– On va te laisser aller à l'Académie.

A ces mots, je sautai de joie ! J'allais pouvoir développer mes pouvoirs ! J'espérai avoir celui du feu, et peut-être celui du fer pour m'aider !

– Mais attention, tu devras quand même faire un stage chez un forgeron à chaque vacances ! Comme ça, tu est sûr de savoir au moins faire quelque chose si ça ne te réussit pas.

Là-dessus, je les comprenais... C'est difficile de laisser son enfant partir du jour au lendemain dans une école de magie, alors qu'on sait à peine s'il est capable d'y arriver.

– Du coup, il te reste trois semaines de vacances pour t'améliorer, intégrer l'école et faire un stage.

Oui, nos vacances d'été durent trois semaines, comme toutes les autres. Mais la première semaine de cours sert juste à faire connaissance avec les professeurs et à préparer le matériel. Les "vrais" cours ne commencent qu'après...

Je retournai dans ma chambre, pour préparer un emploi du temps où je pourrai caser les révisions, les rencontres avec Laedermaer, et un stage chez un forgeron. En fouillant dans les papiers que j'avais amassé pour prévoir les cours après l'école, je trouvai une carte de visite :

Je courus chez lui, vérifiant au passage l'horaire d'ouverture. J'arrivai au moment où il ouvrait la grille, essoufflé. Il me reconnut, et acceptai tout de suite quand je lui expliquai. Sachant que j'allais apprendre la magie, il pensait que je pouvait l'aider dans ma magie et l'ensorcelage. Il m'inscrit donc pour la semaine prochaine, ce qui me laissait une semaine avant pour me caler et une semaine après pour me préparer à la rentrée. Rassuré et guilleret, je rentrai chez moi pour annoncer la bonne nouvelle à mes parents.

À midi, je trépignai sur place, voulant aller prévenir Laedermaer que j'allai rentrer à l'académie, et que je pourrai réviser avec lui. Je partis comme une flèche juste après, arrivant chez lui tôt. Je m'interrogeai alors devant sa grille : et si Il état en train de manger ? Je n'allais pas le déranger ? Mais la grille s'ouvrit devant moi et je le vis sortir de la maison, tendant un fil de fer pour maintenir le portail ouvert.

– Entre, je t'attendais ! Alors ?

– Ma décision est prise, je vais  à l'académie ! Et mes parents sont d'accord !

 – Bien ! C'est une première étape ! Maintenant, je vais t'apprendre à invoquer un élément, pour que tu n'arrives pas à l'école les mains vides... dit-il, en m'introduisant dans le salon.

– Ok, par quoi je commence ? embrayais-je, enthousiaste.

– Du calme, il faut que tu sois calme pour invoquer la première fois. Assieds-toi dans ce fauteuil, dans la position que tu préfères, là où tu est le plus confortable. Voilà, comme ça. Maintenant, mets tes deux mains en coupelle devant toi, les bras posés sur tes genoux. Quand tu est posé, ferme les yeux et va voir en toi. En chacun de nous se trouve notre "moteur", c'est-à dire un point d'énergie qui pour toi doit être pur, c'est à dire une boule de mana et que de mana.

– Oui, je vois. C'est une boule rouge, mais ce n'est ni un liquide, ni un solide, ni un gaz.

– C'est ça. Essaie de puiser dans ce mana, et de le diriger dans tes mains. On verra quel sera l'élément que tu vas produire.

Je fis ce qu'il me demandait, et je me rendis compte qu'une forme se formait dans mes mains. Je continuai, et quelque chose de dur et froid me tomba dans les mains. Un cube de glace !

– De la glace ! remarqua-t-il. Un des éléments les plus maniables et faciles à maîtriser ! Un bon début, mais maintenant il va falloir que tu t'améliores avec ce seul élément.

Sur le coup, je fus déçu de ne pas avoir produit du métal ou du feu, mais la sensation d'exaltation à l'idée d'être capable de faire de la magie surpassa cette déception. Il passa l'après-midi à m'entraîner, faisant en sorte que je sois capable de produire des cubes de glace de plus en plus vite, puis il essaya de me faire faire des formes, sans grand succès. Je rentrai chez moi vers vingt heures, épuisé, mangeai un grand bol de bouillon et allai me coucher, m'endormant à la seconde où je posai la tête sur l'oreiller.

Le lendemain matin, j'allai à l'académie pour me renseigner sur les notions à avoir pour y rentrer. Le gardien, très gentil, me donna une liste de rouleaux et de livres à lire, et le programme de l'année. Il m'informa aussi que l'examen se ferait trois jours avant la rentrée, rendez-vous à sept heures devant la grande porte. Je repartis et passai chez le libraire avant d'arriver à la maison pour m'acheter de quoi réviser. 

Je passai le reste de la matinée à réviser, enfermé dans ma chambre. Au repas, mes parents me demandèrent comment je prévoyais mes vacances, et je leur dis que j'allais avoir deux semaines pleines pour réviser les cours le matin et la magie l'après-midi, plus une semaine pour faire mon stage chez le forgeron. Satisfaits, ils me laissèrent donc les rênes quand à mes vacances. Je passai donc la première semaine ) alterner entre cours et magie, et à la fin de cette semaine, j'arrivai à produire des formes grossières avec de la glace comme des sphères (pas bien rondes certes), des cubes de tailles modifiables, et, même une fois, un cône solide. J'étais encore lent, mais Laedermaer me certifiait que j'apprendrais une technique plus performante à l'académie, mais qu'il n'avait pas le temps et les moyens de me l'apprendre maintenant.

Je commençai donc mon stage chez Béthmar, et il m'accueillit avec beaucoup de chaleur, heureux d'avoir enfin un apprenti, même pour une semaine. Il m'apprit beaucoup de choses sur la forge et comment s'en servir. J'appris à me servir du soufflet, du marteau, à ne pas casser le métal ou faire des plis qui ne sont plus modelables... Je me forgeai même une petite dague ouvragée, que je gardai tout le temps sur moi à partir de là. Je sortis de cette semaine, épuisé mais heureux, heureux de retrouver le dur monde de la forge que j'appréciais, heureux d'avoir appris des choses et de savoir que je remplissais les conditions pour rentrer à l'Académie ! Pour l'instant...

La dernière semaine fut semblable à la première : des cours le matin, et des entraînements à la magie l'après-midi. J'acquis le niveau en mathématiques, en histoire et en langue assez rapidement pour être accepté à l'Académie, et je finis par commencer à maîtriser la glace, faisant des formes de plus en pus précises. La veille du concours, je me couchai tôt dans l'optique d'être en forme, mais je dormis mal, tenaillé par l'inquiétude.

Quand je me levais le matin, je fis rapidement un sac avec de quoi écrire, mes papiers, etc... Je partis en courant et arrivai devant l'académie presque trois quart d'heure en avance. C'est là que je remarquai la magnificence de l'édifice. Je n'avais pas fait attention quand j'étais allé voir le portier, puisque j'étais pressé et je n'avais pas levé la tête. Mais là, je le voyais dans son ensemble. Le campus était immense, entouré d'une muraille de pierre blanche-ocre, décoré d'arabesque gravées à même la roche. Je compris vite que ces arabesques démontraient en fait d'un champ de force prodigieux qui protégeait les élèves.

À l'intérieur, de nombreux bâtiments, faits dans cette pierre qui les protégeait du soleil et de la chaleur, étaient alignés. Les plus petits avaient trois étages, et certains allaient jusqu'à six ! En bordure de la muraille côté sud, se trouvais ce qui devait être le gymnase. Il faisait presque quarante mètres de haut, et était, comme la muraille, décoré dans tous les sens ! Mais le bâtiment le plus imposant se trouvait au milieu : une tour se trouvait là, surplombant tout le campus. Elle devait faire près de soixante-dix mètres de haut, et était surmontée par une coupole qui devait rendre une vue à 360°.  Ébahi, je m'avançai, mais la place devant l'entrée se remplissait vite, et j'avais beaucoup de peine à ne pas me faire bousculer. Ce fut quand un aspirant trop pressé m'écrasa le pied que je revins sur terre.

Je me rendis alors compte que les gigantesques portes en bois foncé de l'académie s'étaient ouvertes et qu'un flot de jeunes s'y engouffraient. Je suivis le mouvement et pénétrai dans l'Académie...

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