Chapitre 35
Effectivement, on n'est pas jeudi ni dimanche. Or, maintenant que je n'ai plus de livre à éditer pour le moment, je peux de nouveau me concentrer sur l'écriture. Quand j'ai publié Boy's love Café 5, je vous avoue que je croyais n'avoir plus qu'une quinzaine de chapitres d'avance sur cette fanfic, par chance il s'est avéré que non, j'en avais encore vingt-deux. J'en ai donc maintenant presque trente, alors autant poster plus régulièrement. De cette manière, l'histoire avance plus vite. ^^
Dorénavant, donc, je posterai le mardi, jeudi et dimanche, bonne lecture !
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Passez tous une bonne soirée ! Reposez-vous bien ! » lança Taehyung en observant ses amis partir.
Les garçons lui adressèrent à leur tour un au revoir bref avant de s'en aller. Yoongi avait à peine avancé de quelques pas que Jimin le rejoignit.
« Dis, hyung, t'habites vers la librairie, non ?
— Pas très loin, ouais. Pourquoi ?
— Je suis pas du coin non plus, alors je ramène Namjoon. Tu veux venir aussi ?
— Oh, c-c'est gentil, mais ce sera pas nécessaire, balbutia Yoongi tout à coup intimidé.
— Ça me fera pas faire de détour, si ça peut te rassurer, alors si ça t'arrange, c'est tant mieux. Après, si tu préfères marcher, je...
— C'est d'accord, souffla Yoongi d'une voix presque inaudible. Oui, ça m'arrange, merci beaucoup de proposer. »
Alors qu'il avait relevé d'un mouvement hésitant les yeux sur son ami, le visage de ce dernier s'illumina d'un sourire tel que Yoongi se détourna aussitôt. Il se racla la gorge et demanda où Jimin était garé. Le garçon lui répondit d'un ton enthousiaste et lui fit signe de le suivre un peu plus loin. Peu après, les trois se trouvaient dans la voiture du plus jeune. Namjoon s'était installé sur le siège passager et Yoongi avait pris place derrière le conducteur. Son regard se promenait sur l'extérieur tandis que le paysage nocturne défilait.
Ses deux cadets discutaient sans cesse, et il comprit qu'il ne leur ressemblait pas. Enjoués, bavards... tandis que lui demeurait discret, réservé, bien incapable de s'ouvrir.
« Ah, c'est chez moi, ça ! lança Namjoon quand la voiture se gara. Je vais vous laisser ! À demain, hyung, et à bientôt, Jimin !
— Passe une bonne soirée ! C'était un plaisir de te revoir ! »
Quant à Yoongi, il se contenta d'un « bonne nuit » à peine murmuré, accompagné d'un sourire crispé.
« Je vais descendre aussi, décida finalement Yoongi alors que son ami s'apprêtait à redémarrer, j'habite pas loin, j'en ai pour dix minutes.
— T'es sûr ? Ça irait plus vite en voiture. Taehyung m'a dit où t'habitais, et depuis là, c'est plutôt pour un quart d'heure que t'en as à pied... »
En effet.
« Je...
— Je te mets mal à l'aise ? s'inquiéta Jimin alors que l'hésitation de Yoongi avait laissé place à un court silence dans l'habitacle.
— Je sais pas...
— En tout cas, je suis content de voir qu'il te plaît.
— Hein ?
— À ton sac, répondit Jimin avec un sourire attendri. Le porte-clés. »
Yoongi s'empourpra. Il avait déjà oublié que deux jours auparavant, il avait accroché l'œil de Sauron offert par Jimin à la fermeture éclair de son sac. Il aimait ce petit objet, il lui rappelait qu'il avait réussi à assister à la représentation d'un ami dans un lieu bondé de monde. Il se sentait fort en le regardant, et... il se sentait heureux.
« Il me rappelle que je suis pas aussi faible que je le croyais, souffla-t-il.
— T'es loin d'être aussi faible que tu l'imagines, affirma Jimin. D'ailleurs... excuse-moi si la question te paraît trop intrusive, te sens pas obligé de répondre, mais... j-je croyais que tu ne supportais pas que quiconque pose la main sur toi, alors... Jungkook... enfin, il... Non, oublie ça, laisse tomber. »
Jimin termina dans un soupir après s'être emmêlé les pinceaux. Il ne parvenait pas à tourner sa phrase de manière à faire preuve de tact, et il craignait de vexer son ami... qui pourtant lui adressa un sourire en le découvrant presque aussi timoré que lui.
« Jungkook est beaucoup plus qu'un simple ami, expliqua-t-il. C'est un confident, quelqu'un qui a souffert et souffre encore beaucoup, quelqu'un en qui je me reconnais et que j'aimerais pouvoir aider. Quand j'ai compris ce qu'il me cachait... j'ai pas pu m'empêcher de le prendre dans mes bras. Et j'ai pas eu peur. Quand il m'a enlacé en retour, j'ai pas eu peur non plus, je me suis senti bien. Jungkook est le seul capable de m'effleurer sans que je me crispe.
— Je vois... vous avez de la chance d'avoir une telle amitié, sourit Jimin.
— Vous avez la même, Taehyung et toi, vous êtes tout l'un pour l'autre.
— Oui, mais... j'ai l'impression que ces derniers mois, c'est différent. Je veux dire... avec le club, j'ai beaucoup à faire, et je suis moins présent pour lui. Je m'inquiète. Un soir, il m'a appelé alors qu'il se trouvait dans un bar gay. Je sais qu'il s'y rend parfois pour trouver des conquêtes, et ça me fait mal qu'il mette son image en danger pour des relations d'une nuit. Quel parent voudrait acheter à son enfant le livre écrit par un type qui aime écumer les clubs gays de Séoul quand il se sent seul ? J'ai peur pour lui, mais il m'écoute pas...
— Si tu me confies tout ça, j'imagine que t'es au courant qu'il m'a aussi appelé à de nombreuses reprises quand il était un peu éméché le soir chez lui ou en boîte...
— Oui, il me dit tout, approuva Jimin. Je me sens mal pour lui, j'ai l'impression de le regarder sombrer. J'ai réussi à le convaincre de ne plus garder d'alcool chez lui, c'est une grande victoire pour moi. Il prétend que tout va bien, mais... hyung, j'ai l'impression qu'il a déjà un pied dans la dépression, et ça me fait flipper. »
Jimin sentit sa gorge se nouer à ces mots.
« Ça ira, Jimin, t'en fais pas pour lui, il a déjà affronté bien pire.
— Justement, je me demande... si c'est pas maintenant, le pire. Avant, il arrivait encore à rejeter ses émotions sur le papier pour s'en libérer, mais là... putain, hyung, il m'a parlé du synopsis de son prochain roman, et je ne vois plus la touche de couleur dans la noirceur de qu'il décrit. Si je devais illustrer ça, je ne mettrais que des nuances de gris. Tout est tellement sombre.
— Son frère et sa sœur lui manquent beaucoup, hein ? susurra Yoongi comme s'il révélait un secret.
— Comment tu le sais ?
— Il me l'a avoué un soir, justement quand il était bourré. Je sais juste qu'ils refusent de lui parler, j'en sais pas plus.
— Il pense à eux tous les jours, admit Jimin. Et quand il dort seul, je sais qu'il pleure toujours un peu avant de fermer les yeux. Il les aime tellement...
— Eh, Jimin... »
Le cadet essuya ses yeux humides et lui adressa un sourire à travers le rétroviseur.
« Désolé, je suis un peu émotif, le soir, s'excusa-t-il.
— C'est normal d'être sensible à la détresse d'un ami, t'as pas à demander pardon.
— Ouais... peut-être. Bon, du coup tu veux que je te ramène chez toi ou pas ?
— Je veux bien, » accepta enfin Yoongi qui se sentait plus à l'aise en constatant que son ami pouvait témoigner des mêmes faiblesses que lui.
Il lui confirma son adresse et Jimin, qui connaissait l'endroit, redémarra. Après quelques instants de silence, le temps nécessaire à Jimin pour recharger sa jauge d'enthousiasme, le jeune homme reprit : « Oh, d'ailleurs, on m'a dit que t'avais une sacrée collection sur Le Seigneur des Anneaux, je pourrais la voir, un jour ? Et faudra que je te montre la pièce que j'ai à la maison, elle est dingue, j'en suis trop fier !
— Ouais, pourquoi pas. »
La timidité pudique de Yoongi plaisait beaucoup à Jimin qui lui trouvait un air attendrissant. Ce tempérament craintif lui donnait envie de le protéger, et il mettrait tout en œuvre pour se rapprocher de lui, pour lui prouver qu'il pouvait se fier à lui. Il ignorait pourquoi Yoongi le fascinait à ce point, mais il ne cherchait pas à lutter contre cette émotion qui lui réchauffait le cœur. Il éprouvait une jeune affection pour Yoongi, une affection qui ne demandait qu'à s'épanouir.
« T'as commencé ta collection quand ? demanda Jimin.
— Je ne sais plus trop... j'avais dix-huit ans quand je me suis intéressé à la fantasy, et je crois que pour mon anniversaire suivant, j'ai reçu une de mes premières figurines, donc je devais avoir environ cet âge quand j'ai commencé. Et toi ?
— Mon père déjà était un grand fan de la saga. Moi j'étais plutôt focus sur mes cours et mes cours de taekwondo. Et puis un jour, quand j'avais genre... douze ans, je crois, j'ai regardé le premier film... et j'ai adoré. Le lendemain, avec mon père, on a passé la journée devant la télé, on s'est fait la trilogie. Et pour fêter ça, il m'a offert ma première figurine quelques jours plus tard.
— C'est mignon, il devait être content de voir que son fils développait la même passion que lui.
— Ouais, je pense. Ça rapproche toujours beaucoup d'avoir des passions communes. C'est pour ça que je suis content de rencontrer ici quelqu'un qui aime ça aussi.
— Tu viens pas de Séoul ? s'enquit Yoongi
— Non, Busan, et en ce moment, j'ai jamais le temps de rentrer chez moi. J'avais compté sur la représentation de dimanche pour voir mes parents, mais au dernier moment ma mère est tombée malade. Ils ont pas pu venir, et Taehyung ne rentrait à Séoul qu'en fin d'après-midi. Alors... découvrir que quelqu'un que je connaissais – même peu – me regardait quand même ce jour-là, ça m'a fait plaisir. Je me suis senti un peu moins seul.
— Mince, je suis désolé pour toi...
— T'as pas à l'être, reprit Jimin qui retrouva aussitôt le sourire, pour la peine j'ai invité mes parents à dîner chez moi. Je compte bien les revoir quand même, et ils se réjouissent à l'idée de passer un moment avec moi.
— J'en suis heureux, alors, t'as de la chance.
— Et toi, tu viens de Séoul ? T'as un accent, parfois, qui s'entend. Ça me rappelle celui de Taehyung.
— Daegu.
— Je m'en doutais. Pourquoi être venu sur Séoul ?
— Rien de bien particulier : on a déménagé quand j'avais quinze ans pour le travail de mon père.
— Oh, je vois. Et t'as des frères et sœurs ?
— Un grand frère, mais il est en plein service militaire. Et puis de toute façon, on ne se parle plus vraiment depuis un moment déjà.
— Ah merde... »
Jimin n'osa pas poser la question qui lui brûlait les lèvres. Or, conscient d'avoir titillé sa curiosité et parce qu'il ne se sentait plus gêné de parler de ce sujet, il s'expliqua : « Il me trouve minable.
— Pardon ? lâcha Jimin.
— Phobie sociale, phobie du moindre contact... ça le dépasse, il comprend pas. Il pense que je fais semblant, ou alors que j'ai un vrai gros problème psychologique.
— C'est une blague ? Genre il se permet de juger ça ? Est-ce que... ton frère sait pourquoi t'as développé ces troubles ? »
Le jeune homme posa sa question d'une voix si basse et hésitante que Yoongi en fut touché.
« Non, personne ne le sait... à part Jungkook.
— Vous avez un lien très particulier, lui et toi, hein ?
— Ouais, opina Yoongi d'un air distrait. C'est comme si... enfin... je sais de lui un truc que seule sa famille sait, et lui sait de moi un truc que seul m... q-que seul moi connais. Et le fait de partager ça avec une seule personne, ça rend cette personne très spéciale, unique, même.
— C'est beau, cette manière que t'as de parler de lui.
— Merci, Jimin-ah.
— On est arrivés, annonça le conducteur en se garant dans la rue en bas de l'immeuble au rez-de-chaussée duquel son aîné vivait. Encore merci de m'avoir laissé discuter un peu avec toi, je suis heureux d'apprendre à te connaître.
— Moi aussi, et merci de m'avoir ramené. »
Yoongi descendit, Jimin baissa sa fenêtre.
« Faudra qu'on se voie une prochaine fois, je pourrai demander ton numéro à Taehyung ?
— Ouais, si tu veux...
— Tu pourras venir à la maison, je te montrerai tout ce que j'ai, ce sera trop cool ! Et on pourra se poser devant un film !
— Ouais, pourquoi pas, sourit Yoongi devant son enthousiasme.
— Trop bien, alors c'est dit, on se fera ça un jour ou l'autre ! À bientôt, hyung !
— À bientôt, bonne nuit. »
Son cadet le lui rendit et redémarra une fois l'aîné entré dans son immeuble, en sécurité. À peine chez lui, Yoongi souffla, les yeux clos, et tenta de calmer les palpitations de son cœur. Le visage souriant de Jimin provoquait en lui une pelote d'émotions qu'il ne saurait distinguer les unes des autres. Mais...
Il aimait bien ça.
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