Chapitre 147

Jungkook descendit prendre son petit déjeuner quelques minutes plus tard, alors que Taehyung venait de préparer pour eux deux de quoi manger. L'écrivain adressa un sourire affectueux à son compagnon qui, les yeux encore cerclés de rouge, lui saisit la main d'un geste délicat et réfugia le visage dans son cou tandis que Taehyung l'enlaçait.

« Désolé, hyung.

— T'excuse pas. J'ai préparé à manger.

— Mes parents vont pas tarder d'y aller, on peut manger avec eux ?

— Ouais, carrément. J'espérais pas qu'on aille manger dans ta chambre ou je ne sais où, tu sais ?

— Cool. Merci.

— Eh, on reviendra quand tu veux, ça marche ? T'as juste à le demander et on vient ici.

— Ouais, merci... c'est gentil. »

Il se blottit contre lui, et Taehyung garda le silence. Il se doutait que le chagrin de son copain ne résultait pas de leur départ proche, du moins pas pour l'essentiel. Malgré tout, il savait que rassurer Jungkook à ce propos l'apaiserait un peu. Ils échangèrent un baiser et s'assirent, vite rejoints par les parents du libraire qui se placèrent en face du couple. Madame Jeon arborait un visage similaire à celui de son fils, et son époux l'enjoignit à s'installer pendant qu'il allait préparer deux tasses de café.

La mère et le fils se regardèrent un court instant, se sourirent, et une fois chacun servi, ils entamèrent leur repas. Pour la famille de Jungkook, il s'avéra léger : un œuf sur le plat avec une portion de riz. Sans sauce, sans quoi que ce soit.

Quand il fut l'heure pour les deux adultes de s'en aller, Jungkook perdit le sourire qu'il avait réussi à retrouver. Madame Jeon, qui remarqua aussitôt son désarroi, le prit dans ses bras.

« J'espère que votre retour se passera bien, mon ange. Faites bon voyage, et envoie-moi un SMS quand tu seras arrivé, d'accord ?

— Promis, maman.

— Merci d'être venu. On se revoit au plus vite, d'accord ?

— Oui.

— Je t'aime, mon Jungkook-ah.

— Moi aussi. »

Trop sensible devant sa mère, Jungkook se mordit la lèvre sans parvenir à retenir une larme que madame Jeon essuya d'un geste mélancolique.

« Ça va aller, affirma-t-elle d'un ton bienveillant. Tout ira bien, parce que toi tu vas bien. »

Il acquiesça sans répondre, désormais conscient que s'il parlait il éclaterait en sanglots. Son père l'enlaça en le saluant, et quelques instants plus tard, quand la porte se referma derrière ses parents, Jungkook retourna dans son refuge favori : les bras de son bien-aimé, qui l'accueillit en lui embrassant le front et en le serrant puissamment contre lui.

« Ils sont courageux, je suis sûr que ça ira pour eux. »

Mais les mots de l'écrivain sonnaient faux, et son cadet ne répondit pas. Il s'évertua à ravaler ses pleurs qu'il ne désirait pas laisser exploser, et après s'être calmé, il alla se doucher puis se préparer à partir, imité par Taehyung qui rassembla leurs affaires et, une fois Jungkook prêt, alla à son tour se laver.

Les deux compagnons reprirent la route dans un silence pesant, triste, et Jungkook s'endormit sous le regard attendri de son amant. Il ne se réveilla que quelques minutes plus tard, quand son smartphone vibra pour indiquer la réception d'un nouveau message. Il le tira de sa poche d'un geste fatigué.

« Tes parents ? s'inquiéta Taehyung.

— Non : Yoongi-hyung. Il demande si on veut passer l'après-midi avec Jimin-ah et lui, demain.

— Chez qui ?

— Jimin.

— Et t'en as envie ?

— Oui, toi aussi ?

— Ouais, ça pourrait être sympa. Aujourd'hui on se repose, et demain on s'amuse.

— Ça me va, » approuva Jungkook.

À son tour, le portable de Taehyung le prévint de la réception d'un SMS.

« Tu veux que je regarde qui c'est ? proposa son cadet.

— Non, t'embête pas : c'est sûrement Jimin qui me demande la même chose. Réponds à Yoongi, je lui répondrai en arrivant, ça presse pas.

— Comme tu le sens. »

Jungkook opina et se replaça contre la vitre pour se reposer. Il envoya un message à son meilleur ami et referma les yeux.

Quand ils arrivèrent, le libraire se réveilla tranquillement, sourit, et descendit de voiture après son copain qui avait contourné le véhicule pour lui ouvrir la portière dans un geste galant. Jungkook le remercia, amusé, et se rendit auprès du coffre pour en retirer leurs sacs. Taehyung néanmoins se hâta de le devancer afin de s'en charger pour lui. Ils remontèrent dans l'appartement de l'auteur qui, une fois l'entrée franchie et les bagages posés, attrapa son téléphone pour lire le SMS de Jimin.

Il pâlit, et Jungkook fronça les sourcils.

« Hyung, il s'est passé quelque chose ? C'est Jimin ?

— Non... c'est pas un message de Jimin.

— Et... c'est qui ? »

Taehyung déglutit, le regard perdu sur son écran.

Yeongho – On pourrait se voir cet après-midi ? T'es dans le coin ?

~~~

Yoongi repéra son petit ami dès lors qu'il eut franchi la porte de service de la librairie. Jimin pour sa part, au bruit qu'il fit, se retourna et, en le découvrant, lui sourit.

« Bonjour, petit elfe, comment tu vas ?

— Un peu de respect, râla l'aîné alors même qu'ils savaient tous deux son attachement pour ce surnom.

— T'as passé une bonne journée ?

— Une journée banale, disons. Mais oui, elle était bonne. Et toi ?

— Pareil. Je reprends le boulot ce soir à cinq heures. Ça nous laisse un peu de temps pour profiter de l'après-midi ensemble, t'en dis quoi ?

— Bien sûr, avec plaisir. »

Jimin s'avança, et Yoongi lui tendit la main. Son cadet la lui saisit en toute délicatesse et entrelaça leurs doigts. C'était devenu leur façon de se dire bonjour.

« Tu veux aller dans un endroit particulier ? s'enquit Jimin en baissant les yeux avec timidité.

— Non, pas en particulier. Et toi ?

— Il fait vraiment beau et pas trop chaud... j'espérais que t'accepterais qu'on aille se promener ensemble.

— Tu voudrais aller où ?

— En fait... j'aimerais qu'on se balade au Hakdong park, t'en dis quoi ?

— Euh... je sais pas, je connais pas. C'est loin ?

— Un peu, mais on prendrait la voiture.

— Y aura pas trop de monde ?

— Je pense pas : c'est un petit parc pas très fréquenté, et puis avec ce temps, les gens préfèrent visiter les palais ou les parcs d'attractions. On croisera sûrement quelques familles, mais pas grand monde.

— Hum... oui, ça pourrait être sympa. »

Et en extérieur, sa phobie demeurait plus contrôlable, il se sentait moins oppressé, détail que savait Jimin, ce qui expliquait pourquoi il lui avait proposé une promenade au parc.

« Donc... tu veux bien ? demanda Jimin en lui caressant du pouce le dos de la main.

— Oui, avec plaisir.

— Trop bien ! »

Il relâcha Yoongi et se pressa en direction de sa voiture, suivi par son petit ami qui esquissa un rictus devant son enthousiasme. Attendri, il monta dans le véhicule, à l'arrière – Jimin lui tint la portière, il trouva ça galant. Ils échangèrent un peu durant le trajet, et l'aîné comprit pourquoi son compagnon avait voulu l'amener dans cet endroit quand ils arrivèrent à proximité : un quartier aux rues étriquées, peu de passage.

Ils se garèrent à proximité du parc qu'un grillage délimitait, et Yoongi découvrit un lieu en hauteur, qui se démarquait des habitations. Jimin lui adressa un sourire encourageant qui exprimait surtout son bonheur à l'idée de partager un tel moment avec son bien-aimé. Les garçons contournèrent le parc un court instant pour en apercevoir l'entrée. Elle s'ouvrait sur des installations sportives. Les arbres apportaient une touche de nature à ces équipements métalliques où s'entraînait une femme dont la musculature impressionna Jimin, qui pourtant focalisa très vite son attention ailleurs, à peine plus loin.

« Hyung, regarde ! Des balançoires !

— Hum.

— Je veux monter dessus ! »

Yoongi esquissa un sourire à ce comportement presque enfantin et sortit son portable.

« Vas-y, je te filme pour l'envoyer à Taehyung.

— Comme tu veux, j'assume ! »

Yoongi releva les yeux et son visage s'adoucit tandis que déjà Jimin prenait place sur la balançoire. Il avait affirmé ça pour le décourager et apprécier sa moue embarrassée, mais... alors que son enthousiasme aurait dû le faire changer d'avis, l'inverse se produisit : il leva son smartphone et filma son petit ami en train de s'amuser, songeant que cette vidéo ne quitterait plus jamais ni son téléphone ni son cœur. Voir Jimin rire de façon si sincère, adresser au ciel son plus joli sourire... ça apportait à Yoongi une joie indescriptible.

Quand Jimin descendit, il jeta un regard interrogateur à son aîné qui paraissait perdu dans ses pensées.

« Hyung ?

— Je t'aime, Jimin-ah. »

Le bonheur du concerné élargit son sourire au point de transformer ses yeux en deux minuscules croissants de lune, et Yoongi coupa là son enregistrement.

« Moi aussi je t'aime, » affirma Jimin qui avança pour lui prendre la main doucement afin de ne pas le surprendre par ce geste – et lui permettre de s'écarter s'il ne souhaitait pas ce rapprochement.

Mais Yoongi ne s'écarta pas. Ils poursuivirent leur promenade le long de petits chemins que le réceptionnaire trouva aussi amusants que rassurants : dissimulés par les arbres, sur des sentiers étroits, ils lui semblaient leur accorder un peu d'intimité. Quelques enfants jouaient en contrebas sur un terrain de sport, et après quelques minutes supplémentaires de marche, les garçons s'arrêtèrent pour s'asseoir sur un banc. Jimin posa près de lui son sac à bandoulière dans lequel il avait l'habitude de ranger ses papiers, son portefeuille et son smartphone – ce même sac auquel Jimin avait enlevé son porte-clés du Seigneur des anneaux pour le lui offrir. Il l'ouvrit puis en tira un paquet coloré auquel Yoongi ne prêta pas attention jusqu'à ce qu'il le lui tende.

« Oréos ? proposa-t-il. J'ai aussi acheté des gaufrettes au chocolat, si tu préfères.

— Oh, c'est gentil, je veux bien un oréo.

— Hésite pas, y en a largement assez pour deux ! »

Son sourire, mon dieu, Yoongi ne parvenait pas à résister à son sourire. S'il s'écoutait, il aurait fondu sur la bouche de Jimin pour enfin en découvrir le goût, après en avoir tant admiré la forme. Cette pensée lui arracha quelques rougeurs qu'il tenta de dissimuler en tournant la tête pour manger son biscuit – en vain, mais Jimin ne formula pas la moindre remarque, peu désireux de le mettre dans l'embarras.

Yoongi sentit son cœur bondir à l'idée qu'à mesure que les semaines et les mois passaient, il souhaitait de plus en plus s'abandonner aux mains et aux lèvres de son copain : juste quelques câlins, juste des baisers... pourtant, chaque fois qu'il songeait qu'il s'agissait « juste » de petits contacts, tout lui revenait.

Ça avait commencé avec des petits contacts, ça avait commencé de façon innocente. Et puis comme ça arrivait à tant de gens qui s'interdisaient d'en parler ensuite, ça avait dérapé, et c'était resté gravé sur sa peau à la manière un tatouage invisible. Yoongi refusait que ça advienne avec Jimin. Il refusait d'en prendre le risque.

Il lui tenait la main, ça suffisait.

Leur goûter se déroula dans un silence paisible, et une fois chacun repu, ils quittèrent le banc pour revenir à leur balade qui ne s'éternisa néanmoins pas : ils s'en allèrent, remontèrent en voiture, et leur rendez-vous s'acheva ici. Yoongi demeura pensif durant tout le trajet jusque chez lui, quant à Jimin, il se sentait serein en dépit de l'impression que son compagnon lui dissimulait quelque chose. Yoongi et lui se connaissaient assez pour savoir désormais que si l'autre avait un problème, il en parlerait. Il était convaincu que s'il jugeait son souci important, l'aîné lui en toucherait quelques mots.

Il avait toute confiance en lui.







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Les membres de BTS allaient beaucoup au Hakdong Park à leurs débuts, puisqu'il était proche de leur agence. Lors de notre voyage en Corée du Sud, ma sœur et moi nous y sommes promenées un petit moment. Elle a tenu absolument à monter sur une des deux balançoires et je l'y ai filmée, comme Yoongi et Jimin. C'était un moment très sympa ! ^^

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