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Point de vue : Hermione Granger
« Non, je t'ai dit clairement qu'il ne fallait rien espérer.
-Mais Hermione, on serait tellement bien ensemble.
-Est-ce que tu sais au moins pourquoi tu veux sortir avec moi ? »
Je croisais les bras en plantant mon regard dans le sien. Ses yeux se mirent à parcourir mon corps alors qu'un sourire presque carnassier venait habiller ses lèvres. Je n'étais pas totalement étrangère à ses intentions, mais je ne pus m'empêcher d'être stupéfaite par tant de sincérité.
« Va te faire voir. »
Je décidais qu'il était temps pour moi de partir. Rester ici ne présageait rien de bon et je n'avais plus envie de le côtoyer pour la journée et sûrement aussi pour le reste de l'année. Je marchais vite afin de retrouver rapidement un endroit où je me sentirais bien, mais aussi pour m'éloigner prestement de sa personne. Cela faisait plusieurs semaines que Noël était passé. Cormac m'avait accompagné à la dernière fête de notre professeur de potions, mais je n'avais pas passé une très bonne soirée. En plus de m'ennuyer dans ce petit comité, j'avais passé mon temps à fuir les coins isolés où il voulait « discuter ». Etant donné qu'il me suivait régulièrement depuis le retour des vacances, j'avais décidé de m'expliquer avec lui. Ce n'était pas faute de lui avoir déjà signifié, mais il était pire qu'une sangsue.
« Il lâche toujours pas l'affaire. »
Je sursautais en entendant sa voix. Adossé contre un mur, les bras croisés sur son torse, il posa son regard sur moi.
« J'en ai marre, je n'aurais jamais dû aller à cette stupide soirée avec lui.
-Tu pensais qu'il te laisserait tranquille après.
-Je me suis rarement montrée aussi idiote. »
Fred laissa échapper un sourire et, tout naturellement, nous nous sommes mis à marcher.
« Si tu veux j'irais lui parler.
-Tu ferais ça ?
-Bien sûr. »
Je ne pus m'empêcher de sourire. Ce que venait de proposer Fred me faisait vraiment plaisir. Ça ne m'étonnait pas beaucoup, étant donné que nous passions de plus en plus de temps ensemble, mais tout de même.
« C'est gentil. Mais je pense que je dois régler cette histoire toute seule.
-Je comprends. »
Il avait glissé ses mains dans ses poches. J'aimais quand il était calme de cette façon. Nous marchions encore un moment avant de nous rendre compte que nous nous trouvions près de la grande cloche. Nous nous sommes arrêtés et nous nous sommes adossés à la rambarde, faisant ainsi face à l'horloge.
« Ce McLaggen montre qu'il y a des idiots même à Gryffondor. Mais en fait, Percy l'avait déjà montré.
-Je sais qu'il te déçoit, beaucoup, mais peut-être qu'un jour tu le comprendras, répondis-je par rapport à son frère.
-Si je ne te connaissais pas, je penserais que tu essayes de prendre sa défense. Tu es trop gentille Hermione, beaucoup trop gentille.
-Le comprendre ne veut pas dire légitimer ses actes. »
Je l'observais sans gêne, il était plongé soudainement en pleine réflexion. Il finit par hocher doucement, très doucement, la tête, avant de relever son visage vers moi.
« J'y repenserais quand le moment sera venu. Je serais certainement un idiot de ne pas suivre tes conseils. »
Je lui souriais, incapable de m'en empêcher. Je savais bien qu'un lien subsistait entre nous. Il ne m'avait jamais considéré comme la Misse-Je-Sais-Tout, même au début. Il s'était toujours montré très gentil, très agréable, tout en restant lui-même et son attitude envers moi m'avait toujours touché. Quant à moi, je me sentais vraiment bien en sa compagnie. Quand il était dans les parages j'avais l'impression de me sentir plus légère et, quand nous nous retrouvions seuls, je pouvais naturellement et simplement lui confier des choses que je n'osais pas forcément dire à d'autres. Une complicité naturelle, parce qu'il était lui et que j'étais moi, aussi simplement. Et la présence d'Angelina et de Ron n'empêchait pas ça.
« Je ne suis pas trop gentille. Je suis simplement bienveillante. »
Je le vis sourire et se tourner pour pouvoir poser ses mains sur la rambarde.
« Oui je sais bien, Hermy. Je voulais t'embêter un peu. »
Nouveau sourire. Je me tournais vers lui, un coude sur la barrière, en lui demandant d'une voix curieuse :
« Pourquoi ce surnom ? Ça fait un moment que je me le demande. »
Il y eut de longues secondes de silence où je pus presque lire dans ses yeux. A peine prononçait-ils ces mots que j'avais pu les lire dans son regard :
« Parce que personne d'autres ne t'appellent comme ça. »
Et c'était vrai. Et ce surnom, par Merlin, dans sa bouche il était si mignon.
« Toi, tout le monde te donne des surnoms. Je ne peux pas faire grand-chose...
-Toi, tu prononces mon prénom comme personne d'autres ne le fait. »
Et ça, ça me faisait plaisir. Je savais que cet instant, comme presque tous ceux qu'on avait pu passer ensemble, resterait dans ma mémoire. Je me le remémorerais, je le tournerais en boucle dans mon esprit jusqu'à m'endormir, j'y repenserais volontairement et, parfois, le souvenir ressurgira sans que je ne puisse présager sa venue. Fred, si tu savais comme je t'aime...
« Tu as déjà embrassé quelqu'un ? »
Je ne m'en rendis pas tout de suite compte, mais j'avais perdu mon sourire. J'ai d'abord cru mal entendre avant de comprendre à son regard coupable que j'avais bien compris sa demande. Mon cœur se mit à battre frénétiquement et je pris le temps de déglutir avant de répondre, m'accrochant cette fois plus à la rambarde qu'auparavant.
« Oui. Et toi ?
-Ah bah oui, Viktor, je suis bête. Moi, oui, une fois.
-Une seule fois ? »
Tu m'offrais cette fois un regard d'excuse, ce qui me fit rire.
« C'était si nul que ça, le premier baiser ? » demandais-je.
Nous savions tous les deux qu'il parlait d'Angelina. Nous savions tous les deux que nous avions quelqu'un dans notre vie.
-Pas si terrible. Et toi ? »
J'haussais les épaules en répétant ses propres mots :
« Pas si terrible non plus. »
Il se tourna alors vers moi et le silence commença à nous entourer délicatement. J'avais l'impression qu'une sorte de bulle venait de nous envelopper et nous poussait doucement l'un vers l'autre. Pourtant je ne bougeais pas, et toi non plus. Je pouvais briser ce moment à tout instant. Je pouvais faire un pas arrière, je pouvais prononcer une phrase qui n'avait rien à faire là, je pouvais même me mettre à tousser sans prévenir. Mais comme je t'avais déjà donné ce conseil, je pris le parti de suivre mes envies.
« Tu voudrais réessayer ? »
Je ne voulais prononcer aucun mot. J'avais l'impression que ma voix aller gâcher le moment, que le simple fait de faire vibrer mes cordes vocales allaient briser l'instant, la bulle, l'enveloppe qui nous séparait du monde entier.
« Juste nous. Simplement nous. Sans que personne sache. »
Et c'est pour ça que j'ai hoché la tête. J'ai simplement hoché la tête.
Je t'aie alors vu te rapprocher doucement. J'ai pu sentir ton parfum et détailler la couleur de tes iris. J'ai pu distinguer les détails de ta peau, sentir ton souffle chaud contre ma joue, jusqu'à même me rendre compte que tes cheveux venaient chatouiller ma tempe. Je me suis alors mise sur la pointe des pieds et, doucement, très doucement, nos lèvres se sont rencontrées. Pour la première fois. Et pour la première fois, je me sentais complètement détendue.
Il n'existait que ce contact. Il n'y avait que tes lèvres sur les miennes, simplement tes lèvres. Il y avait toi, ton odeur, tes paupières fermées, l'obscurité, le bruit de ta respiration, le bruit des battements de mon cœur, et le contact de tes lèvres. Ta bouche sur la mienne. Ta bouche dansante sur la mienne. Ma bouche dansant avec la tienne. Et la valse commençait dans mon esprit avec un retard de quelques secondes sur mon corps. Et la chaleur commença doucement à se répandre, très agréablement jusqu'à la pointe de mes orteils. Et le goût de ta salive, et la chaleur de ta bouche, et les picotements de désir et de satisfaction sur mes lèvres. Ta bouche sur la mienne. Ma bouche sur la tienne. Nos lèvres dansantes au milieu de l'univers, insensibles au temps et au vent, à l'obscurité et au silence, entièrement hors de tout, entièrement en nous, complètement seules. On aurait dit des retrouvailles.
Puis nos lèvres se sont séparées, le froid m'a atteint en plein cœur, me faisant frissonner. Mais je souriais. Et toi aussi. Car notre premier baiser avait eu ce goût magnifique. Il était pourtant improbable qu'un tel premier baiser puisse être autant agréable. Improbable de se retrouver soudainement propulsé dans un ailleurs, dans un inconnu et de trouver cet inconnu confortable. Comme il était improbable de soudainement se souvenir de notre nom et de se rappeler qui on est. Et pourtant, je me rendais compte que durant cet échange je l'avais oublié. Car il n'y avait eu plus que nous, car je ne comptais plus que lui.
Dong...Dong...Dong...
La cloche a retenti et nous nous sommes éloignés. Nous ne nous sommes pas tenus la main. Nous avons échangé quelques mots. Nous avions tous les deux appréciés ce moment. Mais il y a des liens étranges qui se tissent et dont on doit prendre soin. Des liens dont la nature ne nous est pas toujours connue et dont la moindre initiative pourrait potentiellement le briser. J'aimais Fred Weasley, mais je ne voulais pas le perdre, et c'est pour cela que je l'ai laissé partir.
Fin à suivre
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