Chapitre 10 : Anna

Ce ne peut pas être moi...

Bon j'avoue, il y a quand même un peu de ressemblance... Mais je me fais peur.

Ma première remarque est que tous les produits beauté étalés ici me serviront à quelque chose, la seconde, qu'Éden m'a vu comme ça. Mon moral retombe un peu.

En même temps, je ne pouvais pas m'attendre à mieux, mon corps a vécut beaucoup de chose ces derniers jours. C'est normal qu'il accuse le coup.

Mes cheveux courts et si soyeux d'habitude pendent maintenant en petites mèches grasses et noircies. Mon tin est blanc, la peau de mon visage est marquée par mes larmes, une griffure noire me barre la joue et mes lèvres sèches saignent. Mes yeux noirs sont vitreux et m'effraient, leur blanc est passé au rouge. Le haut de mes épaules est noir violacé. J'en déduit que Sanglant m'y a brûler presque jusqu'à la mort...

Le point positif, c'est que celles-ci ne me font plus mal. Mais c'est vraiment laid... Je me demande si je retrouverai un jour leur couleur rose pâle habituelle.

Je décide alors de me laver, même si je ne sais pas dans combien de temps ils viendront me chercher. Donc je me dépêche. Je pioche au hasard un shampoing et un bain douche, enlève ma robe de nuit et me précipite dans la douche.

Mes hanches sont bien brûlées elles aussi, mais moins que les épaules. Mes jambes et mes bras par contre sont très blancs.

Je fais couler l'eau la plus chaude possible pour que mes membres reprennent un peu de couleur. Mais je me rappelle soudain que les brûlure et l'eau chaude ne font pas bon ménage...

À peine je sens le contacte de l'eau sur ma peau noircit que je hurle. Je m'éloigne vite tout en poussant le robinet au max du côté froid.

Remise, je prends donc une rapide douche froide (au moins, pas de problème pour en sortir), qui vivifie aussi bien mon corps que la chaleur, mais qui est bien moins agréable.

La douche passée j'enfile un peignoir blanc qui pendait derrière la porte et observe mon visage.

Mes cheveux mouillés ont déjà l'air en meilleur état. Mes joues sont rosies par le froid et mes épaules, déjà moins sombres. Le noir si profond de mes yeux a repris de l'éclat. Mon reflet semble bien plus vivant qu'il y a quelques minutes.

Il ne reste plus que cette horrible griffure noire qui balafre ma joue, mais je n'ai pas d'idée pour la cacher donc tant pis.

Je retourne dans la chambre. J'ouvre la grande porte coulissante pour trouver un fantastique dressing remplit de nombreux vêtements. Je suis obligée d'être encore époustouflée par tant de luxe. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau de ma vie. Je pourrai presque en pleurer... Mais quand même pas.

Je choisis l'assortiment qui me va le mieux : un ample pull marron beige et un pantalon noir. Sans oublier la magnifique paire de boots brunes qui rehaussent mes pieds et m'ancrent au sol.

Je m'attache ensuite les cheveux pour ne pas qu'ils mouillent mes nouveaux vêtements et je retourne m'asseoir sur le rebord de la fenêtre.

Les yeux perdues dans le paysage, je repense à tout ce qui m'est arrivé. C'est pas peut de chose ! C'est presque plus que tout ce qui s'est passé dans ma vie. Et pourtant, je vis avec des risques...

Je récapitule : d'autres que moi ont des pouvoirs, et eux sont dangereux. Driss aussi en a, mais c'est un lâche. On m'a enlevé, brûlée, torturée. J'ai laissé les ombres m'envahir pour me défendre et elles m'ont détruites.
Et maintenant, mes ravisseurs me donnent une suite de princesse... Je ne sais plus où j'en suis...

Une heure plus tard, des clefs tournent dans la serrure et on toque à ma porte. Je m'étais endormis, donc le bruit me fait sursauter. Je grimace et vais ouvrir.

- Bonjour madame. Sir Soleil veut vous voir, veuillez me suivre. M'annonce celle qui avait toqué. Elle ne me jette pas un regard, la tête baissée. Un peu gênée, je sors. Elle s'empresse de fermer la porte à clef et part lentement, attendant que je la suive. Je m'avance à côté d'elle et demande :

- Qui est Soleil ?

Elle me répond humblement, tout en continuant de marcher :

- C'est un des dirigeants des Oplan madame.

- Et c'est quoi les Oplan ?

- Il vous l'expliquera lui même madame.

Sa répétition me pertube. Elle n'est pas obligée de le dire à chaque fin de phrases quand même. Surtout que je suis pas une madame... Ses bonnes manières me crispent.

Pour me calmer, je regarde autour de moi. Le couloir ne m'offre pas beaucoup de distraction. Il est gris et, à part une fenêtre ici ou là à gauche qui donnent sur la même cours fade, il n'y a de tableau aux murs.

Nous arrivons enfin à une porte aussi noire que la mienne. Elle l'ouvre, me fait passer, la referme et se précipite à côté de moi. Nous arrivons sur un palier, avec à droite des escaliers qui descendent et qui montent, à gauche une baie vitrée sur cette même cours et tout droit, un couloir ouvert cette fois. On monte deux escaliers de demis-hauteur et on arrie à l'étage du haut, exactement identique à celui d'en bas.

- Ne vous en faites pas, on vous fera bientôt visiter madame. Me dit le femme en me voyant un peu perdue.

Je serre les dents et accélèrent un peu le rythme. Elle se cale sur ma marche et nous nous engageons dans un énième couloir, un peut plus luxueux.

Alors que je commence vraiment à en avoir marre de tant de portes, on s'arrête enfin devant l'une d'entre elles. Mon accompagnatrice toque trois fois et on lui ouvre.

C'est Éden qui apparaît. Il me sourit chaleureusement et je lui rends fièrement son regard. Cette fois, je suis plus présentable. Il me quitte des yeux pour les poser sur la femme qui m'accompagne.

- Vous pouvez nous laissez Marique.

- Comme vous voudrez monsieur. 

Agacé, il lui sourit tout de même poliment, avant de soupirer à son départ.

Il m'invite à rentrer. Je m'avance donc dans ce grand bureau luxueux. Deux canapés en cuir et une table basse en bois sombre sont disposés à gauche de la pièce, encadrés par de multiples plantes. Au centre, un peu en retrait, est disposé un beau bureau sombre tout en dorures ainsi que deux fauteuils du même cuir que les canapés et une imposante chaise roulante.

Le plus époustouflant pour moi reste tout de même l'immense baie vitrée au fond de la pièce donnant sur l'autre partie du lac que je vois de ma chambre. Les contours en or soulignent la beauté du paysage et donnent une image majestueuse à la pièce. De plus, les grandes bibliothèques toutes dorées elles aussi renforcent cette impression de luxe.

L'homme qui m'avait parlé dans la salle blanche est là, et m'observe avec bienveillance. Habillé d'un costume jaune très élégant, il est assis sur un des canapés, en face d'un autre homme. Celui là porte un costume noir. Ses cheveux sont bruns, de même que sa longue et fine moustache. Il me regarde avec calme. Éden pose sa main sur mon épaule et me pousse doucement vers eux.

J'avale ma salive, stressée. Si je ne doute plus beaucoup de la gentillesse de celui qui m'a déjà parlé, l'autre me fait peur. Je sens une faible présence d'ombre en lui... Moi aussi j'ai la même chose en moi ?

En tout cas ça m'angoisse. Mais en même temps je ne peux pas faire grand chose que d'aller à sa rencontre.

Quand je suis assez proche, l'homme en costume jaune m'attrape l'épaule, et Éden me lâche aussitôt. Il le remercie du regard et m'évalue des pieds à la tête. Maintenant que j'ai mes lunettes, je peux détailler avec plus de précision tous ses traits. J'observe facilement à travers la forme de ses yeux, de son nez et de ses oreilles la parenté qu'il entretient avec Éden. C'est donc lui son père.

Mais ce visage me rappelle aussi quelqu'un d'autre. Une figure plus ancrée dans ma mémoire que je n'arrive pourtant pas à identifier...

Quand il a finit de m'ausculter, il se tourne vers l'homme en noir et annonce fièrement.

- Tiens la voilà. Bredon, je vous présente Cauchemar. C'est elle que nous avons amenée il y a trois jours. Comme je vous l'ai déjà dit, elle est très prometteuse. Dommage qu'elle ne souhaite pas encore intégrer notre organisation...

Il me fait un clin d'œil en prononçant la dernière phrase, de sorte que je la prends plutôt comme une taquinerie qu'une critique.

- Eh bien bonjour Cauchemar, bienvenue sous notre toit. La reine Cursobe sera ravie de faire votre connaissance.

Me fait Bredon en se levant. Il s'incline légèrement puis reprend :

- Bien, il me semble que nous en avons fini. Je vais vous laisser avec votre nouvelle protégée. Vous avez encore une fois les aimables salutations de ma souveraine Soleil.

Après léger signe de tête, il sort de la pièce. L'autre se retourne vers moi, toujours en souriant.

C'est donc lui le fameux Soleil, chef des Olpan... Et je suis sa protégée. Bah, si ça veut dire être traitée comme une princesse, ça ne me dérange pas trop...

- Bon, il me semble que nous te devons un tour du propriétaire... Allez, suis-moi, fait-il joyeusement. Il part vers la porte suivit de près par Éden. Et moi, je me laisse porter dans leurs pas, déjà conquise.

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