense dans l'habitacle. ( Musique - Carmina Burana / Carl Orff )
[Il devrait y avoir un GIF/vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application pour le voir.]
En entrant, Naël s'asseyait sur le siège à côté de lui. Il l'observait pendant qu'il s'installait à l'intérieur.
— Je sens ton regard inquisiteur sur ma nuque, dit-il en ajustant sa ceinture. T'as un truc à dire ?
Azazel, le regard perçant, ne put retenir un rictus amusé. Ses doigts effleurèrent le bouton qui contrôlait la vitre de séparation entre eux et le chauffeur.
— J'ai bien une question qui me brûle les lèvres, retorqua Azazel. Mais je sens que c'est un terrain glissant. Ah et puis merde ça me saoule !
Un clic sec résonna tandis qu'Azazel faisait monter la vitre de séparation pour avoir un peu plus d'intimité durant leur conversation.
— Je peux savoir pourquoi, t'avais absolument besoin de moi ? poursuivit-il, une pointe d'agacement dans la voix. J'allais avoir une « conversation » très sympa, avec des faux jumeaux magnifiques. Un frère et une sœur, le choix du roi, c'était prometteur.
Naël esquissa un sourire en coin, ses yeux se plongeant dans ceux d'Azazel.
— Je n'avais pas besoin de toi, mais plutôt de ta voiture, répliqua-t-il avec une nonchalance feinte. Tu pouvais très bien m'envoyé Timothé. Mais sois honnête, ta curiosité a pris le dessus.
Azazel haussa un sourcil, piqué au vif.
— C'est pas comme si tu ne pouvais pas rentrer tout seul, lança-t-il avec une légère irritation. A quoi te servent tes ai...
Naël lui coupa sèchement la parole.
— Impossible ! je savais bien qu'il n'allait pas me lâcher, concernant mon retour à Paris, fit-il, le ton un peu pressant. Vu l'heure, en train c'était mort d'avance et je savais pertinemment que le taxi n'allait pas m'attendre.
Azazel soupira, se penchant pour se servir un verre d'absinthe. Le liquide vert émeraude se mit à danser dans son verre, se troublant en une teinte laiteuse alors qu'il faisait fondre un sucre sur une cuillère. Il porta la boisson à ses lèvres, savourant la douceur d'une gorgée et apprécia la chaleur du liquide qui glissait le long de sa gorge, tout en réfléchissant à la réponse de Naël. Ses pensées s'agitaient, mais il brisa finalement le silence.
— Pourquoi tiens-tu tellement à te faire passer pour quelqu'un que tu n'es pas auprès de ces gamins ? demanda-t-il, ses yeux perçant se posant sur Naël.
Naël, surpris par la question, tourna lentement la tête vers lui, une expression indéchiffrable sur le visage.
— Que veux-tu dire par là ?
Azazel se redressa, son ton devenant plus accusateur.
— T'étais pas obligé de les raccompagner, répliqua-t-il, une pointe de colère dans la voix. ils pouvaient bien se démerder tout seuls. Mais non ! MONSIEUR Naël a un besoin pathologique de rôder autour de ces petits cons. T'en as pas marre de jouer les anges gardiens ?
Naël baissa la tête, sa voix se faisant plus douce, presque résignée.
— Laisse tomber, j'ai pas le choix, murmura-t-il, évitant le regard de son ami.
Azazel plissa les yeux, son ton se durcissant.
— Comment ça, t'as pas le choix ? mon cul oui ! le libre arbitre ça ne te rappelle rien ? on a toujours le choix, on est bien placé pour le savoir...alors ?
Naël soupira profondément, le visage fermé.
— Rien, c'est compliqué, finit-il par lâcher. On m'a demandé un service.
Azazel se tendit, son regard devenant plus perçant.
— Qui bordel de merde ? qui t'as demandé un service ?
Alors que la tension montait au sujet de ce fameux service, agacé, il éteignit la musique qui jouait en arrière-plan, laissant le silence s'installer dans l'arrière de la limousine. C'est à ce moment qu'il comprit.
— C'est encore cette petite merdeuse, n'est-ce pas ? lança-t-il, convaincu d'avoir raison.
Naël ferma les yeux, massant ses tempes avec lassitude.
— Zaz, arrête, s'il te plaît, je suis crevé.
Mais Azazel n'était pas prêt à lâcher prise.
— Après tout ce qu'ils t'ont fait ? tu lui fais toujours confiance ? siffla-t-il, la voix remplie d'amertume. Regarde où tu en es à cause d'eux. Jeté comme un chien hors de ta propre maison.
Naël se redressa brusquement, coupant net la tirade de son ami.
— Stop ! on ne recommencera pas cette discussion ce soir, ordonna-t-il, le regard dur. Je te l'ai déjà dit et je te le répète pour la dernière fois. Tu sais que je te suivrais jusqu'au bout du monde, mais il n'est pas question que je leur tourne le dos pour autant. On parle de la famille.
Azazel se figea, ses yeux se plissant sous l'intensité de la révélation.
— Et moi ? lâcha-t-il, la voix légèrement tremblante, presque vulnérable.
Naël le fixa, un mélange de surprise et de tristesse dans le regard.
— De quoi est-ce que tu parles ? demanda-t-il doucement. Tu veux te comparer à qui exactement ? je te rappelle que c'est nous qui sommes partis.
— On était au pied du mur... excuse-moi, t'as raison, murmura-t-il, la voix brisée par une douleur contenue. C'est plus fort que moi. Ça m'énerve de voir qu'elle te tourne toujours autour comme ça. Rien de mieux pour te donner de faux espoirs. Tu as été banni, il n'y a pas de retour en arrière possible, et tu le sais parfaitement.
Naël esquissa un sourire triste, une lueur de tendresse traversant ses yeux.
— C'est pour ça que j'ai quitté le Castel. Zaz, lorsque ta jalousie prend le dessus, tu deviens insupportable, dit-il, un sourire adoucissant ses paroles.
Azazel laissa échapper un petit rire amer, mais ses yeux se remplirent de chaleur.
— Et vivre là-bas sans toi, c'était lugubre. C'est pour ça que je le déserte la plupart du temps.
Naël sourit, Zaz a encore gagné. Il a encore réussi à l'attendrir.
— Zaz, t'es mon meilleur pote, ma famille, murmura-t-il, posant une main sur l'épaule d'Azazel. On a traversé tellement d'épreuves, toi et moi, nous sommes liés. Mais pour le reste, on a déjà essayé, et ça ne fonctionne pas.
Azazel lui lança un regard brûlant de désir, un sourire vicelard aux lèvres.
— Même le sexe ? demanda-t-il, l'ai provocateur.
Naël éclata de rire, son sourire enfin sincère.
— Lol, non, sur ce point-là, pas de soucis, répondit-il avec un sourire non dissimulé.
Azazel se redressa, reprenant son attitude habituelle.
— On retourne au Velvet ? proposa-t-il, ses yeux brillants d'une lueur lubrique. Mes jumeaux doivent toujours y être. Ils avaient ordre de m'attendre. Je suis sûr qu'ils pourraient te plaire.
Naël soupira, secouant doucement la tête.
— Pas ce soir. Dépose-moi chez moi, s'il te plaît, dit-il, une fatigue évidente dans la voix.
Azazel le fixa un moment, cherchant à lire dans ses pensées.
— T'es sûr ? demanda-t-il, la voix hésitante.
Naël lui lança un regard de supplication, et Azazel céda, levant les mains en signe de soumission.
— Ok, concéda-t-il, se tournant vers l'interphone.
— Timothé, on dépose Naël chez lui avant de retourner au Velvet.
— Bien maître, répondit le chauffeur d'une voix neutre.
Naël observa Timothé à travers la vitre, une lueur d'inquiétude dans le regard.
— Il a l'air exténué ! rassure-moi, tu lui donne des jours de repos, des fois ? demanda-t-il, la voix teintée d'inquiétude.
Azazel haussa les épaules, un sourire en coin.
— Tu sais ce qu'il est. Arrête de te prendre la tête pour lui. Crois-moi, il est largement récompensé, répondit-il avec un ton détaché.
Naël hocha la tête, le regard se perdant dans le vide.
— Si tu le dis..., murmura-t-il l'air absent ... Tiens, il pleut.
Azazel leva les yeux vers la vitre, surpris par cette remarque inattendue.
— Sérieusement ?
— Oui, enfin bon... je disais quoi déjà ? répliqua-t-il doucement.
Naël regardait d'un air absent la vitre pleine de gouttes de pluie, perdu dans ses pensées. Le silence s'installe à l'arrière de la limousine. Il finit par s'endormir, bercé par le doux ronronnement du moteur.
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