13 - La cérémonie des flocons
Paris, 14 octobre 2023, 16 h 00.
POV Andréas.
Après une journée bien remplie, je termine enfin mes cours. En sortant de la salle de classe, je soupire, sentant la fatigue accumulée. Je dois encore annuler ma réservation pour la salle de danse, n'ayant plus le temps de m'entraîner à cause de la cérémonie des flocons de ce soir. En me dirigeant vers le bureau des réservations, je repense à la matinée que j'ai passée avec Carmen. Malgré le flot incessant des photos de fringues qu'elle m'a envoyées, je ne peux m'empêcher de sourire. Notre amitié fusionnelle rend même les moments agaçants supportables. Et j'apprécie vraiment ses conseils, même si je ne l'admets pas toujours. Une fois la réservation annulée, je retourne à l'internat. Devant mon armoire, je réfléchis à la tenue idéale pour la cérémonie. Décontracté, mais élégant, me répétais-je, essayant de trouver un équilibre. Les suggestions de Carmen me reviennent en tête, et malgré mon exaspération de la matinée, je sais qu'elle a raison sur bien des points. Je choisis une chemise blanche en lin, légère et confortable, mais suffisamment élégante pour l'occasion. Je l'assortis avec un pantalon chino bleu marine, bien coupé, qui ajoute une touche de sophistication à mon look sans paraître trop formel. Pour compléter l'ensemble, j'enfile une paire de mocassins en cuir marron foncé, à la fois chics et décontractés.
J'envoie un petit message rapide à Carmen, mais sans conviction. Je ne sais pas comment elle fait, mais elle n'arrive jamais à l'heure. Alors, prévenu la veille pour le lendemain, c'est le pire des scénarios pour elle.
Petit coup d'œil dans le miroir, le résultat est plutôt pas mal. Il est 17 h 45, je suis largement dans les temps allé direction l'auditorium.
Les couloirs de l'internat sont beaucoup plus bruyants que d'habitude, toutes les premières années sont sur le pied de guerre à cause de la cérémonie surprise de ce soir. Je me laisse emporter par le flot se dirigeant vers l'événement du jour.
L'auditorium est méconnaissable. Les sièges ont été remplacés par un parquet. La salle est entièrement décorée avec des drapés au plafond, des ballons et des guirlandes de led, dans les mêmes couleurs que celles de l'invitation d'hier soir. C'est plutôt sympa, oh un buffet !! J'en connais une qui va être ravie. Pour moi s'est mort après la crêperie d'hier soir pas question de se lâcher sur la bouffe. Mon objectif, ce sont les examens de décembre. J'apprécierai pendant les vacances une fois ce cap franchi.
On nous invite à nous installer sur des tables rondes. Je pose ma veste sur le dossier de la chaise d'à côté histoire de réserver la place. Mais où est Carmen ?
Au même moment, à l'internat...
Carmen courrait à travers les couloirs de l'académie le souffle court. Elle n'était pas en retard, mais presque. Elle avait passé le reste de la nuit dernière à perfectionner sa tenue pour la cérémonie des flocons, une création unique qu'elle avait elle-même fabriquée. En entrant dans le grand hall, elle jeta un coup d'œil rapide à sa montre. Il lui restait quelques minutes avant le début de la cérémonie. Soulagée, elle ralentit légèrement le pas et prit un moment pour ajuster sa tenue. Carmen portait une robe de sa propre création, une pièce unique qui reflétait son talent et son sens aigu du style. Une petite robe en satin couleur émeraude, ajustée à la taille et s'évasant légèrement à partir des hanches, lui donnant une silhouette élégante et fluide. Elle avait relevé ses cheveux dans un chignon désordonné laissant quelques mèches encadrer son visage.
En franchissant les portes, elle se sentit prête à affronter la soirée. Elle aperçut Andréas de loin, déjà assis. Leurs regards se croisèrent, et il lui fit un signe de main avec un sourire chaleureux.
Carmen se fraya un chemin à travers la foule, saluant quelques camarades au passage. Arrivée près de son ami, elle s'assit à côté de lui, légèrement essoufflée, visiblement heureuse d'être là.
Andréas se pencha vers elle, un éclat malicieux dans les yeux.
— Toujours à courir, hein ? Chuchota-t-il avec une note d'amusement dans la voix.
— Tu me connais, répondit-elle avec un clin d'œil. Mais regarde cette robe. Ça valait bien quelques minutes de sprint.
Andréas ne pouvait qu'acquiescer, impressionné par la tenue impeccable de Carmen. Ensemble, ils se tournèrent vers la scène, prêt à vivre ce moment important.
Madame Dufresne, la directrice de l'académie monte sur scène et invite les derniers arrivant à s'installer avant de prononcer son discours d'ouverture. Elle explique la signification du flocon de neige, qui symbolise la beauté unique de chaque individu. Tout comme chaque flocon, est unique, mais forme ensemble de fabuleux paysages enneigés. Chaque élève apporte sa singularité à l'académie, contribuant à une œuvre collective exceptionnelle. Le flocon est également une étoile, rappelant l'éclat et la lumière que chaque élève peut apporter au monde par son talent et son comportement exemplaire.
— Je commence à comprendre, murmura-t-il. Ça doit être ça, le bal des étoiles de fin d'année.
Puis un représentant de chaque section s'approche avec une boite à la main. Sur l'écran géant, s'affichent alors 4 flocons en métal argenté avec une pierre central de couleur différente.
Bleu pour la danse, symbolisant fluidité et grâce. Rouge pour le théâtre, représentant passion et expression. Verte pour l'art plastique, illustrant créativité et croissance. Violette pour le stylisme, signifiant leur engagement personnel et leur appartenance à l'académie.
Tous les élèves de première année sont appelés un par un sur scène, où on lui remet une broche de la couleur de sa section. Une fois de retour à notre table Carmen se penche vers moi et me dit : punaise, t'as vu elles sont gravées à nos noms ?
La directrice nous félicite tous et nous invite à honorer notre académie en adoptant une conduite exemplaire dans et hors des murs de l'établissement. Nous sommes l'image de l'école, car nous devons porter cette broche tout le temps que nous serons en études ici, même pendant les vacances. On doit pouvoir voir d'un simple coup d'œil que nous venons de l'académie. Elle porte un toast à la réussite futur des élèves et la cérémonie se termine par une performance artistique représentative des 4 sections faites par les troisièmes années.
La musique démarre (musique jazz d'ambiance) et la soirée se poursuit par une réception où élèves et professeurs peuvent se rencontrer et discuter dans une ambiance festive et conviviale.
https://youtu.be/2Jd5XGpgScA
Pendant que Carmen pillait le buffet, Kaline et moi discutons tranquillement avec notre prof d'anglais, madame Léger. Soudain, un mouvement du coin de l'œil attira mon attention. Je me figeai. Naël ? Que fait-il là ?
Carmen, la bouche pleine, revint vers nous avec une assiette débordante de mini pizzas, les yeux brillants d'une satisfaction enfantine.
— Vous avez vu ? Il y a des mini pizza ! Le kif de ma vie. Quand on n'arrête pas de manger, c'est une maladie ça, non ? Plaisanta-t-elle en avalant une nouvelle bouchée.
— Non ? T'es juste une gloutonne, rétorqua Andréas en la taquinant. Je me demande toujours où est-ce que tu mets tout ça ? Dis-moi, tu n'aurais pas vu Naël ?
À la mention de son nom, Carmen se redressa brusquement, scrutant la salle avec frénésie.
— Le Kiné ? Il est là ? Dit-elle en cherchant partout du regard comme une folle.
Madame Léger, qui nous avait écoutés d'une oreille distraite, intervint calmement.
— Il n'y a que les premières années et l'équipe enseignante ce soir. L'équipe médicale n'est conviée qu'au bal de fin d'année, précisa-t-elle en rejoignant un autre groupe d'élèves.
Andréas parut troublé.
— Il est là ... Enfin était là... Enfin, je crois, murmura-t-il pour lui-même. Bizarre, je jurerais l'avoir vu m'observer depuis l'autre bout de la pièce.
Carmen haussa les épaules, un sourire sceptique aux lèvres.
— T'as dû le confondre avec quelqu'un d'autre.
— Tu dois avoir raison, murmura-t-il avec résignation.
C'est à ce moment que Kaline revint vers nous, un sourire radieux aux lèvres.
— Salut les amis, lança-t-elle joyeusement. Je voudrais vous présenter mon professeur de dessin, Mademoiselle Marchand. Grâce à elle, mes ombres en dessin sont bien mieux travaillées.
Une jeune femme élégante se tenait à ses côtés, les joues légèrement rosées par la timidité.
— Bonsoir, dit-elle d'une voix douce. Vous êtes mignonne, Kaline, mais je n'ai pas fait grand-chose, ajouta-t-elle, le regard fuyant vers le sol.
— Ah ben si, c'est grâce à vos cours particuliers.
La réaction de mademoiselle Marchand fut instantanée. Elle se redressa visiblement mal à l'aise.
— Vous devriez éviter de dire de telles choses, répliqua-t-elle avec un sourire crispé. Tiens n'est pas Melle Beaulieu là-bas ? J'ai adoré « le lac des cygnes » au Palais Garnier. Le meilleur ballet de ma vie.
Carmen, intriguée, se tourna vers la direction indiquée.
— Vous parlez de Candice ?
Mademoiselle Marchand secoua la tête.
— Non, je parle de sa mère, Clara Beaulieu.
Un silence de surprise suivit cette révélation.
— Attendez, la mère de Candice, c'est Clara Beaulieu ? La Clara Beaulieu ? S'exclama Andréas, abasourdi. La plus jeune danseuse étoile de l'histoire. Ça explique beaucoup de choses. Ça ne doit pas être évident de vouloir exceller dans le même domaine que sa mère qui s'avère être une légende.
Mademoiselle Marchand, apparemment soulagée de changer de sujet, s'excusa rapidement.
— Veuillez m'excuser, j'aimerais lui poser une petite question, dit-elle avant de s'éloigner, presque avec précipitation.
— À plus tard, dit-elle tout en lui faisant un clin d'œil.
Mademoiselle Marchand détourna le regard, gênée, et répondit, presque murmurante.
— Peut-être bien.
Carmen se tourna vers Kaline, les yeux écarquillés.
— Nnnnnoooonnnn !! T'es sérieuse ? C'était quoi ça ? T'as fait un clin d'œil, je n'ai pas rêvé !
— De quoi tu parles ? Prononça-t-elle tout en faisant l'innocente.
Mais Carmen n'était pas dupe. Elle fixa Kaline avec intensité.
— Je suis sûre qu'il se passe quelque chose entre Kaline et Melle Marchand.
Andréas lança un regard sévère à Carmen, espérant qu'elle laisse tomber le sujet.
— Carmen, arrête ? Kaline, dis-lui !
— Bah quoi, elle est mignonne, avoua-t-elle sans détour.
Andréas resta bouche bée.
— C'est une prof ! Protesta-t-il, surpris par la confession inattendue.
— C'est chaud quand même, t'es mineure. Elle risque beaucoup ? Répliqua Carmen avec gravité.
— Minute papillon ! Je ne suis plus mineure, enfin plus depuis le 11 septembre, répondit-elle.
— Ok et tu fricotes avec Melle Marchand depuis quand ?
Kaline leva les yeux au plafond, comme si elle faisait un calcul rapide.
— Heuuuuuuu, je ne sais pas moi ... Depuis le 11 septembre, peut-être.
Andréas laissa échapper un sifflement, impressionné malgré lui.
— Ah, oui, quand même tu ne rigoles pas toi ! Ajouta-t-il, partageant un regard complice avec Carmen, tous étonnés par le tournant que prenait la soirée.
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