Paris, 13 octobre 2023, 23 h 15.

POV Andréas.

Me revoilà à l'internat après une super soirée. Je fouille mes poches, tâtonnant pour trouver ma clef, ouvre la porte de ma chambre et appuie sur l'interrupteur. La lumière s'allume. J'entre, jette mon sac par terre, enlève mes chaussures et les laisse dans l'entrée. Je m'effondre sur le lit, et je ferme les yeux un instant, savourant le contact frais des draps. C'était sympa, mais je suis épuisé. Avec les cours et les entraînements, le moindre manque de sommeil me pèse lourdement. Je dois relire un cours avant d'aller me coucher, car j'ai une interro demain en histoire de la danse. Il ne faut pas que je me loupe là-dessus. J'ai cru comprendre que les premiers de la promotion de chaque section avaient droit à des opportunités exceptionnelles dans leur domaine. Je sors mon classeur de mon sac, m'installe, et là, je remarque une enveloppe posée sur mon bureau. Ça sort d'où ce truc-là ? Une enveloppe bleue, décorée de motifs flocons de neige blanc. Elle est scellée à la cire. Mon nom et mon prénom sont écrits dessus en belles lettres. Je casse le cachet de cire. Dommage, c'était vraiment joli. A l'intérieur, une lettre m'est adressée.

Cher M.CABELL,

Vous êtes cordialement invité à un événement très spécial en l'honneur de votre admission à l'Académie des arts « La cérémonie des flocons »

Ce moment marquera une étape importante de votre parcours parmi nous.

Lieu : auditorium Date : 14 octobre Horaire : 18 h 00

Votre présence est obligatoire et constitue une partie intégrante de votre engagement envers l'académie. Veuillez garder ce rendez-vous secret et ne pas divulguer ces informations hors des murs de l'établissement. Lors de votre inscription, vous avez signé un contrat de non-divulgation.

Sincèrement,

Mme DUFRESNE Margaux

Directrice

Instruction spéciale : code vestimentaire décontracté, mais élégant.

Mais qu'est-ce que c'est que ce délire ? Soudain, je sens vibré à l'arrière de mon jean. Je retire mon téléphone de ma poche et remarque un nouveau message de Carmen.

SMS

Carmen [Hello, T ds ta chambre ? ]

Andréas [oui pk ? ]

Carmen [Rien de bizar ? ]

Andréas [genre ? ]

Carmen [enveloppe ? ]

Andréas [toi aussi ? ]

Carmen [Yes, attends je t'appelle ]

Sonnerie ...

— Allô Andy, c'est chelou, non ? Commença Carmen, sa voix trahissant son excitation mêlée à un brin d'inquiétude.

— J'ai l'impression, d'être Harry Potter qui reçoit son invitation pour Poudlard ! Plaisanta-t-il en riant.

— C'est clair, ça fait très société secrète tout ça. T'en penses quoi ?

— Je n'en sais rien. Tu ne trouves pas ça bizarre qu'on n'ait jamais entendu parler de cette cérémonie du flocon ?

— Je pense que ça a un rapport avec les broches portées par les deuxièmes et troisièmes années, suggère-t-elle.

— Tu penses qu'on va en avoir, alors ?

— Peut-être bien. Je me demandais comment ils les avaient eues. Jusqu'ici, c'était mystère et boule de gomme. Personne n'a voulu me répondre sur le sujet. Je comprends mieux maintenant.

— Perso, je ne me suis pas pris la tête dessus. Je suis dit qu'on les recevrait peut-être après les examens de Noël ou au bal des étoiles.

— Et, sinon qu'est-ce que tu vas mettre ?

Je soupire, l'épuisement me gagnant de plus en plus.

— Carmenita mi amor, on peut en parler demain ?

— Mais c'est demain Andy ! S'exclama-t-elle, un peu trop énergique pour l'heure tardive.

— Oui, mais là, il n'est pas loin de minuit, et je suis crevé. Il faut que j'aille me pieuter.

— Petite nature, va !

— La petite nature danse en moyenne 4 h par jour en ce moment, répliqua-t-il en étouffant un bâillement. Ce n'est pas comme certaines qui passe leur temps devant une machine à coudre, assise !

Elle rit, reconnaissant la touche d'humour dans ma voix.

— Ah, touché coulé ! Ok à demain matin alors.

— Bonne nuit ma puce à demain.

Je raccroche, un sourire fatigué aux lèvres. La lettre, l'enveloppe, la cérémonie... Tout ça devra attendre demain. Pour l'instant, je n'ai qu'une seule envie, dormir. Je pose mon téléphone sur la table de chevet et me laisse retomber sur le lit, laissant la fatigue m'emporter doucement vers le sommeil.

Et puis merde. Tant pis pour l'interro. Je réviserai demain pendant l'interclasse. L'idée me rassure, même si je sais que ce n'est pas la meilleure des décisions. Mais à cet instant, le confort de mon lit et l'épuisement qui pèse sur mes paupières l'emportent sur tout le reste. Je ferme les yeux, repoussant l'angoisse des révisions à demain, et me laisse sombrer dans un sommeil bien mérité.