Chapitre 114 /!\

« Dis, tu comptes faire passer ça avec une douche ?

— Je sais pas... tu crois que ça suffira, une douche froide ? s'enquit Jungkook qui bouillonnait alors que les souvenirs des caresses de Taehyung abondaient dans son esprit.

— Je sais pas, ça dépend des gens, j'imagine. Je peux aussi m'en occuper, tu sais ?

— Je veux pas qu'on... qu'on aille aussi loin. Je sais pas pourquoi, ça me bloque encore.

— Parce que je suis un garçon, à cause de ta pudeur, ou juste ça te bloque.

— Non, juste ça me bloque. Que tu sois un garçon, c'est bon, j'ai réussi à passer bien au-dessus de ça, je m'en fous. La pudeur, je pense pas. J'aime pas montrer mon bras, mais le reste de mon corps, ça me gêne pas plus que ça. Rien que chez mon kiné, je finissais chaque fois torse nu, alors j'ai pas de mal à passer au-dessus de ça non plus, même si c'est toi et pas Seokjin. Juste... l'idée qu'on me touche... là. C'est bizarre.

— Je sais que ma question va te paraître un peu intrusive, mais tu te touches ? Tu t'es déjà masturbé ?

— Oui. Mais je t'avoue que ces derniers mois, avec tous mes soucis, ça me venait pas vraiment à l'esprit de me faire plaisir...

— Je comprends, du coup, que tu sois frileux par rapport à ça. Si déjà t'as pas l'habitude de te le faire toi-même, qu'un autre s'en charge, c'est pas évident.

— Sans doute, opina Jungkook.

— Après, y a d'autres moyens pour qu'on... te fasse venir ensemble, sans pour autant que je te touche.

— C'est-à-dire ?

— Je pourrais... rester assis sur toi, et juste... tu vois, faire quelques mouvements, d'avant en arrière. »

Et sur ces mots, Taehyung se frotta de façon langoureuse contre Jungkook qui ferma les paupières en soupirant.

« Hyung, je...

— Ça te plairait ? s'enquit l'autre en cessant ses gestes pour attendre son avis.

— J-Je sais pas.

— Pas grave, une prochaine fois, peut-être, on...

— Attends... si, en fait. Encore, s'il te plaît.

— Alors j'avais raison...

— Hein ?

— Mon Kookie est un coquin. »

Jungkook lâcha un rire bref avant de lui adresser un regard affectueux.

« Faut croire que tu me rends comme ça, hyung. »

Taehyung gloussa et se pencha sur son copain pour lui voler un délicat baiser pendant qu'il enclenchait des déhanchements lascifs contre son érection.

Jungkook jura, les paupières fermement closes, et son amant embrassa puis mordilla tantôt ses lèvres, tantôt sa mâchoire. Il enfouit ensuite la tête dans son cou pour y soupirer son plaisir, tandis que son cadet, pour contenir le sien, avait plongé la main droite dans ses cheveux bouclés en retenant sa voix. Taehyung, qui ressentait les tiraillements dans sa chevelure comme autant d'aiguillons de luxure, accéléra ses mouvements dans l'espoir de leur faire atteindre la jouissance au plus vite, imité par Jungkook qui, sans s'en apercevoir, bougeait lui aussi son bassin.

Le baiser devint plus fougueux, preuve de leur ardent besoin de s'aimer.

Jungkook éprouvait la sensation de s'embraser, son sang était de lave. Il peinait à croire qu'il se trouvait bien allongé à laisser Taehyung se frotter à lui pour lui offrir son premier vrai orgasme – le premier provoqué par quelqu'un d'autre que lui-même. Il ne se reconnaissait pas, mais il aimait celui que Taehyung avait fait de lui : un jeune homme plus confiant, plus sensuel et plus tolérant, moins tendu que ces derniers mois. Avec son humour gras et son affection sans borne, l'écrivain avait réussi à le changer en un garçon meilleur, Jungkook en était convaincu.

Et le voilà qui appréciait la friction de leurs deux érections à travers leurs vêtements. Son sexe lui renvoyait des signaux confus mais exquis, et leurs baisers réconfortaient aussi son cœur qui lui murmurait qu'il n'avait rien à craindre : si c'était son copain qui s'occupait de lui, il ne risquait rien. Il pouvait se laisser aller sans s'inquiéter de quoi que ce soit. Et de toute façon, de quoi pouvait-il bien s'inquiéter ? Taehyung le protégeait, et à présent il lui offrait un plaisir qu'il n'avait encore jamais connu.

« Hyung...

— Putain, Jungkook, je t'aime.

— Oui, m-moi aussi.

— Ça va ? Ça te plaît ?

— Oui, oui, continue...

— Moi aussi ça me plaît. J'aime tellement t'embrasser, te serrer contre moi... et tu m'excites tellement, c'est dingue.

— Toi aussi. Tu me plais beaucoup. J'aime ta présence... et j'aime sentir ton corps contre le mien. »

Sur ces mots, Jungkook enroula son bras autour de la taille de son aîné qui, étendu sur lui, fut réchauffé par cette étreinte. Ses mouvements ralentirent, devinrent plus marqués, et après de délicieuses minutes, son cadet lui embrassa le front avant de pousser un gémissement. Cette stimulation constante l'enflammait, et bientôt il sentit l'orgasme poindre, se développer, puis s'épanouir, grondant dans ses veines comme un torrent déchaîné. Il trembla, le souffle coupé, et il serra dans son poing le t-shirt de son bien-aimé quand le plaisir le foudroya.

« T'es venu ? s'enquit Taehyung lorsque son corps se détendit.

— Oui.

— Tu permets que je me touche pour venir aussi ?

— Que tu te touches...

— Sans retirer mon short, et en m'allongeant à côté de toi pour t'embrasser. Je te demande pas de regarder, ni de me toucher.

— Alors oui, ça me va.

— T'es un amour de biscuit, mon Kookie.

— J't'emmerde. »

Taehyung s'esclaffa et, afin de ne pas stimuler davantage Jungkook, il s'écarta de lui pour s'étendre à ses côtés. Il s'appuya sur un coude pour tendre sa bouche à son copain qui lui offrit un baiser amoureux.

« Ça te dérange pas, du coup, que je me touche ? s'assura-t-il une dernière fois.

— Non, vas-y, » opina Jungkook.

L'autre le remercia pour sa compréhension et, sans hésiter plus longtemps, il enfonça sa main libre dans son short. Les lèvres de Jungkook lui rappelaient une brise de printemps : délicates, fraîches, humides comme il fallait, et plus que tout exquises, annonciatrices de chaleurs enivrantes. Quelle douceur ! Quelle saveur !

Taehyung frémit en agrippant son érection, et il engagea de vifs allers-retours. Ses halètements l'empêchèrent de poursuivre ses langoureux baisers, et il réfugia à la place son visage dans le cou de Jungkook qui lui embrassa les cheveux en fermant les paupières. Des mots d'amour lui furent murmurés, et Taehyung arriva très vite à sa fin, envoûté par la seule présence de Jungkook à ses côtés, et le souvenir de son corps d'apollon qu'il avait réussi à faire frissonner, trembler, puis jouir.

L'orgasme lui donna la sensation d'un éclair de bonheur qui s'abattait soudain sur lui. Pas du plaisir, non, du bonheur. Parce qu'en face de lui se tenait Jungkook, celui qu'il chérissait de toute son âme, de tout son être, celui qui le rassurait et lui permettait de se sentir enfin remonter la pente. Ses malheurs, pareils à des sables mouvants, tentaient sans cesse de l'asphyxier, et Jungkook lui avait pris les mains et l'en tirait avec un doux acharnement. Même s'il n'en était pas sorti, il se voyait regagner la surface.

Tout autour de lui disparut, et Taehyung ne se concentra plus que sur ce flux de bonheur et sur la chaleur de son compagnon à ces côtés. Une larme discrète lui échappa, preuve que son corps lui-même était convaincu d'avoir trouvé en Jungkook l'âme sœur.

« Je t'aime, murmura l'aîné alors que peu à peu il redescendait de son nuage.

— Moi aussi, hyung, je t'aime.

— Tu m'aimes beaucoup beaucoup ?

— Oui, rit Jungkook.

— Alors tu peux aller me chercher un mouchoir ? J'ai la main dégueulasse et je préfère pas la sortir de mon pyjama.

— Oh... ouais, j'y vais.

— Merci mon amour ! »

Jungkook rougit au surnom et fila chercher ce qui lui était réclamé, en profitant aussi pour passer aux toilettes afin de changer son sous-vêtement. De nouveau dans la chambre, il resta dos à son copain pendant que ce dernier s'essuyait.

« T'as été long.

— J'avais besoin de me changer, râla Jungkook avec une moue honteuse.

— Hum... Je vais jeter ça. »

Son mouchoir à la main, il quitta la pièce. Jungkook l'entendit actionner le couvercle de la poubelle de cuisine puis ouvrir le robinet de l'évier. Son aîné revint peu après, l'air serein. Le cadet s'était assis sur le lit en tailleur, Taehyung se planta devant lui puis, d'un geste, l'incita en douceur à s'allonger avant de se coucher auprès de lui. Quand son étreinte se referma autour de la taille de Jungkook, ce dernier se sentit mal à l'aise.

« J'ai pas envie d'aller plus loin, marmonna-t-il.

— Je sais. Je voulais juste un câlin. Tu veux bien rester dans mes bras ?

— Ça oui, je veux bien. »

Et Jungkook, soulagé de ce petit moment d'affection chaste, se serra contre son copain qui rabattit le drap sur eux. Ils s'accordèrent quelques baisers, se caressèrent sans jamais franchir la limite de leurs vêtements, et ils demeurèrent dans cette position, les jambes entrelacées, de longues minutes durant.

Une indescriptible sensation de paix les envahit tous deux. Il leur semblait être en parfaite symbiose, au point que chaque toucher apportait à leur cœur une exquise impression de plénitude.

« Kookie... ?

— Oui ?

— Merci de m'aimer. Avec toi, je me sens enfin heureux.

— Je me sens tout aussi bien avec toi. Je te remercierai jamais assez pour tout ce que t'as fait pour moi.

— Je... »

Taehyung se coupa là, et Jungkook sourit.

« Tu ? l'encouragea-t-il.

— J'ai pas fait grand-chose. J'ai juste accepté que tu te rétablisses ici.

— Je sais, mais c'est déjà énorme, je sais que je te dois beaucoup. Et puis tu m'as invité à rester.

— Tu me dois rien du tout, Jungkook, soit pas ridicule, répliqua son amant.

— Je te suis très reconnaissant de t'être occupé de moi, et tu pourras pas me faire changer d'avis à ce sujet. »

Taehyung acquiesça d'un mouvement distrait. Jungkook se blottit contre lui, et peu à peu il s'insinua en l'écrivain une crainte qui lui noua l'estomac : comment son copain réagirait-il s'il apprenait qu'il lui avait payé son opération et lui payait encore ses soins ? Il risquait de le prendre si mal... mais il ne le plaquerait pas pour ça, n'est-ce pas ? Pour l'avoir aidé, non, il ne le plaquerait pas, mais pour lui avoir menti, peut-être.

Yoongi et Jimin avaient juré de ne rien divulguer, toutefois, Taehyung songea qu'il suffirait d'une petite erreur, juste une phrase de trop, ou bien un moment d'inattention, pour que tout soit révélé. Dans ce cas-là, Jungkook le vivrait plus mal encore. Lui qui s'était montré si heureux à l'idée qu'ils ne se cachaient plus rien, s'il savait...

« Je serai toujours là pour toi, dès que t'en auras besoin, promit Taehyung en lui caressant le dos.

— T'es trop mignon, gloussa son cadet en lui offrant un regard attendri. On se croirait dans un drama dégoulinant d'amour.

— Je confirme, y a pas une demi-heure j'ai même bien dégouliné d'amour pour toi. »

Il ricana, et il reçut une tape de Jungkook sur le torse.

« Pff, crétin, marmonna le libraire. J'ai besoin d'un lait à la banane.

— Tu peux toujours goûter...

— Si tu vas au bout de cette phrase, le coupa-t-il, je te quitte.

— Radical.

— Mais juste. »

Taehyung sourit et lui déroba un petit baiser, puis il passa une main dans ses cheveux bruns pour les lui caresser, son regard affectueux posé sur lui.

« Y a rien dans cet appartement, pas même l'appartement lui-même, qui vaille ne serait-ce que le millième de ce que tu vaux à mes yeux, mon Kookie. »

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