Chapitre 1 : Crépuscule

Quand ils n'étaient pas sages, les familles racontaient aux enfants que l'Éclair Blanc allait venir les dévorer. Les premiers jours, rien n'avait changé, tout s'était déroulé avec plaisir et sérénité dans les moindres recoins des villes et villages alentours.

Mais un jour, cette histoire d'Éclair Blanc se dispersa comme une volée de poudre. Avec les rumeurs qui l'entouraient, elle faisait trembler les garnements qui se précipitaient dans les jupes maternelles, là où la chaleur affluait.

Mais à l'époque, ce n'était sensé n'être qu'une légende. Un mythe effrayant pour les petits, et une histoire sans valeur pour les grands. Une histoire où une mystérieuse fille aux cheveux argentés devenait la plus noire des ténébres.

Pourtant, rien n'avait jamais été aussi sanglant, aussi réel.
Elle traquait tout. Qu'il y ait un château, une armée, un pays entier en travers de la route de cette célèbre tueuse, ça n'importait pas. Car lorsque elle choisissait sa cible, c'était déjà terminé.


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Lentement, Aria ouvrit les yeux. Comme un rappel, un dernier rayon la frappa au visage. Le soleil se couchait, encore et encore, à mesure que les jours défilaient, comme si le sablier du temps n'allait jamais s'arrêter. Pour une personne de son âge, ce spectacle, d'habitude si envoûtant, devenait répétitif, voir lassant pour certains. Et pourtant, Aria, chaque soir, descendait vaillamment le pont, ignorant les cris de protestation de sa mère.

Et, étendant ses longues jambes dont elle était si fière, elle s'allongeait dans l'herbe grasse, sans aucune peur. Le gardien du parc ? Les bandes de jeunes délinquants ? Un sourire effleura son visage. Elle, fille réputée d'une famille de combattants, avoir peur de ça ? De simples fétus de pailles, des poupées trop fragiles : un seul coup suffisait à les briser, le moindre souffle de vent les faisait fuir en sens inverse. Pourquoi en était t'il ainsi ?

Même Aria, perdue du matin au soir dans ses réflexions, n'en connaissait pas la raison. Et ce n'était pas faute d'essayer, car à force de traîner dans les bibliothèques, l'adolescente avait gagné d'étranges surnoms : "Sorcière", "Diablotine", alors qu'elle était loin de ce genre de contes.

Et toutes ces histoires de démons, enterrées depuis des années... Aria se mit à trembler. De froid ? D'inquiétude ? Elle n'en savait rien, et ne souhaitait pas en découvrir la raison. Pourquoi ces histoires restaient-elles enfouies dans le passé ? Étaient-elles sombres à ce point ? Depuis son plus jeune âge, la traque aux réponses avait commencé, et vu le mystère qui tournait autour de certains chapitres, Aria n'était pas prête de chasser les questions qui l'assaillaient.

- Aria !

L'adolescente sursauta, étonnée. Elle releva la tête et aperçu une fine silhouette, assez familière. Sa petite soeur, pourtant si frileuse, courrait vers elle, telle une écervelée. De loin, on aurait dit une petite statuette de porcelaine, celles aux couleurs pâles et à l'aspect vaporeux. Par contre, de près, c'était comme si une transformation avait eut lieu.

Faible de taille et de formes, Anna compensait cela par une masse de cheveux argentés, couleur étrange mais magnifique, un sourire couleur de neige, et deux yeux noisettes aux reflets gris perle. Un petit miracle ? Non, simplement l'une des créatures les plus redoutées. Mais il y avait bien plus que ça.

Anna était naïve, elle ne se rendait pas compte de son importance et ne savait rien de ce qui se cachait en elle. Et pour cause : tous ceux de sa famille descendaient d'une puissante lignée.

Et ça n'avait rien de joyeux. Quand Aria pensait à ce sujet, c'était comme si un poids l'empêchait de respirer. Alors, comme les autres, elle fuyait la vérité, et quand encore, cette dernière revenait à l'assaut, se cacher devenait sa plus grande priorité.
Mais en face de sa soeur, repenser à ces choses était impossible.

- Aria, c'est maman qui m'envoies ! Elle veut que tu sois rentrée avant le dîner.

- Et puis quoi encore ? grommela Aria en baîllant. Je vais aller m'acheter une pizza, oui !

Une lueur malicieuse envahit les prunelles flamboyantes d'Anna. Le soleil continuait de tracer sa route vers le fond du décor, éclairant en même temps le visage rougi de la petite. Elle semblait s'amuser de l'ignorance de son aînée.

- Maman a aussi dit qu'elle appellerait Oncle Peluche si tu faisais encore ta rebelle !

Aria se figea en entendant ce nom. Ho non, pas lui. Elle sauta sur ses pieds, aggripa sa soeur par les épaules, et la secoua comme un prunier, sans prêter attention à la bande qui semblait intéressée par le "spectacle".

- Anna, tu as vraiment entendu ce nom ?!

- Lequel ?

- Celui d'Oncle Peluche !

- Lui ? Bien sûr, c'est maman qui l'a dit.

Je vais mourir. Aria se laissa tomber sur la pelouse, le souffle coupé. Elle n'arrivait pas à croire qu'il soit de retour, après tant de temps passé loin de ses proches. C'est une malédiction ! Pourquoi n'était-il pas resté dans son village paumé au beau milieu des montagnes ? Il n'avait aucune raison de revenir !

Perdue, elle enfonça ses mains dans l'herbe en s'efforçant de respirer calmement.
Sa détresse ne semblait pas toucher Anna, qui continuait de l'observer en silence, attendant que sa soeur rentre avec elle. Elle devait vite rentrer, son dessin animé préférait allait commencer ! Mais son aînée n'avait pas l'attention de rentrer sagement à la maison, elle devait d'abord s'occuper d'un problème majeur.
Un problème débile, ridicule, mais majeur.
Et proche.

Elle finit par se lever, mais quand Anna s'apprêta à suivre le chemin du retour, Aria la stoppa. Un seul geste, d'apparence banale pour d'autres, une simple main en travers d'un mouvement.
Pourtant, Anna comprit. Elle recula jusqu'à se trouver quelques mètres derrière sa soeur, suffisamment loin pour ne pas être mêlée au conflit.

D'un rapide coup d'oeil, Aria vérifia la distance qui les séparait, puis hocha la tête avant de se reconcentrer sur le "problème".
La bande de mauvais garçons qui les dévorait des yeux depuis un bon moment.

- Vous voulez quoi ?

Sa voix aurait été faite de glace qu'elle n'aurait pas été aussi froide. Si ils cherchent la baston, ils vont l'avoir !
Aria étira ses épaules, faisant mine de ne pas remarquer les sourires sournois des six garçons qui lui faisaient face.
En vérité, quelque chose retenait son attention depuis quelques minutes : le soleil.
Sa lumière devenait de plus en plus faible, au point qu'elle semblait accélérée par une mystérieuse force. De la magie ?

- He poupée, tu sais que t'es mignonne ? Mais ce serait encore mieux sans tout ces machins !

Les sifflements stridents de ses compagnons saluèrent sa réplique. Ces "machins" comme il disait, représentaient les vêtements d'Aria : un jean taille basse, un tee-shirt, un sweet et des baskets.
Ces idiots... Aria poussa un soupir agacé. Elle n'aimait pas cette atmosphère lourde, presque électrique, qui emplissait l'air d'une sensation désagréable.
L'adolescente aurait préféré partir, mais avant... Il fallait se débarrasser de ces gars.

- Alors chérie, tu viens ?

- Une fille normale aurait fuit. Pas moi. Tu crois vraiment avoir affaire à une fille comme les autres, celles qui se laissent faire en attendant le prince qui viendra les sauver ?

Aucun d'eux ne la contredit. Anna étouffa vite son rire avant que sa présence ne soit ramenée à la réalité.
Aria avait besoin de se concentrer, ce n'était pas le moment de rire. Surtout que, quand elle prit de nouveau la parole, ses mots firent l'effet d'un coup de marteau tant le silence était grand.

- Si vous avez pensez ça de moi, je prends ça comme une insulte.

- Et alors ? finit par demander celui qui paraissait être le chef.

Aria sourit, mais ce sourire-là n'avait rien d'humain. Il était tout ce que ce peuple n'était pas. Un sourire de confiance absolue, ce genre de geste qui fait de nouveau ressentir la peur du noir, la peur du mal et des Enfers.
La peur que chaque humain à eut un jour.

- Alors, je suis celle qui vous fera regretter d'être en vie.




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En média j'ai tenté de dessiner l'Éclair Blanc, mais disons que je préfère la plume au dessin ^^

Chapitre fini !
Bon j'avoue c'est court comparé à ce que je fais d'habitude, mais je préfère avancer lentement que faire n'importe quoi ^^

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