16 - Sous la surface

Paris, 17 octobre 2023, 21 h 30.

POV Andréas.

Je suis de retour dans ma chambre, encore secoué par la confrontation avec Naël plus tôt. Ça m'a littéralement drainé de toute mon énergie. J'ai fait une croix sur mon entraînement de ce soir. Je tente de vider mon esprit en écoutant un peu de musique avant de me mettre au lit. (thank you / Dido) La musique colle plutôt bien avec mon humeur de ce soir.

https://youtu.be/1TO48Cnl66w

La nuit tombe lentement, et avec elle, la promesse d'un nouveau cauchemar. Je me retrouve toujours au même endroit, dans l'obscurité étouffante d'une ruelle sombre, les pas lourds d'un homme s'éloignant de moi. Chaque détail de ce moment est ancré dans ma mémoire, malheureusement que de ce moment. L'odeur rance de la peur, le goût métallique du sang dans ma bouche, mon corps allongé à même le sol, la sensation de froid qui commence à m'envahir. Je veux fuir mais j'en suis incapable, la terreur qui grandit à mesure que mon cœur ralentit, un cri muet étouffé par l'angoisse tente de trouver son chemin hors de ma bouche.

C'est là que je me réveille en sursaut, le souffle court et le corps couvert de sueur. Encore une fois, j'ai échoué à trouver le repos dans mon sommeil, hanté par les souvenirs d'une nuit qui refusent de me laisser tranquille. Encore une fois, j'ai échoué à identifier l'auteur de toute cette nuit d'horreur.

Et puis le jour se lève lentement, mais pour moi, c'est juste un autre cycle de stress et d'anxiété qui commence. En classe, je lutte pour me concentrer, mon esprit est perturbé par les cauchemars qui me tourmentent chaque nuit. La voix de Carmen assise juste à côté de moi semble lointaine, sa présence floue, je lutte pour rester ancré dans la réalité, à cela s'ajoute des heures d'entrainement. Chaque mouvement répétitif, chaque saut et pirouette me rappellent mon épuisement.

Je sais que je pourrais me confier à elle, j'en suis convaincu. Elle me comprendrait, je n'en doutais pas. Mais il est hors de question de l'importuner. Elle est , elle aussi, prise par ses propres défis, travaillant sans relâche pour terminer sa collection dans les temps. Carmen passe ses nuits à coudre, dessiner et ajuster des tissus, tout en jonglant avec la pression de la réussite. Je ne veux pas ajouter à son fardeau, même si je sais pertinemment qu'elle serait prête à m'écouter et à m'aider. Alors, je préfère tout garder pour moi en silence, et j'essaie de masquer mes angoisses derrière un sourire fatigué.

Au bout d'un certain temps, j'ai fini par comprendre que tout garder pour soi n'est pas la solution. Je me suis enfin décidé à ne plus m'enliser dans cette psychose tout seul. Grâce au médecin de l'académie, j'étais suivi depuis plusieurs semaines par un psychologue. Le docteur Lefèvre m'aide à faire le tri dans mes souvenirs et mes émotions. Je me suis décidé à tout lui raconter mes cauchemars, ma phobie, mon agression, cette histoire de stalker, Naël ...tout. Il est persuadé que mes cauchemars et ma phobie disparaitront le jour où je me souviendrais de ce qu'il s'est passé, le jour où je pourrais me souvenir du visage de celui qui m'a laissé pour mort cette nuit-là .

Le docteur Lefèvre est un homme impressionnant. Originaire des Antilles, il a la peau foncée, des cheveux noirs épais et volumineux, coiffés de manière élégante. Son visage est marqué par une barbe soignée, et son expression est à la fois sérieuse et bienveillante. Il porte toujours une tenue formelle composée d'une chemise blanche, d'une cravate noire, d'un gilet gris et d'un manteau foncé avec un col noir. Ses yeux reflètent une compréhension profonde et une détermination à m'aider.

( portrait du DOCTEUR LEFEVRE)

Votre esprit essaie de vous protéger en cachant certains souvenirs, m'expliqua-t-il en ajustant sa cravate. Mais pour guérir, vous devez faire face à ces souvenirs, les comprendre et les accepter.

Les séances étaient intenses et souvent épuisantes, mais avec le temps, je commençais à me sentir un peu mieux. Les cauchemars étaient toujours présents mais ils étaient moins fréquents, moins oppressants.

Un soir, après une longue journée de répétitions et de cours, je lui fis part d'un détail qui ne m'était pas encore apparu jusqu'à présent.

Dans mon dernier cauchemar, j'ai entendu une voix... une voix lointaine qui me disait : « Tu m'appartiens petit oiseau, je te garderais auprès de moi pour toujours, même si pour cela, je dois te briser les ailes »

Le docteur hocha la tête, prenant des notes avec son stylo.

— Ça doit être effrayant, pour vous. Mais c'est bon signe, me dit-il en ajustant sa cravate. Des brides de souvenirs remontent à la surface. Avez-vous pu reconnaître cette voix ?

Je secoue la tête.

— Non, ça ne me dit rien.

Il lève les yeux de son carnet, l'observant attentivement.

— Que ressentez-vous en pensant à cette voix ? Me demanda-t-il calmement.

Je prends un moment pour réfléchir.

C'est très confus, cette voix m'est familière, mais les sentiments que cela m'évoque sont la colère et la honte. La colère, je peux comprendre, mais la honte ? Lança Andréas, agacé.

Il est important de comprendre ce que vous ressentez. Ces émotions peuvent vous aider à éclaircir ce qui s'est passé. La colère et la honte sont des réponses normales à un traumatisme, dit-il en souriant doucement. C'est une belle avancée dans votre thérapie. Nous allons continuer à explorer tout cela pas à pas. Et souvenez-vous chaque détail compte.

En repensant à ses paroles réconfortantes, mes paupières deviennent lourdes. La voix apaisante de Dr. Lefèvre résonne dans mon esprit alors que je suis allongé dans mon lit. Je m'endors doucement, espérant que cette nuit, mes rêves seront enfin paisibles.

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