Il veut venir avec moi... Je n'aurai jamais crû ça possible, surtout avec une telle réputation. Le grand Driss veux m'aider à retrouver Anna. Comme quoi, les apparences sont parfois trompeuses. À moins que ce gros dur n'ai quelques soupçons de culpabilité...

Mais je peux aussi lire du doute dans son regard, et je comprends qu'il n'avait pas prévu de m'accompagner.

Bah, c'est son problème. Et c'est pas moi qui vais refuser son aide. Son pouvoir me sera sûrement utile.

- Bon ok, qui m'aime me suive ! Je lance en partant d'un pas décidé. Il soupire et semble se rappeller avec qui il veut partir. Puis, se résignant, il se presse derrière moi.

Sur le trajet, je ne pipe mot. Mon coeur se serre d'angoisse : presque 24 heures que ma meilleur amie a disparue... Et de moins en moins de chance qu'elle soit encore en vie. Driss se serre les mains, il doit stresser à mort lui aussi, surtout qu'il a vu à quoi on a à faire.

Nous passons les portes du commissariat. L'ambiance est plutôt calme. Deux trois gens font la queue aux guichets et deux agents se font leur pause goûter. On va attendre derrière une vielle dame. Un quart d'heure plus tard, elle a enfin fini. Elle part lentement et on peut passer.

- Bonjour, notre amie Anna Brom a disparue depuis près de 24 heures. Nous avons debonnes raisons de penser qu'elle s'est fait enlevée. Je présente rapidement à l'agent qui nous reçois. Enfin, qui nous reçoit, c'est un grand mot. Il est plus occuper à ricanner avec un collègue. Il se retourne enfin vers nous et nous dit :

- Oui, donc une disparition c'est ça ?

- Un enlèvement, rectifie Driss, légèrement agacé. L'agent tapote sur le clavier de son ordinateur et, malgrés le temps qu'il prend à choisir ses lettres, je ne pense pas que ce qu'il écrit veuille vraiment dire quelque chose.

- Oui oui... Vous savez si elle éprouvait certaines contrariétés qui auraient pu la pousser à fuguer ?

- Mais je l'ai vu se faire enlever ! S'exclame Driss. Mon nouveau copain est hors de lui. Un peut plus et le pauvre comptoire se prendrait un coup de poing.

Je doit reconnaître que cet homme commence aussi à m'énerver. Mais ce n'est rien face à l'angoisse qui me serre la gorge. On fait comment si ce policier ne nous croit pas ? Surtout qu'on va avoir du mal à décrire la scène sans qu'il nous prenne pour des fous.

- Calme toi mon garçon. Tu sais, des canulars comme ça, on nous en fait tous les jours.

- Monsieur, nous disons la vérité. Notre amie s'est vraiment faite enlevée et elle est en danger, il faut lancer une enquête. Driss a vu où elle a été emmenée, mais nous y sommes retourné à l'instant et n'y avons rien trouvé, j'expose d'une voix légèrement enrouée. Je mets en même temps ma main sur le bras de mon compère avant qu'il ne s'en serve.

- Et c'est où cet endroit ? Demande l'agent, résigné à nous écouter.

- Euh... Une ancienne boutique en centre ville. On peut vous y emmener c'est à moins de 5 minutes. Je lui dis en cherchant à décrire le lieux. Son regard s'assombre et j'enchaîne, la boule au ventre :

- Vous en avez déjà entendu parler ?

Ma question assombrit l'ambiance, et l'angoisse commence vraiment à m'étouffer. Bon au moins, vu sa tête, il a décidé de prendre notre affaire au sérieux. Mais je ne sais pas si c'est une bonne chose qu'il se raidisse soudainement comme ça...

- Oui, on en a déjà entendu parlé, et souvent les histoires qui y sont reliées sont
... Particulières. Je vais vous demander de me suivre, fait un collègue en s'incrustant dans la conversation. Il est grand et sombre de peau. Son air sérieux me donne tout de suite confiance.

Il part à l'arrière de bâtiment. Je m'empresse de le suivre quand j'aperçois Tracy et Ashley qui rentrent dans le commissariat. Driss ne me voit pas m'arrêter et il continue de marcher. Elles m'ont repéré et je ne peux pas faire semblant de les ignorer.

- Tiens Wally ! Viens que je te présente à mon père il saura t'aider, me lance Tracy.

Ah oui ! J'ai oublié que son père est policier. Mais j'ai déjà mon agent, donc je lui réponds :

- Ah désolé mais on a déjà notre homme. Peut être la prochaine fois !

Elle semble déçue. Je lui fais un clin d'œil et pars rejoindre Driss et l'officier qui m'attendaient. Quand elle constate à qui on a à faire, Tracy plisse les yeux. J'y vois encore un mauvais présage.

L'agent nous fait rentrer dans un petit bureau. Il ferme la porte vitrée derrière nous et nous invite à nous asseoir. Les fauteuils marrons qu'il nous présente sont bien usés, mais quand même confortables. Je m'enfonce dedans et me serre les poignets, stressé. Driss se pose avec calme et l'agent passe derrière le bureau pour s'assoir sur sa chaise. Il nous regarde, rejoint ses mains sur la table et nous dit :

- Bon tout d'abord racontez moi votre histoire.

Je regarde Driss et l'encourage à parler. Constatant son hésitation l'officier le rassure :

- J'ai déjà entendu de drôles de récits. Ne vous en faite pas je ne vais pas vous prendre pour des fous.

- Bon alors dans ce cas, je vais tout vous raconter, se lance mon acolyte. Il lui fait ensuite le même récit qu'à moi ce midi, en rajoutant quelques détails sur l'apparence de ses agresseurs.

Durant son récit, l'agent regarde dans le vide. Quand Driss finit, il reste un moment silencieux. Puis il nous regarde et songe :

- Donc toi et la fille, vous faites tous deux partie de ces fameux enfants...

Je tique à "enfant". Mon compère, lui rectifie le "deux" :

- Si vous parlez de nos pouvoirs, sachez que nous sommes en fait trois. Wally aussi en a un.

Je frissonne quand il me désigne. Ça, c'était mon secret. Je hoche quand même la tête quand l'adulte m'interroge du regard.

- Oui, je peux faire souffler les vents... Et j'ai aussi des ailes.

- De plus en plus intéressant tout ça...

En l'entendant prononcer cette phrase, je me sens mal. Les ennuis ne font que commencer...

Comme en réponse à mes inquiétudes, notre interlocuteur enchaîne :

- Bon... J'ai beaucoup de choses à vous expliquer.

* * *

Je regarde les garçons partir à la suite de l'officier Viret. Leur affaire doit être grave pour qu'ils aient à faire à cet agent.

Anna est donc vraiment en danger. Je me demande ce qui a bien pu lui arriver.

Je regarde mon amie et m'asseoie sur un siège de la salle d'attente. Elle me fait signe qu'elle ne reste pas, prend son sac et part.

Moi, je décide de rester, juste pour soutenir Wally quand il sortira. De toute façon mon père finit tard ce soir. Je pianote sur mon téléphone tout en me demandant ce qui a bien put arriver à Anna. J'informe Brian de la situation et je passe aussi le temps à chercher des info sur internet.

Aujourd'hui, un pont s'est écroulé aux alentours de Paris et la tempête meurtrière qui sévit aux États-Unis continue de souffler des dizaines de vies. Mais en regardant les nouvelles de la région, aucune disparition suspecte n'est déclarée.

Anna n'est pourtant pas une fille à problèmes. Personne à me connaissance ne pourait lui en vouloir. Mais l'agitation de Wally me laisse penser qu'elle court un grave danger.

Mon ami sort une demi-heure plus tard, l'air perdu, et ne me jette pas un regard. Driss qui le suit a une mine sombre et semble aussi pensif. Tous les deux marchent dans les pas de l'officier Viret qui les emmène en ville.

Je décide de les suivre. On marche pendant 5 minutes sans qu'ils ne m'apperçoivent. Je les vois de loin attendre devant la porte d'une vielle boutique. Dix minutes plus tard, l'agent ouvre la porte avec une cléf et leur fait signe de rentrer. Aussitôt le pas de la porte franchit, les deux compères disparaissent.

Ma respiration se fait plus hachée. Mais comment est-ce possible ?

J'attends que l'agent s'éloigne pour m'approcher de la boutique désaffectée.

Aucune différence de notable avec un magasin normal. Pourtant, deux personnes viennent de disparaître dedans...

Viret a refermé la porte à cléf. Je prends une épingle de mon chignon pour l'ouvrir. Et oui, on a beau dire ce qu'on veut, une fille populaire sait aussi bien se débrouiller qu'une fille "normale" !

Mon astuce marche et la porte s'ouvre dans un grincement. L'air devant moi est un peu troublé. Emportée par ma curiosité, je décide de passer la porte, le corps brûlant d'excitation.