Chapitre 62
Baekhyun dormait, et Taehyung s'étonna de songer qu'il lui voyait pour la première fois un visage serein. Torse nu, l'écrivain quitta le lit et se rendit à la cuisine. Il avait voulu coucher avec ce jeune homme qui lui plaisait toujours autant qu'à leur rencontre, mais... impossible. Pas la moindre once d'excitation, pas l'ombre d'une érection. Baekhyun avait eu beau se déhancher contre lui, lui embrasser le torse, s'amuser avec ses tétons, Taehyung était resté de marbre. Ce dernier avait pour sa part essayé de le caresser, il s'était acharné à malaxer son postérieur et ses cuisses, mais rien à faire.
Il n'avait pas arrêté de penser à Jungkook, incapable d'éprouver du désir pour un autre.
Comprenant la situation – qui l'avait en vérité peu surpris –, Baekhyun avait demandé à son amant s'il accepterait de le masturber pour au moins l'aider à se débarrasser de son érection, et une fois l'affaire terminée, l'aîné l'avait remercié d'un baiser sur la joue, l'air fatigué. Taehyung l'avait invité à rester ici pour la nuit, ce à quoi le jeune homme avait acquiescé, et il s'était vite assoupi.
Voilà donc Taehyung de nouveau seul, alors que minuit approchait. La nuit silencieuse lui paraissait plus pesante qu'un silence embarrassant, et il pensa envoyer un message à un de ses amis, n'importe lequel, avant de changer d'avis : à cette heure, ils dormaient tous, et mieux valait ne pas prendre le risque de les réveiller s'ils avaient oublié d'éteindre leur portable.
Après de longues minutes à errer chez lui, Taehyung poussa la porte de son balcon et se coucha sur un élégant transat en bois par-dessus lequel il avait installé un fin matelas. Un bras passé derrière la tête, il observa les étoiles jusqu'à sentir ses paupières se fermer peu à peu. La fraîcheur nocturne ne le dérangeait pas, il avait l'habitude de somnoler sans éprouver la moindre chaleur.
Le sommeil s'empara de lui en douceur.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, il se protégea le visage. Ce geste lui permit de se rendre compte de deux choses : d'une part le soleil déjà levé signifiait qu'il avait dormi toute la nuit sans interruption – ce qui demeurait rare pour lui –, et d'autre part la couette étendue sur lui prouvait qu'il n'était pas resté seul. Il s'en dégagea et quitta le balcon. À la chambre, il découvrit le lit fait à la perfection, et un mot posé dessus. Il approcha.
Je suis parti avant ton réveil, je dois aller bosser. Courage, je te soutiens. – Baekhyun
Le mot le toucha.
~~~
Hoseok terminait son service à l'heure exacte à laquelle Jungkook commençait le sien. À quatorze heures, donc, les deux collègues se croisèrent aux vestiaires. Ils échangèrent un bref salut.
« Comment tu vas ? s'enquit Hoseok. T'as l'air fatigué. Mal dormi ?
— Non, la matinée a juste été longue.
— Ah, je comprends...
— Et toi, ça a été, ici, ce matin ? Rien de spécial ?
— Non, rien de... oh putain, si ! Faut que je te raconte !
— Hum ? »
L'air aussi excité qu'amusé de Hoseok piqua au vif la curiosité de son cadet. Le libraire jubilait et pouffait à moitié de rire. Il raconta :
« Y a un auteur local qui est venu ce matin demander à ce qu'on mette son livre dans tes rayons.
— Ah ? C'était quoi ?
— Je te laisse deviner. Donne deux idées, n'importe quoi !
— Un thriller ?
— Nope.
— Un roman tout con ? tenta encore Jungkook.
— Non plus. C'était... »
Il savait ménager son suspens, cet idiot. Jungkook poussa un soupir et l'encouragea à poursuivre d'un regard las.
« Un roman érotique rempli de putains de scènes hard !
— Nan, tu déconnes ? pouffa aussitôt Jungkook.
— Je te jure ! Un truc avec une soumise, du BDSM bien dégoulinant de sperme, tout ce que tu veux !
— Je juge pas le bouquin, mais faut quand même avoir un sacré courage pour oser venir proposer ça en librairie, gloussa Jungkook.
— Grave ! Surtout que Namjoon avait déjà refusé de le prendre à la librairie ! Faut avoir des couilles de malade pour oser le proposer une seconde fois ! Surtout que la dame – c'était une femme, pas un mec – nous a même proposé de nous en laisser un exemplaire de presse pour qu'on le lise et tout ! Y avait un gros avertissement « moins de dix-huit » sur la couverture, c'était gênant au possible !
— Je regrette tellement d'avoir dormi ce matin...
— Tu sais pas ce que t'as raté, pouffa Hoseok, avec Jieun on était morts de rire quand elle est partie, je suis désolé mais c'était une situation tellement... improbable ! »
La conversation terminée, Hoseok rentra chez lui. Il n'habitait pas très loin du magasin, et encore moins loin de chez Jieun. Les deux jeunes gens avaient d'ailleurs rendez-vous après leur travail pour une soirée film et pop corn en amoureux. Hoseok, donc, fila acheter de quoi grignoter, et il passa un long moment à chercher quel film il désirait voir et plairait à sa bien-aimée. Il venait à peine de se décider qu'il dut se hâter d'aller préparer leur saladier de pop corn et les petits bols de sucreries : Jieun ne tarderait plus, elle quittait la librairie seulement deux heures après lui !
Tout était prêt quand on sonna. Toujours aussi enthousiaste qu'à l'accoutumée, Hoseok se précipita à la porte, ouvrit celle de l'immeuble à l'aide du bouton sur son interphone, et trépigna jusqu'au moment où il put serrer Jieun contre lui. Quel bonheur de savoir cette femme merveilleuse à lui ! Il se régalait de sa présence, du moindre regard, du moindre sourire ! Il la chérissait avec une ferveur qu'il ne s'était jamais connue jusque-là.
« Comment tu vas ? s'enquit-il en lui volant un délicat baiser. Tout a été depuis mon départ ?
— Oui, j'ai pu finir tout ce que je voulais faire, heureusement que Kook a proposé de mettre ma dernière caisse de livres en rayon !
— Je suis heureux que tu te sentes mieux et que vous vous entendiez bien. »
Il la prit dans ses bras, et elle s'y laissa aller avec joie, s'abandonnant à ses étreintes qu'elle aimait parce qu'elles lui rappelaient à quel point elle comptait pour lui. Dès leur rencontre elle était tombée amoureuse de ce garçon au sourire contagieux et à l'éternelle bonne humeur. Néanmoins, puisqu'elle sortait d'une courte histoire qui avait eu le mérite de lui enseigner la méfiance envers les hommes, elle avait préféré apprendre à le connaître avant d'envisager quoi que ce soit. Et puis... ils étaient devenus amis, de très grands amis, et elle n'avait rien trouvé à lui reprocher. Strictement rien, si ce n'était sa perfection qu'elle enviait, elle qui se savait loin d'être à sa hauteur. Malgré ses doutes et parce qu'elle lui avait accordé toute sa confiance, elle avait osé lui avouer ses sentiments qui s'étaient alors révélés réciproques.
Un joli conte, en somme, et qui se déroulait jusqu'à présent sans nuages. Hoseok prenait grand soin d'elle, autant qu'elle prenait grand soin de lui.
« Tout est prêt, affirma Hoseok en s'écartant d'elle, on va se poser sur le canapé ?
— Je te suis. »
Enfin installés, les deux amoureux se serrèrent l'un contre l'autre tandis que le film démarrait. Le pop corn sur la table basse devant eux leur faisait de l'œil, et ils ne cherchèrent pas à résister. Ainsi passèrent près de deux heures savoureuses dont ils profitèrent enlacés, à échanger par moment de petites marques d'affection. Une fois le générique de fin arrivé, ils s'écartèrent.
« Je vais tout ranger, décida Jieun, j'imagine que t'as pas trop envie d'un dîner.
— Pas pour le moment, je confirme.
— Tu veux faire quelque chose de particulier ce soir ?
— Pas spécialement, j'ai pas le courage de sortir.
— Pareil, soupira-t-elle. Ça te dit qu'on se pose dans le lit avec un bouquin et deux tisanes ?
— J'approuve totalement cette idée brillante, mon cœur. »
Elle lui offrit un sourire ravissant – elle adorait le surnom qu'il lui avait trouvé – et se hâta de ranger et nettoyer ce que son copain avait apporté. Elle mit un peu d'eau à chauffer et prépara deux sachets de leur tisane favorite, après quoi elle se fila à la chambre. Étendu sur le ventre, le visage dans l'oreiller, Hoseok lâcha un soupir de contentement.
« Les tisanes arrivent, gloussa Jieun, je fais vite, promis.
— Tu peux prendre ton temps, t'inquiète ! »
Il ne leva la tête que pour lui adresser un regard brillant de bonheur. Elle lui souffla un baiser et se rendit en cuisine après avoir entendu le clic habituel de la bouilloire. Les deux mugs prêts, elle rejoignit son copain qui s'était assis en tailleur et avait attrapé une pile de mangas sur son étagère – il en possédait trois, en vérité, mais pour lui elles n'en formaient qu'une. Jieun quant à elle, une fois les tasses posées, repartit à l'entrée et sortit de son sac à main un roman qu'elle avait entamé quelques jours auparavant et qu'elle terminerait sans doute dans la soirée. Elle retourna au lit, auprès de son compagnon contre lequel elle se blottit.
Hoseok abandonna son livre un bref instant, enroula les bras autour de sa bien-aimée, et appuya dans son cou plein de petits baisers qui lui tirèrent un sourire amusé.
« Seok-ah, ça chatouille, gloussa-t-elle.
— T'as la peau toute douce... et tu sens trop bon. »
Elle le repoussa avec tendresse, lui offrit un baiser puis ouvrit son roman. Hoseok l'imita, tenant son manga d'une main alors qu'il avait posé l'autre sur la cuisse de Jieun. Les minutes puis les heures passèrent. Trois bouquins avaient été terminés par Hoseok quand sa copine finit le sien. Ils échangèrent un regard.
« Fini ? s'enquit le jeune homme.
— Ouais. Et toi, c'était bien ?
— Ouais, sympa. T'as envie de dîner ?
— Pas vraiment, et toi ? demanda-t-elle.
— Non plus. On va dormir ?
— Ça me va. »
Après un bref sourire, ils se séparèrent : l'un se rendit à la salle de bains pour se brosser les dents, l'autre resta à la chambre pour se mettre en pyjama. Après une dizaine de minutes et un peu de vaisselle, ils étaient tous deux de nouveau enfoncés sous les couvertures, cette fois allongés face à face. Ils se rapprochèrent, s'enlacèrent. Jieun trouva sa place dans les bras de son copain, dans cette étreinte qu'il refermait sur elle avec tendresse.
« Bonne nuit, murmura-t-il.
— Dors bien, je t'aime.
— Moi aussi, mon cœur. »
Glissant une main sous son t-shirt, Hoseok lui effleura le dos de manière affectueuse, et Jieun poussa un soupir de satisfaction. Les doigts chauds de son amant sur la peau si sensible de son dos lui procuraient un bien fou, elle en frémit de bonheur. Une sensation de béatitude s'empara d'elle, parut l'anesthésier, et elle se détendit tout à fait.
Hoseok ne cessa pas ses caresses, toujours heureux de faire plaisir à celle qu'il aimait. Or, après quelques minutes, quand Jieun commença à remuer, à se cambrer de façon imperceptible, il comprit que la douceur avait cédé la place à la luxure. Il la connaissait bien, il savait interpréter bon nombre de ces petits gestes pourtant discrets.
« Mon cœur... tu m'autoriserais à... descendre un peu ? » s'enquit-il en lui frôlant les reins, à la frontière de son bas de pyjama.
Elle poussa un soupir tremblant et releva sur lui ses yeux qui, en dépit de l'obscurité, trahissaient ses désirs.
« Oui, tu peux... »
Sans pour le moment passer sous son vêtement, il laissa sa main courir sur la rondeur de ses fesses, s'attarder juste en dessous, puis glisser sur sa cuisse avant de remonter. Leurs deux respirations s'étaient alourdies, et dans un mouvement commun, ils s'avancèrent pour échanger un baiser surfacique mais qui n'en demeurait pas moins affamé.
« Je t'aime. »
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Oui, une dame est déjà venue nous proposer son roman bien hardcore, pas gênée, alors que notre supérieur l'avait déjà refusé. Ça nous avait fait beaucoup rire, mais surtout parce que c'était super inattendu : les auteurs locaux, d'habitude c'est des vieux qui écrivent sur la région, genre « nos villages en 1800 », ou des romans qui te racontent la vie d'une paysanne dans le coin, il y a 100 ans. Du coup, vous comprenez, la soumise et le BDSM, ça jure un peu, c'est pas trop dans l'esprit du rayon... XD
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