7
Point de vue : Omniscient
« On donnera 'phénix' pour le prochain mot de passe.
-Ça marche, je réfléchis à l'énigme. »
Fred salua Lee et sortit prendre l'air. Il devait rentrer à la boutique mais n'en avait pas encore la force. Le transplanage devrait attendre un peu qu'il se calme.
Il venait de quitter son frère et son meilleur ami, alias « Rivière », ayant terminé ensemble une nouvelle émission de PotterVeille. Les noms des victimes de la guerre continuaient de nourrir leurs séances et il commençait à sentir l'atmosphère devenir de plus en plus lourde. Les Weasley avaient toujours pour habitude de ne pas se rendre compte tout de suite de l'ambiance morose qui pouvait régner, ou en tout cas n'y accordait pas grande importance, mais le temps n'était plus à l'ignorance. Fred commençait réellement à avoir peur.
Tenant la rambarde du balcon à deux mains, le jeune homme regardait la rue. Il pouvait voir quelques maisons et les pavés qui bordaient les trottoirs. Il soupira en pensant à Hermione, espérant que là où elle se trouvait elle ne ressentait pas le froid que le vent amenait. Il se souvenait parfaitement de la dernière fois qu'il l'avait vue. En robe rouge, se précipitant vers ses meilleurs amis. Elle était paniquée mais gardait la tête froide. Elle tenait fermement son sac, elle serrait les mâchoires, ses cheveux se détachaient petit à petit. Elle l'avait vu juste avant de transplaner. Ils avaient échangé un regard. Elle avait hoché la tête, les mâchoires toujours serrées, et avait disparu sous ses yeux. Il n'avait pas attendu une seconde de plus pour serrer l'emprise de sa main sur sa baguette et la diriger vers les indésirables. Penser au visage si déterminé d'Hermione le poussait à continuer sa quête, quoiqu'il se passe.
Quand son frère lui avait parlé de cette idée de radio, il avait tout de suite accepté. Ils avaient travaillé sur le projet une nuit entière pour régler les détails, Lee les rejoignant lorsque la lune était pleine. Ils s'étaient donnés pour mission d'aider aux mieux le plus de monde possible, discrètement, afin de prévenir, de protéger au mieux et de soutenir tous ceux qui étaient contre le Seigneur des Ténèbres. Voldemort... Fred ne comprenait pas comment on pouvait devenir aussi mauvais.
« Tu te sens prêt à repartir ? »
Fred hocha la tête en regardant son frère. Ce dernier déposa une main sur son épaule. Ils ne souriaient plus depuis un moment. Ils avaient tous les deux peurs.
« Elle va s'en sortir, Freddie.
-J'aimerais avoir de ses nouvelles...
-Je comprends. »
Lee les rejoignit et Fred comprit qu'il avait entendu leur conversation :
« Dis-toi que ne pas recevoir de nouvelles d'elle est une bonne chose. Toutes les nouvelles qu'on reçoit ne sont pas bonnes... »
George lui prit alors la main et ils transplanèrent directement dans leur boutique. Lee avait bien fait de lui dire ça. Malgré la peur qui le tenaillait, il se sentait un peu plus rassuré.
* * *
« Je vais préparer à manger. »
Hermione ne releva pas. Pourtant, Harry haussait un sourcil mais il comprit vite l'attitude de leur ami et le suivit dans la tente. Ron allait tout faire pour se faire pardonner. Maintenant qu'il était revenu, et qu'il avait aidé Harry à détruire un horcrux, il allait passer son temps à leur rendre service. Et, elle le savait, Hermione prendrait du temps avant de lui adresser de nouveau la parole normalement.
Au fond elle ne lui en voulait pas. Elle le comprenait et elle savait la part de vérité dans cette histoire. Elle savait que le médaillon avait joué un rôle non négligeable. Au moins, cette expérience avait permis à Ron d'en apprendre plus sur lui-même et, comme elle le constatait depuis plusieurs années maintenant, il venait encore de grandir. La jeune femme soupira en s'adossant contre la tente. Elle observa les arbres et l'obscurité qui régnait. Elle avait perdu toute sérénité depuis qu'elle était partie du Terrier. Peut-être que le dernier regard de Fred lui avait donné suffisamment de force pour parcourir tout ce chemin, mais elle savait que penser à lui la rendait faible. Elle se sentait briser à l'intérieur à chacune de ses pensées dirigées vers le rouquin. Le manque était atroce.
Quand elle avait l'occasion de pouvoir écouter la radio, reconnaître la voix de Fred lui procurait un bien fou. Elle le trouvait tellement plus utile qu'elle. Chaque jour il tenait informé les familles de sorciers qui avaient besoin de nouvelles, chaque jour il prenait le risque de se faire arrêter par les nouvelles autorités. Il avait sûrement peur, certainement, elle le sentait, mais il tenait bon et elle l'admirait. Elle se sentait si impuissante, à côté. Elle avait l'impression que chacune de ses actions n'aboutissait qu'à un infime résultat qui ne survenait pas toujours et qui prenait toujours un temps fou à se manifester. Elle ne savait pas comment elle faisait pour tenir, comment elle faisait pour ne pas avoir envie d'abandonner. Elle s'imaginait pourtant très bien, assise sur une plage, Fred la prenant dans ses bras, se contentant de vivre une vie éloignée du reste du monde et des problèmes qui y surviennent. Mais quand elle se perdait ainsi dans ses songes, le visage d'Harry et de Ron apparaissait et rien alors ne pouvait l'empêcher de sortir se battre.
Ces derniers temps, elle pensait régulièrement à Lily Potter. La force et la détermination avec laquelle elle s'était battue jusqu'au bout. La jeune femme trouvait cela plus qu'admirable. Et elle lui en était reconnaissante d'avoir réussi à résister jusqu'à son dernier souffle, grâce à elle, aujourd'hui, elle avait un meilleur ami qui se battait à ses côtés et qui avait réussi à rassembler beaucoup de monde à leur cause. Elle voulait réussir. Ils devaient réussir. Pour Harry. Pour Lily. Pour tous ceux s'étant battus...
« C'est prêt ! Bon, Harry m'a aidé un peu. »
Elle fixait les arbres qui se trouvaient devant elle. Elle fut rapidement rejointe par ses amis qui se placèrent face à elle. Ils se mirent alors à genoux et ils lui prirent la main, presque dans un même mouvement. Elle les regarda longtemps, prenant le temps de plonger son regard dans leurs yeux. Ron souriait tristement, Harry était inquiet. Ce dernier confia doucement :
« On arrive au but. On va y arriver. Comme on l'a toujours fait. »
Ron et elle échangèrent un regard complice puis regardèrent Harry. Ils n'avaient pas souvent le droit à ce genre de paroles venant du brun. Alors ils surent qu'il avait raison et qu'ils allaient réussir.
* * *
Fred se trouvait à la chaumière aux coquillages, avec le reste de sa famille. Il avait un mauvais pressentiment. Au fond de lui il savait. Il échangea un regard avec George qui semblait tout aussi conscient de la situation. Pourtant, de l'extérieur, on aurait observé une famille lors d'une journée banale, un peu morne sans doute mais ne se laissant pas mourir d'ennui ou de faim. Mais c'était à s'y méprendre de penser que personne dans cette maison ne savait ce qui se déroulait ailleurs. Et quand le bruit si distinctif du transplanage se fit entendre depuis la porte ouverte, ils surent tous que le moment était venu.
* * *
Hermione l'avait reconnu. Les trais de son visage, bien que d'abord dévoilé dans l'obscurité, ne l'avaient pas trompé. Elle venait de rencontrer le frère de leur ancien directeur d'école et elle avait tout aussi vite compris qu'il avait son rôle dans toute cette histoire. Elle avait peur, terriblement peur. Peur de perdre ses amis, peur de perdre contre les forces obscures et de voir ce monde aux prises de Voldemort, de voir les lumières du jour périr par des mains aussi malveillantes. Mais voir Abelforth ici lui redonnait une poussée de courage qui ne peut que s'accentuer quand un de ses amis apparu derrière un tableau, Neville, le visage abîmé mais qui n'avait jamais autant sourit.
* * *
Le bouclier se dressait devant leurs yeux. Pas une baguette ne se trouvait encore rangée, cachée, pas encore prête. La tension était palpable. De nombreux sorciers prenaient place dans toute l'école, attendant, redoutant, espérant. De nombreux sorciers avaient les mains moites, les jambes tremblantes et le cœur battant fortement. De nombreux sorciers s'apprêtaient à faire face à une armée, à faire face au Seigneur des Ténèbres qui tirait son nom de toutes les souffrances qu'il avait pu causer, à faire face au danger imminent de tout perdre. De nombreux sorciers qui croyaient en ce qu'ils défendaient et qui avaient la volonté de défendre leur droit contre le tyran de leur décennie. Quand les premières fissures apparurent sur le dôme de protection, plusieurs respirations cessèrent, plusieurs regards s'échangèrent, plusieurs cœurs s'affolèrent. Presque tous pensaient à une personne chère.
L'armée de Voldemort se déversa sur Poudlard comme une masse trop compacte pour glisser plus rapidement sur l'école. Leur arrivée paraissait lente. Trop lente. Et le choc fut violent. L'impact fut tragiquement grandiose. La rencontre fut écrasante. Les cris commencèrent à traverser l'espace avant même que les premiers sortilèges ne surgissent. La terreur s'empara des esprits mais, pour la grande majorité, la volonté fut plus féroce.
La bataille de Poudlard avait débuté.
Fred échangea ses derniers mots avec George peu de temps avant la destruction du dôme. Il voulait retourner à leur boutique, retrouver ce lieu réconfortant dans lequel ils avaient réalisé leur rêve et où ils pouvaient faire rire n'importe qui entrant chez eux. Ou alors au Terrier, dans le jardin, avec le soleil chaud sur son visage et une brise fraîche dans ses cheveux. Il voulait être là-bas avec sa famille, il voulait être avec Hermione. Fred renforça sa prise sur sa baguette le regard fixé sur le dôme qui disparaissait.
Hermione courait avec Ron et Harry. Elle était terrifiée, mais rien ne pouvait l'empêcher de poursuivre la guerre. Pourtant, elle commençait à voir les corps tomber et ne plus se relever, mais cet horrible spectacle la poussait à ne pas abandonner. La fureur devenait chaque jour plus insupportable, sa révolte n'était plus tenable. Elle refusait de ne pas agir. Pourtant elle aurait donné n'importe quoi pour se retrouver ailleurs, dans un autre temps, quand elle était encore insouciante. Mais la bataille faisait rage, et elle savait malgré ses faiblesses qu'elle pouvait faire la différence.
Les mangemorts traversaient de part en part Poudlard. La passerelle de l'aile droite avait été détruite par quelques Gryffondor, ce qui avait permis de rendre infranchissable une entrée et de faire en sorte qu'un certain nombre d'ennemis soient incapables de combattre. L'école ressemblait presque à une île. Une île envahit par des pirates sanguinaires et dont les habitants ne surent pas s'ils allaient pouvoir contempler de nouveau le soleil.
* * *
Les heures n'avaient jamais paru aussi longues pour chacun des sorciers se trouvant à Poudlard. Jamais autant d'entre eux n'avaient eu à lancer autant de sortilèges en seulement quelques heures. Certaines baguettes commençaient à brûler dans les mains des élèves et des professeurs, mais quelques-uns d'entre eux avaient la conviction que cette chaleur était le fruit d'une rage que les baguettes partageaient avec eux. De la colère, il y en eut, mais également beaucoup de chagrin et de regrets qui faisaient croître ce sentiment général de vengeance. Car il s'agissait de rétablir l'équilibre, de faire disparaître le mal une bonne fois pour toute, de préserver une atmosphère réelle de paix, de ne plus avoir à craindre, à espérer, à souffrir. Tous se battaient pour ce en quoi ils avaient foi : un monde comme autrefois, un monde sans Voldemort.
* * *
Fred Weasley se trouvait dans un couloir du quatrième étage. George toujours à ses côtés, ils se battaient dos à dos. Il vit alors Percy près des escaliers. Il vit par la fenêtre un géant s'approcher. Il cria le nom de son frère pour le prévenir, pour lui ordonner de fuir, de survivre. Il se mit à courir pour le sauver. Le géant percuta le mur. Des blocs de pierres envahirent le couloir. Fred ne vit rien. Il se sentit soudainement soulevé et comprit par le décor tournant autour de lui que le géant venait de le prendre dans sa main. Son cœur s'affola et sa respiration cessa quand il comprit. Il vit sa chute. Premier témoin de ce qui allait survenir. Le géant regardait déjà ailleurs, à la recherche d'une nouvelle victime. Il venait de lâcher Fred, le laissant tomber comme une poupée de chiffon. Pendant un instant, un très court instant, Fred se demanda si Dumbledore avait eu les mêmes sensations qu'il ressentait à présent partout sur son corps. Puis le choc arriva. Terrible. Faisant trembler ses os. Et l'obscurité survint alors qu'un cri plus puissant que les autres retentissait.
* * *
Hermione Granger se trouvait au second étage, en compagnie de Ron. Ils venaient de sortir de la Chambre des Secrets et avaient détruit un Horcrux. Elle avait détruit un horcrux. Elle n'en avait pas cru ses yeux, ni ses mains ensanglantées. Elle avait regardé son meilleur ami et ils s'étaient pris dans les bras. Il avait voulu l'embrasser mais, posant une main sur son cœur, elle avait refusé. Par un regard, un simple regard, il lui avait signifié qu'il avait compris. Il l'avait de nouveau pris dans ses bras et elle s'était sentie si aimé qu'elle en avait pleuré. A présent elle riait presque. Parcourant les couloirs à travers le tumulte, Hermione se sentait en confiance. Elle connaissait cet endroit par cœur et elle ne supportait pas l'idée qu'on détruise ainsi un de ses foyers. La rage restait dominante dans ses veines et commandait ses gestes. Ron semblait tout aussi féroce qu'elle et bien vite plus personne ne les entourait. Ils échangèrent un regard et comprirent alors que le moment leur été venu d'aller chercher leur meilleur ami. Ils plongèrent sans hésiter une seconde, les sens en alerte, vers l'escalier le plus proche. Ils devaient grimper les marches pour rejoindre les hauteurs.
* * *
Fred ouvrit les yeux, le corps douloureux. Il avait été projeté par le géant et laissé pour mort à même le sol. Il comprit rapidement qu'il se trouvait au troisième étage, soit un étage plus bas que l'endroit où il s'était initialement trouvé, soit une chute suffisamment grave pour l'immobiliser au sol quelques instants. Il vit une tête rousse apparaître plus haut et fut soulagé de voir Percy vivant. Ce dernier s'assurait qu'il était toujours en vie avant de repartir à la bataille. Fred laissa sa tête retomber sur le sol de pierre, la respiration difficile.
* * *
Hermione grimpa les trois dernières marches en une seule enjambée. Elle avait aperçu les cheveux roux deux marches plus bas, ce qui avait fait accélérer les battements de son cœur. Elle avait peur, terriblement peur de ne plus pouvoir observer son regard amusé. Elle courut vers lui et bien vite sa peur redoubla d'intensité quand elle eut la confirmation qu'il s'agissait bien de Fred, allongé sur le sol et immobile. Elle se jeta à terre près de lui et prit son visage entre ses mains, déjà en pleur. Il avait le visage encore chaud et elle se maudit de ne pas avoir été là à temps. Mais alors Fred ouvrit les yeux et, quand il l'a vis, un sourire apparut sur son visage. Il fit laborieusement glisser une de ses mains sur son visage et elle se pencha vers lui, logeant son visage dans son cou, ne pouvant s'empêcher de pleurer, de joie cette fois.
« Je savais que je te manquais trop. »
Elle pouffa un instant de rire et se redressa pour pouvoir le regarder. Elle fit glisser ses mains partout sur son visage comme elle ne s'était jamais permit de le faire, lui procurant caresses et souvenirs et Fred ferma un instant les yeux de bonheur. Il lui fit signe d'approcher pour pouvoir l'embrasser, ce qu'elle fit sans attendre, mais une explosion proche les firent s'immobiliser de frayeur. Ils observèrent les alentours et virent le géant, un peu plus loin, qui s'énervait contre un nouveau mur. Ils déglutirent tous les deux avec difficultés et Fred fut soudain pris d'un sentiment d'urgence :
« Hermy, Hermy écoute-moi. »
Il avait pris son visage dans ses mains et plongeait son regard dans le sien. Le monde autour d'eux n'existait pas, l'univers entier avec disparu depuis que l'autre était apparu.
« Hermy, je t'aime. Hermy, je n'ai véritablement aimé que toi. Tu es la seule, d'accord ? Tu as toujours été la seule. Je suis fou amoureux et je l'ai été encore plus à chaque jour qui passait. Et c'était une souffrance ces derniers mois sans toi. Si tu savais comme je suis heureux de te voir. Je viens de me faire balancer par un géant et je pourrais croire que je suis mort et au Paradis parce que je te vois, juste à côté de moi, après tout ce temps. Si tu savais comme je t'aime, Hermy...
-Si tu savais comme tu m'as manqué, Fred... »
Ils s'apprêtaient à s'embrasser quand une voix les fit sursauter :
« Vous croyez vraiment que le moment est venu de s'amuser ? »
Fred le reconnut comme un des mangemorts les plus proches de Voldemort. Il se redressa et réussit miraculeusement à se relever quand l'homme approcha. Hermione fixait l'adversaire. Elle venait de prendre la main de Fred et le serrait si fort entre ses doigts que le sang avait certainement arrêter d'y circuler. Ils sentaient tous les deux leur cœur bouillir. Il était hors de question que quelqu'un leur fasse du mal.
Un duel commença alors.
Hermione et Fred rivalisaient d'ingéniosité pour leurs sortilèges, mais leur ennemi les évitait avec autant de facilité qu'un souafle lancé par un enfant. Hermione comprit alors qu'en restant ainsi côte à côté, ils n'allaient pas pouvoir gagner. Fred sentit alors la main d'Hermione se détacher de la sienne et le manque l'envahit aussitôt. Alors qu'il s'obstinait toujours à lancer ses sorts à tout va, il la vit du coin de l'œil qui s'éloignait. Quand il s'aperçut que le mangemort commençait à avoir des difficultés à se défendre, il comprit le stratagème mis en place. Il se déplaça lui-même de quelques pas, soucieux de terminer rapidement ce combat pour pouvoir prendre Hermione dans ses bras. Un éclair surgit, de lumière bleue, et l'homme tomba alors au sol en hurlant. Quand il fut immobile, Fred regarda Hermione qui fit de même au même instant. Ils se regardèrent un moment avant qu'Hermione ne lui dise :
« Moi aussi je t'aime Fred, comme jamais personne n'a pu aimer quelqu'un. »
Elle commençait à s'avancer vers lui quand il vit son regard changer et la peur envahir son visage. Elle souleva sa baguette encore plus rapidement que lui-même soulevait sa batte de Quidditch et il se sentit propulsé dans les aires. Il retomba au sol, ressentant et entendant certains des os se briser. Un nouvel éclair jaillit alors. Il n'était pas bleu. Et il comprit pourquoi Hermione l'avait propulsé de la sorte.
* * *
Dong... Dong... Dong...
* * *
Fred vit le responsable tomber raide mort sur le sol, tué par George quelques mètres plus loin, essoufflé. Mais il vit surtout Hermione, son Hermy, inerte sur le sol et tournée vers lui. Il ne sut comment, il se traîna jusqu'à elle pour pouvoir la prendre dans ses bras. Chacun de ses gestes lui faisait souffrir le martyr, chacun de ses efforts le menaçait de tomber lui aussi dans le néant. Pourtant il réussit à l'atteindre et son étreinte fut si forte qu'il eut peur de lui faire mal. Puis il commença à réaliser qu'il ne pouvait plus lui faire de mal. Il chercha désespérément les battements de son cœur mais dû se résoudre au silence de la bataille. Fred n'avait jamais eu si peur de sa vie.
Il posa une main sur sa joue et se mit à pleurer sans pouvoir s'arrêter. Il n'avait rien. Ou plus exactement il n'avait plus rien. Plus rien auquel se raccrocher pour continuer, sa propre volonté s'étant envolée. Comment allait-il faire ? Comment allait-il pouvoir tenir s'il n'arrivait plus à mettre un pied devant l'autre ? Mais il l'avait perdu... Comment concevoir l'existence, à présent ?
Le temps lui-même ne semblait plus exister. Il ne comprenait pas pourquoi la Terre continuait de tourner, ni pourquoi le vent persistait à souffler, encore moins pourquoi le soleil n'était pas tombé, chutant dans l'univers sans jamais pouvoir s'arrêter. Puis il se souvint... De son sourire et de sa bienveillance. Il ne pouvait pas l'oublier, jamais il n'aurait pu l'oublier. Quand elle lui souriait, le soleil avait toutes les raisons d'exister. Quand elle le regardait, alors plus rien d'autre ne comptait. Ce monde avait compté pour elle. La vie de ces gens, l'avenir de leur univers avait toujours compté pour elle, et ce jusqu'à la fin, jusqu'à son dernier sort lancé, jusqu'à son dernier souffle. Tout ce qu'elle avait entrepris jusqu'à maintenant avait contribué à valoriser, à guérir, à faire de ce monde un monde encore meilleur. Et pour elle, pour tout ce qu'elle avait fait jusqu'à ses derniers instants, il devait se battre. Lui aussi avait aimé ce monde, lui aussi s'était battu pour lui depuis le début, à sa manière, et même s'il en sentait la saveur disparaître, s'éparpiller à chacune de ses respirations, il ne pouvait pas l'abandonner, pas tout de suite, pas si près du but. Pas maintenant...
Jamais alors il ne s'était battu avec tant de hargne. Jamais il n'avait lancé de sorts avec tant de haine. Jamais il n'avait autant espéré la mort d'un être humain. Il s'était relevé, avait embrassé sa joue, et était repartis combattre pour elle. Il ne ressentait plus la douleur physique, il ne sentait plus rien. Et aujourd'hui, après des heures de tourments, des heures qui lui paraissaient êtres des éternités sans elle, il consommait ses dernières forces à l'ultime bataille. Quand tout fut terminé, quand les derniers prirent la fuite, quand le silence revint doucement sur le château, Fred tomba à genoux. Il prit alors conscience, pleinement, comme si sa douleur précédente n'avait été qu'un aperçu, du vide qui avait pris toute la place à l'intérieur de lui. Il sentit la main de George sur son épaule et se sentit retenue sur la terre ferme. Merlin savait à quel point il souhaitait la quitter...
Fin à suivre
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top