11 - Une soirée trop tranquille
Paris, vendredi 13 octobre 2023.
POV Andréas.
Pas la peine d'appeler Carmen, je sais d'avance qu'elle ne sera pas à l'heure.
Sonnerie de téléphone...
— Hello Kaline, je vous attends, je suis devant le portail. Oh my god ! T'es avec Carmen ! J'ai compris tu m'appelles pour me dire que vous serez en retard. T'inquiètes, je connais Carmen depuis toujours et elle n'est jamais à l'heure. Je vais au Vintage Mélodie, je vous attendrais là-bas, ne trainez pas trop quand même !
Une petite rue plus loin...
POV Andréas.
Je pousse la porte du Vintage Mélodie, une clochette tinte doucement, annonçant mon arrivée. L'intérieur du magasin a un charme rétro qui transporte instantanément dans une autre époque. Les murs sont tapissés d'affiches de concerts mythiques, de pochettes d'albums iconiques. Les vinyles sont classés par genre et par époque, des grands 33 tours aux petits 45 tours, chacun soigneusement rangés dans des bacs en bois vieilli créant un véritable sanctuaire pour les amoureux de la musique. Le sol, recouvert d'un carrelage noir et blanc, ajoute à l'atmosphère vintage. Le comptoir, situé à l'entrée de la boutique, ressemble à un bar des années soixante. Trois tabourets de bar en cuir rouge sont alignés devant, invitant les clients à s'asseoir et à écouter leurs disques préférés. Un tourne-disque est posé sur le comptoir, à côté d'une pile de casques audio vintage prêts à être utilisés. Derrière le comptoir se trouve Saul un soixante-huitard invétéré qui n'est autre que le propriétaire des lieux. Il arbore comme coupe de cheveux une banane de rockeur qui témoigne de ses années de gloire passées. Saul porte un jean délavé et une chemise en flanelle, et il m'accueille avec un sourire chaleureux et enthousiaste. L'air est imprégné d'un parfum qui évoque des décennies de mélodie diverses, ajoutant une touche de magie à l'ambiance du lieu.
— Salut Saul ! Comment vas-tu ? Lança Andréas en apercevant le vieil homme derrière le comptoir.
Saul leva les yeux de son registre, ses lunettes posées en équilibre sur le bout de son nez.
— Salut gamin, ça peut aller. Les ventes ne sont pas terribles en ce moment. Mais the show must go on, comme dirait la chanson ! Qu'est-ce que tu fais là, à cette heure-ci ? Tu ne devrais pas être rentré à l'internat ?
— Je suis de sortie avec les filles ce soir.
Saul laisse échapper un rire rauque.
— Petit veinard, deux filles pour toi tout seul ! T'as gagné le jackpot ! T'as raison va, profites en tant que t'es jeune. Après, c'est beaucoup plus compliqué. Il n'y a qu'à voir avec moi, j'en suis à mon troisième divorce ! et celle-là c'est une harpie comme dans les films d'horreur...Mais bon que veux-tu ? je suis un incorrigible romantique, conclut-il.
— Ok, je prends note du conseil. Cependant, c'est vraiment juste des copines et rien de plus, dit-il amusé par l'honnêteté brute de Saul.
— T'es sûr ? Je suis certain que la petite rigolote te regarde avec des yeux de merlans frits ! sous-entendit Saul en plissant les yeux.
— Carmen ? Je ne crois pas trop non, répondit Andréas tout en roulant des yeux en secouant la tête.
— Bah, pourquoi ? Demanda Saul, intrigué.
— C'est ma meilleure amie, on se connaît depuis toujours. Et, puis tout à fait entre nous, ce n'est pas trop ma tasse de thé.
Saul perplexe, cherchait à comprendre.
— Quoi, les filles mignonnes ?
Andréas hésita un instant avant de répondre, sa voix encore plus basse.
— Non, les filles tout court.
Il y eut un bref silence, puis Saul explosa de rire, un rire qui résonna dans la boutique.
— Ah ! Merde. Bah oui, là, c'est sûr, ça ne collera pas ! Si tu préfères les bonhommes....
Andréas se tendit légèrement, incertain de la réaction de Saul.
— Ça ne te pose pas de problème ? Le coupa Andréas.
— Bah, tu sais moi, je suis plutôt peace and love, etc. C'est ton cul, pas le mien, alors t'en fais ce que tu veux. Bon, ce que j'essayais de te dire avant que tu me coupes, si tu préfères les bonhommes. Je peux te présenter le fils de ma sœur, il s'appelle Stanislas.
— C'est gentil, mais ça ira. Je ne cherche pas à me caser.
— Ok, mais si tu changes d'avis. Tu sais où me trouver, fit-il avec un clin d'œil.
— Ok, ok, c'est noté. Promis !
— Tu dois me prendre pour un vieux fou...
— Pas du tout, j'ai bien rigolé. Tu as illuminé ma journée.
Le vieil homme sembla apprécier le compliment. Il jeta un coup d'œil à l'horloge murale avant de demander.
— T'as cinq minutes ? Dit Andréas en regardant sa montre avant de hocher la tête.
— Oui, j'ai dit aux filles de me retrouver ici. C'était l'occasion de venir te voir et d'écouter un peu de musique.
Saul sourit de toutes ses dents.
— Cool ! Alors installe toi. J'ai un petit bijou à te faire découvrir !
Je m'assois sur l'un des tabourets et enfile un casqueaudio. Saul, avec un clin d'œil complice, pose un disque sur le tourne-disque.La musique emplit les écouteurs, me transportant dans un voyage auditif unique.Dans cet écrin hors du temps, les projets, les soucis et le monde extérieursemblent bien loin.
https://youtu.be/oCLpLWcX2cg
Cette musique est magique et la voix de la chanteuse est intemporelle. Saul me raconte un peu d'où vient cette chanson. Ses yeux pétillent de passion lorsqu'il parle de musique, et sa voix grave dû à une trop grande consommation de cigarettes, résonne comme un vieux disque. C'est la bande originale d'un film qui s'appelle Bagdad café. Il faudra que je pense à le regarder un de ces jours. C'est une chanson qui pourrait très bien convenir pour une chorée solo. Je vais en toucher un mot à Kitty. La pauvre, c'est la dernière de la classe qui n'a toujours trouvé la musique pour son projet de fin d'année. Et vu le timing qu'il nous reste, ça commence à être chaud pour elle. Je pense que ça pourrait lui convenir. J'irais la voir demain matin, ça lui donnera peut-être des idées.
Hello ! Lance Carmen en passant la porte accompagnée par Kaline.
— Les girls sont dans la place ! S'exclama Carmen en levant les bras en l'air, son sourire éclatant illuminant la pièce.
Saul, toujours derrière son comptoir, les accueillit avec chaleur.
— Bonsoir, les gazelles prête pour votre super soirée ? Qu'est-ce que vous allez faire au fait ? Vous allez vous trémousser quelque part ?
Kaline haussa les épaules en jetant un coup d'œil à sa montre.
— Jusqu'à 23 h 00, ça fait un peu juste niveau temps.
— Ah ! C'est donc la fameuse sortie mensuelle des internes de l'académie, comprit Saul. Pas le temps d'aller bien loin. Et du coup ? C'est quoi votre programme ?
Carmen, visiblement peu enthousiaste, fit la moue avant de répondre.
— Crêperie bretonne, dit-elle d'un air dépité.
— Sérieux ??? s'étonna Saul les yeux écarquillés, feignant une surprise outrée.
— Pas la peine d'en rajouter. Je suis suffisamment dépitée comme ça., soupira Carmen, agacée.
Andréas, qui observait la scène en retrait, se redressa et intervint avec une touche de fermeté.
— Carmenita ça suffit ! On va passer une bonne soirée, promis !
— Mais oui, allez, on bouge ! Dit Kaline, en essayant de détendre l'atmosphère.
Saul se mit à rire.
— De mon temps, on savait s'amuser. Je ne sais pas moi bar à salsa, soirée mousse, concert ...!
Carmen leva soudain les yeux, une étincelle d'intérêt traversant son regard.
— Oh ! Oui un concert ! ça serait chouette, non ?
Kaline, emportée par l'enthousiasme soudain de Carmen, approuva avec ferveur.
— Putain, trop cool l'idée !
Andréas se laissa convaincre.
— Ouais pourquoi, pas ?
Carmen claqua des mains, toute trace de dépit effacée.
— Cool, enfin un programme qui déchire.
Andréas très terre-à-terre, se redressa et fit signe de la tête vers la porte.
— Bon, alors on y va à cette crêperie ?
Kaline posa une main sur son ventre et fit mine de gémir.
— Je suis morte de faim. C'est parti !
Salut Saul !! Crièrent-ils tous en cœur en sortant de la boutique.
Saul leur fit un signe de la main.
— Salut les jeunes, amusez-vous bien !
Dehors, Andréas resserra sa veste autour de lui, en frissonnant.
— Allez les filles direction la crêperie ! Punaise, il commence à faire un peu frais le soir ces temps-ci.
— C'est clair, je suis frigorifiée, acquiesça-Kaline tout en accélérant le pas.
Carmen, toujours de bonne humeur, les pressa
— Heureusement, que ce n'est pas loin. On pourra profiter de la soirée et rentrer sans stress à l'heure. Tiens ! C'est là. Entrons vite nous mettre au chaud.
Une fois confortablement installé, la commande des galettes faites et les bolées de cidre en main, les revoilà parti sur la conversation concert. Leur commande arriva rapidement et l'ambiance était détendue.
— On devrait profiter des vacances de la Toussaint, proposa Kaline, en coupant un morceau de sa galette tout en réfléchissant.
Carmen, les yeux brillants d'excitation, acquiesça.
— Pas bête. Ça sera notre premier concert, c'est cool ! Fit-elle pleine d'enthousiasme. Un live ça serait génial, mais de qui ?
Andréas sortit son téléphone, le posant sur la table alors qu'il commençait à chercher.
— Voyons voir ce qui est prévu à Paris pendant les vacances...
Elles se penchent toutes les deux sur mon écran tandis que je fais défiler les pages de concerts.
— Oh ! Regardez, il y a des trucs intéressants. Mais il faut qu'on trouve quelque chose qui nous plaît vraiment à tous les trois.
Kaline attrape son propre téléphone et commence aussi à fouiller.
— Attendez, j'ai peut-être une idée...
Elle tape rapidement quelques mots, puis s'exclame.
— Conan Gray ! Il passe au Zénith le 5 novembre ! Comme on reprend les cours le 7, c'est nickel !
— Conan Gray ? Ouais, j'aime bien ses chansons « Heather » est super cool, affirma Carmen en levant les yeux intéressés.
— C'est vrai, ce serait génial de le voir en concert. Et puis, le Zénith, c'est une bonne salle apparemment, dit Andréas tout en hochant la tête.
Kaline sourit, satisfaite de leur décision.
— Alors c'est décidé ? On réserve nos places pour Conan Gray ?
Ils se regardèrent tous les trois, sourire complice se dessinant sur leurs visages.
— C'est parti pour Conan Gray, déclara Andréas en finalisant l'achat des billets en ligne.
Ils se replongèrent ensuite dans leurs crêpes, excités à l'idée de cette prochaine sortie qui promettait d'être mémorable.
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