34 - L'âge de raison, ou peut-être pas !
Paris, jeudi 28 décembre 2023, 20 h 00.
POV Andréas.
La lumière douce du crépuscule baigne Paris tandis que nous déambulons dans les rues animées de la capitale. C'est une soirée spéciale, notre 18ème anniversaire. Carmen et moi sommes tous les deux nés le jour 28 décembre, nos mères ont accouché le même jour, dans le même hôpital. Ma mère et Sofia, la mère de Carmen, ont même séjourné dans la même chambre après leur accouchement. Toutes les deux mères célibataires, elles se sont soutenues dès le début, devenant des amies inséparables. Elles nous ont élevées ensemble et cela a renforcé encore plus leurs liens.
Malgré cette journée particulière, nous ne pensions pas recevoir quoi que ce soit aux vues de ma situation délicate. Mais nous avons été profondément surpris en découvrant l'émail de nos mères. Elles avaient réussi à nous offrir des billets pour une journée à Disneyland Paris. En voyant le message, nos yeux se sont remplis de larmes de joie et de surprise. Pour un instant, la réalité a laissé place à un rêve d'enfance devenu possible. Mais avant de partir à la conquête de Disneyland, on décide de profiter de la vie nocturne parisienne.
Jean noir ajusté, t-shirt blanc, et perfecto noir, ce soir, je suis entièrement stylé par Carmen et j'ai l'impression d'être Johnny Deep dans « Cry Baby », il ne me manque plus que la petite larme et c'est bon. Bon cela dit, si je suis aussi sexy que Johnny dans ce film, ça me va.
Carmen quant à elle, a choisi une robe rouge éclatante, son style espiègle et audacieux attire les regards admiratifs des passants. Pleine d'enthousiasme, elle insiste pour qu'on aille en boîte ce soir.
— c'est notre soirée ! S'exclame Carmen. On doit aller quelque part où on peut s'éclater. Pour Andréas il faut de la danse, pour moi et Kaline ça sera cocktail et toi Amine ?
— Moi tout m'ira, je vous suis, renchérit Amine. Donc si j'ai bien compris, ce soir, c'est boîte de nuit.
— Une boite tu dis ? Répéta Kaline. Vous connaissez le Velvet ? Proposa-t-elle immédiatement. C'est une boite de nuit réputée et à la mode. Le petit plus, il y a des salons vip , pour Andy c'est cool. Vous allez adorer cet endroit, affirma-t-elle avec un sourire mystérieux.
— Le Velvet ? C'est vrai que c'est une boîte sympa. J'ai un pote qui bosse là-bas . Je vais lui passer un coup de fil, pour réserver un coin vip, proposa Amine.
D'après Kaline, Le Velvet est une institution à Paris, une boite de nuit où se mêlent célébrité et anonymes dans une atmosphère électrique. Fréquentée par de nombreuses personnalités du monde de la mode, du cinéma et de la musique. Elle est connue pour son ambiance sans limites. A l'entrée, des néons violets illuminent la façade, donnant un aperçu du monde vibrant qui se trouve à l'intérieur. Amine y a ses entrées grâce à son amitié avec le physionomiste. Un atout précieux qui nous facilite l'accès malgré la file de quinze kilomètres qui se forme devant l'entrée. Une fois à l'intérieur, le Velvet se révèle dans toute sa splendeur. La salle principale, vaste et élégante, est éclairée par des lumières colorées qui clignotent au rythme de la musique. Des DJ de renommée internationale s'y succèdent pour animer la piste de danse, où des corps, en mouvement expriment une liberté débridée. Autour de cette salle centrale se trouvent plusieurs salon vip, un peu en retrait, permettent aux clients de se retrouver entre eux dans un cadre plus intime et exclusif. Pour cette occasion, Amine a réservé un salon vip, afin je puisse éviter d'être mal à l'aise. L'atmosphère y est particulière mystérieuse. La musique pulse à travers la salle, des rythmes entraînants incitant tout le monde à se déhancher sur la piste. Entouré de ma petite bande et protégé par le confort du salon vip, je me sens étonnamment bien. La présence rassurante de Carmen à mes côtés m'aide à me détendre.
D'après ce que nous a expliqué Kaline, le Velvet cache dans son sous-sol un secret, surnommée « les dédales ». C'est un labyrinthe, composé de nombreux couloirs et alcôves, cette zone est déconseillée aux novices et aux prudes. Là-bas, les tabous sont brisés, et une certaine forme de dépravation trouve libre cours. Cependant, son existence même n'est qu'une rumeur. Il parait qu'on doit être invité par le maître des lieux ou par quelqu'un de son entourage pour pouvoir y pénétrer. Cette aura de mystère ajoute à l'exclusivité et au charme sombre du Velvet, ainsi qu'à sa légende.
On trouve rapidement le coin vip et nous commençons à siroter des cocktails de toutes les couleurs, installés bien confortablement dans d'énormes canapés violets. Carmen, toujours prête à mettre l'ambiance, m'entraîne dans une danse folle. Nous dansons avec une énergie et une joie communicative, attirant l'attention de nombreux fêtards. Je laisse la musique m'envahir, mes gestes s'accordent parfaitement au rythme des basses et des mélodies. Me voilà perdu dans ma propre bulle, un sourire léger flottant sur mes lèvres. Mon corps parle un langage universel, exprimant à la fois ma passion, ma liberté.
Quelqu'un observe la scène depuis le bar...
POV Inconnu.
Son charisme et sa beauté exacerbée lorsqu'il danse, attire l'œil de nombreux prétendants. Plusieurs personnes hommes et femmes, séduits pas son allure et son élégance, tentent timidement de l'approcher. Heureusement, Carmen et Amine conscient de la situation, font tous les deux barrages, s'attirant par la même occasion quelques regards de travers.
— Comme je m'y attendais, tu es la star de la soirée ! Dit Carmen avec un clin d'œil, la voix teintée d'une légèreté calculée.
Andreas sourit à son tour, mais la tension au coin de ses yeux ne disparaissait pas complètement. Il savait que Carmen essayait de le détendre, mais l'attention qu'il recevait ce soir le mettait mal à l'aise, réveillant en lui une nervosité qu'il avait du mal à contenir.
Voyant qu'il restait crispé, Carmen posa doucement une main sur son bras, son regard se faisant plus sérieux, empreint de chaleur et d'empathie.
— Ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici, murmura-t-elle, sa voix douce contrastant avec l'effervescence qui les entourait. Profite de la soirée, danse et amuse-toi.
Encouragé par les mots de son amie, il se détend peu à peu, trouvant son rythme aux côtés de Carmen. Celle-ci, consciente des regards, danse avec une sensualité évidente, ses mouvements lents et lascifs capturant l'attention d'Amine. Elle le fixe droit dans les yeux, chaque geste et chaque ondulation de son corps semblant exprimer une invitation subtile. Amine, hypnotisé, ne peut détacher son regard, se perdant dans la danse provocante qui se déroule devant lui. Le pauvre, elle lui en fait voir de toutes les couleurs. J'ai toujours été persuadé que cette fille était un fléau sur patte. Une vraie tornade rien ne réchappe à son passage, mais il faut avouer que c'est aussi une amie fidèle. Les cocktails s'enchaînent, et les voilà rapidement passablement éméchés. C'est pas possible, il aime vraiment se mettre dans la merde ce mec ! Avec son histoire d'haptonomie, il vaut mieux rester maître de son corps. Qu'elle idée à la con de se mettre une mine pareille ! Leurs rires deviennent plus forts, leurs mouvements plus désordonnés, mais leur joie de vivre est palpable. Amine toujours sobre, veille sur eux avec attention. C'est un type bien apparemment. Quand la soirée touche à sa fin, il devint évident que ces trois andouilles sont bien trop ivres pour se débrouiller seuls. Amine, décide qu'il est temps de rentrer chez eux.
— Allez tout le monde, il est temps de rentrer, annonce-t-il avec fermeté, mais douceur.
Tous un peu trop joyeux, ils sont difficiles à gérer. Ils trébuchent, rient, et tentent de continuer à danser même en sortant de la boîte. C'est alors qu'Amine croise mon regard, je suis un habitué des lieux. Nous avons déjà eu l'occasion de nous croiser, mais nous ne sommes jamais fréquentés. On se connait juste un peu de vue. Comme je les observe déjà depuis quelque temps, je décide de les approcher.
— Tu bosses à l'académie, n'est-ce pas ? Demanda Amine, intrigué par ce visage familier.
— Oui, plus ou moins, répondit l'autre en hochant la tête. Je suis kiné pour certains élèves. Je m'appelle Naël.
— Moi, c'est Amine.
— Je sais, tu bosses au Bohême, si je ne me trompe pas.
Amine eut un sourire en coin. Il n'était pas rare que les habitués du Bohême connaissent son prénom, vu qu'il y travaille.
— Oui, c'est ça ! Acquiesça-t-il en croisant les bras, un brin curieux.
— Besoin d'un coup de main ? Demanda Naël, un sourire amical étirant ses lèvres.
Amine soupira de soulagement, relâchant enfin la tension accumulée au cours de la soirée.
— Je ne dis pas non pour le coup de main. Ça serait vraiment cool, merci ! Répondit-il avec gratitude. Je suis au bout de ma vie !
Naël rit doucement, puis se mit immédiatement au travail, aidant Amine à les escorter vers le taxi. Carmen, toujours espiègle malgré l'alcool qui embrumait son esprit, se pencha vers Amine tout en titubant vers le véhicule.
— Alors, c'est toi le SAM de la soirée ! Plaisanta-t-elle, un sourire taquin aux lèvres.
— On peut dire ça, répondit Amine en souriant. Allez, tout le monde en voiture.
Alors que Naël montait également dans le mini-van, Amine le regarda avec surprise.
— Tu viens aussi ?
— Je pense qu'il est préférable que je vous raccompagne jusqu'au bout, expliqua Naël calmement. Tu vas galérer vu l'état dans lequel ils sont.
— C'est clair ! Admit Amine, reconnaissant.
Pendant le trajet, ils continuèrent à rire et de partager des anecdotes de la soirée. Kaline, avec son humour noir habituel, ne manqua pas de faire une remarque sur leur anniversaire commun.
— Vous savez, je trouve ironique que vous soyez nés le jour de la saint-innocent. Vous êtes tout sauf innocents ce soir ! Vous êtes bourrés, ça c'est sûr, mais innocent ça non !
Tout le monde éclate de rire. Assis à l'avant du taxi, je me retourne de temps en temps pour vérifier qu'ils vont bien. Ils sont tellement embrumés par l'alcool, qu'ils ne m'ont même pas reconnu.
À l'arrivée à Conflans, on prend soin de raccompagner chacun d'entre eux dans leur chambre. Malgré leur état d'ébriété, ils remercièrent chaleureusement leurs sauveteurs avant de s'effondrer dans leurs lits respectifs.
Une fois, tout le monde en sécurité, on se retrouve dehors, le taxi avait déjà rapidement disparu dans la nuit.
— Merde ! Le taxi est parti ! S'exclama Amine, soudain paniqué. Tu peux dormir ici si tu veux ?
Naël sourit en sortant son téléphone.
— Ne t'inquiète pas, j'ai demandé à un ami de venir me chercher. Il ne devrait pas tarder.
Amine hocha la tête, visiblement soulagé.
— Très bien. Écoute, je tiens vraiment à te remercier pour ton aide ce soir. Sans toi, ça aurait été beaucoup plus compliqué de gérer ces trois-là ! Je te dois un verre, tu me files ton numéro ?
Naël haussa les épaules avec modestie avant de sortir son téléphone pour échanger leurs numéros.
— Ce n'est rien, vraiment. Mais je vais accepter ce verre avec plaisir. Par contre, si tu pouvais éviter de parler de l'aide que je t'ai apportée ce soir... Ça m'arrangerait !
Amine fronça les sourcils, intrigué.
— Pourquoi ça ?
Naël répondit calmement, pesant ses mots.
— Andréas semble ne pas trop m'apprécier. Je suis juste leur kiné, et je ne veux pas le mettre mal à l'aise. Vu leur niveau d'alcoolisation ce soir, je pense qu'aucun d'eux ne m'a reconnu, et c'est tant mieux.
Amine hocha la tête, comprenant la délicatesse de la situation.
— D'accord, je garderai ça pour moi. Encore merci, Naël.
Naël lui sourit avec reconnaissance.
— De rien. On se revoit bientôt pour ce verre, alors.
À ce moment-là, une limousine bleue étincelante émergea du coin de la rue, ses phares perçant les ténèbres avec une élégance silencieuses.
— Voilà mon carrosse, dit Naël en désignant le véhicule d'un mouvement du menton.
Amine écarquilla les yeux en voyant une Rolls-Royce Phantom s'approcher.
— T'es sérieux ? Ton ami arrive vraiment dans une Rolls-Royce ? C'est Elon Musk ou quoi ? Lança-t-il en plaisantant.
Naël éclata de rire.
— Non, ce n'est pas lui, mais ça aurait pu être drôle.
— Bon, en même temps, si ça avait été lui, il serait venu en Tesla plutôt, non ?
— C'est pas faux, admit Naël en riant. Bon, je te laisse, "Elon" m'attend. Bonne nuit.
— Bonne nuit à toi aussi, et merci encore pour ce soir, répondit Amine en le saluant.
Naël monta dans la voiture, qui disparut rapidement dans la nuit, laissant Amine seul sous les réverbères. Il resta un moment à observer la rue vide, un sourire aux lèvres, la tête encore pleine des souvenirs de cette soirée.
— Il est sympa ce mec, murmura-t-il en rentrant finalement chez lui.
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