32 - Rendez-vous manqué

Paris, samedi 23 décembre 2023, 10 h 00.

POV Inconnu.

J'avais enfin atteint Paris, la ville lumière où chaque coin de rue semblait renfermer un fragment d'Andréas. Assis dans un coin discret d'un pub irlandais pittoresque du quartier latin, je suis enveloppé par une ambiance chaleureuse et feutrée. La lumière tamisée des lampes suspendues caresse les décorations en briques rouges et les affiches de pub traditionnel qui ornent l'endroit. Devant moi sur la table, repose l'image imprimée de la capture d'écran faite lors d'une transmission en direct, montrant Andréas, Carmen et une troisième jeune fille inconnue, tous portant une broche en forme de flocon. C'est ce détail, qui a déclenché ma venue sur Paris. La serveuse arrive avec ma bière, un sourire léger aux lèvres. Elle remarque la photo et ses yeux s'arrêtèrent un instant sur les broches.

Une jolie broche, n'est-ce pas ? Commenta-t-elle d'une voix douce, en posant une bière devant son client.

Je relevai la tête, surpris par sa remarque, et la regardai avec une curiosité mêlée d'incrédulité.

Vous avez remarqué aussi ? Demanda-t-il, intrigué par son observation.

Elle hocha légèrement la tête, un air détaché sur le visage, comme si ce qu'elle venait de dire n'avait rien d'extraordinaire.

C'est le symbole de l'école des arts. Les élèves doivent la porter tous les jours, pendant les trois années de leur scolarité, qu'il neige ou qu'il vente.

Un frisson parcourut mon corps à ses mots.

— L'école des arts... Ces trois mots, que je murmurai à peine, résonnèrent avec une excitation contenue, mais aussi avec une vague d'appréhension.

Elle marque une pause, évaluant silencieusement l'homme en face d'elle.

— C'est là que vous devriez commencer vos recherches, reprit-elle enfin, d'une voix calme. C'est dans le 6ème arrondissement, si cela concerne les jeunes sur cette photo.

La serveuse finit par me demander d'une voix douce, avec un air curieux.

Vous êtes flic ou détective privé ?

Sa question me prend un peu au dépourvu, je la regarde un instant, pesant mes mots avant de répondre.

Ni l'un, ni l'autre. Juste quelqu'un qui cherche des réponses.

Elle acquiesce comme si elle comprenait, sans poser plus de questions. Sa curiosité était évidente, mais elle n'ose pas faire preuve de plus d'indiscrétion.

Avec cette information en tête, je plonge dans mon téléphone, naviguant à travers les détails du programme de danse de l'école. Alors que j'absorbe chaque mot, une réalisation inattendue s'empare de moi. Ce n'est pas seulement un rêve poursuivi par Andréas, mais peut-être aussi une quête d'acceptation personnelle. Dans mon esprit troublé, je commence à croire que chaque mouvement, chaque choix d'Andréas est une réponse à notre connexion invisible, une preuve indirecte de notre destin partagé. Les battements de mon cœur résonnent dans le silence du pub, marquant le temps et ma propre quête désespérée. Je ferme les yeux un instant, laissant cette conviction pesante m'envelopper, une justification pour mes actions et une affirmation de mon amour.

Un peu plus tard dans la journée...

Jeme trouve dans le quartier de l'académie, où selon mes informations Andréas pourraitétudier. Le soleil décline lentement, projetant des ombres allongées sur lesfaçades des bâtiments anciens. Je marche d'un pas décidé, mes penséesentièrement fixées sur Andréas. Depuis longtemps, je suis convaincu qu'un lienspécial nous unit, même si Andréas ne semble pas encore le percevoir. J'arrivedevant les grilles imposantes de l'académie et m'aperçois immédiatement quel'école est fermée. Les grandes portes en fer forgé sont solidementverrouillées et une pancarte annonce la fermeture temporaire del'établissement. La déception traverse mon esprit, mais je ne me laisse pasabattre. Je jette un coup d'œil aux alentours, mon estomac grognant de faim.Repérant un café-théâtre pittoresque à quelques pas de là, je m'y dirige. Lebohème, comme il s'appelle, dégage une ambiance chaleureuse et accueillanteavec ses petites tables en bois et toutes ces photos. Je m'installe à une tableprès de la fenêtre, d'où je peux encore voir les grilles de l'académie. En fondsonore, la voix puissante de Lara Fabian chante « je t'aime ». 

https://youtu.be/FLOuy7WAK6A

Cette chanson me fait immédiatement penser à Andréas, à l'amour que je lui porte et que je rêve de pouvoir lui dire.

Le serveur, un jeune homme au sourire avenant, s'approche pour prendre ma commande.

Un croque-madame, s'il vous plaît, c'est avec du pain poilâne, c'est ça ? Demanda-t-il, essayant de se détendre un peu.

Le serveur hoche la tête et part préparer la commande. Quelques minutes plus tard, il revient avec un croque-madame fumant, le pain poil parfaitement grillé, garni d'une tranche de jambon, de fromage fondant et surmonté d'un œuf un plat doré à souhait. L'odeur de l'ensemble me met l'eau à la bouche. Je le remercie et, avant de commencer à manger, je pose la question qui me taraude.

Excusez-moi, savez-vous pourquoi l'académie des arts est fermée aujourd'hui ?

Le serveur, dont le badge indique qu'il s'appelle Amine, s'arrête un instant.

Oh, c'est à cause des vacances de Noël. Les élèves sont partis depuis ce matin pour passer les fêtes en famille. L'école ne rouvrira pas avant la rentrée de janvier.

Je secoue la tête, réalisant que je suis arrivé trop tard. Une frustration sourde envahit mon esprit. Andréas m'échappe encore. Mais je comprends que je n'ai pas d'autres choix que d'attendre. Attendre le retour des élèves, attendre de voir Andréas. D'ailleurs, je ne suis même pas encore certain qu'il étudie ici. Cette école semble correspondre à ses aspirations artistiques, mais je n'ai encore aucune information. Je me concentre sur mon repas, savourant chaque bouchée de mon croque. Le goût et mélange des saveurs m'apportent un peu de réconfort. Tandis que je finis mon déjeuner, je me résigne à patienter. La ville est belle, et malgré ma déception, je pourrais en profiter pour découvrir ses charmes en attendant la rentée. Cependant, en regardant le serveur, je ressens une impression de déjà-vu. Ces yeux d'un bleu particulier me semblent familiers, mais je n'arrive pas à me souvenir d'où ? Cette sensation me trouble, ajoutant une couche de mystère à ma journée. Je tente de me rappeler, de fouiller dans ma mémoire, mais rien ne vient. Je décide de profiter de la période de vacances pour repérer le quartier, afin de pouvoir observer Andréas lorsqu'il reviendra. Le temps que j'arrive à trouver le courage de l'approcher ou de lui parler, je dois me préparer. Mon plan est simple, trouver un appartement avec une vue sur l'école. De là, je pourrais surveiller ses allées et venues, apprendre ses habitudes, et attendre le moment propice pour créer une rencontre qui semblera naturelle. 

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