Chapitre 6 :

Le bal est une tradition à Fourthia. Tous les mois, pendant une nuit entière, le palais royal ouvre ses portes à tous les habitants de ce monde. Les quatre royaumes sont présents. Ramenant vins et buffets pour satisfaire le Roi de leur venu, ainsi montrer leur allégeance à la cours. Ce n'est que très rarement que je mets les pieds dans ce genre de fête. Boire ne m'intéresse point. Danser et chanter encore moins. Noor et Belle se prêtent bien au jeu. Chaque mois, elles sont présentes. Elles me racontent les différents types de mouvements qu'elles apprennent. Leur différentes discussions avec les princes ou les princesses des autres pays. Moi, je m'échappe une fois les présentations faites au Rois et Reines, pour aller m'entrainer à l'épée. Yoshiko m'accompagne souvent quand Syan et le reste font des siennes. Mais cette année c'est différent. Lisandro m'a prévenu que ma présence est obligatoire. Je ne suis pas excitée à l'idée de devoir tenir une nuit avec la plupart des gens, ivres. Mais pour pouvoir savoir ce qu'il complote, je vais devoir prendre sur moi.

J'ouvre mon placard remplit de robe, que je n'ai presque pas mise. Chacune étant faite pour un événement en particulier. La seule qui me semble le plus abordable, et assez discrète, c'est une blanche pourprée, légèrement. Elle fera ressortir ma peau mate sans mettre en avant mes yeux verrons. Et puis si père veut que je sois présente ce soir, ce n'est pas inutilement. Il va vouloir m'envoyer en mission. Elle est aussi pratique, courte et moulante au niveau des jambes, un peu moins quand on se rapproche du buste. Si j'ai besoin de sauter, courir ou danser, je n'aurais pas la possibilité de tomber en marchant dessus.

Lise rentre dans la pièce, le sourire au lèvre, tout excitée à l'idée que je participe à un bal en entier pour la première fois.

- Oh Liv ! Vous allez être resplendissante, cette robe vous ira à merveille... Je vous vois déjà en train de danser dans les bras de votre prince charmant. C'est tellement rare que vous acceptiez quelque chose sans broncher de la part de votre père.

C'est vrai que d'habitude, je pose un milliard de questions sur ce qu'y va se passer. Mais je me méfie de Lisandro, maintenant. Je présage aussi pourquoi il tient à ma présence ce soir. Peut-être a-t-il remarqué mon changement soudain. Et si, il comprend que je sais...

- Oh mais il vous manque un masque ! S'exclame Lise. C'est un bal masqué ce soir... Vous n'en avez pas acheté ?

Je tape ma main sur mon front. Comment airais-je pu le savoir ! Les filles ne m'ont même pas prévenu qu'il était masqué ce bal. Je les maudits intérieurement pendant quelques secondes.

- Je n'étais... pas vraiment au courant... Je bafouille.

- Il doit m'en rester un d'avance. Je vais vous le chercher !

Elle accoure pour me ramener un bout de tissus, de couleur blanche. La dentelle le rend galant et spécieux. Lise vient me le déposer sur le visage. Elle ouvre la bouche, en me tournant devant le miroir.

- Regardez-vous, me dit-elle en me remettant une mèche derrière mon oreille. Vous êtes une vrai reine.

Je ne sais pas si je dois réagir de la sorte. Où vomir à côté de mon reflet, qui n'est pas moi. Je pourrais duper n'importe qui avec cette tête. Lise sautille à l'idée de s'occuper de mes cheveux. Je dois m'habiller en vitesse pour qu'elle arrête de chanter à tu tête. Elle me boucle ma chevelure noir. Quand je me vois dans le miroir, revêtant cette fameuse robe avec ce masque, je crois assister à une scène d'horreur. Pour me mettre en valeur, avec en plus des chaussures à talon, c'est réussi. Je ne me sens pas à l'aise. La peur me gagne juste à l'idée de rentrer dans ce palais remplit de monde qui ne me reconnaitrons qu'à cause de mes yeux verrons. A moins que je ne cache cet œil... Je demande :

- Lise ? n'aurais-tu pas, par pur hasard une lentille me permettant d'avoir une couleur unie des yeux ?

- Oh vous voulez dire celle de Lisandro ? Qu'il a faits pour vous ? Bien sûr je le lui ai volé, hi hi.

Je lève les yeux aux ciels. A une époque, Lise n'aimait pas travailler pour Lisandro. Elle a décidé de lui jouer quelque mauvais tours. Elle pouvait lui mentir ce qui lui facilitait la tâche. Même s'il découvrait souvent ses petites farces.

J'en installe une pour avoir les deux yeux marrons. Je place des gants en coton, de couleur blanche. Pour qu'on ne remarque pas mon absence d'insigne. On ne me reconnait pas. Et pour la mission de ce soir, s'il y en a une, ce sera parfait. Je pourrais aussi m'abstenir des commentaires odieux des princes. Tout le monde va enfin m'accepter devant cette personne qui n'est, pas moi. Mais ça me fait un peu mal au cœur, de devoir jouer un rôle pour être accepter dans cette société. Comme si on m'enlevait mon identité pendant cette soirée. Je rapproche ma main près de mon thorax et inspire un bon coup. Petit à petit, je sens la pression bloquer ma respiration.

- Tu peux le faire Liv, je chuchote tout bas pour que Lise ne m'entende pas, ce n'est que pour une soirée. Ait confiance en toi comme tu l'as toujours fait. Ne laisse pas tes émotions prendre le dessus.

J'expire :

- Allez ! Je crie fort surprenant Lise qui rangeait mes affaires. Ce soir Lise, je vais découvrir ce que mijote...

Je m'arrête brusquement. J'ai failli tout lui révéler à cause du stress. Ma robe remonte à chacun de mes pas, je dois la rabaisser tous les dix mètres. Marcher avec des talons, c'est horrible. La soirée s'annonce exaspérante avant même qu'elle n'est commencée.

- Vous alliez dire quelque chose ? S'interroge Lise, en pliant un de mes bandages.

- Non... Absolument pas... Je... Je vais découvrir ce qu'est un bal masqué ah ah, j'articule.

Je dévale les escaliers circulaires. Arrivée en bas, je suis la dernière à être attendu.

- Waw, tu es magnifique Liv ! Je ne t'ai jamais vu en robe je crois, s'esclaffe Noor.

Elle porte une robe rose pale. Son masque est blanc comme le miens. Le haut de sa robe est fait avec un décolleté qui ne peut qu'attirer l'attention. Elle ressemble à une princesse de conte de fée. Le seul truc qui n'est pas en accord, se sont ses basquettes.

- Pourquoi ne pas avoir mis des talons ? Je lui demande perplexe à l'idée qu'elle ne se fasse mal juger.

Elle retouche son rouge à lèvre tout en répondant furtivement :

- La danse en talon c'est pas mon truc.

Belle est toujours vêtu de la même robe bleu qu'habituellement. Quant à Yoshiko, elle a juste enfilé une robe noir, banal. Je croise son regard. Celle-ci le détourne directement. Je me mords la lèvre intérieur pour ne pas lui sauter au cou et lui demander ce qu'il ne va pas. Pas devant Lisandro qui vient de faire son apparition. Il reste un moment à nous contempler. Pour venir poser ses yeux sur moi.

- Tu t'es évertué ce soir. Les lentilles étaient nécessaires ?

Noor vient me prendre le visage entre ses deux mains pour scruter mes yeux.

- Oh je n'avais même pas remarqué, dit-elle en se rapprochant de mon visage, pourquoi n'as-tu pas gardé tes beaux yeux verrons ?

- Je n'avais pas envie de recevoir des critiques la seule fois où je suis forcée à venir. Quitte à ne plus être la même personne.

Je fixe père en disant cela. Il ne m'affiche pas un sourire, pas un regard et se contente de s'avancer vers le carrosse la porte déjà ouverte.

- Je ferais passer le message que tu t'entraines encore alors, déclare-t-il. D'ailleurs, en parlant d'entrainement, il faut qu'on ait une discussion sur le concours...

Je savais que cela arriverait. Mais en parler ce soir ne m'enchante guère. Noor fait des siennes, en lâchant un grognement de mécontentement :

- Pouvez-vous avoir cette discussion demain ? J'aimerais avoir une fiesta sans dispute.

Elle monte la première, je la précède.

- Parle d'une manière plus convenu ce soir Noor, exige Lisandro tenant la porte. Tu veux le regard des princes ?

Son visage s'illumine en entendant le mot : prince.

- Alors comporte toi comme une princesse.

Elle croise les bras et s'affale sur le canapé. Yoshiko et Belle monte dans la voiture sans avoir dit un mot. Mais Belle coupe le silence.

- C'est quoi cette histoire de concours Liv ?

Noor et Yoshiko la dévisagent. Elle parle d'un sujet tabou. Je touche le rebord de ma robe machinalement.

- Rien, juste le concours blanc de chevalier que j'aimerais passer, je me suis inscrite.

- Sans l'accord de Père ? Rétorque-t-elle surprise de ma décision.

Il monte à son tour dans le carrosse avant que celui-ci ne démarre.

- Oui... mais je ne pensais pas que cela dérangerait, c'est juste un faux concours...

Lisandro remet sa veste avec un col en forme de v. Sa chemise épouse bien son haut du corps.

- Nous en reparlerons plus tard, Belle.

Il clôt la discussion.

Nous arrivons au bal en avance. Personne ne nous prête attention. Le Roi et la Reine n'ont pas encore fait irruption. Mais père et les filles vont saluer le baron ainsi que le feudataire. Je ne les suis pas. Ce soir je fais en sorte de ne pas les connaitre. Lisandro m'a donnée dans un papier ma mission que je dois effectuer. Il a besoin d'un cheveu des deux princes. Voulant leur mort, c'est surement pour les empoisonner ou les enchanter. Je me faufile entre les Fourthians. Si l'on me reconnaissait, je ne pourrais approcher aucun des deux princes royaux. Au vu de leur haine qu'ils m'apportent. Mais avec ce déguisement, je me balade à ma guise. Je titube parfois à cause des talons à aiguille, dont je n'ai pas l'habitude. Je passe devant les buffets, pique du pain de feu et de rose pour aller m'installer sur une chaise, élégamment. Quelque personnes viennent me saluer de la tête. Aucune critique n'est faite à mon égard. J'ai l'impression de recouvrir mon impuissance, ce soir. D'appartenir enfin à ce pays. Pourtant demain, se sera comme une rose qui s'est mise à faner trop vite. Un rêve où l'on se réveille trop tôt. Je redeviendrais l'humaine détestée de tous. J'essaie de chercher mes sœurs, quand la foule commence à s'agiter vers l'entrée. Le Roi et la Reine viennent de faire leur entrée avec un de leur fils, l'ainé, Come. Ses cheveux noir fin, luise à la lumière. Il tient le bras de sa mère. Ses yeux noisette ressemblent à ceux de Syan. Mais sa peau est tellement pâle comparé à son frère qui est, quant à lui, mate. On peut croire qu'ils ne sont pas de la même famille. Il n'est d'ailleurs pas présent actuellement. Surement en train de boire à tu tête avec ses amis.

Belle me rejoint, ses cheveux blond presque blanc qui les diffère de ceux de Noor. Ils sont attachés en un chignon. Elle pose ses mains au centre de sa robe et sourit :

- Il est tellement différent de son frère, mais tellement beau...

Cette vérité me sidère. J'en reste interloqué.

- Tu es amoureuse du prince...

- Non pas amoureuse ! Me coupe-t-elle en me foudroyant d'un regard qui corromps sa réponse. Je trouve qu'il a juste plus de charme que les autres. Je ne te l'ai jamais dit, vu que tu ne viens jamais au soirée.

Je peux voir qu'elle ne détourne pas son regard. Je m'oblige à faire une révérence, quand ceux-ci passent devant nous. Le prince me dévisage, de haut en bas. Il ne me reconnait pas. A vrai dire, je ne l'ai presque jamais vu aussi. Puis regarde ma sœur d'un air dégouté. Cette dernière rougit quand même, au moment où il pose les yeux sur les siens.

- Pas amoureuse, je décrète, mensonge.

Elle me donne un coup de coude. Je remarque que Noor est un peu plus loin avec Père, qui parle au sénéchal de Nafitha. Elle me fait un mouvement de la main en tranchant son cou, pour me dire qu'elle s'ennuie à mourir. La soirée risque d'être longue.

Après avoir salué toute la royauté de chaque royaume, je retourne dans la foule. Le hall est réservé au danse avec un partenaire. Noor y est déjà. Se contre fichant des règles à suivre, elle est seule avec son verre de vin. Tout le monde l'a méprise d'un œil, en voyant son comportement. Belle parle avec le prince héritier. Je m'avance vers eux, prête à commencer la mission, quand quelqu'un me percute sur le flanc. Sa coupe de vin se renversant sur ma jambe. Je me pare à lui lancer les injures les plus ignobles que je trouve, quand je remarque que c'est le prince Syan. On le reconnait grâce à ses cheveux blond doré, même en portant un masque. Mon envie de lui renverser un verre entier de vin faillit prendre le dessus. Mais je repense à ma mission, et affiche un faux sourire magnifique. Je me pince la peau en voyant mon attitude.

Je m'incline directement.

- Votre altesse, je murmure en me redressant, ne vous en faites pas, cela est ma faute je vais nettoyer.

Heureusement que personne ne prête attention à nous. Je suis frustrée de devoir agir de la sorte. Syan me fixe d'un regard émerveillé. Il a la bouche à moitié ouverte. On peut penser qu'un filament de bave va sortir d'un moment à l'autre. Il ne bouge plus mais son regard à l'air un peu vide. Je suppose qu'il est déjà soule. Ou alors il m'a reconnu. Ma voix est toujours la même. S'il y prête un peu d'attention, il s'en rendra compte facilement.

- Tout va bien votre majesté ? Je demande, faisant semblant d'être inquiète.

Ses yeux s'abaissent sur le vin qui commence à sécher. Il sort un mouchoir de la poche de son long manteau de fourrure soyeuse, et m'essuie la jambe. Je reste désorienté devant cet agissement. Le prince m'essuie la jambe ? Je glousse de rire en voyant la situation. S'il savait à qui il faisait cela...

Il me regarde, confus devant mon comportement mais s'excuse :

- Madame, je vous prie de m'excuser. Pour me racheter, m'accorderiez-vous cette danse ?

Je me stop directement. Il n'a même pas eu un soupçon sur mon identité. Mais il y a un problème majeur. Je n'ai jamais dansé de ma vie à part avec Noor. Et encore, c'était sûr de la musique pop. Danser avec un prince maintenant serait une honte, mais en plus avec Syan. Je pourrais lui casser la cheville par pur revanche, si l'envie me le prenait.

- Je ne peux accepter votre offre, votre altesse, je déclare en baissant la tête faisant comme si j'étais déçu, hélas on ne m'a jamais appris à danser.

Il recoiffe ses cheveux blonds plaqué légèrement en arrière en me tendant sa main. Il dépose son manteau sur une chaise juste derrière lui.

- Laissez-vous guider, dit-il d'un ton charmant, je mènerai la danse.

Je hausse un sourcil perplexe à l'idée de mettre en œuvre mes talents de danseuses. Mais j'ai besoin d'une mèche de celui-ci. Ce sera surement une de mes seules occasions. Si ça n'avait pas été Syan, je serais tombée sous son charme. Son pantalon blanc et sa chemise large lui font ressortir sa peau mate. Ses muscles ressortent à travers les traits de sa veste qu'il porte en dessous de sa fourrure. Sa coupe qui, pour une fois n'est pas en bataille, lui font un côté sexy. Mais je repense à Yoshiko qui ne m'adresse plus un mot surement à cause de lui. Ça me suffit à lui donner ma main avec rancœur, au lieu de le contempler.

- Avec plaisir, votre altesse.

Je mens. Nous nous élançons sur la piste de danse. Sa main sur ma hanche, l'autre emmêlé à la mienne. Je n'ai jamais été aussi proche de lui. Je suis mal à l'aise. Le pire est de le voir sourire bêtement. Je rapproche ma main gantée de son cou.

- Je ne crois pas que l'on s'est déjà vu quelque part, remarque-t-il, pourtant louper une demoiselle comme vous, ce serait une honte de ma part. Vous ne passez pas inconnu à la foule.

Je grossis mes yeux, frappé par la gentillesse qu'il me porte. C'est la première fois qu'un compliment sort de la bouche de Syan en mettant adressé. Même si ces paroles sont dites pour draguer. Mais pour le coup, il a raison. Je ne passe pas inaperçu. Les raisons sont juste, différentes. S'il savait...

Je me prête à son jeu :

- Pourtant, je passe devant le palais plus souvent que vous ne le croyiez. Peut-être étions-nous destinés à nous rencontrer ce soir.

Il sourit de ses belles dents blanches en entendant cette phrase. Je hurle intérieurement de l'absurdité que je viens de sortir. Je n'ai qu'une envie c'est de prendre mes jambes à mon cou et filer d'ici. Il me fait tournoyer sur moi-même pour venir me coller encore plus à lui. Ses mains viennent descendre au niveau de mon fessier, j'enroule les miennes autour de son cou, frôlant ses cheveux. Cette danse vire vers un côté trop provocateur à mon goût. Je me sens déstabilisé par ses mains baladeurs. Mais cela lui plait, ça se lit dans ses yeux. Il vient me chuchoter à l'oreille une phrase qui séduirait n'importe qui :

- Si c'est le cas, ma futur princesse, puis-je avoir au moins votre prénom ?

La douceur de ses paroles sorti de sa langue de vipère, me rappelle le moment où il m'a vu, assise par terre, la jambe en sang. Parlant de la même manière, sans être ulcéré.

- J'ai bien peur, mon futur prince, que je ne puisse révéler mon nom.

Il me regarde tête penché, déçu. Il vient glisser ses mains sur mon dos, me faisant pencher vers l'arrière. Je me relève, me retrouvant à cinq centimètres de son visage. Mes mains dans ses cheveux. Les siennes sur mes hanches. Je sens son alène, qui a une forte odeur de vin. Il est surement un peu ivre. D'où sa gentillesse. Si je suivais mon instinct, je lui aurais dégoté ma meilleure droite depuis un moment. Au lieu de ça je lui murmure :

- Vous aurez peut-être la chance de recroisez ma silhouette dans une ruelle, ivre la nuit...

Je le quitte en lui faisant une révérence, le laissant dans le doute de ma phrase. Je lui décroche un clin d'œil. Il comprend peu de temps après, la situation auquel je faisais référence. Jouer ce rôle m'a paru tellement amusant comme effrayant. Il était à ma merci.

Il essaie de me rattraper. Mais je me suis déjà mêlée à la foule, mon cheveux dans un tube, calé contre ma cuisse. A la recherche de la seconde victime de mon père. 

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