Chapitre 16
Patte de Givre fonça, tête baissée, sans regarder où elle allait. Le vent frais faisait voleter son pelage immaculé. Des larmes de rages lui montaient aux yeux et son coeur se serrait douloureusement. Comment Ciel Doux ose-t-elle me faire ça ? fulmina-t-elle. Je mérite de devenir une guerrière ! Je suis aussi forte que Patte de Pluie, même plus ! Je suis totalement capable d'assumer mes responsabilités de guerrière ! Elle s'arrêta brutalement, les griffes tâtant le sol humide. Regardant autour d'elle, la chatte se rendit compte qu'elle se trouvait près du ruisseau qui courait tout le long du territoire. Tremblante, elle s'approcha du bord et contempla son reflet. Elle détestait se voir ainsi, voir ses yeux bouffis par la rage et la fatigue. Elle détestait voir celle qui n'était même pas reconnut comme une bonne apprentie par sa cheffe. D'un coup de patte rageur, elle frappa l'eau qui éclaboussa, troublant son reflet.
<< Tout va bien? >> demanda une voix douce et hésitante.
Patte de Givre se retourna d'un coup, les crocs découverts. Plume de Pluie se tenait non loin, debout, une patte en l'air, comme si elle avait peur de la réaction de la novice.
<< Va-t-en ! grogna-t-elle. Tu es une guerrière maintenant, ne t'occupes pas de ta sœur encore apprentie ! >>
Plume de Pluie recula d'un pas, les oreilles en arrière, peinée.
<< Patte de Givre, je... >>
L'apprentie lui cracha de se taire, et fila dans les bois. Elle entendit des pas la poursuivre mais vite s'arrêter. Elle courut jusqu'à en perdre haleine, le vent fouettant ses yeux et son pelage. Elle sortit des bois et traversa la lande sans s'en apercevoir. Lorsqu'elle s'arrêta enfin, elle se trouvait près des collines.
Lasse, la chatte se coucha dans un carré d'herbe et se lécha le poitrail. Qu'es ce que je vais faire maintenant ? se lamenta-t-elle. Elle n'avait pas envie de rentrer au camp, d'affronter les regards désolés et déçus de ses parents, ceux courroucés de Croc d'Argent et bien d'autres. Elle bailla et se releva. Puis lentement, elle gravit les collines.
Patte de Givre secoua doucement le matou du bout de la patte. Noireaud remua en grognant puis ouvrit les yeux. Son échine se hérissa puis il se détendit en reconnaissant la femelle.
<< Patte de Givre? bailla-t-il en s'étirant souplement. Que fais-tu là?
- Je t'expliquerai. >> fit-elle doucement en se couchant près de lui.
Le mâle lui lécha le front en ronronnant tandis qu'elle se roulait en boule tout contre lui. Le bruit de la cascade qui cachait l'entrée de la tanière du matou et les ronronnements de ce dernier bercèrent la petite chatte qui s'assoupit, le coeur un peu plus léger.
En ouvrant les yeux, Patte de Givre vit Noireaud, tenant un étourneau dans la gueule.
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