Chapitre 1: Xia
Dans le présent
- Majesté, votre père vous attend dans la cour du palais d'ici cinq minutes.
- D'accord servante, déclara Xia, vous pouvez repartir maintenant.
La jeune femme attendit que les bruits de pas se soient éloignés pour repousser un peu plus loin sur son bureau la carte du continent qu'elle était en train de dessiner. Puis elle se leva et rangea sous ce dernier la chaise en bambou sur laquelle elle était assise quelques instants plus tôt. Elle se mit à contempler son reflet dans le miroir mural situé à quelques mètres de la porte de sa chambre. L'image qui était renvoyée était tout l'inverse de son portrait mental. D'apparence, la jeune femme paraissait calme avec ses cheveux noirs soigneusement coiffés qui contrastaient avec sa peau blanche et ses beaux yeux verts. La vérité se trouvait être qu'il s'agissait surtout d'une fille roublarde dont les passions étaient le combat au corps à corps et les arts martiaux. Xia, après s'être assurée qu'elle n'avait rien oublié, quitta la pièce.
Elle traversa un long couloir richement décoré de tapisseries et de tableaux représentant pour la plupart des scènes de guerre et de coup d'Etat. Certains étaient même dédiés à la soumission des Rois face à la nouvelle dictature. Elle descendit un escalier à la rampe sertie d'émeraudes avant de déboucher dans une cour circulaire dont le sol était recouvert de sable fin. Cette dernière était cernée de tribunes faites en bois de bouleau. Dans certains coins se trouvaient disposés des tonneaux contenant pour la plupart des vivres ou de la poudre pour les canons. Au centre de la cour, son père, le général Hagnai, discutait avec un de ses soldats. Xia, qui voulait absolument savoir le motif de la conversation sans se faire remarquer, décida d'aller se cacher derrière les barils situés au plus près de la scène. Ces derniers étaient remplis d'alcool et une odeur de raisin fermenté s'en échappait. Xia s'accroupit le plus possible pour être sûre d'être bien dissimulée puis elle commença à écouter la discussion qui commençait à s'envenimer.
- Je te dis que ce n'est pas possible ! Sursant est mort il y a environ 1000 ans. Il est donc totalement impossible que tu aies réussi à détecter sa magie avec ce vieux détecteur sûrement détraqué depuis le temps !
- Mais il est aussi possible qu'il soit encore d'usage et, dans ce cas, un objet ensorcelé est peut-être enfoui sous le sable de la plage des âmes. Et tu sais tout comme moi que Sursant a eu la possibilité de lancer un dernier sort comme le voulaient les scientifiques, répliqua le soldat en mettant en évidence l'opale noir qu'il avait dans les mains.
Cette pierre précieuse, qui avait été ensorcelée plusieurs siècles auparavant, avait la faculté de chauffer lorsqu'elle détectait, dans un rayon de cinquante mètres, la présence de magie.
- Je le sais très bien, continua le général, mais quand Sursant est mort, d'énormes battues ont été organisées pour savoir ce qu'il avait bien pu ensorceler. Comme personne n'a rien trouvé, on en est venu à la conclusion que le mage s'était suicidé de lui-même ou avait essayé de sortir de sa prison, ce qui était strictement impossible. Dans les deux cas, il est donc mort bêtement ! Vu que tu es un de mes hommes les plus fidèles, je veux bien te laisser convaincre cinq personnes de t'accompagner. Vous partirez demain à l'aube et vous reviendrez au plus tard le lendemain soir, conclut le général.
Après s'être salués, les deux hommes partirent chacun de leur côté. Pendant ce temps, Xia sortit discrètement de sa cachette et fit mine qu'elle venait d'arriver dans la cour. Elle se dirigea vers son père qui l'avait apparemment convoquée, puis une fois arrivée à son niveau, elle engagea la conversation d'une voix assez posée mais légèrement hautaine :
- Bonjour père, vous vouliez me parler n'est-ce pas, commença Xia.
- Exact ma fille, tu as entendu ma dernière conversation j'imagine ? répondit le général d'une voix neutre.
- Il faut juste dire que les nouvelles vont vite. Et la preuve continua t'elle en pointant le camp des soldats d'où s'élevaient déjà des éclats de voix.
- Xia, je sais ce que tu as l'intention de faire, mais je suis totalement contre pour que tu accompagnes Xomis à La Plage des Âmes. Ce voyage n'est surement d'aucune utilité mais en plus s'il s'avère qu'il y ait quelque chose sous le sable ou je ne sais où tu pourrais te retrouver en danger, continua son père.
- Mais, père, je sais me battre peut-être mieux que tous les soldats que Xomis va choisir, rétorqua Xia
- Peut-être mais tu es ma fille et donc aussi la cible parfaite, car si des membres d'un autre clan te capture, cela pourrait s'avérer dangereux pour le royaume.
- Je me libérerai, vous n'auriez aucune démarche à faire, juste à attendre, dit-elle d'une voix autoritaire avant de se retourner et de partir en direction du palais.
- De toute façon, j'ai demandé à des gardes de se poster devant ta chambre quand tu en es sortie ! termina son père.
*
Xia remonta les escaliers quatre à quatre, traversa le couloir en courant, ne regarda qu'a peine les deux gardes postés à l'entrée de sa chambre avant de claquer la porte de cette dernière derrière elle. Puis la jeune femme ouvrit son armoire, attrapa sa canne de combat, prépara un sac en quelques minutes, chargé du strict nécessaire. Ensuite, elle s'empara d'une corde qui trainait sur le dernier étage de son armoire, ouvrit la fenêtre de sa chambre, noua une extrémité du fil sur le rebord de cette dernière puis elle attrapa le reste de ce dernier à deux mains avant de se jeter littéralement dans le vide. Elle glissa le long pour arriver dans les jardins du palais.
Son père le lui avait interdit,
Et pourtant elle allait le faire
Ces quelques pas changeront sa vie,
Elle devra bientôt croiser le fer.
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