Chapitre 2: Shawn & Alaïs
- Poursuivez-le, il ne peut pas nous échapper encore une fois. Nous sommes dix et lui est seul. Il vient de tourner dans la rue de gauche et il arrive bientôt à une impasse. On le tient.
Les neuf soldats et le commandant tournèrent dans la rue en question mais une fois arrivés au bout de cette ruelle, les dix officiers n'aperçurent que le mur en pierre grise irrégulière de l'impasse.
Shawn venait encore de réussir l'exploit d'échapper à la milice.
*
À quelques mètres de là, sur le toit d'une maison, l'adolescent était tapi dans l'ombre à moitié camouflé des regards grâce à sa tenue noire à capuche. Le jeune homme attendit que les miliciens quittent l'allée en criant d'innombrables jurons pour sauter de l'autre côté de la bâtisse et atterrir dans un chantier qui venait de débuter assez récemment. Le terrain venant d'être rasé, il offrait très peu de cachettes et l'adolescent se vit contraint de le traverser en courant de peur de se faire repérer. Les secousses régulières de sa course firent retomber sa capuche dévoilant ainsi ces cheveux brun clair en bataille. Il sauta par-dessus une sorte de petite palissade en bois délimitant la fin de la zone des travaux.
De là il courut encore sur une dizaine de mètre avant de s'arrêter dans l'ombre d'une ruelle, balayant de ses yeux gris les alentours tout en remontant son capuchon sur sa tête. Shawn bien que recherché depuis l'âge de sept ans avait toujours réussi à échapper à la milice et à survivre dans l'enfer que sont les villes basses à cette époque. Après plus de huit ans passés dans la rue, Shawn s'était rendu compte d'une réalité vraie et fausse à la fois : dans ces moments-là son cœur était son pire ennemi. Ce dernier d'ailleurs s'était peu à peu changé en marbre et Shawn n'en avait plus pour longtemps avant de sombrer pour de bon.
Le jeune homme reprit un court instant son souffle avant de recommencer ses dangereuses acrobaties devenues pour lui une habitude. Il sauta sur le toit d'une nouvelle maison et continua son chemin tel un funambule sautant de charpente en charpente. Il atterrit dans un champ isolé s'étendant sur plus d'une centaine de mètres sans savoir vraiment pourquoi il était venu ici sans s'en rendre compte. Le jeune homme avança d'un pas rapide entre les mauvaises herbes qui lui arrivaient au niveau du torse. Ses bottines de cuir usées s'enfonçaient dans la boue humide, le rendant rapidement transi de froid. Ce dernier, lassé d'avancer ainsi, allait faire demi-tour quand il aperçut une étrange lueur violacée dans les hautes herbes à un peu moins d'une cinquantaine de mètres. Cette dernière l'intrigua et il décida plutôt de partir dans sa direction.
Jeune et pourtant
Tout sauf innocent
Il devra bientôt verser son sang
Pour d'autres gens
Assise, seule, immobile, son doux reflet élancé se réfléchissant dans l'eau claire et pure comme un diamant brut du lac de Jetaviome. La jeune adolescente jouait si bien de son harmonica que les oiseaux en venaient parfois à se poser sur son épaule un court instant. Cela faisait maintenant trois heures que la jeune femme les yeux clos jouait de son instrument. Trois heures que défiant le temps la surnommé « Magnifique Reine du vent » enchaînait les notes d'une manière enivrante. On aurait pu croire en la voyant avec ces cheveux châtains qui lui descendaient jusque sur les épaules et son air aussi serein que concentré, on aurait pu croire que tout droit descendu du ciel bleu azuré une déesse enchantait les lieux. Alors que la fille était bien là mortelle, vivante, présente et pouvant rompre le soit disant enchantement en deux secondes à peine. Ce qu'elle fit d'ailleurs une heure plus tard. Elle rouvrit alors ses paupières révélant des yeux d'un bleu profond dans lesquels l'amour s'était sûrement noyé plus d'une fois, avant de se relever et de faire partir les derniers oiseaux restés en quelques sorte hypnotisés. Puis après avoir épousseté ses vêtements elle partit en direction du village où sûrement personne ne l'attendait.
Pour l'instant seule et belle
Elle sera bientôt accompagnée
Des plus grands rebelles
Que la Terre n'est portée
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