Chapitre 1.

|Corrigé|

-Non ! Laissez-moi, je veux partir ! Le front en sueur, je me débats dans mes couvertures ; ma tante accourt dans ma chambre.

-Néva, ma chérie, calme toi, me dit-elle en me caressant le dos, ce n'était qu'un cauchemar. Non Steph, ce n'était pas qu'un cauchemar, c'était bien plus que cela. Une prédiction : ce rêve, que je fais depuis des années, allait se réaliser. Et je suis terrorisée.

Je m'appelle Néva Harvin, j'ai seize ans. Je suis une fille banale, vivant dans une ville insipide du joli nom de Karland dans le Maine, un trou paumé où il ne se passe jamais rien et où tout le monde se connaît. Je rêve de partir, de voyager, de voir le monde... Malheureusement, je dois rester ici pour reprendre le petit magasin d'antiquités de ma tante. Je ne m'en plains pas, je lui dois tellement. Je vis avec ma tante depuis l'âge de cinq ans. Elle m'a accueillie quand ma propre mère m'a abandonnée. Jusqu'ici, je ne l'ai jamais revue... Steph m'a élevée comme sa fille. Quant à mon père, je ne sais rien sur lui, si ce n'est qu'il est parti quand je suis née. J'avais un frère aîné, mais il a disparu il y a quelques années déjà. Je n'aime pas spécialement en parler, mais je suis obligée de m'exprimer pour me libérer comme le dirait ma psychologue.

-Néva, descends ! Tu vas être en retard ! me crie ma tante en me tirant de mes réflexions.

-C'est bon j'arrive ! Je finis de m'habiller avant de la rejoindre dans la cuisine en dévalant les escaliers.

Aujourd'hui, c'est la rentrée. Super. Qu'est-ce que j'adore l'école ! je pense en soufflant intérieurement. Nouvelle classe, nouveaux professeurs, nouveaux horaires, tout ce que j'aime quoi.

-Combien de fois t'ai-je dit de ne pas courir dans les escaliers ? Tu pourrais te faire mal, me réprimande Steph en se faisant un café.

-Laisse-moi réfléchir... À peu près 3200 fois ? Je me trompe ? dis-je ironiquement.

-Très drôle, se moque-t-elle, aller prends ton déjeuner et va t'en. J'obtempère, lui fais la bise et m'en vais.

Comme le lycée est à quinze minutes de la maison, je n'ai pas besoin de prendre les transports en commun. Je marche les écouteurs enfoncés dans les oreilles, quand soudainement quelqu'un me saute dessus.

-Coucou Néva ! Devine qui c'est ? Un indice, c'est la plus merveilleuse des amies !

-Holly ! J'ouvre grand les yeux et me précipite dans ses bras tendus.

-Tu m'as trop manqué ! me dit-elle en me serrant dans ses bras.

-Toi aussi ! Et alors ton voyage en France ? Je lui demande en la voyant sautiller sur place.

Holly est du genre à être tout le temps de bonne humeur, c'est un peu comme un rayon de soleil, avec ses cheveux blonds, sa peau hâlée, ses beaux yeux bleus, elle caricature bien le type de fille qui fait tomber tous les garçons. Je l'envie moyennement, elle a le chic pour tomber sur des gars tous plus lourds les uns que les autres.

Quand je lui dis ça, son regard s'illumine : « Tu aurais dû venir avec moi ! C'était magique. Tout est beau là-bas ! Et les Parisiens sont... Wouaw ! », s'extasie-t-elle.

-Je te l'ai déjà dit Holly, je devais rester ici pour aider Steph à la boutique, je lui répète pour la centième fois.

-Je sais Né, mais tu as raté tellement de choses ! Et en plus, il y avait Max... dit-elle en prenant un air rêveur. Je lève un sourcil, Max ?

-Je dois te rappeler que ça ne fait qu'un petit mois que tu n'es plus avec... avec, tu as vu ?! Je ne sais même plus son prénom ! Tu changes tellement souvent de copain ! Je sais que tu es jeune et que tu veux en profiter, mais à chaque fois c'est la même chose et je dois te ramasser à la petite cuillère, lui dis-je contrariée.

Je vois à son expression qu'elle n'apprécie pas ce que je lui dis, cependant je me dois de lui dire la vérité. Je ne veux pas la blesser, mais je ne veux pas qu'elle soit malheureuse à cause d'un pauvre type qui ne la mérite pas.

-Oh, s'il te plait, ça ne fait qu'une dizaine de minutes qu'on s'est retrouvées et tu me fais déjà la morale. Je sais ce qui est bien ou pas pour moi, je suis assez grande, tu sais. Mais aller, ça va, je t'aime quand même ma meilleure amie chérie ! M'assure-t-elle en me prenant une nouvelle fois dans ses bras. Je me laisse faire par cette grande blonde quand je me rends compte de quelque chose.

-Holly, tu as dit que ça faisait combien de temps qu'on était là ? Lui demandé-je soudain stressée.

-Euh... plus de dix minutes, je...
Je ne lui laisse pas le temps de finir que je commence déjà à courir dans la rue.

-Dépêche-toi ! On va être en retard Lyly, dix minutes ! Je n'ai pas vu le temps passer, je crie à mon amie qui est encore debout immobile derrière moi. Je me stoppe et je me retourne précipitamment, je la vois hésiter.

-Mais qu'est-ce que tu fous, nom de Dieu ?! Tu veux être en retard le premier jour de cours ou quoi ? Je lui demande le souffle déjà court ; l'endurance et moi, ça doit faire deux.

-Tu crois que c'est facile de courir avec des talons ?! Me demande-t-elle en pointant du doigt ses chaussures brunes à motifs léopards. Je n'avais pas vu qu'elle portait cela... Je préfère de loin mes bonnes vieilles baskets bleu marine.

-Tu n'as qu'à les enlever ! Lui dis-je en recommençant mon sprint.

-Et salir mes pieds ?! Non merci, je préfère arriver en retard, je l'entends dire loin derrière moi.

J'ai finalement décidé de l'attendre pour entrer dans le lycée et annoncer notre retard à la surveillante. Et bien sûr, nous nous sommes fait réprimander par cette vieille bique toute fripée qu'est Madame Olgach. Je la vois encore avec son doigt tout tordu pointé vers nous et son haleine fétide nous dire que c'est mal d'arriver en retard le premier jour. On s'est excusées avant d'aller vers notre salle de classe. J'étais un peu anxieuse à l'idée de découvrir mes nouveaux camarades. Je déteste avoir tous les yeux posés sur moi, et là, je vais être regardée par tout le monde, parce que bien évidemment dès que quelqu'un entre dans une classe, tous les élèves sont obligés de regarder qui c'est, comme si c'était un extraterrestre venu de la planète 21.

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