Chapitre 132

Jungkook gardait la tête baissée.

« Non, hyung, je te promets, j'aurais fini par aimer, par en avoir vraiment envie.

— Non, bien sûr que non. Quand on se sent forcé, on a juste envie que tout se termine vite, on se sent sale, on se dégoûte, et celui qui nous a fait ça nous dégoûte aussi ! Tu te rends compte de ce que tu t'apprêtais à faire ? Merde, tu... putain à quel moment tu t'es dit que ce serait une bonne idée ? Tu crois vraiment que t'aurais pu prendre ton pied alors que tu remboursais une putain de dette imaginaire avec des faveurs sexuelles ? Jungkook, regarde-moi ! »

Bouleversé et furieux à la fois, Taehyung agrippa le menton de son copain qu'il obligea à relever la tête. Il plongea dans ses prunelles timorées les siennes, brûlantes.

« Non, non, balbutia Jungkook sur qui les paroles de son aîné avaient agi comme une gifle. Je... j'ai pas voulu... j-j'ai pas essayé de faire ça, je t'aime et je voulais te remercier pour ce que t'as fait pour moi.

— Mais t'en avais pas envie ! Jungkook, tu peux essayer de faire des trucs que j'aime pour me faire plaisir, y a aucun souci tant que tu te forces pas non plus, mais coucher avec moi ! Me donner ta première fois ! Regarde dans quel état ces dettes te foutent ! Tu te rends compte de ce que t'es prêt à faire pour t'en débarrasser ? Je t'ai dit que je voulais pas que tu me rendes l'argent ! Profite juste de ton congé pour te reposer, j'attends rien d'autre de toi ! Je t'aime, je veux ton bien, moi ! Je t'ai pas payé cette opération pour faire de toi ma pute ! »

Il savait que ces mots blesseraient Jungkook, il en savait la brutalité, mais aucune autre solution ne lui venait à l'esprit : son cadet devait comprendre qu'il avait franchi les limites, il ne devait plus jamais s'obliger à lui offrir des faveurs de ce genre. Tant pis si ça vexait Jungkook, ce qui importait le plus était qu'il ne propose à personne de rembourser une dette ainsi.

« J'ai pas... j-je suis pas... non, balbutia Jungkook de qui les yeux emplis de détresse trahissaient les émotions, hyung, j-je voulais... je voulais juste... je sais pas...

— Tais-toi, idiot. »

Cette fois-ci, Taehyung se pencha avec douceur pour serrer son bien-aimé contre lui et le réconforter.

« Je voulais pas me prostituer, souffla le jeune homme qui avait remis ses idées en place, c'était pour te faire plaisir, je te jure, pour que tu sois heureux.

— Je suis heureux avec toi, mon amour, et si t'es pas heureux, comment tu veux que je le sois ?

— Je sais pas... je pensais vraiment te faire plaisir...

— Alors propose qu'on dîne ensemble devant un film et qu'ensuite on se fasse des câlins. »

Les propos de Taehyung l'avaient secoué, si bien que Jungkook se contenta d'opiner en enroulant à son tour un bras autour de lui et en réfugiant, comme à son habitude, le visage dans son cou. L'écrivain lui frotta le dos de façon si aérienne qu'il y sema de la chair de poule, et Jungkook se détendit peu à peu contre lui.

« Je t'aime, ne l'oublie jamais, souffla Taehyung en lui embrassant l'épaule. Je t'aime de tout mon cœur : tant que tu resteras à mes côtés, comment tu veux que je sois malheureux ? Tu m'as même ramené ma sœur, Jungkook... rien qu'avec ça, tu peux considérer que tu ne me dois plus rien.

— Moi aussi je t'aime, hyung.

— Ça va aller ?

— Hum.

— La sincérité, Jungkook.

— Je suis désolé. Je voulais pas donner l'impression que... enfin, tu comprends.

— C'est fini, on oublie.

— Je veux aller prendre une douche et me changer, marmonna Jungkook.

— Je comprends. Vas-y, moi je vais aller dîner en bas, je... attends...

— De quoi ?

— Le dîner et les déjeuners préparés en avance, c'était pour ça aussi ? Parce que tu voulais pas m'en demander trop, hein ?

— Possible...

— Oh mon Kookie... t'es pas croyable, toi.

— Désolé.

— Je t'ai dit que c'était rien. Allez, va à la douche, moi je vais dîner, et ensuite on se posera ensemble devant la télé. »

L'autre acquiesça. Ils se séparèrent et, un peu plus léger bien que toujours soucieux, Taehyung s'en alla avec la carte magnétique. Il ne dîna pas grand-chose, pressé de retrouver son compagnon qu'il rejoignit au plus vite.

En entrant dans la chambre d'hôtel, il s'aperçut néanmoins que toutes les lumières avaient été éteintes. Surpris, il alluma le salon qu'il trouva vide et poussa la seconde porte en douceur, découvrant alors son petit ami couché, emmitouflé sous le drap. Son cœur se serra : il avait remarqué que leur conversation avait remué Jungkook, ce qui se justifiait, et s'il comprenait que le jeune homme préfère dormir dans son coin cette nuit-la, il s'en désolait malgré tout.

Tant pis pour le froid qu'il avait jeté entre eux, Taehyung ne regrettait pas. Tant que Jungkook n'essayait plus jamais d'offrir son corps sans le désirer, il se féliciterait d'avoir agi.

« Dors bien, mon amour, murmura-t-il. À demain. »

Il se lava les dents puis se changea et s'allongea à son tour après avoir éteint la lumière de la pièce attenante, et songeant que son copain souhaiterait sans doute mettre un peu de distance entre eux pour l'instant, il s'étendit sur le dos de son côté du matelas, les yeux clos, plongé dans ses pensées. Les minutes passèrent, aussi silencieuses que désagréables pour l'écrivain qui percevait une tension entre eux qui ne lui plaisait pas.

Si demain soir la situation ne s'arrangeait pas, il essaierait d'inciter Jungkook à lui parler plutôt que de l'éviter.

À peine eut-il pris cette décision qu'il entendit son amant bouger. Il rouvrit les paupières et se tourna pour l'observer. Jungkook s'était assis sur le lit, vêtu du t-shirt avec lequel il s'était habitué à dormir. Il coula à son tour un regard sur son aîné, pencha la tête de côté et, à la plus grande (et heureuse) surprise de Taehyung, il se rallongea après s'être rapproché, désormais étendu sur le ventre, à moitié affalé sur l'auteur qui enroula les bras autour de sa taille.

« Tu veux en parler ? demanda Taehyung en lui embrassant le front.

— J'avais pas pensé que ça te déplairait que je te demande de coucher avec moi, avoua le cadet après une hésitation, j'avais pas pensé que tu verrais ça comme... presque comme de la prostitution. C'est tellement humiliant...

— T'as pas à te sentir gêné, soupira Taehyung qui avait glissé une main sous son t-shirt pour lui caresser le dos, j'ai dit ça pour te faire réagir, et ça m'a blessé que t'acceptes enfin de te donner à moi, mais pas parce que t'en avais envie. Si je t'avais laissé faire, comment tu l'aurais vécu ? Et est-ce que t'aurais recommencé en te disant que puisque j'avais payé cher, il fallait que tu te laisses faire dès que j'en avais envie ? Combien de fois il aurait fallu qu'on couche ensemble avant que tu t'aperçoives de l'erreur monstre que t'avais commise ?

— J'avais pas réfléchi à ça...

— Je sais.

— Dis... e-est-ce que tu me perçois comme... un garçon facile ? »

Jungkook se recroquevilla à cette question, aussi gêné que craintif. Taehyung renforça son étreinte.

« Bien sûr que non, mon amour. Juste comme un garçon qui s'est trompé en voulant bien faire. Et même si t'avais été un mec facile, je me serais pas permis de te juger. Tu fais ce que tu veux de ton corps, l'essentiel c'est que justement tu le veuilles. J'insiste, mais ne couche jamais avec quelqu'un qui exigera ça de toi pour rembourser une dette.

— Je te le promets.

— Je te fais confiance.

— Je peux avoir un bisou ? »

La question amusa Taehyung qui, plutôt que de répondre, s'avança pour appuyer ses lèvres sur celles de son copain. Le baiser, bref, contenta leur âme, et Jungkook reposa la tête contre le torse de l'écrivain de qui il écouta le cœur battre de manière paisible. Taehyung continua ses caresses sur la peau chaude de son dos, et le plus jeune le remercia d'un souffle.

« Tant que je le pourrai, je veillerai à ton bonheur, promit l'auteur après avoir appuyé un baiser dans sa chevelure, tout comme je sais que je peux compter sur toi pour veiller au mien. »

Heureux, le malentendu dissipé, ils s'endormirent peu de temps après.

~~~

Jungkook se réveilla dans un frémissement de plaisir alors que la pulpe des doigts de Taehyung courait sur la peau fine de son dos.

« Hyung, dodo, marmonna-t-il en gigotant de façon misérable.

— Il est sept heures vingt, indiqua Taehyung, je vais pas tarder de me lever pour aller prendre mon petit déjeuner puis me préparer pour la journée.

— Non.

— Ah vraiment ?

— J'ai décidé que tu serais mon oreiller. »

L'écrivain s'esclaffa à cette réplique et repoussa en douceur son cadet qui se retrouva sur le matelas, sur le ventre, une moue dépitée au visage alors même qu'il n'avait toujours pas ouvert les paupières.

« Je veux encore dormir, moi...

— Bah dors.

— Avec toi.

— Je te laisse mon oreiller.

— Mais c'est toi que je veux...

— T'es beaucoup trop mignon quand t'es fatigué.

— Je suis pas mignon.

— Si, et dire ça comme ça, ça te rend encore plus mignon.

— J'ai besoin d'un lait à la banane...

— Trop cute !

— Hyung... »

Son gémissement plaintif tira un sourire attendri à son aîné qui lui caressa l'épaule.

« Je peux te laisser un petit souvenir avant de partir, si tu veux, proposa-t-il.

— Comment ça ?

— Tu me laisserais te faire un suçon ? »

Jungkook resta aussi muet qu'immobile, surpris par cette proposition à laquelle il ne s'attendait pas.

« Un suçon ? répéta-t-il.

— Oui. J'aimerais t'en faire un en bas du dos, tu m'y autoriserais ? »

Jungkook en frémit de désir.

« O-Ouais, carrément.

— Tu jures que t'en as envie ?

— Oui, c'est... ça reste assez innocent, et ça me plairait beaucoup.

— Alors bouge pas, je m'en charge. »

Jungkook n'eut pas le temps de s'impatienter que déjà Taehyung repoussait les couvertures et, installé auprès de lui, remontait le bas de son vêtement afin de dévoiler sa taille. Il attrapa ensuite son short qu'il baissa juste un peu, et le libraire ferma les yeux en se mordant l'intérieur de la joue, le visage plongé dans l'oreiller.

Il aimait quand Taehyung se montrait si doux et si empressé à la fois, et savoir le haut de son postérieur exposé, même dans la semi-obscurité de leur chambre dans laquelle seuls quelques minces rayons matinaux se faufilaient à travers les volets, ça l'excitait. Lorsque Taehyung se pencha sur lui, il sentit son souffle chaud, ce qui le détendit tout à coup. Cette sensation, devenue familière, le rassurait.

L'auteur appuya les lèvres au creux de ses reins, trop près de ses fesses pour que le geste reste innocent, et y déposa plusieurs baisers qui chatouillèrent Jungkook, qui malgré tout demeura immobile.

« Prêt, Kookie ?

— Prêt. »

Taehyung lui aspira la peau et se mit à la suçoter, la mordillant au passage. Jungkook soupirait en silence, écartant les jambes sans même s'en apercevoir. Les secondes s'écoulèrent, le libraire sentait la langue de son copain chouchouter le morceau d'épiderme dont il s'occupait, et les succions s'accentuèrent, lui tirant un souffle étouffé. Son corps entier se réchauffait à cause de cet infime contact, Jungkook éprouvait la sensation de s'embraser.

« Fini, sourit l'auteur après une longue minute. Ça a été ?

— Oui... ça faisait juste un tout petit peu mal à un moment, comme tu tirais ma peau.

— J'y suis allé un peu fort, désolé. Attends. »

De nouveau il se pencha, et il embrassa la tache sombre qui figurait désormais à la limite entre le dos et les fesses de son cadet, après quoi il se mit à la lécher comme s'il s'agissait d'une plaie.

« Hyung, stop, se plaignit l'autre.

— Je te fais mal ?

— Non... tu m'excites. »

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