Chapitre 78
Jimin – J'arrive d'ici une dizaine de minutes, petit elfe, passe une bonne soirée. ^^
Yoongi – D'acc. Merci beaucoup, profite bien de ton temps avec Taehyung, bonne soirée à toi aussi. :)
L'aîné reposa son téléphone et tourna les yeux sur l'écrivain. Ce dernier feuilletait le livre de Français qu'il lui avait offert avec un intérêt qu'il ne feignait pas : depuis plus d'une heure à présent il s'essayait aux premiers exercices, étudiait les leçons, et s'exerçait de nouveau. Yoongi pour sa part avait sorti de son sac un roman qu'il lisait dans son coin jusqu'à présent. Ainsi, une fois qu'il eut reçu le message de son copain, il rangea ses affaires et salua son ami avant de s'éclipser.
Il éprouva néanmoins un pincement au cœur à l'idée de ne pas même voir Jimin, si bien qu'après une hésitation, il décida de l'attendre à l'extérieur de son bâtiment. L'idée qu'il se retrouverait face à son compagnon le stressait autant qu'elle lui plaisait. Dans la rue, était exposé, mais ça le rassurait que des gens circulent autour d'eux.
Les minutes passèrent, et son anxiété aussi : la tranquillité de la rue l'apaisait. Or, quand il remarqua la voiture de Jimin qui approchait, il sentit sa peur grimper en flèche et se crispa aussitôt. Pourtant, il resta en place, prit une longue inspiration et rouvrit les paupières une fois plus calme. Jimin se gara non loin et descendit de son véhicule, un large sourire aux lèvres : il avait aperçu Yoongi. Le cadet adressa à celui qu'il aimait un signe de la main, et il se hâta de le rejoindre, gardant un bon mètre et demi de distance avec lui. Ses prunelles brillaient de bonheur ; il salua son copain.
« Comment tu vas ? lui demanda-t-il. L'après-midi s'est bien passé ?
— Super bien, Taehyung est devenu un étudiant studieux : je lui ai offert un manuel pour apprendre le français, ça devrait l'occuper un bon moment. Et toi, ça va ?
— Super aussi ! J'ai eu mes meilleurs élèves cet après-midi, alors on a pu passer un super bon moment, on s'est bien éclatés !
— Dans quel sens ?
— Je les ai massacrés, un plaisir ! se réjouit Jimin dans un gloussement.
— Tu maltraites toujours tes élèves ?
— Seulement les meilleurs, et seulement quand eux-mêmes le réclament.
— Ah parce qu'ils réclament, en plus ? s'étonna Yoongi avec un rictus amusé.
— Bah carrément ! Au moins une fois par mois ils veulent se mesurer à moi, je crois que ça leur plaît de se dire qu'ils ont un défi à relever. Alors on fait plein de petits matchs, limite un tournoi, et c'est toujours moi qui gagne !
— Tu pourrais les laisser gagner, au moins une fois.
— Pff, hors de question : soit ils se rendraient compte que j'ai perdu volontairement et ça les vexerait, soit ils s'en rendraient pas compte et ils se vanteraient. Donc chaque fois je les bats ! »
L'air ravi sur le visage angélique de son compagnon fit presque oublier à Yoongi que Jimin lui expliquait qu'il écrasait successivement tout le groupe de ses meilleurs élèves en taekwondo. Il peinait à croire son copain capable d'un tel exploit ! Jimin paraissait si innocent qu'il ne se le figurait pas en train de se battre.
« Et... si je peux me permettre, reprit Jimin, je croyais que tu voulais pas qu'on se croise, alors... pourquoi m'avoir attendu, au juste ?
— Oh... bah... faut croire que je voulais quand même te voir, même juste dans la rue.
— Je suis vraiment heureux que tu m'aies attendu, dans ce cas, moi aussi je suis content de te voir.
— Oui... Taehyung doit t'attendre, marmonna Yoongi d'un ton gêné alors que Jimin le fixait.
— Donc j'ai pas le droit de te regarder plus longtemps ?
— C'est embarrassant.
— T'es vraiment beau, hyung, autant que t'es gentil.
— M-Merci, Jimin-ah. Toi aussi tu l'es.
— Passe une bonne soirée, à bientôt. »
Yoongi lui retourna son salut et fila sans demander son reste, sentant ses joues s'empourprer – et il détestait rougir devant ses proches !
Une fois rentré chez lui, il se jeta sur son lit et serra son oreiller contre lui, le cœur battant. Comme ça lui avait plu de voir Jimin ! Comme il avait aimé leur proximité alors que jusqu'à présent, ils n'avaient plus communiqué que par visio ! Même le mètre et demi entre eux n'avait pas su les séparer.
Il voudrait tant réussir à prendre Jimin dans ses bras et s'abandonner aux siens... Il se maudissait de craindre toujours autant le moindre toucher, mais il ne parvenait pas à s'en empêcher : un seul pas vers Jimin le terrorisait, alors un câlin, un baiser... impensable !
Il aurait souhaité trouver auprès de lui le même réconfort qu'auprès de Jungkook, mais sa relation avec ce dernier ne ressemblait en rien à celle qu'il entretenait avec Jimin. Jungkook ne risquait pas de poser la main à un endroit qui le dérangerait, il ne risquait pas de le regarder de façon lubrique. Alors que Jimin...
Yoongi frémit à cette idée. Jimin avait vingt-quatre ans, bien sûr que ce genre de pensées lui viendrait le jour où Yoongi accepterait une étreinte de sa part... et ça le tétanisait. Il ne voulait plus jamais qu'un regard empli de désir se dirige sur lui. Pourtant... il adorait sentir le regard affectueux de son copain. Il le fixait avec une telle innocence que Yoongi ne percevait aucune luxure dans ses prunelles, et il souhaitait que ça continue ainsi.
Il ne devait donc jamais laisser Jimin l'approcher de trop près...
~~~
Sept jours que l'amitié de Jungkook et Taehyung avait volé en éclats. Le libraire profitait de son dimanche... du moins il essayait. En dépit du fait qu'il s'agissait de la première semaine de juin, le voilà prostré dans son lit depuis son réveil trois heures plus tôt, avec d'insupportables douleurs au bras et de la fièvre. Il avait avalé deux comprimés peu après avoir ouvert les yeux, mais ils étaient restés inefficaces contre sa souffrance. Le visage maculé de larmes, Jungkook comprit qu'il ne tiendrait pas plus longtemps : il attrapa son portable et contacta sans réfléchir son ancien kinésithérapeute.
« Allô ? Jungkook ? demanda Seokjin d'un ton surpris en décrochant.
— Hyung... je sais pas ce qui s'est passé cette nuit... j'ai tellement mal !
— C'est ton bras ? Bien sûr que c'est ça, je suis con... merde, t'as pris des cachets ?
— Oui, mais ça change rien, je t'en supplie, c'est horrible !
— Faut que t'appelles les urgences, Kook-ah, tout de suite, affirma Seokjin en tentant de garder son calme malgré la détresse de son cadet qui lui brisait le cœur. Ils pourront peut-être...
— Non, pas l'hôpital ! Pitié, hyung... je peux pas, ça me fait peur...
— D'accord. Écoute, je viens de retrouver ton adresse dans mes fichiers. J'arrive dans dix minutes, tu veux qu'on reste en ligne ?
— Non, ça va aller, je t'attends, merci.
— Je fais vite. »
Jungkook raccrocha dans un sanglot, et il se recroquevilla en veillant à ne pas bouger le bras. S'il demeurait immobile, la souffrance restait tolérable. Or, au moindre mouvement, même infime... Jungkook ferma les paupières aussi fort que possible, tout son corps tendu au point que des crampes risquaient bien de le surprendre dans les minutes à venir.
Une éternité s'écoula pour Jungkook avant qu'enfin Seokjin ne frappe à la porte de son studio. Le jeune homme alla ouvrir en se maudissant pour chaque geste effectué, et son ami l'enlaça aussitôt avec une délicatesse que Jungkook éprouva un instant la sensation que son corps s'abandonnait à son étreinte. Les yeux clos, il poussa un soupir et sentit tout à coup un vertige s'emparer de lui. Il ne bougea pas.
« Va t'asseoir sur son lit, Jungkook, ça va vite aller mieux, je te le jure. T'as ton attelle ?
— J'ai mal dès que je bouge le bras, je peux pas la mettre.
— Je vais la chercher. Elle est où ?
— Pitié, hyung... »
Les prunelles humides de Jungkook n'eurent pas raison de la décision de son aîné qui, posant les mains sur ses joues, essuya de ses pouces les larmes qui lui échappèrent. Son air désespéré serra le cœur de Seokjin qui, néanmoins, ne céda pas à ses émotions. Il devait aider Jungkook, et pour ça, le libraire devait immobiliser son bras.
« Tu dois l'enfiler, d'accord ? Tu la ranges où ?
— Au fond du placard de la salle de bains... mais ça va faire mal, je veux pas, je t'en prie...
— Je m'assurerai que ça ne fasse pas mal, ça te va ?
— Comment tu peux en être sûr ?
— Tu me fais confiance ?
— Non. »
Ce mot, prononcé avec sa petite moue grognonne, tira un sourire à Seokjin qui leva les yeux au ciel avant de passer une main dans les cheveux de son ami.
« Va t'asseoir dans ton lit, s'il te plaît. J'arrive. »
Jungkook préféra baisser les armes et obtempéra. Il retourna à son lit, remonta les draps jusqu'à sa taille en dépit des températures agréables, et un frisson le prit quand il vit son médecin le rejoindre et poser au bord du matelas le matériel. Jungkook le considéra d'un œil torve, hostile.
« Jungkook, c'est une attelle et une écharpe médicale, elles peuvent pas faire de bataille de regard avec toi, se moqua Seokjin avec tendresse en se dirigeant vers son coin cuisine.
— Si je me concentre assez, je pourrais peut-être y mettre le feu, non ?
— Continue d'essayer, si tu veux. »
Jungkook sentit un sourire élargir ses lèvres pour la première fois de la journée, mais ses prunelles se chargèrent d'interrogations quand l'autre revint avec un verre d'eau et deux gélules.
« C'est quoi ? »
Ça ne ressemblait pas aux antidouleurs qu'il prenait.
« J'ai apporté ça pour t'aider à te détendre. Tu les avales, et dans vingt minutes, tu mets ton attelle.
— Et j'aurai pas mal ?
— Promis. »
En dépit de ses doutes et parce que Seokjin le connaissait bien – il le suivait depuis longtemps –, Jungkook décida de se fier à lui qui paraissait si sûr de ce qu'il avançait. Il prit les médicaments à l'aide du verre d'eau, et Seokjin l'incita à se redresser pour placer un oreiller entre son dos et le mur contre la tête de lit.
Son cadet l'observa, dubitatif, mais n'osa pas poser de questions. Son ami tira son portable de sa poche et l'alluma avant d'ouvrir YouTube.
« On va se mettre une vidéo, en attendant que les gélules fassent effet. Je suis déjà tombé sur les vidéos d'une fille qui adorait lire et qui résumait ses avis dans des vidéos d'une quinzaine de minutes, parfois un peu plus. Ça t'intéresse ?
— Pourquoi pas, oui. »
Seokjin choisit la dernière vidéo postée par la jeune femme et la lança sans attendre. Longue de dix-huit minutes, il y apparaissait trois livres récents, dont deux que Jungkook avait déjà vus mais n'avait jamais lus. Installé comme sur un nuage, rassuré par la présence à ses côtés, il se détendit pour apprécier ce petit instant.
Épuisé par une nuit compliquée et un réveil atroce, il ne tarda pas à se sentir somnolent. Il s'évertua à lutter contre la fatigue, mais ses paupières, devenues lourdes, se fermaient seules. Plus les minutes passaient, plus il peinait à les rouvrir, et chaque fois il lui semblait que quelques courtes secondes de sommeil précédaient le moment où il se concentrait de nouveau sur l'écran.
La voix de la vidéaste s'éloigna peu à peu, comme si Morphée s'était emparé de Jungkook et le traînait à sa suite en dépit de ses vaines tentatives pour reprendre le contrôle de son corps. La tête du libraire penchait vers l'avant, il crut qu'il chuterait, jusqu'à ce que deux bras l'en empêchent et, avec délicatesse, le repositionnent de façon à ce qu'il ne risque rien, désormais allongé.
Porté parcette douceur, Jungkook laissa enfin le sommeil gagner, et il plongea dans uneprofonde torpeur
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