Chapitre 18 : Tracy/Driss

L'avion pique, droit vers l'océan. Je ne me rendait pas compte de l'altitude tout à l'heure, mais nous étions si loin du sol... Maintenant nous nous en rapprochons, et beaucoup trop vite.

Dans les hublots, je ne vois que l'eau. Cette si vaste étendue bleu nous attend impatiemment. Je tremble, je cris, mais l'avion ne se redresse pas. Je saute de mon fauteuil en velours, désormais insensible à son confort, et fais le tour de l'appareil. Les garçons ont disparus.

Mon cœur s'accélère. Je pousse les meubles luxueux qui se trouvent sur mon chemin et me précipite vers le cockpit. Là non plus il n'y a personne. Il est vide, totalement vide.

Je panique. Mes épaules se tendent et mes ongles entaillent la peau de mes mains. Devant, je vois la mer se rapprocher de plus en plus vite. Je ne tiens plus debout et je m'effondre sur la siège du pilote, aux premières loges pour assister au crash.

Je ne sais pas quoi faire. Je tire le volent vers moi pour redresser l'avion, mais au lieu de remonter, le nez pique vers le bas. Ma salive m'étrangle alors que je cris à pleins poumons. Cette sensation d'impuissance m'accable et me panique. Tout ce que je fais aggrave la situation. Je suis coincée, je vais mourir. Je pleure de panique. Ils m'ont abandonné, eux se sont sauvés, et moi, je vais me crasher.

L'eau n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres, et j'entends l'air siffler à mes oreilles. Je ferme les yeux ; je ne veux pas voir ce qui va arriver. Non je ne suis pas prête, je ne veux pas l'accepter. Il me reste trop de choses à vivre. Je ne veux pas mourir !

Mes larmes coulent le long de mes joues au fur et à mesure qu'un trou se forme dans mon cœur. Tout est fini. Je n'existerai bientôt plus. Mes joues chauffent, je tombe en avant et m'écrase contre le volent. Ma respiration se coupe et ma tête tourne. Plus que quelques mètres et c'est la fin.

Mes bras prennent feu, je sens la douce caresse de ce souffle destructeur sur ma peau. Il me rassure, lui au moins est avec moi. Il m'accompagnera jusqu'à la fin.

La cabine s'enflamme, la fumée m'étouffe et le feu me berce. Je disparais dans ses bras alors que l'avion percute l'eau.

Je me réveille en sursaut. Le visage baigné de larmes, j'ouvre les yeux. L'avion est plongé dans le noir. Les volets des hublots sont baissés et l'atmosphère est calme. Mes compagnons dorment paisiblement non loin de moi, enfoncés dans leurs beaux fauteuils. Je me lève, tremblante et me précipite vers Wally.

- Qu... quoi ? Tracy ? Fait mon ami en se réveillant péniblement alors que je lui secoue violemment l'épaule.

- Oh Wally, je gémis faiblement.

Des larmes roulent encore sur mes joues alors que je contemple son visage ensommeillé. Je ne veux pas le perdre ! Je l'enlace, savourant son contact.

- Ça va ? S'inquiète-t-il en se redressant.

- J'ai... J'ai fait un cauchemars... Mais tu es là ! Oui, tu es là... Oh Wally, ne m'abandonne pas ! Je larmoie en le serrant plus fort.

Surpris, il me caresse les cheveux en me chuchotant :

- Mais non Tracy... Je suis là, ne t'en fais pas...

Comment avais-je put lui en vouloir tout à l'heure de m'avoir lâchée la main ? J'ai tellement de chance de pouvoir la lui reprendre quand je veux ! La panique de mon rêve me reprend à la gorge. J'ai envie de vivre ! Je ne suis pas prête à m'éteindre, il me reste tant de chose à vivre. Y penser m'effraie. Je suis si impuissante face à la mort. Personne ne peut la braver. Même le plus ardent des feu finit par s'étouffer. Et beaucoup trop vite.

* * * *

- L'avion va bientôt se poser, m'annonce Sten en me réveillant.

J'ouvre lentement les yeux et gigote sur le fauteuil moelleux. Ça fait longtemps que je n'ai pas si bien dormis. Et pourtant, ça ne fait que quelques heures que j'ai fermé les yeux.

La sentinelle se redresse et va réveiller les autres. Je peux distinguer ses mouvements dans la faible lumière des petites lampes de l'avion. Il se penche sur un autre fauteuil et des grommellements me parviennent. Puis, il retourne dans la cabine et nous laisse nous réveiller.

Je tire le store le plus près de moi pour regarder l'extérieur. Il fait encore nuit, et seuls quelques points lumineux fendent le noir. Pour me réveiller à la lumière du jour c'est foutu, mais Sten a dit qu'on arriverait vers 10 heure, donc ça ne me surprend pas.

Je vois la silhouettes sombre de Tracy se redresser à côté de celle de Wally. Ils se murmurent quelques mots que je ne saisis pas et Wally se penche pour ouvrir un store de son côté. Il observe un petit moment la nuit avant de lancer joyeusement :

- Bonjour Driss, bien dormis ?

Je souris alors que Tracy traverse l'appareil. Elle va s'asseoir sur le fauteuil qu'elle occupait avant de dormir, que faisait-elle avec Wally au fait ?

- Oui et vous ? Je réponds calmement.

- Bah moi oui. Et toi Tracy, sans cauchemars ça donne quoi ? Relance Wally en se tournant vers son amie.

Je sens le sourire ironique de Tracy sans même le voir. Elle a donc fait un mauvais rêve... Je comprends mieux.

- Oui oui très bien, merci mon chou... Réplique-t-elle avec agacement.

Sa voix faiblit et sa tête se baisse. Je me demande quel cauchemar elle a put faire. Ce n'est pas surprenant considérant la journée que nous avons passé, et surtout le choc qu'elle a reçu avec ses parents. Mais j'ai tout de même l'impression que son rêve l'a beaucoup perturbé.

- Veillez vous préparer pour l'atterrissage, annonce Sten dans le micros.

La lumière s'allume et l'avion commence à descendre. Je vois Tracy se crisper et Wally esquisse un mouvement dans sa direction avant de décider de s'accrocher à son siège. Quand à moi, je me cale confortablement dans mon siège, et je regarde les petits points lumineux se raprocher peu à peu.

* * * *

- Ne me perdez pas de vue, ordonne Sten en sortant sur le tarmac.

La nuit est bien noir, et la longue piste goudronnée sans fin, plutôt effrayante. Tracy s'accroche encore à Wally en tremblant. À son expression, je vois bien qu'au moindre mouvement suspect elle s'enflammera. Et au sens littérale. Son ami se mord la lèvre, et j'ai l'impression qu'elle dégage déjà une chaleur plus que naturelle.

Nous apercevons les lumières de l'aéroport au loin, mais Sten nous en détourne. Il nous conduit sur le coté, vers une voiture noire garée. Quand le rayon de la lampe de notre sentinelle l'éclaire, ses phares s'allument et son moteur gronde. Une femme mince en sort et s'avance à notre rencontre.

- Salut Sentinelle Val, dit elle joyeusement.

Sten semble se détendre. Ça doit être son nom de code... La femme s'arrête à mi-chemin et nous dévisage.

- Tu n'étais pas censé en ramener deux ? Le questionne-t-elle en fronçant les sourcils.

- La troisième nous a suivit toute seule, répond-t-il en posant une main sur l'épaule de Tracy.

Celle-ci se crispe, et passe sous le regard insistant de la femme. Après une courte analyse, un léger sourire vient fendre son visage et elle déclare chaleureusement :

- Eh bien bonjour à vous trois. Vous devrez vous serrer, mais il y a assez de place pour vous faire tenir à l'arrière. Heureusement que notre gentille sentinelle ne nous a pas en plus ramené la quatrième...

Nous nous crispons tous les trois, et elle semble se rendre compte qu'elle a fait un faux pas. Son sourire disparaît et ses sourcils se froncent. La voix apaisante, elle se rattrape :

- Enfin, elle ne serait pas rentrée...

Elle redresse la tête et chasse ses cheveux blonds de son visage avant de se présenter :

- On m'appelle Brise. Ravie de vous rencontrer.

Je regarde Sten, hésitant à lui répondre par nos vrais noms.

- Voici Wally, Tracy et Driss, nous présente-t-il rapidement sans me regarder.

Brise fronce les sourcils mais ne répond pas. Je suis sûr que nous aurions dû nous aussi avoir un surnom, mais la sentinelle ne semble pas y donner une grande importance. De toute façon, ici, personne ne nous connaît. Ça ne sert à rien de nous cacher. Et puis si elle fait partie des Antela, elle a quand même le droit de savoir qui nous sommes vraiment non ?

Brise ouvre la porte arrière de la voiture et Sten nous y pousse. Tracy monte la première, suivie de près par Wally, et je ferme la marche. La voiture est luxueuse, et très propre. Elle est grande, et nous avons toute la place qu'il nous faut. Brise est mauvaise langue, Anna serait rentrée. Une vitre grisée nous isole des sièges avants et des petites lumières illuminent les cotés.

- Nous avons encore deux heures de route, vous pouvez finir votre nuit, nous annonce Sten avant de fermer la portière.

Les deux adultes montent à l'avant en parlant, mais je ne parviens pas à saisir le moindre mot. La voiture démarre rapidement et, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, nous avons quitter les pistes.

Tracy se presse contre Wally et ferme les yeux, ayant visiblement besoin de sommeil. Son ami me regarde et me sourit légèrement avant de poser la tête sur la sienne et de s'endormir lui aussi. Je tourne la tête et regarde à travers la vitre. Sans le voir, je sens le paysage défiler sous mes yeux.

Je n'ai pas envie de dormir, mais il va bien falloir que je m'y force. Nous arriverons vers minuit, et je devrai être prêt. Je songe à la journée qui vient de se passer. Le voyage aura été long et éprouvant.

Je laisse mes membres se détendre en fermant les yeux. À mon réveil, nous serons enfin arrivés...

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Hello helloo tout le monde ! Tout d'abord, j'espère que ça va bien pour vous. En tout cas merci d'avoir lu jusque là, et merci pour les 100 votes !!

Vous ne vous en êtes sûrement pas rendu compte, mais ce chapitre est un peu plus long que les autres. J'avoue que j'hésite quand même un peu... Je ne sais pas si le passage du milieu est vraiment utile, ou si je ne ferais pas mieux de plus développer le reste... Enfin, si vous avez un avis là dessus dites le moi.

Bref c'est tout ce que je voulais vous demander. Bonne vacances à ceux qui y sont, et bon courage pour ceux auxquels il reste encore une semaine ;)

Bisous à tous et encore merci de suivre les aventures de nos 4 gardiens !

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