Chapitre 2 :


Nous marchons à côté d'un lac rosé. Les rayons du soleil viennent se refléter sur l'eau douce. Les arbres viennent faire tomber leurs feuilles vertes, s'arrachant de leur nid douillet. A chaque fois que je passe ici pour rentrer, je suis émerveillée devant cette eau qui scintille. On peut croire à de la magie, mais c'est purement de la science. Même si ça n'existe qu'à Fourthia, des rivières comme celle-ci. Mon dos me martèle depuis l'entrainement. Syan et ses copains n'y sont pas allés de main forte. Je les ai battu tous sans exception. Quand l'utilisation de la magie n'est plus autorisée, à part Ronnie qui me donne du fil à retordre, les autres n'ont jamais fait d'effort pour apprendre à se battre. Sans pouvoir ils ne sont que des brindilles d'herbes sur mon passage. Ils n'arrêtaient pas de marmonner des jurons à mon insu. Ce n'est pas non plus la première fois que je les bas. Peut-être qu'à cause de moi, ils se font passer un serment par leur parents. Cette idée me rend de bonne humeur. Yoshiko s'accroupit pour donner des miettes à un oiseau blessé. Je laisse le vent et l'odeur des fleurs me bercer jusqu'au domaine de Lisandro. Maintenant les choses sérieuses commencent.

A peine sommes-nous arrivées dans le hall, que Lisandro nous attend avec nos nouvelles combinaisons noires, d'espionnes. Adossé contre l'une des poutres, son air sérieux et glacial vient s'abattre son mon humeur joviale de la journée.

- Enfilée cela, dit-il en nous tendant les uniformes nouveaux, je vous envoie pour votre première mission, avec les filles.

Yoshiko affiche un air heureux. Pour ma part, je préfère les entrainements à la cour, que l'espionnage. Quand on a débuté, Yoshiko et moi, on n'était pas très dégourdi. Il a fallu qu'on devienne plus souple, plus discrète. Même si, pour la discrétion, elle était déjà plus douée que moi à l'époque. La plupart des enquêtes que faisaient Noor et Belle, était pendant la nuit tombée. Il a donc été de notre devoir, d'apprendre à se déplacer la nuit. Heureusement que Lisandro est allé demander des lunettes de visions nocturnes, qu'il a transformé avec la magie pour leur donner la forme de lentilles. Depuis, on a rattrapé le niveau de Noor et Belle. Je suis même assez fière de les battre dans un domaine. La souplesse. Mais cette activité demande beaucoup d'énergie. Parfois je dois louper des cours pour récupérer de la veille d'un espionnage. C'est ce que je déteste le plus.

Lisandro dévisage m'a tenu quand je passe prendre les vêtements. Il me questionne :

- Que s'est-il passé Liv ? N'as-tu pas donné ton linge négligé à Lise ? Ne l'a-t-elle pas lavé ?

- Si père, je lui ai donné, je réponds d'une voix stridente, je suis juste tombée aujourd'hui à l'entrainement, voilà tout.

Il lève un sourcil, d'un air interrogateur. Mais il comprend vite au vu de mon silence, que je n'ai guère envie de partager mes mésaventures, surtout celle avec le prince Syan. Il insiste quand même :

- Si tu as des problèmes, tu peux m'en faire part Liv, je suis sénéchal je peux...

- Je n'ai pas besoin d'aide, je coupe sèchement, je ne suis plus une enfant Lisandro, je peux me débrouiller seule.

Voyant la fureur dans mes yeux, il ne va pas plus loin. Son poste est aussi la cause de cette émotion. Il est sénéchale, et n'a jamais eu l'intention de nous emmener dans le monde des humains. Quelque chose que je lui reprocherais toujours. Il a un grand pouvoir au sein de la cour, mais ne profite pas de ses avantages. Ils ne nous les partage pas. Je monte à grand pas les marches balancées accédant à ma chambre. Je m'apprête à me changer, quand Noor entre sans frapper.

- Tu aurais pu toquer ! Je proteste en m'en allant dans la salle de bain.

- Désolée, j'ai entendu ta conversation avec père, c'est rare quand tu contestes, mais je trouve qu'en ce moment, c'est ce que tu préfères.

Noor a été comme une mère pour moi. Même si elle m'en faisait voir de toutes les couleurs parfois. Je l'apprécie plus que Belle, qui ne m'a pas accordé cette affection. Elle venait me réconforter quand Lisandro et moi argumentaient. Elle me racontait les histoires dont elle se souvenait du monde mortel. J'étais heureuse de l'avoir à mes côtés. Mais elle m'a aussi donné son caractère rebelle. Ce n'est peut-être pas une fierté pour elle.

- Je sais que tu veux aussi intégrer la chevalerie...

- Comment le sais-tu ?

Surprise je sors à moitié habillé. Mon bandeau cachant ma poitrine, à moitié défait.

- Comment sais-tu que je veux devenir un chevalier comme toi ? je répète.

- Tu as noté ton prénom sur la liste des concourants pour le concours blanc. Je suis allée voir aujourd'hui par curiosité. Avec l'histoire d'hier, j'ai eu des doutes. Je pense que Lisandro a dû en avoir aussi. Il a dû vérifier...

Je me laisse tomber sur les draps du lit, alarmé. J'ai écouté les conseils de Lise ce matin. Je me suis inscrite sous les regards farouches des autres concurrents. La plupart qui le passe, on accès à la magie. J'ai donc moins de chance de gagner qu'eux. Si Lisandro l'apprend, il peut ne pas être d'accord avec mon engagement pour le concours blanc. S'il désapprouve, je peux dire en revoir à la possibilité de me faire remarquer par la haute cour.

- Je suis fichu, Noor, je bredouille perdant espoir, il ne voudra jamais.

Elle vient s'allonger à côté de moi, en passant une main dans mes cheveux.

- Mais non, je suis sûre qu'il te laissera faire le concours blanc. Moi il n'a jamais approuvé pour le vrai. Mais il ne m'a jamais dit que je ne pouvais pas faire le blanc.

C'est vrai qu'elle n'a pas tenté l'expérience du concours d'entrainement. Elle a toujours voulu foncer tête baisser pour devenir chevalier. Sans jamais réfléchir aux options qui lui étaient proposées.

Je me relève, elle voit mon bandage défait, et vient le resserrer. Une fois mes cheveux noirs sont attachés en un chignon bas. Le costume enfilé. Je récupère l'énergie perdu en voyant mon reflet dans le miroir. Mes muscles sont mis en valeur. Avec cette carrure, personne ne peut m'empêcher d'atteindre mon rêve. Même mon père adoptif.

Devant Lisandro, nous nous tenons droite, prête à entendre ce que l'on doit faire. Il commence d'un ton sec :

- Aujourd'hui je veux que vous interceptiez un message adresser à un habitant de la ville. Pas besoin de donner des détails sur son nom ou identité, il sera masqué. Nous avons eu des renseignements, grâce à Belle et Noor, où et quand, il compte délivrer se message. Je veux la lettre intacte et en aucun cas vous ne l'ouvrez.

Il nous contemple un sourire timide aux lèvres. Comme si, nous voir réuni ensemble, prête à faire ce qu'il a toujours voulut qu'on face, lui mette presque les larmes aux yeux. Yoshiko coupe ce silence en posant une question :

- Est-ce qu'il se peut que se soit quelqu'un de dangereux ?

- Non, c'est un messager.

- Pourquoi il est masqué alors ? Je demande maladroitement, sans faire de phrase soutenue.

Lisandro me regarde fermement. C'était la phrase de trop.

- Je ne sais point, surement pour que l'on ne puisse pas le reconnaitre à l'avenir.

J'insiste trouvant le fait de se cacher le visage étrange, pour un messager :

- Mais mise à part s'il a une grande importance dans la vie de tous les jours...

- Assez Liv, m'interrompt Lisandro sévèrement, tes questions sont futiles et n'auront pas de réponse. Maintenant je vous transmets via les montres, l'heure et l'emplacement. S'il vous plait, revenez en vie, les filles...

C'est la première fois que j'entends Lisandro prononcé cette phrase. C'est rare qu'il nous montre de l'affection. Nous mettons nos capuches et foulards noir. Belle et Yoshiko partent vers le nord de la ville, près du palais. Quant à moi et Noor, on s'occupe du sud, pour suivre son avancé.

Je m'installe sur un des toits en pavés de la ville de Niopheria. Je joue avec une balle que j'ai acheté dans le magasin juste en dessous. Je m'allonge en admirant le ciel étoilé. Les étoiles sont différentes que sur Terre. Ils n'ont pas la même constellation que nous. Même si parfois, j'ai l'impression de retrouver la Grande Ours... Je regarde, de temps en temps, l'heure de ma montre. Dix-sept heures. Les journées sont vraiment plus courtes, sur Fourthia. Il fait nuit à cette heure. Le soleil ne réapparaitra que vers cinq heures du matin. Ce qui permet de faire des soirées à la cour, de longue durée...

- Aucune nouvelle ? J'entends dans le bruit de mon oreillette.

- Non, répond Noor imitant ma position. Il ne devrait pas tarder surtout que je pète la dalle...

J'éclate de rire en écoutant cette phrase stupide. Cela faisait un moment qu'on n'avait pas parlé de manière grossière. Je me prête donc au jeu.

- J'aimerais gouter un bon gros MacDo, j'exclame un peu fort.

Je croise mes jambes et met mes mains sous ma tête.

- Oh tu te souviens du restaurant quand on a visité le royaume du feu, Nafitha ? Demande Noor. Celui où ils brulaient chaque morceau de viande...

- Oui je m'en souviens, je réponds en m'imaginant cette fois-là.

- Eh bien leur viande à le même gout que celle dans les burgers du MacDo.

Je glousse devant cette exclamation.

- Tu t'en rappelles ? J'articule tellement j'en rigole.

- Oui vaguement. Mais ma salive, elle ne l'a pas oublié !

- On y retournera si tu veux, je propose, une fois tout cela terminer, on retournera dans le monde des humains.

- Hm... Pour l'instant, il va falloir attendre, chuchote Noor, notre cible est là...

Je me redresse précipitamment. Ma première mission avec les ainés. Quelque chose que je ne peux pas gâcher. La personne en question se trouve en bas dans la ruelle. Elle porte un masque, comme Lisandro l'a indiqué. Enfin un masque... plutôt un voile. Mais dans le noir on ne distingue pas son visage. Même avec les lunettes. Je peux apercevoir un bout blanc dépasser de sa poche de pull.

- J'ai la lettre en visuelle, je dis tout bas en la suivant sur les toits.

- Ok, ne l'a lâché pas des yeux, on l'attrape par surprise près du magasin de la folle, lance Yoshiko.

Ce magasin de nuit doit être affreux. De jour il l'est, mais actuellement, ça doit être comme dans un film d'horreur. Je descends en glissant sur les pavés, sans faire de bruit. Je me tapisse dans l'ombre des maisons. En continuant de voir cette personne marchée sur ses gardes, je remarque des cheveux longs volés avec le vent.

- C'est une fille, me devance Noor, essayons de rester courtoises avec elle. Entre filles ont se soutient.

Je ne fais pas attention à la blague qu'à ajouter Noor. Quelque chose m'interpelle dans sa manière de marcher. Cette fille s'arrête presque trop souvent. Elle touche la lettre au moindre bruit suspicieux.

Réfléchis avant d'agir.

Elle se retourne derrière elle trop de fois pour ne pas se douter de quelque chose...

- Les filles je pense qu'il y a un problème...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, que celle-ci se met à courir.

- Changement de plan ! Je hurle à moitié dans l'oreillette, un et trois préparer vous à choper la lettre !

On s'est donné des noms de code, quand la situation n'allait pas en notre avantage. Cette fille savait qu'on allait venir. Quelqu'un était au courant. On nous a débusqué. Elle arrive au niveau de l'emplacement de Belle et Yoshiko. Je peux les apercevoir. Yoshiko saute de la maison où elle était située. Mais c'était trop tôt. La fille la vue.

- Merde... Je chuchote instinctivement.

Elle opère un demi-tour, mais je la prends par surprise pour lui bloquer le passage. Elle ne s'y attendait pas et reste pétrifier pendant cinq secondes. Ça laisse assez de temps à Belle de soutirer la lettre dans sa poche en se pendant à un fil. Je la laisse filer, une fois que Belle est remonter. Les deux autres filles nous rejoignent. Essoufflé par le stresse provoquer. Mais quelque chose ne va pas. Si cette dernière nous a fui, l'emplacement de sa lettre était trop simple. Elle n'a même pas senti le frottement de la main de Belle, qui ne sait pas rendu compte d'avoir touché son tissu.

J'arrache des mains la lettre à Belle.

- Qu'est-ce que tu fais Liv ? Me demande celle-ci. Arrête on nous a dit de ne pas...

Je l'ouvre. Comme je le pensais, il n'y a rien à l'intérieur. C'était une ruse.

Si tu laisses tes émotions prendre le dessus...

La frustration d'avoir échouer emplit tout mon corps. Je pars en courant, grimpant sur les murs pour revenir en hauteur. Les avertissements de mes sœurs ne m'atteignent plus. Je me jette à sa poursuite. Elle n'est pas très loin. Je vais plus vite qu'elle. Je l'empoigne, avant qu'elle n'entre dans le palais royal, en sautant pour la bloquer. Elle lâche un gémissement. Sa tête à percuter le sol. Je la retourne pour essayer de trouver l'endroit où elle aurait pu cacher la lettre. Une idée me submerge. Son bandage. Si elle savait que moi et mes sœurs allions l'attaquer. Elle a donc dû la mettre quelque part d'intouchable, et non visuel à l'œil nu. Mais avant que je puisse lui déchirer son t-shirt, elle sort un couteau et vient me l'enfoncer dans la cuisse gauche. Je pousse un petit cri de douleur. Le retirer est la dernière chose à faire. Même si ça aurait été le premier réflexe d'une personne. En retour, je lui assène mon meilleur crochet. Elle en perd connaissance.

Je peux déchirer son t-shirt, et trouver bel et bien la lettre, blottit dans son corset. Je m'apprête à partir, mais ma jambe gauche me fait souffrir. J'entends des pas se rapprocher de moi. Des gens hurlent de joie et de rire. Je peux reconnaitre au loin, Syan, Elio et Ronnie. Les trois rigolant en trinquant avec leur verre. Ils sont surement encore ivres. Ils sont, auparavant, déjà arrivés en cours soule. Ça ne m'étonne pas des princes pourris gâtés.

Je marche en direction opposé à eux et le palais royal. Ne pouvant pas plier la jambe gauche, je traine mon pied sur le sol. Je ne vois pas le corps inconscient de la messagère. Je la percute, titube et tombe. Je me mords la main pour ne pas crier.

- Vous avez entendu ? Lance Syan aux autres. J'aurais cru entendre un bruit.

Heureusement qu'ils n'ont pas de lumière.

- Tu es parano ivre Syan, balance Elio en le prenant par l'épaule, boit un coup !

Il le force à finir son verre d'une traite. Je me relève pendant ce temps, pour aller me faufiler entre deux maisons. Je m'adosse contre le mur en glissant. J'étends ma jambe, assise. Je ne peux continuer à marcher. Mon oreillette à cesser de fonctionner. Je n'ai aucun moyen de joindre les filles.

Je mets ma tête entre mes mains. Sans avoir fait attention à une silhouette qui se rapproche de moi.

- Est-ce que tout va bien ?

Je lève la tête, surprise. Syan se tient debout, pencher devant moi, en chancelant de gauche à droite à cause du vin. Il en perd l'équilibre et cogne son front contre le mien.

- Aïe... marmonne-t-il.

Son visage est beaucoup trop proche. Il me scrute, le regard perçant et rempli d'inquiétude. Je l'écarte avec mes bras. Il se retrouve projeté au mur.

- Wow doucement, je viens t'aider, j'ai vu des taches de sang...

Ses yeux verts luisant se posent sur ma cuisse en sang. Il penche la tête, comme si cela lui permet de voir mieux.

- Tu es téméraire, je t'aime bien, ça te dit de passer la soirée avec moi ? Je te soigne en échange.

En entendant ces absurdités, ma pulsion de lui coller mes doigts au cou, contracte chacun de mes muscles. Il ne m'aime pas... Il me hait. Ne m'a jamais aimé. Alors pourquoi viendrait-il m'aider ? Il ne sait pas qui je suis, c'est pour ça. Mais je ne peux rien lui dire, rien faire. Je suis impuissante face à cette situation. Je me remets debout, avec difficulté. Il m'étudie, le regard vide. Heureusement qu'il fait nuit. Il ne remarque pas mes yeux verrons. Sinon ils ne seraient pas aussi aimables en me reconnaissant. Je prends une grande inspiration en me pinçant la bouche, pour avoir moins mal au moment où je m'élancerai. Je trouve une rambarde de terrasse et saute pour m'accrocher et me hisser sur le toit. Le laissant seul dans l'incompréhension. Dépourvu, ne comprenant pas la situation, il se met à me hurler :

- Eh attend ! Tu ne m'as même pas donné ton prénom !

Tu le connais, crétin, je pense intérieurement. Il ne peut pas me suivre. J'observe que ces amis ont même trouvé le corps inconscient de la jeune fille. Ronnie pousse un cri, ce qui attire Syan directement.

- Tu as trouvé quelqu'un ? Interroge Elio. On dirait qu'on lui a décroché un de ses coups de poings.

J'attends la réponse du prince. S'il me dénonce, je prendrai un plaisir à le tuer. Une goutte de sueur vient obstruer ma vue.

- Elle a dû tomber. Elle devrait être renvoyer. Une incapable comme elle ne devrait pas travailler pour la cour. Virer tu es ! Lui crie-t-il, ivre. Tu es viré !

Ils éclatent de rire en chancelant vers les jardins royaux. J'expire une bonne fois pour toute de soulagement. Il ne se sont même pas rendu compte que Syan a évité la question de Elio. Maintenant, il faut que je rentre. J'ai perdu beaucoup de sang. M'attarder n'est pas une option. Je redescends et marche en direction du domaine de Lisandro.

C'est peine perdue... m'aurait répété Lisandro. Mais surtout, Ressaisi-toi et n'abandonne jamais. Garde espoir, c'est ce qui fait vivre. 

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