28 - Dernière ligne droite

Paris, mardi 7 novembre 2023, 08 h 30.

POV Carmen.

Après des vacances incroyables, nous voici enfin de retour à l'académie. Andréas, Kaline et moi somme rechargée à bloc , prêts à plonger tête la première dans les dernières préparations pour les examens de Noël. L'atmosphère est la fois fébrile et joyeuse, comme si les couloirs eux-mêmes palpitaient d'anticipation.

Andréas, toujours à fond dans ses entraînements, semble débordant d'énergie après notre retour de vacances. Kaline, avec ses éternels papiers colorés collés partout dans sa tignasse blonde, ne passe jamais inaperçue. Quant à moi, je continue d'enchaîner les nuits sans sommeil, essayant de terminer les tenues à temps pour le défilé. Aujourd'hui, j'ai une série d'essayage avec mes trois modèles. Je décide de commencer avec Andréas pour le libérer rapidement, afin qu'il puisse retourner très vite à ses entrainements. Je me retrouve dans l'atelier, entourée de tissus, de croquis et de fils éparpillés un peu partout. La lumière du matin filtre à travers les grandes fenêtres, donnant à la pièce une atmosphère chaleureuse. Andréas arrive en premier comme prévu, son énergie débordante est évidente.

Hello ! Prêt pour ton « fitting ! Lança Carmen.

Salut, Carmen, répondit Andréas en s'approchant d'un pas léger, sa voix teintée d'enthousiasme. Prêt même si je ne sais toujours pas ce que c'est !

Carmen laissa échapper un petit rire en lui tendant un costume flambant neuf, la couleur vibrant sous la lumière.

Lol ! C'est juste un essayage, en fait. Pas de quoi se prendre le chou. Je veux que tu sois à l'aise dans cette tenue. Faudrait pas que t'aies l'air d'un pingouin au moment du défilé. Ça la fout mal pour un danseur ! Dit-elle morte de rire.

C'est pas faux !

Andréas enfile la tenue et se place devant le miroir. Je fais quelques ajustements, ici et là, vérifiant chaque couture, chaque pli. Andréas est patient, malgré son envie évidente de retourner à ses répétitions.

C'est parfait, merci. Je te libère maintenant. Dit-elle en souriant, satisfaite de son travail.

Il me fait un clin d'œil avant de sortir en trombe, prêt à reprendre son entraînement. Quelques instants plus tard, Amine arrive. Nos regards se croisent brièvement, et je sens une gêne immédiate. Il n'y a jamais eu de problème entre nous, mais une tension évidente plane, non déclarée, mais bien présente.

Bonjour, Amine, dit Carmen doucement.

Hello, gamine ! Répondit Amine, avec une voix douce, mais un peu distante.

La montée de frustration fut instantanée chez Carmen, une colère sourde qu'elle ne parvenait plus à réprimer. Elle sentit ses joues chauffer légèrement tandis qu'elle lui lançait un regard appuyé.

Amine, tu pourrais arrêter de m'appeler gamine ? Répliqua-t-elle, une pointe d'agacement perçant dans son ton.

Il lève un sourcil, visiblement surpris, mais ne répond rien. À chaque fois qu'il me qualifie ainsi, c'est comme s'il me confinait dans une image petite fille. S'il continue à me prendre pour une enfant, je n'aurai jamais la chance de lui montrer qui je suis vraiment.

Pourtant, un côté peste ne peut s'empêcher de vouloir le mettre un peu mal à l'aise, juste un peu. Je profite follement de cette séance d'ajustement pour me rapprocher de lui, l'effleurer subtilement, rendre chaque contact aussi délicat qu'intentionnel. Nos mains se frôlent parfois, et je vois bien que cela ne le laisse pas indifférent. Nous procédons rapidement, l'atmosphère étant un mélange étrange de professionnalisme et de quelque chose d'autre, quelque chose de plus profond. Je termine les ajustements en un temps record, savourant chaque instant de cette proximité, malheureusement, il s'éclipse très vite également, car il est de service ce soir.

Enfin, pour finir, c'est le tour de Naël. Dès qu'il entre, je sais que ce fitting sera tout sauf calme. Naël, avec son charme naturel et son énergie débordante, transforme chaque séance en véritable défi.

Salut, Carmen ! Prêt pour le sport ? Dit-il en souriant malicieusement.

Salut, enfile ça et montre-moi ce que ça donne, lui répondit-elle en lui tendant une tenue élégante, mais complexe.

Naël attrapa la tenue et se mit à l'enfiler sans perdre de temps, bougeant sans cesse, plaisantant à chaque ajustement. Il ne pouvait s'empêcher de commenter tout ce qu'elle faisait, son humour léger et désinvolte rendant l'atmosphère plus détendue. Carmen, toutefois, restait concentrée, notant chaque détail malgré le tourbillon de mouvement.

Au moment où elle s'apprêtait à vérifier les dernières mesures, Carmen le vit de profil. Une idée la frappa soudain, illuminant son esprit.

C'était toi ! S'exclama-t-elle, les yeux écarquillés.

Naël s'arrêta net, visiblement surpris par son éclat soudain.

De quoi tu parles ? Demanda-t-il, une note de confusion dans la voix.

Carmen croisa les bras.

C'était toi, l'autre jour dans le métro ! Le mec à la capuche. C'est toi qui as évité une crise à Andréas en arrêtant ce mec. Un vrai superman ! Dit-elle, avec un ton admiratif.

Naël sembla gêné, une légère rougeur montant à ses joues.

Tu te trompes, dit-il en tentant de minimiser la situation.

Je ne crois pas, non. Tu sais, je me trompe rarement quand il s'agit d'un mec. Surtout, avec un profil comme le tien. Rétorqua Carmen avec assurance. Et puis c'est une technique que t'as déjà utilisé pour Andréas, ça ne marchera pas cette fois.

Naël baissa les yeux, soupirant légèrement avant de relever son regard vers elle, une lueur suppliante dans ses yeux.

Tu pourrais oublier ? Fit-il avec une mine désespérée, les yeux brillants d'espoir.

— Même pas en rêve !

Naël laissa échapper un léger rire, haussant les épaules avec nonchalance.

Ok, très bien. Ce n'était rien. Juste un petit coup de main, dit-il en haussant les épaules.

Carmen le fixa, ses yeux s'attardant sur lui, cherchant à percer le mystère de ses motivations.

Rien ? Tu as sauvé notre soirée. Kaline n'a pas cessé de parler de ce mystérieux héros, insista-t-elle, décidée à ne pas le laisser s'en tirer aussi facilement.

Il se contente de sourire en terminant de s'habiller, mais la curiosité me pique et je ne peux m'empêcher de poser la question qui me brûle les lèvres.

Qu'est-ce que tu foutais là, d'ailleurs ? Andréas est persuadé que tu le suis. Il a raison, on est d'accord ? Mais de là à te traiter de stalker, je ne crois pas. Alors pourquoi ? Explique ! Demanda-t-elle, les bras croisés, son regard perçant.

Naël se tourna vers moi un peu dépité.

Non, je ne suis pas un stalker, commença-t-il avec un rire nerveux. En fait, j'étais là par hasard. Je revenais de chez un ami et j'ai vu Andréas, quand j'ai remarqué le comportement louche de ce gars. J'ai juste agi sans réfléchir.

Carmen le fixa, essayant de discerner la vérité dans ses yeux.

Donc, tu ne le suivais pas ? Insista-t-elle, sa voix légèrement adoucie par le doute.

Non, Carmen, je te promets, j'étais juste au bon endroit au bon moment, répondit-il simplement. Il est tellement persuadé que je le surveille... J'ai préféré disparaître rapidement pour ne pas qu'il se fasse encore des idées.

C'est le moment d'être persuasif. Je pense qu'elle ne me croit pas des masses, pensait Naël.

Ok, d'accord, je n'insiste pas. Juste parce que tu l'as aidé. Sérieusement, merci pour ce que tu as fait. Andréas a vraiment eu de la chance ce soir-là, que tu sois présent.

Naël sourit, mais cette fois, il y a une nuance de sérieux dans ses yeux.

Ne lui en parle pas, s'il te plaît, dit-il soudain, sur un ton plus grave. Je te promets que je ne lui veux pas de mal.

Carmen fronça les sourcils, perplexe.

Pourquoi ? Qu'est-ce que tu ne peux pas dire ?

Naël soupira, son regard implorant.

Je ne veux juste pas qu'il sache que c'était moi, expliqua-t-il, cherchant ses mots. C'est déjà suffisamment compliqué pour lui, je pense.

Un silence s'installa entre eux, lourd de non-dits. Finalement, Carmen hocha lentement la tête.

Très bien, Naël. Je garderais le secret, concéda-t-elle, sa voix douce.

Naël lui lança un sourire reconnaissant. Après tout, si le bien-être d'Andréas le préoccupe, moi ça me va très bien. Ils terminèrent l'essayage en silence, et une fois seule, Carmen s'effondra sur une chaise, épuisée mais satisfaite. Les tenues étaient presque prêtes, et malgré la fatigue, une fierté discrète l'envahissait.

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